S.l., s.d. (1794-1814) in-12, 125 pp., couvertes d'une écriture très fine, régulière, assez peu lisible (environ 30 lignes par page), demi-basane modeste fauve à coins, dos lisse muet (reliure de l'époque). Charnières frottées.
Le titre que nous plaçons en exergue est celui qui figure en tête du carnet, mais il ne concerne qu'une petite partie du contenu de notre texte. En effet, celui-ci porte sur toute la période qui court de 1792 à 1814 (cette dernière date, tardive, à l'occasion de la réception de l'Ordre de Saint-Louis les 27-28 juin 1814), et touche à de nombreuses matières. Mis au net en une seule fois pour les pp. 1-73, il fut ensuite rédigé au fil des jours jusqu'en 1814 (pp. 74-125, avec une graphie de plus en plus cursive à mesure que le temps passe). Il se présente dans un désordre chronologique assez déroutant de prime abord, mais qui correspond en fait aux étapes de la rédaction. Ainsi, les détails antérieurs à l'engagement de Landrecies sont à rechercher à la page 77 sous la rubrique "Quelques époques avant ma captivité", couvrant la période du 27 septembre 1792 au début de 1793.Son auteur est François-Joseph Derouet (1773-1860), né et mort à Tours, fils de François Derouet (1738-1811), architecte-entrepreneur des ouvrages du Roi. Entré comme son frère Frédéric Derouet (1779-1861) à l'École du Génie de Mézières, il signe à la page 15 des initiales Le C. d. G. D. (= "capitaine du Génie Derouet"). Dès sa sortie de l'école, il fut envoyé en opérations dans le nord de la France en août 1793 ; lui fut alors confiée par intérim le commandement des fortifications de Landrecies en février 1794, sous les ordres du général Henri-Victor Roulland. Il participa évidemment au siège de la ville par les troupes austro-néerlandaises en avril 1794, et, le 1er mai 1794, fut envoyé en captivité en Hongrie après la capitulation de la place.1. C'est le récit de son acheminement à Pest qui forme la première partie du carnet (pp. 1-31) : "Il étoit à peine cinq heures du soir quand nous quittâmes les restes fumans de cette malheureuse ville. Nous étions vingt-deux officiers, parmi lesquels étoient ceux composant l'état-major de place, le commandant temporaire, le général Roulland, &c." Toutes les étapes du voyage jusqu'à Pest sont notées, avec un luxe de détails matériels impressionnant : traversant les Pays-Bas autrichiens jusqu'à Maastricht par Mons, Bruxelles, Malines, Louvain, Saint-Tron, Bavai, Tongres, il fut ensuite acheminé à Aix-la-Chapelle, puis Ratisbonne. C'est dans cette dernière ville qu'il fut embarqué sur la voie fluviale du Danube jusqu'à Vienne, puis en Moravie, à Presbourg, et enfin à Pest, rejoint seulement le 28 juillet.2. Suit un récit du siège de Landrecies, placé à cet endroit en raison de la date de sa rédaction : "Durant mon séjour à Pest, ayant rassemblé différens matériaux, je rédigeai le journal du siège de Landrecies qui est cy après. Il manquait trop de choses pour qu'il soit complet ; il n'est qu'exact". Intitulé "Journal du blocus et du siège de Landrecies par les coalisés commencé le 28 Germinal an II", il occupe les pages 32 à 56 ; il faut d'ailleurs les mettre en regard de la relation donnée par le futur général Armand-Samuel de Marescot (1758-1832) de la reprise de la place par les troupes françaises en Messidor an II, et que Derouet a recopiée et insérée aux pp. 66-70, sous le titre de Siège de Landrecies par les Français en Messidor an II. La place de ce morceau s'explique par la date de sa communication, sur le chemin du retour.3. Ensuite, l'ordre chronologique reprend ses droits, et Derouet relate son voyage de retour en France (il avait bénéficié d'une convention d'échange de prisonniers), du 2 septembre 1795 au 9 novembre 1795 ; ce dernier occupe les pp. 56-66, et 71-73, le menant d'abord jusqu'à Strasbourg, puis jusqu'à Tours.4. À partir de la page 73, le carnet n'accueille plus que des morceaux sommaires correspondant à l'activité de Derouet comme sous-directeur des fortifications, d'abord à Cherbourg (le voyage de Tours à Cherbourg est détaillé comme les deux itinéraires précédents), puis à Bourges, Versailles et Tours. On trouve encore quelques mentions d'itinéraires aux années V-XIII, ainsi que des notations sommaires, d'une graphie de plus en plus incertaines. Ayant quitté le service après son mariage en 1806 avec Claire Picault (1775-1855), il devint directeur des contributions indirectes à Rodez, puis revint en Touraine, où il put se consacrer à loisir à sa passion de la botanique. - - VENTE PAR CORRESPONDANCE UNIQUEMENT
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