Louis Lacour Études sur Molière Le Tartuffe par ordre de Louis XIV Le Véritable prototype de l'Imposteur Recherches Nouvelles Pièces inédites Paris, A. Claudin, 1877 130 p., 14,6 x 9,4 cm Exemplaire du tirage de tête sur papier de Hollande avec eau-forte en 3 états dont 2 sont avant la lettre : 1 état de la gravure avec la lettre sur Hollande ; 1 état de la gravure avant la lettre en sanguine sur Japon ; 1 état de la gravure en bistre sur Chine. Les 3 états en parfait état. Exemplaire n°29. Magnifique petit volume bibliophilique imité des plus belles éditions des Elsevier de Leyde et d'Amsterdam. De la bibliothèque de Charles Sagnier, bibliophile nîmois, ami de Georges Sand et Gustave Flaubert. Reliure signée Petit successeur de Simier en demi maroquin framboise à coins. Dos à 5 nerfs. Titre, nom de l'auteur et date en queue dorés. Tranche supérieur dorée. Dos légèrement éclairci. Petits frottements sur le 2e plat. 1 coin émoussé. Couvertures conservées. Passionnante étude sur le contexte de la création et de la réception de la pièce en son temps. La gravure en trois états est décrite par Lacour en ces termes : "Cette gravure allégorique du titre est la reproduction de l'estampe qui se trouve placée en tête du Molière publié par les Elsevier sous la rubrique d'Amsterdam, Jacques le Jeune (À la Sphère), 1675, dans le format petit in-12. Un Hercule, sous la forme d'un Satyre, figurant la puissance de la satire, terrasse l'hypocrisie représentée par la femme à laquelle il arrache son masque et qu'il étrille en lui cardant la chevelure comme les palefreniers font le poil aux chevaux. Il y a un proverbe d'Ondin qui dit : "Vous battez le soufflet, vous serez mal chauffé", et c'est ce que semble exprimer le principal acteur à droite : vous étrillez l'Hypocrisie, vous ne la vaincrez pas. Celle-ci, forte encore, montre des bras vigoureux, elle se relèvera et luttera de nouveau contre la Vérité. Sa fiole aux onguents est renversée, son brûle-parfums est éteint ; mais elle recouvre et défend une arme dont elle fera usage bientôt. Le personnage au bâton qui se préparait peut-être à porter aide à la Satire, espère de matamore à toutes fins, comprend l'allusion du soufflet et tient coi. Derrière, une vieille, en costume monacal, endoctrine des jeunes gens. Au dessus se lit l'inscription "Double bière de Gobelin" signifiant que les discours de la donneuse d'avis sont doubles mensonges. "Gobelin" c'est l'esprit diabolique, le conseiller des mauvaises heures, très-populaire sous ce nom dans les Flandres et en Normandie. Sous l'enseigne du cabaret, dans le lointain, ont lieu d'autres scènes du pugilat. La Mauvaise foi et la Vérité paraissent aux prises. Cette dernière est applaudie par des enfants, tandis que certain badaud approuve celle-là, qui prend sa revanche et daube le fouet à la main. Les spectateurs commentent l'oeuvre. L'artiste a dû avoir l'idée de représenter des comédiens. La figure principale entre les deux personnages qui tournent le dos rappelle les traits de Molière." Louis Lacour (1832-1891) est un bibliothécaire et historien français. Il obtient son diplôme d'archiviste paléographe à l’École des chartes, en 1854. Il est pendant douze ans bibliothécaire à Sainte-Geneviève, puis il est nommé archiviste de l’Hérault en 1872. Sa passion pour les autographes de Molière et son suicide en 1891 lui ont valu d'inspirer le personnage principal d'un roman policier écrit par Jeanne Galzy en 1956 : le Parfum de l'œillet. Il a notamment publié et annoté des textes de Bonaventure Des Périers, Brantôme (en collaboration avec Prosper Mérimée), Jean de La Bruyère, François de La Rochefoucauld, Armand de Gontaut, duc de Lauzun, Marguerite de Valois, Louis-Sébastien Mercier, Molière, Montesquieu, Jean Passerat, François Rabelais, Jean-François Regnard, Mathurin Régnier, parmi lesquels beaucoup d'inédits. On lui doit par ailleurs des mémoires sur les Garçons de café de Paris, sur le Parc-aux-cerfs du roi Louis XV, sur la Question des femmes à l'Académie, sur la Découverte d'un autographe de Molière dans les archives de l'Hérault et sur beaucoup d'autres sujets. Il a créé également une revue historique mensuelle, Les Chroniques du Languedoc. Très bel ouvrage, parfaitement conservé.