ENSEMBLES DE 25 LETTRES de divers formats, 6 anglais, 20 en français TOUTES ADRESSEES A L'AMIRAL COMTE LOUIS HENRI DE GUEYDON (1809-1886) alors Commandant de la Station Navale des Antilles et du Mexique, entièrement rédigées et signées par le Commandant et futur Amiral HUGH WALLACE DUNLOP (1806-1887) et le Diplomate et voyageur LEONCE LEVRAUD (1812-v1867) en poste à Caracas. Ces lettres rédigées en marge des dépêches et courriers officiels, ont pour sujet la mise en place d'une stratégie militaire et diplomatique franco-britannique, face aux événements politiques qui secouèrent le Vénézuéla en mars 1858. Alors que le Vénézuéla avait conquis son indépendance en 1831 grâce à une junte militaire conduite par le charismatique Général José Antonio Paëz (1790-1873), des périodes de troubles se succédèrent. Le 23 janvier 1847, le Général José Tadeo Monagas (1784-1868), qui avait combattu aux côtés de Paëz, fut élu Président, malgré une opinion défavorable; Oligarques, Libéraux et Démocrates se disputant le Pouvoir, le gouvernement fut renversé le 15 mars 1858 et Monagas emprisonné. La correspondance que nous proposons retrace les incertitudes engendrées par cet événement, ainsi que les initiatives à prendre par les représentants de la France et de l'Angleterre, en attente des directives de leur gouvernement. D'un côté, le Commandant Dunlop, à bord du HMS Tartar prône une intervention militaire conjointe avec la France (capture des bateaux battants pavillon vénézuélien, blocus, bombardement) pour laver les "insultes faites aux 2 drapeaux" par le nouveau Gouvernement; de l'autre, d'un commun accord, les Chargés d'Affaires Français (Levraud) et britannique (Bingham) se démènent pour obtenir une réparation et la libération de Monagas "homme âgé et malade" sans coup férir ni compromettre la sécurité des résidents étrangers, grâce à la publication d'un Manifeste. BEL ENSEMBLE DE LETTRES DANS UN ETAT DE FRAICHEUR IRREPROCHABLE, bien lisibles, rédigées dans le feu de l'action, révélant bien la personnalité de leurs auteurs: écriture moyenne, rapide, serrée à interlignes étroits, pratiquement sans marges pour le caractère honnête, ferme et déterminé de Dunlop; belle écriture fluide et régulière à marge latérale pour Levraud, homme d'une intelligence affinée par la fréquentation des Salons. BON TEMOIGNAGE rédigé à une époque charnière de l'histoire du Vénézuéla, juste avant que le pays ne bascule dans la terrible Guerre Fédérale, responsable d'au moins 200000 victimes, entre 1859 et 1863.
Ces lettres privées, libérées de tout protocole, dénoncent la mauvaise foi du Gouvernement Vénézuélien. Dunlop s'emporte contre les réponses "à l'Espagnole!" et Levraud déclare que "ces gens-ci sont tellement aveugles et orgueilleux qu'ils ne faut répondre de rien". D'où des échanges avec l'Amiral de Gueydon sur les termes à employer dans le Manifeste afin de ne pas envenimer la situation, tout en restant ferme et en laissant une porte ouverte pour des prises de position franco-britanniques selon la suite des événements. La situation à Caracas et dans le pays est aussi décrite: arrestations multiples, assassinat de plusieurs personnes "à un endroit appelé Villa Cura" (ville située dans l'Etat de Aragua), campagnes de Presse menées contre le diplomate Français et son homologue Britannique. Levraud se révèle suffisamment intime avec l'Amiral de Gueydon pour évoquer son épuisement physique, ses opinions personnelles "nous passerons à la postérité et notre nom servira à effrayer les enfants" ou l'hypocrisie des membres du gouvernement, sa déception ironique aussi, en constatant, après la résolution de l'incident, que son mérite, pas plus que celui de Bingham, n'ont été reconnus. Numa Broc Amérique page 200, Taillemite Dictionnaire des Marins Français page 228, Victorian Royal Navy.