Léon DAUDET (1867-1942), écrivain, polémiste, journaliste et homme politique français.
Reference : AMO-4531
(1936)
Phryné ou Désir et Remords. Roman contemporain. 131 feuillets in-folio (37 x 24 cm) rédigés au recto seulement, le tout contenu dans un double-feuillet de même papier titré et signé par l'auteur : Léon Daudet de l'Académie Goncourt // Phryné (souligné trois fois) ("grand titre" entouré) // ou // Désir et Remords (souligné deux fois) ("petit titre" entouré) // Roman contemporain. [1936] Les feuillets sont regroupés par chapitres retenues ensemble par un trombone (sauf le second et le cinquième chapitre qui ont perdu leur trombone). Le feuillet replié qui sert de couverture a quelques salissures et déchirures au dos. Tous les autres feuillets sont en très bon état. Collationné complet. Ecrit sur papier à petits carreaux. Ratures et corrections de la main de l'auteur. Texte très proche de la version définitive publiée en 1937.
Phryné ou Désir et Remords, roman contemporain, paraît chez Flammarion au début de l'année 1937. De nombreux articles de presse donnent un compte-rendu de ce nouveau roman du polémiste de l'Action Française, fils aîné d'Alphone Daudet. En parallèle de ses actions politiques Léon Daudet donnera un très grand nombre de romans presque toujours mêlant les personnages de la vie réelle à ceux de son imagination. Phryné ou Désir et Remords sont les amours, les frasques, les humeurs et les désirs du sculpteur Auguste Estian. Comme le signale plusieurs articles de presse à l'époque, Estian fait beaucoup penser à Auguste Rodin : il en a le physique, la barbe et ce haut goût de la femme. On a aussi évoqué les amours de Rodin et de Camille Claudel comme source d'inspiration de l'auteur. Il y a certainement quelques vérités dans ces suppositions. Mais c'est avant tout un roman de moeurs, un roman d'amours malheureux, de la vie d'un homme qui se décrit lui-même ainsi : "Je ne suis qu'un dégoûtant animal, qu'une brute incapable de résister à ses instincts. Il est vrai que ceux-ci alimentent mon talent. Sans eux, je ferais des navets, comme un Dalou, un Falguière, ou moins encore ...". On lit encore ailleurs cette critique : "Grands hommes et fantoches, amours et infamies, apparences, illusions, beaucoup de vanités, des laideurs en marge de quelque beauté, c'est là une tranche d'histoire des moeurs qu'il faut prendre telle qu'elle fut et qui n'a, au fond, rien d'exceptionnel. Ni ange, ni bête ! Mais la bête l'emporte souvent !" Ce n'est pas Violante, dit Phryné, qui tient le rôle principal dans ce drame des sens déchaînés. On la voit désabusée, meurtrie, défigurée, quitter la scène avant le dernier acte, tandis que l'homme qui l'a éveillée, séduite, continue ses exploits, du reste peu glorieux. Une gloire pourtant, une gloire de l'art, cet Auguste Estian, sculpteur fameux, barbu, velu et ardent comme un faune et qui ressemble fort à feu Auguste Rodin." (Paris-Midi, 24 mars 1937) Selon le bord politique des journaux de l'époque, les critiques sont loin d'être toutes aussi élogieuses. On lit ailleurs : "Incontestablement. M. Léon Daudet est un grand, un très grand écrivain, disons le mot : un écrivain de génie. Mais c'est un fichu romancier. Phryné ne dépare pas la collection de ses romans contemporains, où l'intrigue est forcée, sans vraisemblance, les personnages horriblement conventionnels, les débats pyschologiques d'une déconcertante ingénuité. M. Daudet qui a peint en traits prodigieux la réalité et les êtres vivants semble frappé d'inhibition dès qu'il touche au roman. Ce ne sera pas l'une des moindres surprises des historiens de l'avenir quand ils se pencheront sur l'étude de son extraordinaire personnalité. Sauf à complaire à l'auteur, pour des raisons politiques de parti, ou par une servilité naturelle à la plupart des critiques littéraires ou par crainte des représailles du terrible polémiste, on ne peut pas dire que cette Phryné mérite l'acquittement de l'aréopage." Dans un autre journal on lit : "Le nouveau roman, que M. Léon Daudet intitule Phryné ou désir et remords, est une platée d'ordures. C'est l'oeuvre d'un obsédé qui revient, sans jamais se lasser, à ses vomissements, c'est-à-dire à la luxure sous toutes ses formes." (in Revue des Lectures) Républicain converti au monarchisme, antidreyfusard et nationaliste clérical, député de Paris de 1919 à 1924, Léon Daudet fut l'une des principales figures politiques de l'Action française (école de pensée et mouvement politique français nationaliste et royaliste d'extrême-droite). En décembre 1937, durant la guerre d'Espagne, il signe le Manifeste aux intellectuels espagnols en soutien à Franco. Il souhaitait depuis plusieurs années l'arrivée du maréchal Pétain au pouvoir lorsque la défaite amène, pour reprendre l'expression de Charles Maurras, la « divine surprise ». Il meurt d'une hémorragie cérébrale en 1942 à Saint-Rémy-de-Provence, dans le pays des Lettres de mon moulin. Sa tombe est visible au cimetière de Saint-Rémy. Précieux manuscrit autographe complet.
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