Sans lieu, sans date et sans nom d'éditeur. [1918]. 24 x 18,5 cm, non paginé. Relié demi chagrin ocre, dos à nerfs, titre doré, couvertures conservées. Quelques épidermures sinon bel état. Illustré de bois gravé de Lucien Jacques et d'Alexandre Noll. Sous le pseudonyme de Jean Lémont, Lucien Jacques a publié ses poèmes de guerre, illustrés de bois, dans plusieurs cahiers tirés à 500 ex, à partir de novembre 1918 (« La syrinx »). Rarissime.
Lucien Jacques (1891-1961). A lapproche de lappel pour le service militaire, Lucien Jacques hésite beaucoup car ses tendances libertaires et anti-militaristes lincitent à déserter. Une amie hongroise qui suit les cours de Bergson à la Sorbonne lui propose de laccueillir à Buda comme professeur de dessin ou de français.Après un temps de tergiversation, influencé par son frère Henri et inquiet de quitter la France pour longtemps, il décide de répondre à lappel mais il se fixe une ligne de conduite : « Mais finalement, peu avant la réception de ma feuille dappel, je pris la décision dy répondre, me jurant de ne me laisser entamer en rien, de ne pas participer, de faire ce quil métait arrivé de faire dans certains ateliers dont la tournure desprit des autres métait étrangère mais que javais supportés sans souffrir, me cuirassant dindifférence". Cest au service militaire, à Saint Mihiel, quil rencontre Alexandre Noll qui le fait entrer dans La Musique. Un peintre nommé Henry, qui mourra à la guerre, linitie aux grands peintres ( Van Gogh, Gauguin) et le conseille. Passant directement du service à la guerre, il est brancardier au 161° R I et retrouve avec tristesse les paysages de son enfance, défigurés par la bêtise humaine. Il découvre la richesse de lamitié et de la solidarité entre les hommes, mais aussi leur bassesse et leur vénalité. Il écrit journellement ses peines, son incompréhension, mais aussi ses joies dans les rencontres et discussions sur les arts, et transmet ses carnets à des amis. Atteint de typhoïde, il fait un premier séjour de convalescence en Bretagne, à Guingamp, où il fait la connaissance de Georges Henri Lefort, architecte attaché à la conservation du Mont Saint Michel, et de Louis Guilloux. Radius fracturé en 1916, après un passage à lhôpital du Bois de Boulogne en juin, il part en convalescence à Vaison la Romaine. Il y découvre la lumière provençale et rend visite à Renoir dans sa propriété de Cagnes sur mer. Une troisième blessure plus grave, qui fut son terrible secret toute sa vie durant (vraisemblablement perte de la virilité) entraîna sa démobilisation.Il ouvre une boutique à St Germain des Prés, au 22 rue Saint Benoît à Paris, tout près du Café de Flore. Il y vend de lartisanat varié, réalisé par lui-même ou ses amis. Il tisse, dessine, grave, écrit. En novembre 1919, il écrit un long article sur Isadora dans la revue La Forge .Il travaille avec Noll, Vox, Quillivic, Daliès, et les expose dans sa boutique. Ils feront leur première exposition collective en décembre 1919.Lucien Jacques publie ses poèmes de guerre, illustrés de bois, dans plusieurs cahiers tirés à 500 ex, à partir de novembre 1918 (« La syrinx »). Il crée ensuite les « Cahiers de lArtisan » consacrés à un seul auteur par n°, avec un bois gravé en frontispice. Edmée Almagïa et Henri Hertz en 1920, Edouard Schneider en 21, Georges-A Masson en 22.Cest pendant cette période à saint Germain des Prés quil fera la connaissance des milieux littéraires parisiens et autres (Henri Poulaille, Jean Paulhan, Louis Guilloux, Jean Guehenno, André Gide).Pour la suite voir le site qui lui est consacré par Les Amis de Lucien Jacques.