Luneray, Editions Bertout, 1990, in-4°, 316 pp, préface de Maurice Schumann, 600 photos, reliure cartonnée illustrée de l'éditeur, bon état
Né à Rouen en 1906, reporter-photographe de talent, Bernard Lefebvre ("Ellebé") est "récupéré" dans un régiment de chars en avril 1940. Le 18 juin, il quitte sa caserne d'Auray, et, via Saint-Jean-de-Luz, débarque le 23 à Plymouth, son Ikoflex en bandoulière. Très vite, il met son appareil au service des Forces Aériennes Françaises Libres, qui se forment en Angleterre, répondant à l'Appel lancé par de Gaulle. De cette époque, date chez lui un culte indéfectible du "Général". Le 30 août 1940, il part avec l'armada franco-britannique et rejoint le Cameroun, en passant par Dakar le 23 septembre. De 1940 à 1944, il assume la responsabilité de la préparation et du traitement des missions-photo des F.A.F.L. – Son travail a permis l'épopée de Koufra. Au service du "Général" et de la France-Libre, à Douala, Fort-Lamy, Bangui, Brazzaville, Pointe-Noire et Alger, l'arme au pied, mais l'appareil chargé et prêt à tirer, il est présent au coeur de l'événement. Chaque fois que de Gaulle ou Leclerc posent le pied sur le sol africain, il est là, et braque sur eux l'objectif du reporter. Certaines de ses photos ont fait le tour du monde ; un grand nombre sont encore inédites. Chargé de missions, il rend compte de l'Histoire ; il couvre les raids sur le Fezzan, la Conférence de Brazzaville...; il parcourt la brousse, accumule les reportages ; savanes et forêts, art africain, coutumes tribales, village de pygmées...; ouvrage d'art du Congo Océan...; production du coton, de l'or, du diamant...; il accompagne les gouverneurs dans leurs tournées. De chaque voyage, il rapporte une moisson de documents, où chaque image compte... La pellicule est rare. II raconte, avec humour et émotion, le déroulement de ses journées, "abandonné", loin des combats, dans sa "solitude" d'homme. II redit sa foi, ses doutes, ses espoirs. Plus tard, de retour en France, il confronte ses carnets de notes avec les "Mémoires" des grands protagonistes, et replace sa vie quotidienne au coeur des grands événements. II présente de cette période de notre histoire une synthèse d'une précision documentaire. Son "Album de Photos", près de 600 clichés, constitue un témoignage artistique, ethnographique, documentaire, historique et humain, comme il n'en a pas encore été publié sur le sujet. — "Avant de nous quitter, après une vie bien remplie, Bernard Lefebvre a pu publier aux Editions Bertout un ouvrage qui lui tenait à coeur et qui restera un témoignage capital sur une partie de l'Afrique pendant la deuxième guerre mondiale. Il faut remercier l'éditeur d'avoir compris l'intérêt de ce récit et de lui avoir assuré une présentation remarquable à la mesure de la qualité des 600 photographies de notre ami Ellebé. Gaulliste de la première heure, photographe de la France Libre, Bernard Lefebvre a su capter non seulement les souvenirs des voyages officiels du Général et de ses frères d'armes en Afrique mais aussi des scènes de la vie quotidienne en Afrique noire de 1941 à 1944. Pour l'ethnologue et l'historien ces magnifiques photographies resteront des documents tout à fait originaux sur une période où, du fait de l'occupation, ceux-ci n'abondent pas : vie quotidienne, fêtes, travaux, art africain, etc. Les photographies de la Conférence de Brazzaville sont particulièrement précieuses et émouvantes. Bernard Lefebvre avec modestie, "l'arme à la bretelle mais l'appareil photo chargé et armé", est toujours – de Koufra à Dakar, de Fort-Lamy à Brazzaville et Pointe-Noire – à l'affût des clichés qui vont souvent bien au-delà du simple reportage. Le récit très vivant qui accompagne ce bel album est, comme le rappelle Maurice Schumann dans sa préface "une contribution spectaculaire contre l'oubli". Nous garderons, grâce à ce livre, le souvenir du Français Libre, du photographe de talent (il fut un moment correspondant de l'Illustration et reporter à Paris-Match) qui a su si bien montrer par ses clichés la beauté des paysages et des monuments normands, le collectionneur éclairé des matériels photographiques (donnés au musée Niepce de Châlon) et enfin de l'homme dont la culture reconnue lui a valu d'être membre de l'Académie des Sciences, Arts et Belles Letres de Rouen. Un beau livre souvenir dans tous les sens du terme..." (François-J. Gay, Etudes Normandes, 1992)