3 ouvrages en un volume in-16 de (1) f., 126 pp. - XX, 98 pp., (1) f. de catalogue - (1) f., 30 pp., veau marbré, filet à froid en encadrement sur les plats, dos à nerfs orné de caissons de fleurons dorés, pièce de titre de maroquin rouge, roulette dorée sur les coupes, tranches mouchetées rouges (reliure de l'époque).
"Réunion de trois ouvrages de la libre pensée des Lumières, dont deux liés à Voltaire. 1. T. L. Lau. Méditations Philosophiques, Sur Dieu, le Monde & l'Homme. 1770. En 1717, le Prussien Ludwig Lau (1670-1740), ancien conseiller du duc de Courlande, publie en latin à Francfort, sous le voile de l'anonyme, ses Meditationes philosophicæ de Deo, Mundo et Homine. L'ouvrage est immédiatement accusé d'impiété et d'athéisme, les exemplaires saisis et brûlés, et son auteur, dénoncé par l'éditeur, est interné puis chassé de la ville. Lau se défend alors maladroitement prétendant avoir usé d'une provocation rhétorique sous le masque du libre penseur pour mieux faire ressortir le point de vue chrétien. Las, même son ancien professeur à l'université de Halle le désavoue en le qualifiant de spinoziste. Pourtant, deux ans plus tard, Lau récidive avec un autre texte : Meditationes, theses, Dubia Philosophico-theologica. Après avoir obtenu son doctorat de droit en 1725, Lau est nommé à un poste de magistrat dans sa ville natale de Königsberg ; mais, en 1728, rattrapé par ses deux textes sulfureux, il est sommé de se rétracter, perd son emploi et est chassé. On retrouve sa trace en 1736 près d'Hambourg, à Altona, où il meurt quatre ans plus tard. Texte le plus radical de Lau, les Meditationes philosophicæ s'inscrivent dans le contexte de l'émergence de la libre pensée allemande. Son matérialisme athée assimilant Dieu à la nature emprunte aussi bien à Lucrèce qu'à Spinoza. Peu après la publication originale des Meditationes en 1717, on trouve trace d'une traduction manuscrite en français (Bib. Mazarine, ms 3563). (Henri Coulet souligne à ce propos que le ""latin rocailleux"" de Lau avait posé de grandes difficultés aux traducteurs français). En 1770, est donnée une édition du texte latin, modifié sensiblement par rapport à celui de 1717, face à face avec une traduction française. C'est cette édition originale que l'on trouve ici réunie dans notre volume. L'édition latin-français de 1770 est incluse trois ans plus tard dans la Bibliothèque du bon sens portatif (Maz. 23285 B-E), dont elle constitue le tome VIII. H. Coulet, ""Réflexions sur les Méditations de Lau"", Le Matérialisme du XVIIIe siècle et la littérature clandestine, O. Bloch (dir.), 1982, pp. 31-44 ; ""Lau est un de ces obscurs précurseurs qui sont d'emblée allés plus loin que leurs continuateurs plus illustres"", p. 38. - D. Minary et P. Monat, ""Les Réflexions irréligieuses publiées par l'Allemand T. L. Lau en 1717 et 1719"", Débuts et Fins de Siècles, D. Minary (éd.), 2000, pp. 55-142. 2. Questions sur les Miracles, en forme de Lettres. A Monsieur le Professeur Cl....., 1767. En 1765, le pasteur et enseignant genevois David Clarapède (1727-1801) publie ses Considérations sur les miracles de l'Évangile, pour répondre aux critiques émises sur ce sujet par Rousseau dans la troisième de ses Lettres écrites de la Montagne. ""Aussitôt il se trouve à Ferney un proposant, c'est-à-dire un jeune étudiant en théologie, qui se destine au ministère du saint Évangile, lequel prend la liberté de proposer à M. le professeur Clarapède quelques questions sur les miracles"" (Grimm, nov. 1765). L'ironique patriarche est bien entendu derrière tout cela et ridiculise, dans vingt lettres successives, les détracteurs qui ont la mauvaise idée de vouloir rompre en visière avec lui : ""Je ne crois pas qu'il ait rien fait de plus fou et de plus gai depuis Candide, de plaisante mémoire, et sans excepter les facéties Pompignanes"" (Grimm, ibid.). Bengesco, 1714. Grimm, Correspondance littéraire, 1878, t. VI. 3. Charles Bordes, Le Voyageur Cathécumène. 1768. En 1767, est publiée par Michel Rey à Amsterdam ""une feuille […] qui est restée d'une excessive rareté est intitulée le Catéchumène. C'est un des morceaux les plus forts qui aient été faits contre la religion chrétienne. […] Il y a des phrases et des traits que je croirais de M. de Voltaire comme si je les lui avais vu écrire"" (Grimm, janv. 1768). Ce texte rencontre un succès considérable : on en connaît douze éditions séparées au XVIIIe siècle, sous six titres différents. À l'instar de Grimm, les contemporains en attribuent la paternité au patriarche de Ferney. ""On ne peut pousser plus loin l'ironie & le sarcasme sur les matières les moins faites pour en être l'objet. On ne doute pas que cet ouvrage ne soit de M. de Voltaire"", Mémoires secrets, février 1768, t. III, 1780, p. 304. Or le Catéchumène n'est pas dû à plume de Voltaire mais à celle d'un auteur lié au philosophe : Charles Bordes (1711-1781), membre de l'Académie de Lyon. Voltaire a cependant joué un rôle majeur dans cette entreprise éditoriale puisqu'il est l'éditeur du manuscrit, c'est-à-dire qu'il l'a revu et surtout coupé afin de gagner en concision et efficacité. Selon la liste des différentes éditions du Catéchumène établie par Lee (p. 174), celle incluse dans notre volume est la dernière des trois données en 1768, à la suite de l'originale. Il s'agit de la première édition portant un titre modifié. Correspondance littéraire, 1879, t. VIII, pp. 12-13. - J. Patrick Lee, ""Voltaire éditeur de Charles Bordes : Le Catéchumène"", Revue Voltaire n° 4, 2004, pp. 161-176. Très joli exemplaire en veau de l'époque. De la bibliothèque Jules Fougeres avec ex-libris."
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