Paris Ladvocat s. d. [vers 1827] Prospectus de 230 x 148 mm, [1] f. plié en deux
LES PUBLICITÉS DU LIBRAIRE FASHIONABLE. Rare prospectus à distribuer de la Librairie Ladvocat promouvant l'atlas destiné à accompagner l'ouvrage d'Amable de Barante L'Histoire des ducs de Bourgogne de la Maison des Valois (13 vol., 1824-26) mais aussi ses nouveautés et ouvrages à paraître. Si l'on trouve des prospectus similaires reliés dans les ouvrages de Ladvocat, ici, le papier fort, ocre, suggère que cette publication était destinée à la distribution. Les deux première pages promeuvent l'Atlas de l'ouvrage de Barante, proposé d'abord en 6 livraisons, qui en comptera finalement 8 (chiffre annoncé ici), parues entre le 15 décembre 1825 et le 1er mars 1827. Un prix de de 5 francs est marqué pour chacune des livraisons. Il existe par ailleurs un tirage sur Chine, non mentionné ici, vendu 10 francs. Sont listées au dernier feuillet les 54 planches de l'atlas : 15 cartes et plans, plus 49 planches de portraits, costumes et monuments dessinés par Achille Dévéria, avec qui Ladvocat collaborait fréquemment depuis 1822. Les deux autres feuillets du prospectus vante les nouveautés et ouvrages à paraître, avec notamment les Messéniennes de Casimir Delavigne et l'Ourika de Claire de Duras. Admirée pour son style sinon pour sa rigueur historiographique, l'Histoire des ducs de Bourgogne est un grand succès d'édition qui vaut à son auteur l'obtention d'un siège à l'Académie française. Selon Ladvocat : "Personne ne suivra ce long enchaînement de scènes animées qui enchérissent les unes sur les autres de mouvement et d'intérêt, sans éprouver le besoin de fixer dans sa mémoire les traits principaux des acteurs, de se familiariser avec leurs physionomies, et de les voir en quelque sorte réveillés de leurs tombeaux dans les costumes chevaleresques du moyen âge." Installé dans les galeries du Palais-Royal, Pierre-François Ladvocat s'impose dès la fin des années 1810 comme l'éditeur par excellence des Romantiques : il publie notamment les Messéniennes de Casimir Delavigne, son premier grand succès financier, ainsi que l'Ourika de Claire de Duras. Chasseur de talents prêt à investir de grosses sommes (il achète pour 350 000 francs les oeuvres complètes de Chateaubriand), Ladvocat tire également son épingle du jeu en misant sur la publicité : en relation étroite avec maints journalistes ("songez que tous les journaux sont à nous, à nous seuls", lui fait dire un article satirique paru dans L'Argus, "que nous avons la caisse de leur amortissement littéraire, et quils sont absorbés au profit de notre commerce"), il est également l'inventeur, rapidement copié par ses concurrents, de l'affiche éditoriale. Jules Marsan commente : "Dans sa maison, les tirages commencent toujours par la cinquième édition, et le dixième mille est en vente, quand le premier sommeille encore dans les magasins. Il sait l'art d'attirer l'attention du lecteur par des lignes de points, par des épigraphes étranges, et de réserver au milieu des pages de larges blancs qui donnent une importance aux vers les plus anodins et élèvent une plaquette à la dignité d'un volume. Et quelle variété dans ses entreprises !" (La bataille romantique, p. 44) Nombreux sont ceux à avoir reconnu Ladvocat dans le personnage de Dauriat, "libraire fashionable" imaginé pour Balzac dans Illusions perdues. Glinoer, Anthony. « À son éditeur la littérature reconnaissante ». La production de limmatériel, édité par Jean-Yves Mollier et al., Presses universitaires de Saint-Étienne, 2008