Paris, , 1740. 2 vol. in-4 à pagination continue de (2)-16-(2)-1644-(8) pp., tables, veau brun, dos orné à nerfs, pièce de titre et de tomaison en maroquin rouge, tranches rouges (reliure de l'époque).
Deuxième édition du corpus de 22 lettres datées du 15 avril 1733 au 1er mai 1740 de dom La Taste, bénédictin de Saint-Maur, publiées une première fois séparément, dirigées contre les jansénistes, "défenseurs des convulsionnaires et de leurs prétendus miracles", ou contre les critiques qui ont répliqué à ces lettres, comme le déclare la première de celles-ci. La première lettre a sa propre pagination suivie d’un feuillet de table non chiffré renouvelé pour les huit premières lettres puis inclus dans la pagination pour les suivantes. La première édition parut à Avignon en 1739.« Louis Bernard La Taste, né à Bordeaux en 1692, mort à Saint-Germain-en-Laye en 1754, fut d'abord domestique chez les bénédictins de Sainte-Croix, puis accepté comme élève pour y faire ses études de philosophie et sa profession. Il parvint aux premières charges de la congrégation, puis devint prieur du couvent des Blancs-Manteaux à Paris. Les Lettres théologiques soulevèrent contre lui de nombreux adversaires, même dans son ordre, en Sorbonne et au Parlement de Paris qui, par un arrêt du 4 janvier 1738, supprima les lettres I à XVIII pour leurs railleries à l'égard des magistrats jansénisants. L'abbé Thierry, professeur en Sorbonne, entre autres l'attaqua. Pour le soustraire aux ennuis qui le menaçaient au prochain chapitre général des bénédictins, on le fit en 1738 évêque de Bethléem, titre sans territoire, mais avec un siège à Clamecy et titre à la disposition du duc de Nevers. (…) La Taste a-t-il, par ambition, épousé la politique anti-janséniste du cardinal Fleury ? Certains aspects de son journal ne peuvent s'expliquer que par une protection puissante, sinon par une invitation pressante à défendre l'orthodoxie. Fleury était coutumier de ces manoeuvres feutrées. On voit mal en tout cas comment un journal aussi polémique aurait pu se répandre pendant huit ans, sans privilège, sans diffusion (sinon gratuite?), et ensuite paraître en deux gros volumes et en deux éditions, dont la première, à Avignon en 1739, sortit chez Marc Chave, « Libraire près des RR.PP. Cordeliers », sans difficulté semble-t-il. Il est encore plus difficile de croire le duc de Nevers assez passionné par ces disputes théologiques pour proposer un nouvel évêque sans l'appui du ministre. On notera que La Taste cite (p. 1583) des lettres de Mme Mol adressées au Cardinal. Le talent de polémiste de La Taste l'a sans doute fait désigner pour cette tâche. Il sait user d'arguments théologiques, logiques, historiques, d'ironie, d'adresse pour diviser ses adversaires en les opposant les uns aux autres; et il montre de réelles qualités d'écrivain. (…) en considérant les miracles jansénistes comme faux ou fomentés par le diable, il lui est arrivé de trop prouver et de friser le blasphème; et l'abbé Ladvocat n'a pas tort de rapprocher ses thèses de celles de l'abbé de Prades. La Taste dut répéter qu'on l'avait mal interprété, et son silence, depuis le 10 novembre 1737 (Lettre XIX) jusqu'au 29 février 1740 (Lettre XXI, 1re partie), seulement interrompu par la Lettre XX, trahit un grand embarras. Il voulut, dans la Lettre XXI, reprendre ses arguments, mais la longueur de cette lettre (donnée en trois parties à divers intervalles) prouve que ce ne fut pas facile, et l'on peut se demander si la retraite finale de La Taste ne traduit pas un aveu de défaite. » (Éric Briggs). Bel exemplaire.Sgard (Éric Briggs), Dictionnaire des journaux, 839.