33,5 x 24 cm, cartonné, 160 pages, 282 illustrations.
Du 2 juin au 2 juillet 2022 à la Librairie Métamorphoses organisait à Paris, lieu de naissance du surréalisme et ville d’élection des surréalistes du monde entier, la première véritable exposition rétrospective des œuvres graphiques de Paul Păun – ou Paul Paon, ou encore Paul Paon Zaharia – et consacrait un catalogue monographique à l’œuvre envoûtante de cet artiste important, inclassable et secret. Dessinateur, poète, écrivain, polémiste (mais aussi médecin et chirurgien), Păun fonda dans les années 1940 (avec Ghérasim Luca, Trost, Virgil Teodorescu et Gellu Naum) le groupe surréaliste de Bucarest, l’un des mouvements les plus radicaux et les plus inventifs de la galaxie surréaliste, à l’origine du courant « Infra-noir ». L’œuvre de Păun ne s’est pas arrêtée au moment de la dissolution du groupe et de l’avènement du communisme en Roumanie : elle est entrée en clandestinité. Empruntant des chemins détournés ou souterrains, au seuil de l’invisibilité, l’artiste a suivi avec courage, cohérence, singularité et rigueur son chemin personnel et celui que lui dictait, intérieurement, l’onde de choc poétique et visuelle provoquée par la déflagration « Infra-noir ». Après son émigration en 1961, le travail de Păun (devenu Paon) a été ponctuellement montré et contextualisé (par exemple en Israël, à Exeter, à Paris ou dans quelques expositions récentes consacrées au surréalisme), et son apport au groupe de Bucarest a fait l’objet de plusieurs études. Il un livre offrant une vue d’ensemble de son œuvre : le présent catalogue essaie de combler cette lacune. Pour les dessins, nous avons adopté une présentation chronologique : cela permet d’apprécier pleinement la courbe créative de Paul Păun/Paon sur un demi-siècle, de 1943 à 1993. L’univers de l’artiste se déploie ainsi dans son intensité sans failles et dans ses subtiles variations thématiques : du surréalisme figuratif ou abstrait des débuts jusqu’aux évanescences et disparitions des dernières années, en passant par l’invention du lovaj – procédé mêlant dessin et collage, apport essentiel à l’arsenal technique du groupe de Bucarest –, l’automatisme abstrait de l’après-guerre, les images organiques et biomorphes, les explosions, les concrétions, les irradiations, les nébuleuses et autres « chimères » visuelles dont les traits sont parfois minutieusement travaillés à la loupe. Il nous a semblé indispensable de replacer ces dessins dans le contexte de leur création, en essayant de suivre pas à pas l’activité poétique et éditoriale de Paul Păun, des premiers poèmes avant-gardistes publiés dans Alge, qui précèdent l’engagement surréaliste, jusqu’à l’achèvement de La Rose parallèle. Une deuxième section propose donc, en écho, les ouvrages composés par Păun et ceux écrits en collaboration, ainsi que des manuscrits, lettres, tracts et autres témoignages de son activité poétique ou théorique (on y a joint quelques publications non signées par lui, mais éclairant la vie du groupe de Bucarest au mitan des années 1940). Une troisième section regroupe des publications et des ephemera qui renvoient aux expositions (collectives ou personnelles) de Paul Păun/Paon, ainsi qu’aux manifestations consacrées au surréalisme international qui ont récemment fait une place à son œuvre. Enfin, une quatrième section, « Destins croisés », aborde la présence, centrale dans la vie de l’artiste, de l’amour et de l’amitié : elle évoque, à travers des œuvres, des photographies ou des souvenirs, quelques personnes (poètes, écrivains, peintres, galeristes…) qui ont traversé et marqué sa vie. Des liens qui ont formé un solide réseau d’affects entre membres de la diaspora surréaliste, et bien au-delà.