JUVENALIS / JUVENAL (Junii) & PERSE - CORNUTUS (Lucius Annaeus ou Phurnutus).
Reference : 22468
(1613)
Lutetiae [Paris], apud Joannem Orry [sive Morellus], 1613 - Lutetiae [Paris], apud Joannem Orry, 1613 - Lutetiae [Paris], apud Joannem Orry, 1613. 3 ouvrages reliés en un fort vol. au format pt in-4 (217 x 165 mm) de 8 ff. n.fol., 724 pp. et 1 f. bl. ; 46 pp. ; 188 pp. et 4 ff. n.fol. ; 4 ff. n.fol. et 95 pp. Reliure de l'époque de pleine basane marbrée et glacée havane, plats jansénistes, dos à nerfs orné de filets gras à froid, caissons d'encadrement dorés, larges fleurons dorés, titre doré, tranches mouchetées.
Réunion en un volume des Satires de Perse et de Juvénal, accompagnées pour le premier des Commentaires de Cornutus. ''Les savants font cas de cette édition''. (in Brunet). ''On peut dire avec certitude que Perse ignora la vie et les hommes. Mais il savait cependant entendre ses maîtres et ses amis, tels que Cornutus ou Sénèque. Il avait vingt ans quand Néron fut empereur et n'ignora que peu de choses des turpitudes de la Cour... Aussi son oeuvre contient-elle une part de réelle satire, mais par écho et sans l'accent que l'expérience donne à l'indignation. Toutes sortes d'allusions, d'ironies, de demi-mots font entrevoir, seulement entrevoir et presque deviner une cour impériale qui est celle de Tacite : bassesses et indignités, orgies et sacrilèges, crimes d'Agrippine et de Néron. Au delà de la Cour, la ville : manie du bel esprit, profusion des prétentions littéraires, superstitions et dévotions intéressées, cupidité, cruauté à l'égard des esclaves... Mais il est évident que la satire morale domine cette oeuvre. Un beau stoïcisme inspire son auteur, un stoïcisme reçu par enseignement mais que le poète vivifie par sa noblesse d'âme. Les Satires sont, pour ainsi dire, des sermons stoïciens. Perse y célèbre vertu et simplicité antiques, chaste culte de la philosophie, nécessité pour chacun de s'examiner en conscience et de connaître ses faiblesses, au lieu de juger autrui et de se fier aux compliments, conquête de la véritable liberté sur les passions, sur la cupidité et le goût du plaisir, sur l'ambition et la volupté. Chacune de ces satires a de l'ardeur et se précipitent en dialogues vifs voire même dramatiques. En somme, elles ont la force du sentiment singulièrement élevé qui ne cesse de les animer. Détestant Rome, ou plutôt ce qu'elle est devenue, Juvénal fait de ses contemporains une peinture acerbe et sans pitié. faisant sans cesse fi du politiquement correct Le tableau (parodie d'une œuvre perdue) qu'il propose de la cour de Domitien, le «Néron chauve», s'il est riche de notations grotesques, rend très bien l'atmosphère cauchemardesque d'une époque qui exsudait la terreur. On ne saurait parler sans anachronisme de liberté d'expression quand il s'agit de la Rome impériale, et Juvénal se garde bien de s'en prendre aux empereurs régnants. Ce qui n'empêcha pas ses contemporains de lire dans ses propos des allusions à l'actualité de son temps. La langue de Juvénal permet de se faire une idée de la variété des parlers latins, selon les classes sociales et les régions. Elle est à la fois vigoureuse, voire crue, et savante. Juvénal aime jouer du contraste entre les mœurs des anciens Romains, frugaux et barbus, et celles de ses contemporains, perdus de luxe et efféminés. Avec Horace, Juvénal constituera un modèle au XVIIIème siècle pour les Satires de Nicolas Boileau (1666). Emmanuel Kant retiendra quant à lui de ses satires leur dimension morale, et citera Juvénal, à plusieurs reprises, dans sa Critique de la raison pratique. Brunet III, Manuel du libraire et de l'amateur de livres, 631. Angles émoussés. Coupes et coiffes élimés. Plats présentant quelques frottements et petits manques superficiels. Dos présentant un éclat altéré. Les deux feuillets liminaires sont effrangés. Papier légèrement oxydé. Présence de quelques rousseurs, tâches claires ou cernes dans les corps d'ouvrage. Infime travail de ver (sans atteinte au texte) en marge des premiers et derniers feuillets. Restauration ancienne affectant deux feuillets (avec perte de texte).