Paris [A. Levy fils] (J. Claye imp.) s. d. [1853 ou 1859] In-f° (dimensions légèrement variables, env. 397 x 342 mm), [12] ff. de pl., non rogné.
Un rare calendrier décrivant les travaux des champs par mois dans le goût des manuscrits médiévaux Un des quelques exemplaires tirés sur papier de Chine, non rogné, non contrecollé, qui donne toute sa superbe à cette suite de 12 grandes feuilles gravées sur bois, une pour chaque mois. Elle parut chaque mois dans l'Illustration en 1852 (v. 19, pp. 5, 89, 149, 213, 281, 373) ; v. 20, pp. 9, 89, 149, 213, 293, 357). La série fut annoncée en volume séparé par A. Lévy fils dans l'Illustration du 8 janvier 1853 sous le titre Album de sujets rustiques. Elle fut rééditée par le même en 1859. « En Janvier, on profite des gelées pour débarder les bois ; en Février on taille la vigne et l'on remplace les arbres morts ; en Mars, on laboure et l'on herse ; Voici Avril et la semaille des pommes de terre. Mai, où les vaches pâturent avidement l'herbe jeune et Juin où l'on coupe aux moutons leur manteau de laine. En Juillet, M. Jacque fait battre le colza dans les champs ; en Août, il fait lier les gerbes des blés mûrs et marcher pas à pas la longue théorie des glaneuses qui se courbe sur un chaume où les Booz n'ordonnent plus d'oublier à dessein des épis. Septembre amène la cueillette des pommes et des hécatombes de perdreaux ; en Octobre, les vendangeurs dépouillent les coteaux puis, en Novembre et Décembre, on rentre les troupeaux à l'étable, et l'on s'embusque à l'affût pour tuer au clair de lune le renard qui rode autour du poulailler. » Ce calendrier n'est pas sans rappeler celui des manuscrits médiévaux et notamment celui de l'un des plus célèbres d'entre eux les Très Riches Heures du Duc de Berry [1411-1416]. Ils furent certainement une source d'inspiration pour les artistes de Barbizon et ont vraisemblablement joué un rôle déterminant dans le développement de la peinture de paysage. Leurs illustrations furent en effet parmi les premières à accorder une place importante aux sujets de la vie agricole. Elles permettent d'entrer dans l'intimité des peuples à leurs époques respectives. On citera en France, au XVIe siècle les deux suites des mois d'Etienne Delaulne, notamment celle qu'il encadra de larges bordures, composées de trophées d'outils, d'instruments aratoires, d'armes ou d'ustensiles domestiques. Et au XVIIIe, les culs-de-lampes de Choffard pour Les Saisons de Boucher. Rares petites rousseurs ; Gazette des beaux-arts, tome quatrième, 1859, pp. 317-318 ; Béraldi, les graveurs du XIXe siècle, tome VIII, 1889, pp. 172 - tome IX, p. 67 : " Il faut juger Lavieille sur ses bois des Français peints par eux-mêmes, sur son Album de sujets rustiques (les douze mois) gravés pour L'Illustration d'après Ch. Jacque, 1859, en douze grandes feuilles ; et sur Les quatre Parties du Jour, scènes rustiques d'après Millet." ; Jacques Lethève, Françoise Gardey et Jean Adhémar - Inventaire du fonds français après 1800 / Bibliothèque nationale, Département des estampes. Tome treizième, Laurencin-Lépagnez, p. 63 ; Fanica 1995, pp. 41-42