P., Armand Colin et SEVPEN, 1955-1960, 2 vol. in-8°, (6)-451 et viii-579 pp, copieux index, reliures demi-basane carmin à coins, dos à 4 nerfs soulignés à froid, titres dorés, filets à froid sur les plats (rel. de l'époque), pt accroc en tête du tome II, bon état (Bibliothèque générale de l'Ecole Pratique des Hautes Etudes, VIe section). Rare
"Le Journal d'un Bourgeois du Caire est dû à Ibn Iyâs et, dans l'oeuvre de G. Wiet, forme la suite de l'Histoire des Mamlouks Circassiens, t. II, éditée en 1945 par l'Institut français d'archéologie orientale du Caire et relatant les évènements entre les années 1467 et 1500. Les présents volumes traitent du début du XVIe siècle jusqu'en novembre 1522, époque capitale puisqu'elle prépare la fin des sultans mamlouks et consomme la décadence de la puissance égyptienne. Le premier volume s'arrête avant la victoire de Selim Ier à Merdj Dabiq (près Alep) sur les troupes du sultan d'Egypte Malik Ashraf, de son vrai nom Qun-suh al-Ghûri, qui y trouva la mort. Après cette victoire amenée par la défection de l'aile droite d'Al-Ghûri, les Ottomans ne devaient pas tarder à mettre la main sur l'Egypte. Ibn Iyâs nous montre Malik Ashraf se débattant dans les difficultés financières les plus graves qui entraînaient la désaffection de ses troupes et l'hostilité de ses sujets. C'est que la découverte de Vasco de Gama amenait une perte considérable pour le commerce égyptien. Encouragé, dit-on, par les Vénitiens, le sultan organisa une flotte qui inquiéta les Portugais sur les côtes des Indes. L'état des finances égyptiennes accule le sultan d'Egypte aux expédients les plus fâcheux. Il pressure les marchands et les pensionnés, supprime la solde des mamlouks les plus anciens, dépouille les fondations pieuses, abaisse le titre de la monnaie. La vénalité des charges ne développe pas la moralité des fonctionnaires qui se rattrapent sur le particulier. Les conséquences ne tardent pas à se faire sentir. Les mamlouks en arrivent même à se plaindre moins du retard de leur solde qu'à réclamer « l'abolition des taxes mensuelles et hebdomadaires qui pèsent sur les petits boutiquiers, sur toutes les denrées, si bien qu'ils ne trouvent plus à manger... la suppression de toutes les mesures arbitraires, les confiscations par exemple (p. 447) ». A la fin de 1515, un grand fonctionnaire s'était enfui auprès de Selim Ier, excitant ce dernier contre les actes tyranniques du sultan d'Egypte, le mettant au courant des abus et de la situation financière, le renseignant sur l'armée d'Egypte. « II l'encouragea vivement à envahir l'Egypte, en lui présentant l'opération comme aisée » (p. 435). Ainsi fut fait. Du même coup la dynastie circassienne disparut et le commerce des Portugais ne fut plus inquiété." (René Dussaud, Syria, 1955)