Paris : Edme Martin et Sebastien Mabre-Cramoisy, 1668 In-4, (8)-795 pages. Basane de l’époque, dos à nerfs orné, pièce de titre en maroquin rouge, tranche mouchetée rouge.
Coiffes arrachées avec manque de cuir sur 1 cm en tête, petits manques au premier plat, charnière du deuxième plat fendue ; cerne clair sur une garde et le feuillet de titre. Première édition. Ces mémoires sont ceux de Henri II de Lorraine (1614-1664), cinquième duc de Guise, dont les armes sont représentées sur la page de titre. Ils furent vraissembablement rédigés par Philippe Goibaud-Dubois (1626-1703) et publiés par le secrétaire du duc, le sieur de Saint-Yon. On notera cependant qu'Augustin Calmet (Bibl. lorraine 594) ne doute pas que ces mémoires soient de la main du duc. C'est en qualité de maître à danser que Philippe Goibaud-Dubois, violoniste, entre au service du jeune Louis Joseph de Guise. Le petit duc s'attache à lui et ne veut pas d'autre gouverneur. C'est ainsi qu'à l'âge de trente ans, le maître de danse se met au latin sous la direction des professeurs de Port-Royal. Lorsque le duc de Guise meurt prématurément de la petite vérole en 1671, Goibaud-Dubois se consacre tout entier à la traduction des ouvrages latins qu'il estime les plus utiles : les œuvres de Saint Augustin, plusieurs ouvrages de Cicéron, ainsi que l'Imitation de Jésus-Christ. Il édite Catulle et publie un ouvrage sur le jansénisme. Henri II de Guise était destiné à une carrière religieuse et devint archevêque de Reims à l'âge de quinze ans. La mort de son père et de son frère aîné à un an d'intervalle le contraignit à se faire relever de ses vœux pour devenir duc de Guise en 1640. Il conspira avec Louis de Bourbon contre Richelieu et le combattit lors de la bataille de la Marfée, ce qui lui valut d'être condamné à mort. Il prit la fuite en Flandre mais fut pardonné en 1643. Renouant avec les prétentions familiales sur le royaume des Deux-Siciles, il participa à la révolte de Masaniello en 1647. Il gouverne alors la République royale de Naples, sous le protectorat français, mais le manque de soutien de Mazarin lui aliène les Napolitains. Les Espagnols contre-attaquent, détruisent la république et font prisonnier Henri, qui restera détenu en Espagne de 1648 à 1652. Il tentera une seconde campagne contre Naples en 1654, mais échouera. Ses Mémoires sont centrées sur l'épisode napolitain. Le duc devient plus tard grand chambellan de Louis XIV. Cioranescu II, n° 33489.