Autrement, 1993, gr. in-8°, 349 pp, 41 photos et dessins, 5 plans, chronologie, biblio, biographies des auteurs, broché, couv. illustrée, bon état
Détrônée pendant deux cents ans par Pétersbourg, Moscou reconquiert ses droits historiques grâce à la révolution. Rebaptisée capitale en mars 1918, elle est désormais la scène où se déploie le nouveau pouvoir. Des premiers temps chaotiques, utopiques des années 20, à l'édification du socialisme dans les années 30, Moscou devient le laboratoire où révolution et modernité cherchent leur mode d'expression. Après les premières années de règne des avant-gardes, de flou social qui caractérise la NEP, celles de la construction du "socialisme réel" posent les bases du "régime" stalinien. Deux décennies placées sous le signe de la conquête et de l'innovation, dans un espace idéologique qui dérive progressivement de l'utopie totalisante à la modernité totalitaire. Un temps qui s'est imprimé surtout à Moscou. Et pourtant, pour avoir incarné la quintessence du communisme, la ville a-t-elle vraiment été appréhendée pour elle-même ? Aux yeux du monde elle reste un symbole plus qu'une réalité. Elle a capté les espoirs et toutes les phobies, se constituant en écran du monde nouveau, sans dévoiler sa face singulière et insolite, ses lieux, ses contradictions, sa dimension tragique mais aussi quotidienne. — "Ce numéro de la série « Mémoires », consacré à Moscou entre les deux guerres et dirigé par Catherine Gousseff, aborde avec un grand souci d'objectivité, et en évitant la plupart du temps la froideur des analyses, l'une des périodes les plus complexes de la ville aux « quarante fois quarante coupoles », dont le destin bascula en mars 1918 lorsque Lénine et le gouvernement bolchevik décidèrent d'y transférer la capitale de la nouvelle République des soviets ; elle devint alors l'objet des plus grands bouleversements urbains et sociaux, le creuset des utopies les plus folles, puis la vitrine d'un « bonheur totalitaire » qui coexistait avec des procès retentissants et la terreur au quotidien. C'est à travers des « lieux de mémoire » démystifiés, des épisodes parfois peu connus des relations entre le pouvoir, les intellectuels et les artistes que C. Gousseff et la quinzaine d'auteurs, venus des divers horizons des sciences sociales, ont tenté de reconstituer la mosaïque éclatée de Moscou dans les années qui suivirent la révolution et jusqu'à l'engagement de l'Union soviétique dans la seconde guerre mondiale..." (Dominique de Lapparent, Revue d'études comparatives Est-Ouest, 1994)
Paris : CNRS Éditions, Collection "Mondes russes/États Sociétés Nations", 2001. Broché 24x17cm, 428 pages, tableaux, cahier de 6 photos en noir hors-texte, bibliographie. [BE]