S.l., (1793-1802) , Sept dessins gouachés sur vergé bleu ou blanc, contrecollés par l'auteur lui-même sur papier fort, certains encadrés d'un bord noir ou entourés d'un liseré de papier doré collé. Les deux pour certains. De formes rectangulaires, tous entre 40 cm de largeur sur 60 cm de longeur. Titre et date à l'encre au bas du recto de la vue a, "Vue de l'intérieur d'une Prison, inventée et Dessinée par Géligny, prisonnier de Guerre en Espagne (a Valladolida), le 28 Vendémiaire An 3". Les vues c, d et e sont signées à l'encre "Géligny inv'" et certaines sont datées. Des poèmes manuscrits conemporains (encre) au verso des vues b et d et au recto de la vue a. Quelques rousseurs et accrocs sans gravité.
"Quant à sa probité, son instruction, zele et intelligence, je ne puis me refuser sans injustice de lui rendre les éloges qu'il mérite..."Le 5 brumaire de l'an XIII (1804), l'Ingénieur en chef des Ponts et Chaussées Boizot écrit en ces termes à son Directeur général au sujet de Pierre Antoine Géligny, ingénieur depuis 1791 et vivant à Saint-Jean de Luz, dont la responsabilité des ouvrages lui incombait. A 48 ans, Géligny est gravement atteint physiquement et moralement, au point qu'une prise en charge par son corps de métier ne devienne nécessaire. Le dossier versé aux Archives Nationales nous relate, par les pièces administratives d'usage, le calvaire d'un homme sensible.Mais, plusieurs années durant, Géligny médiatise ses souffrances et ses angoisses dans des dessins, nous offrant aujourd'hui l'étrange décor onirique de ce dossier lapidaire.Ce dernier nous explique que le jeune ingénieur est enrolé dans l'Armée révolutionnaire qui emploie ses compétences à assurer sa marche lors de la guerre de la République contre l'Espagne (Campagnes de 1794-1795). Parti s'occuper du pont de Limbourg, il sera fait prisonnier par les espagnols du 28 vendémiaire de l'an III (1794) au 18 vendémiaire de l'an IV (1795), passant de Vittoria à Burgos et enfin à Valladolid qui semble l'avoir particulièrement marqué. C'est là que commence sa prose peinte - il date de l'an III la première des vues carcérales.Géligny choisit instinctivement un medium qu'il pratique, né de son érudition. Ingénieur des Ponts et Chaussées il reçoit une formation en dessin et architecture - on ne peut être alors un esprit cultivé sans ces bases - et on retrouve des références aux architectes contemporains qu'il admirait peut-être... Les colonnes brisées et avant-gardistes de C.N. Ledoux (vue c, on pense à un ouvrage industriel et technique) qu'on pouvait voir à la Barrière de l'Étoile, et on ne peut regarder les vues f ou g sans évoquer les cénotaphes de Boullée. La petite humanité égrénée dans les scènes reprend le pittoresque typique des vues néo-classiques.Sa dernière aquarelle est datée de 1802.Boizot nous le décrit encore "martyr" et dans un "état facheux de démence". Géligny décèdera en juillet 1809, à Paris ou il était né. Pauvre et isolé.S'il est bien un homme des Lumières tout en étant un chrétien du Jugement dernier, son édifice mental aura surtout été transformé par la violence et la souffrance. - - VENTE PAR CORRESPONDANCE UNIQUEMENT
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