Amsterdam, Henri Boussière, libraire sur le Dam, 1742-1743. 98 (sur 100) livraisons en 2 tomes reliés en 1 vol. in-12 à pagination continue de (8)-440-(8) pp. (441-) 800 pp., frontispice gravé, vélin ivoire, rigide, titre en noir sur le dos (reliure de l'époque).
Collection rare du bihebdomadaire l'Argus de l'Europe, rédigés par Gautier de Faget entre février 1742 et février 1743, précédé d'un titre imprimé en rouge, orné d'un frontispice gravé sur cuivre et légendé représentant un joueur de lyre ("Vigilanter et quiete"). Les livraisons 90 et 96 manquent.Gautier de Faget écrit entre 1727 et 1743. Il révèle partiellement son identité et donne la liste de ses œuvres dans l'épître dédicatoire de l'Argus de l'Europe en 1742. Vers 1713-1716, il fait ses études médicales à l'Hôtel-Dieu de Paris, puis exerce pendant près de vingt ans «dans les plus grandes villes d'Europe». En 1727-1728, il est médecin du Refuge à Londres et publie une critique de "La Henriade", violemment antipapiste. Il entre en relations avec Prévost d'Exiles qu'il suit en Hollande en qualité de secrétaire. Il publie divers ouvrages à Bruxelles et à Liège, soumet son Dictionnaire médicinal aux censeurs de Malines le 1er mars 1733. Protestant réfugié, il défend le déisme et l'esprit de « tolération » dans sa critique de La Henriade. La Relation apologique de 1738 qui défend la maçonnerie anglaise sous sa forme déiste, académique et épicurienne, est condamnée le 18 février 1739, sur enquête de l'Inquisition, et réduit Gautier de Faget à la clandestinité. Il reste en relations avec Prévost vers 1740, publie d'avril à septembre 1741 le journal hebdomadaire "Le Cyclope errant" puis "l'Argus de l'Europe".« L'Argus se propose de porter ses cent yeux sur toute l'Europe et de parler au nom du «sens commun» (t. I, p. 8). Dans cette «revue oculaire» (p. 137), tous les pays et tous les grands personnages historiques apparaîtront sous des formes allégoriques : l'Empereur (l'aigle), le roi de France (le coq), le roi d'Angleterre (le Grand Triton), la Russie (l'ourse), l'Autriche (l'autruche), etc. Dans ses «conjectures», l'auteur affirme précéder les gazettes (Avertissement, t. II), dont il use d'ailleurs abondamment. Son intérêt se porte essentiellement sur la situation de l'Empire au lendemain de la Diète de Francfort, sur la politique extérieure de la France, qu'il critique vivement, sur le système parlementaire d'Angleterre, qu'il loue à plusieurs reprises (voir le 10e «coup d'oeil»). Il s'oppose fréquemment à Rousset de Missy, qu'il cherche à concurrencer et dont il critique le Magasin des événements (1741-1742) puis l'Epilogueur politique, galant et critique, dont il signale l'apparition (60e «coup d'œil», 17 sept., t. II, p. 473-480). Contre les politiques de métier, Faget défend le point de vue du «sens commun» mais tombe souvent dans l'allégorie laborieuse et développe assez confusément un rêve de grande confédération germanique (2e «coup d'œil»). L'Argus de l'Europe est un des nombreux pamphlets politiques engendrés par la guerre de Succession ; il prend place entre l'Espion turc à Francfort de Francheville et l'Espion chinois de Dubourg. Faget se range délibérément du côté de Marie-Thérèse dont il défend les alliés (l'Angleterre, la Hollande, la Russie) et dont il attaque les adversaires (la France et l'Espagne en particulier); il n'est pas impossible qu'il ait été, comme plus tard Dubourg, stipendié par les partisans de Marie-Thérèse. On ne sait pas ce qui causa la chute de son journal; au moment de publier son t. II, Faget semble très confiant dans son entreprise: ce deuxième tome «sera suivi de quelques autres, quand bien même la Paix générale [lui] éclipserait le grand nombre d'objets que [lui] fournit la guerre» (Avertissement, t. II). On notera que la chute du journal se produit aussitôt après un article violent contre l'Epilogueur de Rousset de Missy. L'Argus de l'Europe présente surtout l'intérêt d'apporter quelques lumières sur un écrivain mystérieux, et sur le «catalogue de ses œuvres» (en tête du t. I): auteur de la Relation apologique et historique de la Société des Francs Maçons (1738), J. Gautier de Faget (voir D.P. ), condamné en Cour de Rome, est réduit à la clandestinité et propose aux cours d'Allemagne son rêve de confédération européenne et de paix universelle. » (Jean Sgard). Très bon exemplaire (rogné court) en reliure vélin ivoire d'époque (quelques taches d'encre page 41). Sgard, Journaux, n°122, Journalistes, n° 339.
Londres, Aux dépens de la Compagnie, 1743. In-12 broché sous couverture d'attente, 90 pp. Bord de la page de titre grisé.. Succession de la Maison d'Autriche, vue par différents acteurs du temps.
[Chez Daniel Aillaud] - LANGALLERIE, Philippe de GENTILS Marquis de ; [ FAGET, Gautier de ]
Reference : 65234
(1743)
Ecrite par lui-même dans sa prison à Vienne en Autriche, 1 vol. in-12 reliure de l'époque plein veau marbré, toutes tranches marbrées, Chez Daniel Aillaud, A La Haye, 1743, VIII-448 pp.
Mémoires du Marquis de Langallerie (1656-1717), aventurier français né à La Motte (Charente) et qui, après avoir servi un grand nombre de princes qu'il indisposa successivement par ses prétentions, mourut en prison pour avoir conclu avec l'ambassadeur de la Porte Ottomane près la cour de Hollande "un traité secret d'après lequel il devait prendre le commandement d'une expédition destinée à s'emparer de l'Italie, et recevoir ensuite, en toute propriété, une des îles de l'Archipel. [ ... ] Enfermé dans la forteresse de Raab, il y mourut d'ennui au bout d'un an de captivité" (Larousse, GDU, X, 147). Parmi les détails de cet incroyable traité, l'auteur indique qu'il attendait du Grand Turc une île possédant un bon port, "afin d'y recevoir les Philbustiers & les Corsaires dont fourmilloit alors l'Isle de Madagascar", afin de s'insinuer ensuite par petits groupes en Italie, avant de mener un coup de force dans la région de Lorette ! Ces mémoires sont regardés comme apocryphes par la plupart des critiques, et généralement attribués à Gautier de Faget, mais Fontette "croit en leur authenticité et prétend que le récit de la mort de Langallerie y fut ajouté par Müller, son valet de chambre". Etat très satisfaisant (restauration ancienne en coiffe, mq. marginal à un feuillet affectant deux lettres, bon état par ailleurs)