Manuscrit autographe rédigé dans un cahier petit in-folio (310 × 200 mm). Il comporte en tout 8 feuillets non chiffrés, soit : 1 f. blanc (collé au plat supérieur de couverture), 4 ff. comprenant 7 pages soigneusement calligraphiées à la plume et à l’encre noire (le nom de Paul Gauguin figurant à la deuxième page) et 3 feuillets blancs ; la couverture de papier beige du cahier, conservée, porte sur le premier plat l’inscription « no 4 » à la plume ; reliure moderne de maroquin rouge, dos lisse avec titre en long, plats encadrés d’un filet, titre sur le premier plat, étui bordé (P. Goy & C. Vilaine).
Très beau manuscrit polémique composé par Paul Gauguin à Tahiti. Ce projet de défense sous forme de plaidoirie a été rédigé par l’artiste à l’occasion d’un différend qui l’opposait à Édouard Charlier, procureur de Papeete. En 1899, se prétendant victime d’un vol, Gauguin portait plainte contre sa compagne Pau’ura (ou Pahura). Charlier, que le peintre connaissait depuis 1896, obtint en appel l’ac- quittement de la vahiné. Furieux, Gauguin publia en juin 1899, dans le journal local Les Guêpes, une lettre ouverte injurieuse à l’adresse de Charlier. S’attendant à être poursuivi, il prépara sa défense et la consigna dans ce manuscrit, dont la lecture semble suggérer au lecteur pressé un Gauguin moins proche des insulaires que ne le veut la légende. "Est-il nécessaire de parler ici de délits de presse [...] en cette fameuse lettre qui amène ici un honnête homme à la barre du Tribunal sans autre défenseur que lui-même, tellement dans cette colonie un procureur peut jeter le désarroi et l’effroi autour de lui. [...] cela rend bien intéressante la situation du pauvre colon, de ce fait livré à la merci de l’arbitraire et de la puissance administrative. Il ne lui reste plus alors qu’à compter sur lui-même, sur l’honorabilité de sa juste cause, puis aussi sur l’impartialité de ceux qui sont là pour le juger. Écrivant à Monsieur Charlier, Papeete, je me croyais autorisé à lui expliquer mes griefs parce qu’il se disait mon ami ; quelques conversations, non plus entre Procureur et artiste mais entre amis, m’avaient fait penser qu’il était de mon monde. Or dans mon monde il est établi que tout homme qui se respecte fait passer, toujours, sa dignité devant ses intérêts. [...] En résumé ma lettre disait. Monsieur, vous me battez et cela me fait mal, dites-moi donc si c’est dans le but seul d’être méchant à mon égard, je serais alors forcé de vous demander satisfaction par les armes. Dans mon monde et dans tous les pays du monde, cette façon d’agir passe pour honorable. Et voyez si je faisais à Mr Charlier la partie tout belle. D’une part il est jeune et souple, et selon son affirmation possède 10 ans de salle d’armes. D’autre part, je suis presque vieux, usé par le travail et une maladie de cœur, mes pieds toujours endommagés me supportant à peine, – toutes causes d’infériorité dans un combat singulier...". Gauguin n’a pas voulu dénoncer Charlier au ministère et a gardé « le langage d’un artiste franc et loyal»... Il proteste contre l’absurdité et l’arbitraire de ce procès; il rappelle les devoirs du Procureur et en appelle à la justice... "Mais quand il s’agit de vulgaires bandits indigènes toujours en récidive révoltés d’hier, et que le plaignant n’a agi que sur les propres conseils du Procureur, le silence devient non seulement incompréhensible, c.à.d. absurde, mais aussi un encouragement au brigandage : il annihile tout le travail du colon livré ainsi (1 contre 100) à toute une population malfaisante et à peine sortie de la barbarie. Ce n’est pas alors le plaignant qui se révolte mais la morale et la raison. Le renversement de la Bastille au prix de tant de sang versé ne serait-il donc qu’une simple démolition architecturale, la pierre venant alors ensevelir la parole ; les Droits de l’Homme de notre siècle un leurre, foulés au pied finalement l’Iniquité élevée au dessus des citoyens sur la tour des magistrats et des lois. J’ai parlé de sottise et devant cette appréciation qui n’a pas de double sens et qui n’a jamais constitué une insulte, la montagne se soulève..." Gauguin termine son plaidoyer en tirant l’amère leçon de son éventuelle condamnation : "Ne compte plus désormais récolter le fruit de ton travail; tu devras courber l’échine sous les coups de bâton. Parce que c’est le bon vouloir du Procureur et qu’il en a le pouvoir. Aiguise tes dents, dépouille-toi de ton habit d’honnête homme, deviens à ton tour Loup dévorant, et va chercher ta pâture dans le champ de ton voisin, sûr de l’impunité, car c’est le bon vouloir de Mr le Procureur. Il en a le Pouvoir. Puis finalement si tu es étranger, retourne dans ta patrie expliquer à tes frères quels sont les pouvoirs d’un Procureur de la République française."Un pamphlétaire vigoureux, un peintre au sommet de son art, un homme à bout... Tout au long de ce plaidoyer à l’éloquence rugueuse, à la fois indigné et plaintif, on trouve déjà la plume acerbe, fiévreuse, violente de l’homme qui écrira, après son installation aux Marquises en septembre 1901, l’étonnant, humoral, foutraque et saturnien recueil de souvenirs intitulé Avant et après. Les principales obsessions qui traversent ce livre poignant sont aussi présentes dans le manuscrit : le pouvoir, la loi, la magistrature, la gendarmerie, la vie des colons et des indigènes... Replaçons ces pages dans le contexte de la vie du peintre à Tahiti au tournant du siècle. En 1899, Gauguin est très affaibli par la mort d’Aline – sa fille préférée, qu’il a eue avec Miette –, emportée par une pneumonie à l’âge de 19 ans. Il a fait une tentative de suicide, et son état de santé se dégrade : il vient de subir une attaque cardiaque, son eczéma ravage ses jambes et ses pieds, sa fracture du tibia ne cesse de le faire souffrir depuis quatre ans. Ses addictions ne facilitent pas les choses : son alcoolisme s’accentue, il abuse d’absinthe et de morphine, s’endette lourdement auprès de son pharmacien. Il voit des ennemis partout, y compris dans son propre camp. Mais il se remet tout de même à travailler, après une longue interruption : c’est à cette époque qu’il peint l’un de ses chefs-d’œuvre polynésiens, Le Cheval blanc, afin de le céder au pharmacien Millaud en échange de l’annulation de ses dettes. Mais revenons à Pau’ura (ou Pahura) et à l’affaire qui est à l’origine de ce manuscrit. La jeune vahiné, enceinte, vient de quitter Gauguin suite à ses nombreuses inconduites. Laissons la parole à David Haziot, qui a résumé la situation dans sa biographie du peintre : « Pahura partie, Gauguin prit à plusieurs reprises sa carriole pour aller la chercher et la per- suader de revenir. En vain. Il n’avait plus de femme et ne pouvait s’en offrir une à Papeete. L’argent lui manquait et ses jambes ulcérées, horribles à voir – Pierre Levergros dira que leur aspect lui donnait la nausée –, faisaient fuir les Tahitiennes. Pahura s’était installée dans la maison du peintre qu’elle tenait pour sienne, non sans raison. Exaspéré par ses refus, et craignant que des villageois viennent habiter dans un lieu aussi intime que son atelier en le vandalisant en son absence, il la chassa et cadenassa l’entrée. Puis, de retour à Papeete, il noya son chagrin dans l’alcool et finit ses soirées à l’absinthe dans les tavernes. Une maison végétale ne peut résister longtemps au simple désir d’y pénétrer. Dès que son homme fut loin, Pahura aidée d’amis du village s’introduisit dans le faré pour y vivre. Gauguin l’apprit, revint à Punaauia, l’expulsa et porta plainte pour effraction. Cette décision absurde et ridicule est un acte révélateur de son évolution depuis son suicide raté. Pourquoi entrer en justice avec sa jeune vahiné de 18 ans, enceinte de son enfant ? Grotesque et indigne. En d’autres temps, il aurait trouvé une solution de compromis et ne se serait pas encombré l’esprit avec de telles vétilles. Pourquoi faire entrer mainte- nant dans sa vie intime une justice rendue, avec l’arbitraire qu’il lui connaissait, par les hommes de Papeete ? Force est de reconnaître, et la suite le confirmera, qu’après l’épreuve de la perte d’Aline, et sa tentative de suicide, un autre homme était né en lui, au comportement régressif, rival de l’autre, le grand rêveur de couleurs et de formes qui aurait ignoré ces menus faits avec superbe. On constata que Pahura avait pris une bague, certainement en toc, un sac de coprah, et un moulin à café. Elle déclara qu’elle n’avait rien volé puisqu’elle était toujours la vahiné de Gauguin. Peine perdue, elle fut condamnée à une semaine de prison et 15 francs d’amende qu’elle ne pouvait payer. Un voisin charitable qui connaissait la loi lui conseilla de faire appel. L’affaire remonta jusqu’au procureur Édouard Charlier, l’ami de Gauguin lors de l’annexion de Bora Bora et Huahine. Charlier acquitta Pahura en appel. Même s’il n’y avait pas de mariage, la coutume tahi- tienne la désignait comme la vahiné de Gauguin qui ne pouvait la poursuivre pour des motifs aussi faibles. Cette décision déplut fort au plaignant. L’amitié avec le procureur, déjà mise à mal par l’emploi subalterne de l’artiste, n’était plus qu’un souvenir. » Moins de deux ans après cette lamentable affaire, Gauguin quittera définitivement Tahiti pour s’installer auxMarquises, dans «son dernier décor», à Atuona (Hiva Oa). Il y connaîtra une intense période de création artistique, sans pour autant cesser ses combats, notamment en encourageant les autochtones à ne pas payer leurs impôts. Charlier ne le protège plus, les procès se multiplient. Accablé par les condamnations et affaibli par son état de santé, il meurt le 8 mai 1903. Il faut citer, pour conclure, une page célèbre consacrée à Paul Gauguin par Victor Segalen, l’un des écrivains qui ont le mieux saisi la personnalité volcanique et contradictoire du peintre. Ancien possesseur de ce manuscrit, qu’il avait acquis à Papeete en septembre 1903, Segalen donne en quelques lignes un synthétique, saisissant portrait de l’homme, de son art, de sa vie, de son écriture : «Gauguin fut un monstre. C’est-à-dire qu’on ne peut le faire entrer dans aucune des catégories morales, intellectuelles ou sociales, qui suffisent à définir la plupart des indi- vidualités. Pour la foule, juger c’est étiqueter. On peut être honorable-négociant, magis- trat-intègre, peintre-de-talent, pauvre-et-honnête, jeune-fille-bien-élevée; on peut être “artiste”, voire “grand artiste”. Mais c’est déjà moins permis, et il est impardonnable d’être autre chose que tout cela; car il manquerait, pour être classé, le cliché requis. Gauguin fut donc un monstre, et il le fut complètement, impérieusement. Certains êtres ne sont exceptionnels que dans un sens, vers un axe autour duquel tourbillonnent, semble-t-il, l’ensemble de leurs forces vives; et, pour le reste, la vie courante (économie domestique, visites de politesse, sentiment du devoir), ils peuvent être bourgeois, normaux. C’est affaire de tempérament, de tenue physique : tel écrivain splendide et forcené peut avoir l’habit de chair d’un maigre sacristain; le génie n’exclut point un extérieur honorable, décent, une vie de négoce ou de ponctualité. Et Gauguin, encore, ne fut point tout cela : mais il apparut dans ses dernières années comme un être ambigu et douloureux, plein de cœur et ingrat ; serviable aux faibles, même à leur encontre ; superbe, pourtant susceptible comme un enfant aux jugements des hommes et à leurs pénalités, primitif et fruste ; il fut divers, et, dans tout, excessif. » Manuscrit bien conservé, comportant quelques corrections de l’auteur ; à l’avant-dernière page, Gauguin a remplacé un passage en collant un petit feuillet sur la première version, raturée. Provenance : Vente après décès des objets et papiers de Paul Gauguin à Papeete (2-3 sep- tembre 1903). – Acquis par Victor Segalen à la vente Paul Gauguin de 1903. – Archives Annie Joly-Segalen (vente du 12 juin 1992, no 66). Références : David Haziot, Gauguin, Paris, Fayard, 2017. – Victor Segalen, « Gauguin dans son dernier décor», inLe Mercure de France, volumeVI, juin1904, pp.679- 685. – Exposition De Maillol et Codet à Segalen. Les amitiés du peintre Georges-Daniel de Monfreid et ses reliques de Gauguin, Galerie Jean Loize, 1951, no 276, avec publication partielle (la majeure partie du manuscrit reste inédite à ce jour).
s.d. (1924), 93x78mm, autre.
Epreuve originale probablement unique de cet état intermédiaire de "Tehura", bois dessiné et gravé d'après le tableauMerahi metua no tehamanade Paul Gauguin par Georges-Daniel de Monfreid. Tiragesur vergé crème fin, annotation de l'artiste au crayon en marge gauche. Le bois définitifservira de tête au chapitre VI, Le Conteur parle, page 81 de la véritable édition originale illustrée deNoa Noa, parue chez Crès en 1924, premier ouvrage illustré d'après Paul Gauguin et majestueux hommage à l'uvre d'un des précurseurs de l'art moderne. Très important et tout premier bois du célèbre tableau de Paul Gauguin,gravé par son plus proche ami et exécuteur testamentaire, l'artiste Georges-Daniel de Monfreid, auquel Gauguin offrit cette toile après deux infructueuses expositions. Cette épreuve, probablement unique, fait partie des 17 bois d'essais connus duprojet de publication précoce deNoa Noa, tous réalisés sur divers papiers fins et annotés par l'artiste. C'est à partir du manuscrit illustré original de Noa Noa rapporté de Tahiti par Segalen à la mort de l'artiste en 1903 que Monfreid entreprit, dès 1904, la réalisation de cette uvre fondamentale. Il s'agit de la seconde version de ce carnet « à lire et à regarder ». Le premier manuscrit, rédigé au retour de son premier voyage et confié par Gauguin à Charles Morice en 1893 répondait à un projet différent. Gauguin n'avait composé que le texte, entrecoupé de pages blanches destinées aux poèmes de Morice. Mais, après plusieurs années sans nouvelles, celui-ci préféra publier en 1901 une version entièrement réécrite par ses soins. Gauguin recopia donc son manuscrit et l'illustra lors de son second séjour en Polynésie, de croquis, aquarelles et collages. Cet album, que l'artiste enrichit et conserva précieusement jusqu'à sa mort, est aujourd'hui au Musée d'Orsay. C'est donc d'après ce manuscrit, le seul illustré, que Monfreid composa l'édition du Noa Noa de Gauguin. Cependant, si le projet de publication de Monfreid fut précoce, il mit plus de vingt ans à le mener à bien, en partie à cause d'un conflit de droit d'auteur avec Charles Morice qui souhaitait figurer comme co-auteur de l'édition en préparation et dont les poèmes seront finalement conservés. Fruit de plusieurs années de réflexion et de travail, l'édition de 1924 se veut à la fois fidèle aux aquarelles et bois gravés illustrant le précieux manuscrit, mais également à l'ensemble de l'uvre tahitienne de Gauguin, mort dans l'indifférence. Monfreid grave ainsi plusieurs dessins du cahier original et l'enrichit de bois réalisés à partir des autres uvres dont il est le dépositaire. Certaines de ces compositions associent plusieurs peintures, tout en respectant scrupuleusement le trait de l'artiste, transformant l'ouvrage en véritable voyage à travers les uvres du peintre. Le choix même de la gravure sur bois est un hommage à cette technique prisée par Gauguin qui réalisa à Pont-Aven 10 bois pour illustrer son manuscrit entre ses deux séjours polynésiens. Les bois intermédiaires, jusqu'alors inconnus, témoignent du lent travail de composition pour restituer la richesse artistique de l'uvre de Gauguin par son plus fidèle compagnon artistique et premier défenseur : «Quand je vis Gauguin pour la première fois, je fus fortement déconcerté par les données d'art émanant de ses uvres aussi bien que des conversations de cet homme extraordinaire... En lui tout de suite on sentait le Maître » (In L'hermitage, 1903) Epreuve sans doute unique du bois gravé d'après le chef-d'uvre de Gauguin, Merahi metua no Tehamana, représentant l'épouse du peintre et son principal modèle tahitien. - Photos sur www.Edition-originale.com -
s.d. (1924), 93x78mm, autre.
Epreuve originale probablement unique de cet état intermédiaire d'un bois dessiné et gravé d'après une aquarelle de Paul Gauguin par Georges-Daniel de Monfreid. Tiragesur vergé crème fin, annotation de l'artiste au crayon en marge gauche. Bois dessiné et gravé d'après une aquarelle du manuscrit de Noa Noa, contrecollée sur une page de texte du célèbre album. Le bois définitifservira de tête à l'édition originale illustrée deNoa Noa, parue chez Crès en 1924, premier ouvrage illustré d'après Paul Gauguin et majestueux hommage à l'un des précurseurs de l'art moderne. Superbe et importante gravure reprenant une aquarelle très particulière du manuscrit de Paul Gauguin, véritable percée graphique dans le texte,gravé par son plus proche ami et exécuteur testamentaire, l'artiste Georges-Daniel de Monfreid, héritier de l'album qu'il offrira en 1927 à l'Etat Français. L'aquarelle initiale était découpée en ondulations autour de la figure féminine et collée sur le dernier chapitre pour en empêcher la lecture et ainsi remettre le récit en route. Gauguin avait d'ailleurs ajouté des traits sinueux partant de l'aquarelle sur la page de texte, donnant ainsi l'impression d'une grotte percée dans la page, par le pouvoir psychique de la femme assise dont la tête diffuse des rayons ondulants. Monfreid décide de la placer en tête de l'ouvrage accompagnée de deux oiseaux tirés d'autres uvres, pour illustrer le pouvoir de l'artiste et de son imaginaire. Cette épreuve, probablement unique, fait partie des 17 bois d'essais connus duprojet de publication précoce deNoa Noa, tous réalisés sur divers papiers fins et annotés par l'artiste. C'est à partir du manuscrit illustré original de Noa Noa rapporté de Tahiti par Segalen à la mort de l'artiste en 1903 que Monfreid entreprit, dès 1904, la réalisation de cette uvre fondamentale. Il s'agit de la seconde version de ce carnet « à lire et à regarder ». Le premier manuscrit, rédigé au retour de son premier voyage et confié par Gauguin à Charles Morice en 1893 répondait à un projet différent. Gauguin n'avait composé que le texte, entrecoupé de pages blanches destinées aux poèmes de Morice. Mais, après plusieurs années sans nouvelles, celui-ci préféra publier en 1901 une version entièrement réécrite par ses soins. Gauguin recopia donc son manuscrit et l'illustra lors de son second séjour en Polynésie, de croquis, aquarelles et collages. Cet album, que l'artiste enrichit et conserva précieusement jusqu'à sa mort, est aujourd'hui au Musée d'Orsay. C'est donc d'après ce manuscrit, le seul illustré, que Monfreid composa l'édition du Noa Noa de Gauguin. Cependant, si le projet de publication de Monfreid fut précoce, il mit plus de vingt ans à le mener à bien, en partie à cause d'un conflit de droit d'auteur avec Charles Morice qui souhaitait figurer comme co-auteur de l'édition en préparation et dont les poèmes seront finalement conservés. Fruit de plusieurs années de réflexion et de travail, l'édition de 1924 se veut à la fois fidèle aux aquarelles et bois gravés illustrant le précieux manuscrit, mais également à l'ensemble de l'uvre tahitienne de Gauguin, mort dans l'indifférence. Monfreid grave ainsi plusieurs dessins du cahier original et l'enrichit de bois réalisés à partir des autres uvres dont il est le dépositaire. Certaines de ces compositions associent plusieurs peintures, tout en respectant scrupuleusement le trait de l'artiste, transformant l'ouvrage en véritable voyage à travers les uvres du peintre. Le choix même de la gravure sur bois est un hommage à cette technique prisée par Gauguin qui réalisa à Pont-Aven 10 bois pour illustrer son manuscrit entre ses deux séjours polynésiens. Les bois intermédiaires, jusqu'alors inconnus, témoignent du lent travail de composition pour restituer la richesse artistique de l'uvre de Gauguin par son plus fidèle compagnon artistique et premier défenseur : «Quand je vis Gauguin pour la première fois, je fus fortement déconcerté par les données d'art émanant de ses uvres aussi bien que des conversations de cet homme extraordinaire... En lui tout de suite on sentait le Maître » (In L'hermitage, 1903) Epreuve unique du bois gravé d'après l'aquarelle mystique effaçant la fin première du récit pour permettre au lecteur de pénétrer graphiquement dans l'album peint, et repris dans la version imprimée comme ouverture initiatique du récit gravé. - Photos sur www.Edition-originale.com -
s.d. (1924), 93x78mm, autre.
Epreuve originale probablement unique de cet état intermédiaire d'un bois dessiné et gravé d'après deux uvres de Paul Gauguin par Georges-Daniel de Monfreid. Tiragesur japon pelure, annotation de l'artiste au crayon en marge gauche. Bois dessiné et gravé d'après deux uvres, l'homme au bois étant une reprise d'une aquarelle de la page 37 du manuscrit de Noa Noa, tandis que la femme en pied originellement observée par ce fureteur, est ici présentée en buste avec main au visage, modèle repris sur un bois gravé de Gauguin en page 4 du manuscrit (et son croquis original collé en page 51), évoquant une scène similaire. Le bois définitifservira de tête au chapitre IV de la véritable édition originale illustrée deNoa Noa, parue chez Crès en 1924, premier ouvrage illustré d'après Paul Gauguin et majestueux hommage à l'un des précurseurs de l'art moderne. Superbe gravure synthétisant une aquarelle du manuscrit original de Noa Noa, inspirée du mythe de Diane et Actéon, gravée par le plus proche ami et exécuteur testamentaire de Gauguin, l'artiste Georges-Daniel de Monfreid, héritier de l'album qu'il offrira en 1927 à l'Etat Français. Cette épreuve, probablement unique, fait partie des 17 bois d'essais connus duprojet de publication précoce deNoa Noa, tous réalisés sur divers papiers fins et annotés par l'artiste. C'est à partir du manuscrit illustré original de Noa Noa rapporté de Tahiti par Segalen à la mort de l'artiste en 1903 que Monfreid entreprit, dès 1904, la réalisation de cette uvre fondamentale. Il s'agit de la seconde version de ce carnet « à lire et à regarder ». Le premier manuscrit, rédigé au retour de son premier voyage et confié par Gauguin à Charles Morice en 1893 répondait à un projet différent. Gauguin n'avait composé que le texte, entrecoupé de pages blanches destinées aux poèmes de Morice. Mais, après plusieurs années sans nouvelles, celui-ci préféra publier en 1901 une version entièrement réécrite par ses soins. Gauguin recopia donc son manuscrit et l'illustra lors de son second séjour en Polynésie, de croquis, aquarelles et collages. Cet album, que l'artiste enrichit et conserva précieusement jusqu'à sa mort, est aujourd'hui au Musée d'Orsay. C'est donc d'après ce manuscrit, le seul illustré, que Monfreid composa l'édition du Noa Noa de Gauguin. Cependant, si le projet de publication de Monfreid fut précoce, il mit plus de vingt ans à le mener à bien, en partie à cause d'un conflit de droit d'auteur avec Charles Morice qui souhaitait figurer comme co-auteur de l'édition en préparation et dont les poèmes seront finalement conservés. Fruit de plusieurs années de réflexion et de travail, l'édition de 1924 se veut à la fois fidèle aux aquarelles et bois gravés illustrant le précieux manuscrit, mais également à l'ensemble de l'uvre tahitienne de Gauguin, mort dans l'indifférence. Monfreid grave ainsi plusieurs dessins du cahier original et l'enrichit de bois réalisés à partir des autres uvres dont il est le dépositaire. Certaines de ces compositions associent plusieurs peintures, tout en respectant scrupuleusement le trait de l'artiste, transformant l'ouvrage en véritable voyage à travers les uvres du peintre. Le choix même de la gravure sur bois est un hommage à cette technique prisée par Gauguin qui réalisa à Pont-Aven 10 bois pour illustrer son manuscrit entre ses deux séjours polynésiens. Les bois intermédiaires, jusqu'alors inconnus, témoignent du lent travail de composition pour restituer la richesse artistique de l'uvre de Gauguin par son plus fidèle compagnon artistique et premier défenseur : «Quand je vis Gauguin pour la première fois, je fus fortement déconcerté par les données d'art émanant de ses uvres aussi bien que des conversations de cet homme extraordinaire... En lui tout de suite on sentait le Maître » (In L'hermitage, 1903) Epreuve unique du bois gravé d'après une aquarelle réinterprétant le mythe de Diane surprise au bain par Actéon. Monfreid a pris soin de conserver, dans la gravure, la forme typique en bois de cerf de la branche saisie par l'indiscret, qui évoque sa métamorphose par la déesse. Très rare uvre de Gauguin mêlant mythologie antique et exotisme insulaire dont la puissance subversive semble toute entière portée par l'expression de feinte surprise de la Diane vahiné. - Photos sur www.Edition-originale.com -
s.d. (1924), 93x78mm, autre.
Epreuve originale probablement unique de cet état intermédiaire d'un bois dessiné et gravé de Paul Gauguin par Georges-Daniel de Monfreid. Tiragesur vergé crème fin, annotation de l'artiste au crayon en marge gauche. Bois dessiné et gravé d'après deux uvres différentes. La femme de dos étant une reprise exacte d'une encre de la page 92 du manuscrit de Noa Noa, tandis que la femme allongée reprend le célèbre thème de la femme aux manges, Te Arii Vahine-Opoi, que Gauguin représenta en peinture mais aussi en gravure. Le bois définitifservira de tête au chapitre V de la véritable édition originale illustrée deNoa Noa, parue chez Crès en 1924, premier ouvrage illustré d'après Paul Gauguin et majestueux hommage à l'uvre d'un des précurseurs de l'art moderne. Superbe et importante gravure rassemblant deux thèmes majeurs de l'uvre tahitienne, dont le dessin central du manuscrit de Noa Noa, gravé fidèlement par le plus proche ami et exécuteur testamentaire de Gauguin, l'artiste Georges-Daniel de Monfreid, héritier de l'album qu'il offrira en 1927 à l'Etat Français. Cette épreuve, probablement unique, fait partie des 17 bois d'essais connus duprojet de publication précoce deNoa Noa, tous réalisés sur divers papiers fins et annotés par l'artiste. C'est à partir du manuscrit illustré original de Noa Noa rapporté de Tahiti par Segalen à la mort de l'artiste en 1903 que Monfreid entreprit, dès 1904, la réalisation de cette uvre fondamentale. Il s'agit de la seconde version de ce carnet « à lire et à regarder ». Le premier manuscrit, rédigé au retour de son premier voyage et confié par Gauguin à Charles Morice en 1893 répondait à un projet différent. Gauguin n'avait composé que le texte, entrecoupé de pages blanches destinées aux poèmes de Morice. Mais, après plusieurs années sans nouvelles, celui-ci préféra publier en 1901 une version entièrement réécrite par ses soins. Gauguin recopia donc son manuscrit et l'illustra lors de son second séjour en Polynésie, de croquis, aquarelles et collages. Cet album, que l'artiste enrichit et conserva précieusement jusqu'à sa mort, est aujourd'hui au Musée d'Orsay. C'est donc d'après ce manuscrit, le seul illustré, que Monfreid composa l'édition du Noa Noa de Gauguin. Cependant, si le projet de publication de Monfreid fut précoce, il mit plus de vingt ans à le mener à bien, en partie à cause d'un conflit de droit d'auteur avec Charles Morice qui souhaitait figurer comme co-auteur de l'édition en préparation et dont les poèmes seront finalement conservés. Fruit de plusieurs années de réflexion et de travail, l'édition de 1924 se veut à la fois fidèle aux aquarelles et bois gravés illustrant le précieux manuscrit, mais également à l'ensemble de l'uvre tahitienne de Gauguin, mort dans l'indifférence. Monfreid grave ainsi plusieurs dessins du cahier original et l'enrichit de bois réalisés à partir des autres uvres dont il est le dépositaire. Certaines de ces compositions associent plusieurs peintures, tout en respectant scrupuleusement le trait de l'artiste, transformant l'ouvrage en véritable voyage à travers les uvres du peintre. Le choix même de la gravure sur bois est un hommage à cette technique prisée par Gauguin qui réalisa à Pont-Aven 10 bois pour illustrer son manuscrit entre ses deux séjours polynésiens. Les bois intermédiaires, jusqu'alors inconnus, témoignent du lent travail de composition pour restituer la richesse artistique de l'uvre de Gauguin par son plus fidèle compagnon artistique et premier défenseur : «Quand je vis Gauguin pour la première fois, je fus fortement déconcerté par les données d'art émanant de ses uvres aussi bien que des conversations de cet homme extraordinaire... En lui tout de suite on sentait le Maître » (In L'hermitage, 1903) Epreuve unique du bois gravé d'après deux uvres majeures: la fameuse femme aux mangues dont Gauguin tira lui-même une première gravure en 1898 et la grande encre bleue au centre de l'album manuscrit de Noa Noa. En rassemblant ces deux vahinés aux postures sensuelles, Monfreid opère une véritable synthèse de l'uvre de Gauguin tout en reprenant la traditionnelle double figure des tableaux de l'artiste. - Photos sur www.Edition-originale.com -
s.d. (1924), 93x78mm, autre.
Epreuve originale probablement unique de cet état intermédiaire d'un bois dessiné et gravé d'après une aquarelle de Paul Gauguin par Georges-Daniel de Monfreid. Tiragesur vergé crème fin, annotation de l'artiste au crayon en marge gauche. Bois dessiné et gravé d'après la première aquarelle du manuscrit de Noa Noa, contrecollée sur le contreplat de la reliure du célèbre album. Le bois définitifservira de tête au chapitre X de la véritable édition originale illustrée deNoa Noa, parue chez Crès en 1924, premier ouvrage illustré d'après Paul Gauguin et majestueux hommage à l'uvre de ce précurseur de l'art moderne. Superbe et importante gravure de l'uvre ouvrant le manuscrit de Paul Gauguin,gravé par son plus proche ami et exécuteur testamentaire, l'artiste Georges-Daniel de Monfreid, héritier de l'album qu'il offrira en 1927 à l'Etat Français. Cette épreuve, probablement unique, fait partie des 17 bois d'essais connus duprojet de publication précoce deNoa Noa, tous réalisés sur divers papiers fins et annotés par l'artiste. C'est à partir du manuscrit illustré original de Noa Noa rapporté de Tahiti par Segalen à la mort de l'artiste en 1903 que Monfreid entreprit, dès 1904, la réalisation de cette uvre fondamentale. Il s'agit de la seconde version de ce carnet « à lire et à regarder ». Le premier manuscrit, rédigé au retour de son premier voyage et confié par Gauguin à Charles Morice en 1893 répondait à un projet différent. Gauguin n'avait composé que le texte, entrecoupé de pages blanches destinées aux poèmes de Morice. Mais, après plusieurs années sans nouvelles, celui-ci préféra publier en 1901 une version entièrement réécrite par ses soins. Gauguin recopia donc son manuscrit et l'illustra lors de son second séjour en Polynésie, de croquis, aquarelles et collages. Cet album, que l'artiste enrichit et conserva précieusement jusqu'à sa mort, est aujourd'hui au Musée d'Orsay. C'est donc d'après ce manuscrit, le seul illustré, que Monfreid composa l'édition du Noa Noa de Gauguin. Cependant, si le projet de publication de Monfreid fut précoce, il mit plus de vingt ans à le mener à bien, en partie à cause d'un conflit de droit d'auteur avec Charles Morice qui souhaitait figurer comme co-auteur de l'édition en préparation et dont les poèmes seront finalement conservés. Fruit de plusieurs années de réflexion et de travail, l'édition de 1924 se veut à la fois fidèle aux aquarelles et bois gravés illustrant le précieux manuscrit, mais également à l'ensemble de l'uvre tahitienne de Gauguin, mort dans l'indifférence. Monfreid grave ainsi plusieurs dessins du cahier original et l'enrichit de bois réalisés à partir des autres uvres dont il est le dépositaire. Certaines de ces compositions associent plusieurs peintures, tout en respectant scrupuleusement le trait de l'artiste, transformant l'ouvrage en véritable voyage à travers les uvres du peintre. Le choix même de la gravure sur bois est un hommage à cette technique prisée par Gauguin qui réalisa à Pont-Aven 10 bois pour illustrer son manuscrit entre ses deux séjours polynésiens. Les bois intermédiaires, jusqu'alors inconnus, témoignent du lent travail de composition pour restituer la richesse artistique de l'uvre de Gauguin par son plus fidèle compagnon artistique et premier défenseur : «Quand je vis Gauguin pour la première fois, je fus fortement déconcerté par les données d'art émanant de ses uvres aussi bien que des conversations de cet homme extraordinaire... En lui tout de suite on sentait le Maître » (In L'hermitage, 1903) Epreuve unique du bois gravé d'après l'aquarelle inaugurant l'un des plus beaux albums de peintre et symbolisant l'art de vivre tahitien, entre mer nourricière et plaisirs terrestres. - Photos sur www.Edition-originale.com -
s.l. (Tahiti) août (1896), 20,5x27cm, quatre pages sur deux feuillets.
| "Oui j'ai du sarcasme en paroles, oui je ne sais pas flatter et plier l'échine, quémander dans les Salons officiels [...] je ne suis plus qu'un intrigant braillard, maissi je m'étais soumis - oui je serais dans l'aisance" |<br>* Longue lettre autographe datée d'août 1896 et signée de Paul Gauguin adressée au peintre Daniel de Monfreid. Quatre pages à l'encre noire sur deux feuillets. Petites déchirures marginales sans atteinte au texte, traces de pli inhérentes à l'envoi. En pleine descente aux enfers, abandonné dans son paradis artificiel tahitien, Gauguin se sent maudit : "Décidément, je suis né sous une mauvaise étoile" se lamente-t-il.Sa quête de liberté primitive le laisse dans le dénuement et la misère. Souffrant le martyre, le peintre envoie des tableaux à l'un de ses rares soutiens, son fidèle ami Daniel de Monfreid - mais se trompe d'adresse... Publiée dans les Lettres de Paul Gauguin à Georges-Daniel de Monfreid, 1918, p. 146, n° XXIII ; notre lettre révèle le nom d'Émile Schuffenecker, son ami et comparse de la bourse de Paris puis de Pont-Aven - anonymisé dans la version publiée - que Gauguin vilipende à de nombreuses reprises dans ces pages. Cette exceptionnelle missive est écrite à Tahiti, où le peintre était retourné l'année précédente, faisant sesadieux définitifs à la vieille Europe. Gauguin ressort tout juste d'un séjour à l'hôpital de Papeete afin de soigner ses jambes meurtries à la suite de coups reçus à Concarneau deux ans plus tôt, pour avoir défendu sa muse, Annah la javanaise. Le peintre n'échappe pas aux séquelles de cette altercation et souffre d'un terrible eczéma purulent à la jambe mais aussi de sa syphilis, noyant ses affres dans l'alcool. Les lettres de Gauguin de l'été 1896, dont celle-ci est un parfait exemple, "sentent la fièvre qui s'est emparée d'un esprit surchauffé par la douleur et le manque de sommeil" (David Haziot). Dans sa confusion,le peintre a mal rédigé l'adresse de l'atelier de Monfreid à la Cité Fleurie,célèbre résidence d'artistes aux allures de chalet où Gauguin avait séjourné: "Je vous ai envoyé le mois dernier un paquet de tableaux. J'ai bien peur pour eux car il me semble que j'ai mis 55 Bd Arago au lieu de 65". Dans cet envoi, figurait sa composition Eihaha Ohipa, peinte dans son atelier de Punaauia et désormais conservée au musée Pouchkine de Moscou. Expédiées par l'intermédiaire d'un officier de marine - le port restant à la charge de Monfreid - les toiles n'arriveront qu'en novembre. Au-delà de ses craintes enfiévrées, Gauguin livre dans ces lignes un véritable manifeste de son intégrité d'artiste - pendant parfait de son célèbre autoportrait christiquePrès du Golgothaque le peintre réalise à la même période. Tout comme dans cette toile, son destin se confond avec celui du Christ :"dans les moments les plus difficiles de ma vie j'ai plus que partagé avec des malheureux et sans jamais d'autre récompense que le lâchage complet".Il avait en effet imposé les toiles de Schuffenecker dans des expositions impressionnistes, sauvé son ami Laval du suicide, et ouvert sa bourse à tant d'autres. Au lieu de lui rendre la pareille, Schuffenecker préfère se lamenter sur son propre sort : "Schuff m'écrit vraiment une lettre insensée et injuste et je ne sais que répondre car c'est un esprit malade [...] qu'il est plus malheureux que moi qui ai la gloire la force la santé. Parlons-en ! Jesuis doué dit-il à en rendre les autres jaloux". Gauguinqui s'est toujours refusé à transiger et se compromettre, est finalement trahi par une de ses plus proches relations, Schuffenecker, qui devient dans la lettre un véritable Judas Iscariote :"Schuff vient de faire une pétition inutile je crois, pour que l'État vienne à mon aide. C'est la chose qui peut le plus me froisser. Je demande aux amisde me venir en aide pendant le temps qu'il faut pour rentrer dans mon argent qui m'est dû, et leurs efforts pour le recouvrer, mais mendier à l'État n'a jamais été mon intention". Le peintre arrive à un point de non-retour, non seulement meurtri dans sa chair, mais dans son amour-propre :"Tous mes efforts de lutte en dehors de l'officiel,la dignité que je me suis efforcé d'avoir toute ma vie, perdent de ce jour de leur caractère. De ce jour je ne suis plus qu'un intrigant braillard, mais si je m'étais soumis - oui je serais dans l'aisance. Ah vraiment, voilà un chagrin que je ne comptais pas avoir. Décidément je suis né sous une mauvaise étoile." Après cet ultime abandon, Gauguin laissera libre cours à sa frénésie artistique et sensuelle dans sa Maison du Jouir aux Marquises. À bout de souffrance et sans le sou, Gauguin clame sa détresse et son orgueil brisé - un Christ Nabi délaissant sa croix, prêt à tomber dans la luxure et l'ivresse du pinceau. - Photos sur www.Edition-originale.com -
Paris 18 mars 1905, 13,1x20,9cm, 3 pages sur un double feuillet.
Lettre autographe signée de Victor Segalen adressée à Emile Mignard, trois pages rédigées à l'encre noire sur un double feuillet de papier quadrillé. Pliures transversales inhérentes à l'envoi. Une des très rares lettres relatant le rocambolesque sauvetage des oeuvres de Gauguin par son "champion". Emile Mignard (1878-1966), lui aussi médecin et brestois, fut l'un des plus proches amis de jeunesse de Segalen qu'il rencontra au collège des Jésuites Notre-Dame-de-Bon-Secours, à Brest. L'écrivain entretint avec ce camarade une correspondance foisonnante et très suivie dans laquelle il décrivit avec humour et intimité son quotidien aux quatre coins du globe. C'est au mariage de Mignard, le 15 février 1905, que Segalen fit la connaissance de son épouse, Yvonne Hébert. Segalen a quitté Tahiti, après avoir transité par Colombo, Port Saïd et Toulon, il est à Paris pour quelques jours et raconte à son ami les réactions face aux uvres de Gauguin qu'il a fait revenir de Polynésie. La vente aux enchères des biens et des uvres de Gauguin, demeurés dans sa Maison du Jouir après sa mort, se déroula à l'automne 1903. L'un des rares acquéreurs présents lors de cette liquidation fut Victor Segalen qui permit ainsi le sauvetage de plusieurs pièces capitales du peintre qui risquaient d'être détruites dans l'indifférence générale. Segalen, qui avait espéré arriver à temps pour rencontrer Gauguin, ravive sa mémoire en tentant - malgré sa faible solde - d'acquérir un maximum d'uvres de son défunt mentor. Il relate dans son «Hommage à Gauguin» (préface desLettres de Paul Gauguin à Georges-Daniel de Monfreid, 1918) cette dispersionaujourd'hui incroyable : «Puis s'accomplit la vente judiciaire, sous les formes les plus légales, les plus sordides. On liquida sur place les objets «utiles», vêtements, batterie de cuisine, conserves et vins. Une autre adjudication eut lieu à Papéété, et comprenait quelques toiles, deux albums, l'image de Satan et de la concubine Thérèse, le fronton et les panneaux de la Maison du Jouir, la canne du peintre, sa palette. Pour acquéreurs: des marchands et des fonctionnaires; quelques officiers de marine; le Gouverneur régnant à cette époque; des badauds, un professeur de peinture sans élèves devenu écrivain public. [...] La palette m'échut pour quarante sous. J'acquis au hasard de la criée tout ce que je pus saisir au vol. Une toile [Village breton sous la neige], présentée à l'envers par le commissaire-priseur qui l'appelait «Chutes du Niagara» obtint un succès de grand rire. Elle devint ma propriété pour la somme de sept francs. Quant aux bois - fronton et métopes de la Maison du Jouir, personne ne surmonta ma mise de...cent sous! Et ils restèrent à moi. [...] Les bois de la Maison du Jouir, je les destinai dès lors, à l'autre extrémité du monde, à ce manoir breton que Saint-Pol-Roux se bâtissait, lui aussi, comme demeure irrévocable, dominant la baie du Toulinguet, sur la presqu'île atlantique. La palette, je ne pus décemment en faire mieux hommage qu'au seul digne de la tenir, - non pas entre ses doigts, comme une relique dont on expertise avec foi l'origine, - mais passant dans l'ovale au double biseau le pouce qui porte et présente le chant des couleurs, ...à Georges Daniel de Monfreid.[...] Cette toile [Village breton sous la neige], je l'ai gardée. Le don même en serait injurieux. Gauguin mourut en la peignant, c'est un legs. » La biographie de Gauguin par David Haziot, dresse l'inventaire précis des uvres achetées par Segalen: «Segalen put acquérir sept toiles sur dix. Parmi elles l'autoportraitPrès du Golgotha[aujourd'hui au musée d'art de Saõ Paulo]. Les sculpturesPère PaillardetThérèsepartirent, ainsi qu'une seconde version des trois femmes au bord de la mer dont une allaitant à leurs pieds. [...] Segalen [...] emporta le carnet de dessins d'Auckland, quatre des cinq panneaux de bois qui ornaient la porte de la Maison du Jouir (pour 100 sous!), les photographies d'Arosa avec notamment les images de Borobudur et du Parthénon, et leVillage breton sous la neigepeint après la catastrophe de Concarneau et que Gauguin avait emporté avec lui.» Ces uvres, parmi les plus célèbres de notre patrimoine artistique, sont aujourd'hui conservées au Musée d'Orsay (Paris) et dans d'autres grandes institutions mondiales. «Gros succès avec mon déballage Gauguin. Certains qui ricanaient à Tahiti s'interloqueront du seul argument qui vaille pour eux: la valeur commerciale. Elle est importante. Néanmoins je compte tout ramener, y compris surtout le Sandwich que nous avons pieusement décollé et qui donne, dans l'uvre complète, une admirable note. Formule générale: Gauguin ne fut pas «peintre» mais Décorateur.» Le «Sandwich» dont il est ici question semble être Près du Golgotha, autoportrait de Gauguin qui, en très mauvais état, avait été contrecollé (en sandwich donc) pour le protéger durant le transport de Tahiti vers la France. Ce bref séjour à Paris est enfin l'occasion pour Segalen de rencontrer Georges-Daniel de Monfreid avec lequel il a correspondu depuis Tahiti. C'est probablement lui qui fait prendre conscience au jeune docteur de la valeur des uvres rapportées de Polynésie, comme en témoigne une lettre de Segalen écrite à sa mère le même jour que la nôtre: «Il se peut que je retire d'importants avantages pécuniaires de mon déballage Gauguin. [...] Je ne perds pas une minute, aidé par un vieux peintre [G.-D. de Monfreid, 49 ans!], disciple de Gauguin, et avec lequel je cours les musées.» Le «vieux peintre» note d'ailleurs dans ses Carnets à la date du 16 mars 1905: «Visite du Dr Segalen qui nous a prévenus par télégramme le matin. Il arrive très ponctuellement à 11h1/2 et déjeune avec nous. Ensuite, il m'emmène chez lui où il me fait voir ce qu'il rapporte. Enfin, nous portons rue Guénégaud, chez Tisserand, la toile (portrait de Gauguin) [Le fameux «Sandwich»] la plus abîmée, et je le quitte à 5h au Luxembourg.» Segalen ne perd pas de temps à Paris et entreprend un véritable marathon culturel: «Entendu: Chez [André] Antoine: Les Avariés. Deux actes très scéniques suivis d'un troisième plutôt conférentiel et assommant. Hier au Gymnase: Le Retour de Jérusalem, et une admirable silhouette de Juive qui serait froidement nietzschéenne. Ce soir, «notre» Lohengrin, demain Tannhauser. Je ne crois pouvoir terminer mes explorations diverses avant Mardi et Mercredi. Ne pas m'attendre avant Jeudi.» Il en profite également pour visiter la rédaction du Mercure de France dans lequel il a publié en juin 1904 un intéressant article intitulé «Gauguin dans son dernier décor»: «J'ai déjà liquidé la série «Mercurielle»: de Gourmont, toujours aimable mais empâté et, de symboliste devenu «biologiste» enragé. Ce que Morache en jubilerait! Vu [Alfred] Vallette, «mon» directeur qui m'a réclamé des études. Promis. Donc, placements assurés, et puis, ça m'est égal, j'écris pour écrire et pour quelques amis.» Exceptionnelle et rarissime lettre de Victor Segalen évoquant le rapatriement et la révélation à Monfreid et quelques initiés, des dernières oeuvresde Gauguin. - Photos sur www.Edition-originale.com -
Paris Georges Crès et Cie Collection "Artistes d'hier et d'aujourd'hui" 1920 In-12 Broché Edition originale.
Longue préface de Victor Ségalen (p. 1 à 77). Hors texte, 8 reproductions en phototypie d'oeuvres de Gauguin. Mention d'éditionDos recollé, mais bon exemplaire. Le texte de Ségalen est l'un de ses derniers écrits - les corrections des dernières épreuves et le bon à tirer furent confiés à son épouse - et l'un de ses ultimes travaux littéraire qu'il commença en 1913, reprit plusieurs fois en 1916 et 1917, à Nankin notamment, et tremina en 1919 peu de temps avant sa mort. (Pierre Saunier. Victor Segalen, l'exote). Bon exemplaire 0
Tahiti - New York Association des Amis du Musée Paul Gauguin - Gauguin and Oceania Foundation 1987 In-2 Cartonnage grosse toile illustré
Beau fac-similé du fameux texte de Gauguin, enrichi pour la première fois de la plupart des illustrations, aquarelles, bois gravés du manuscrit de 1895. Édition réalisée et présentée par Gilles Artur, Jean-Pierre Fourcade et Jean-Pierre Zingg. Préface de Jean-Marie Dallet. >Très bel exemplaire dans son étui d'origine. PARFAIT ETAT 0
Edition de l'Association des Amis du Musée GAUGUIN à Tahiti et la Gauguin and Oceania Foundation New York, 1987. In-4 (41x29), reliure pleine toile de jute - celle-là même que Gauguin utilisait comme support pour ces peintures - titres au fer à dorer, illustration en cuvette. Non paginé (88 pp). Fac-similé du manuscrit de Paul Gauguin enrichi d'illustrations, d'aquarelles, de bois gravés, de monotypes, de photographies. Préface de Jean-Marie DALLET. Réalisé et présenté par Gilles ARTUR, Jean-Pierre FOURCADE, Jean-Pierre ZINGG.
43 illustrations en couleurs, 13 illustrations en n&b, 10 fragments de pages collées à la main (conformément à l'original). 37 pages fac-similé de l'écriture, en 3 passages de noirs différents. Un ensemble de soins et interventions qui, ont contribué à valoir à cet ouvrage le Prix Vasari de l'édition d'Art 1987 (qualité d'impression et de la photogravure). Etat neuf.
1954 1 in-folio Manuscrit inédit reproduit en fac-similé par Daniel Jacomet. Paris, Sagot-Le Garrec, 1954, in-folio, 41.3 x 28.3 cm, en feuilles, sous couverture rempliée illustrée d'un bois de Gauguin, (8) 29 (6) pages.
Fac-similé du manuscrit de Paul Gauguin remanié en 1894 par Morice. Gauguin admiratif des Tahitiens et de leur culture livre avec spontanéité ses pensées. Notre exemplaire est complet du fac-similé de la lettre de Morice adressée à Edmond Sagot. Tirage limité à 1.050 exemplaires N°XXXI. Petites usures à la couverture, quelques rousseurs à la quatrième de couverture, petites usures à la couverture. Exemplaire nominatif et justifié par l'éditeur
Léon Pichon, Paris 1919, 15x23,2cm, cousu.
Catalogue d'exposition des oeuvres de Paul Gauguin à la galerie Barbazanges, 109 Faubourg Saint-Honoré, du 10 au 30 octobre 1919. Illustré du magnifique autoportrait de Gauguin en couleurs avec halo et serpent, gravé sur bois par Jules Germain. Notice de François Norgelet, intitulée "Gauguin au Pouldu". Liste de 28 oeuvres de Gauguin, dont deux lithographies et deux plâtres. Infime tache noire en marge du premier plat. L'exposition à la Galerie Barbazanges révèle les oeuvres inconnues jusqu'alors que Gauguin réalisa durant son séjour breton au Pouldu entre 1889 et 1890. Installé en compagnie de Sérusier, Bernard, de Haan et Filiger, Gauguin y peignit une centaine de toiles imaginatives et colorées, exalté par cette thébaïde d'artistes qui vivaient une existence passionnante de travail sur motif, et de conversations dans l'épaisse fumée des cigarettes et des pipes : "ils étaient tous trois pieds nus, débraillés superbement, au verbe sonore. Je vis l'un deux plus tard chez Mallarmé : c'était Gauguin", se souvient André Gide dansSi le grain ne meurt. Gauguinquittera l'auberge sans régler sa note, et laissera en gage à sa logeuse et maîtresse Marie Henry la plupart de ses oeuvres réalisées au Pouldu. L'aubergiste s'en sépara en 1919 au moment de cette exposition - à l'exception d'uneGardeuse d'oieset d'uneOie que Gauguin avait peintes à même le plâtre de l'auberge bretonne, et qui seront redécouvertes en 1924. - Photos sur www.Edition-originale.com -
Stockholm, Jan Förlag, 1947. In-4, (24 x 32 cm), 204 pp. Plein chagrin bordeaux, dos lisse titre auteur en lettres dorés, double encadrement, un doré et un noir sur les plats, toutes tranches dorées. (couverture conservée).
Réimpression réalisée par Jan Förlag (Stockholm) en 1947, du récit autobiographique de Paul Gauguin (1848-1903) sur son premier séjour à Tahiti effectué de 1891 à 1893, publié par son ami George-Daniel de Monfreid (1856-1929), la première fois en 1924 avec des gravures sur bois d'après dessins et eaux-fortes de Gauguin. Texte complet reproduit en offset sur papier pur chiffon. Impression et reliure exécutées par Victor Pettersons Bokindustriaktiebolag Stocklom 1947. Noa Noa contient 59 aquarelles et bois coloriés par l'artiste ainsi que 18 bois en noir et 159 pp du manuscrit de Paul Gauguin. manuscrites. Très bel exemplaire. Photos sur demande.
1966 Balland 1966 Paul Gauguin. NOA NOA. Première édition du texte authentique de Gauguin établi sur le manuscrit initial retrouvé. Préface,étude,vie de l'artiste,notes et bibliographie de Jean Loize,index des noms cités. Illustrée d'oeuvres tahitiennes de gauguin,de photographies,de manuscrits et de documents. P, Balland,1966,in8 carré toilé,jaquette illustrée, 219pp. Abondantes reproductions hors texte, contecollées pour celles en couleur. Excellent état. France et pays limitrophes :Les envois de moins de 0,500 kg sont expédiés par voie postale. Les autres par Mondial relay. Si vous désirez néanmoins la Poste, merci de nous contacter . Reste du monde : par envoi postal "livres" sans suivi( sous votre responsabilité) . Pour un envoi suivi, merci de nous contacter.
Prcds d'un hommage par Victor Segalen. Avec 7 gravures hors texte. Librairie Plon, Paris, 1930. In-16 gr. (mm. 198x125), brossura orig., titolo in rosso e nero, pp. (6),LVIII,205,(7), con 7 tavole in b.n. f.t., incluso il ritratto di Paul Gauguin (1848-1903), che riproducono sue opere realizzate in Polinesia. Introdotto da un approfondito hommage al grande artista, il volume raccoglie 83 lettere - dall'11 aprile 1891 all'aprile del 1903 - da lui indirizzate a Georges-Daniel de Monfreid (1856-1929), pittore, collezionista d'arte e mecenate francese. La sua amicizia con Gauguin divent l'amicizia di una vita e fu il suo unico legame con l'Europa durante gli anni di Tahiti e dell'Oceania. Fu anche uno dei primi a collezionare le opere di Gauguin (in Polinesia dal 1890) e uno dei suoi primi biografi.Il volume, con pagine di diverso formato, fa parte dell'edizione di 30 esemplari numerati su papier pur fil des papeteries Lafuma, Voiron; porta il N. 19 ed ben conservato.
Paris, Hermann, 1951. In-8 cartonnage en lithographie, par Mourlot, reproduisant fidèlement le cahier de Gauguin ; 96 pp dont 54 de réproduction intégrale en offset pour le texte et les aquarelles. Très bel exemplaire.
Ce manuscrit de Paul Gauguin conservé au musée du Louvre est illustré de 37 aquarelles de l'artiste. Pour en accompagner la première édition donnée en 1951 par Pierre Berès, René Huyghe a écrit une exégèse complète de cette oeuvre, et établi que l'Ancien culte mahorie écrit à Tahiti en 1892 contient la genèse de Noa-Noa. RAY T
Paris, G. Crès1920,IN12 broche,357 p.-[8] f.,6 pl : ill ; 19 cm
dos un peu abime,mention 6e edition,texte bon,rare
Quimperlé, Editions La Digitale, 1990, 58 p., in-4 br. (22,5 x 32), 15 planches d'illustration h.-t., couverture à rabats, très bon état
Sont présentées 15 œuvres de Paul Gauguin ayant pour thème la Bretagne, et leur notice correspondante. Il s'agit sutout de zincographies, mais aussi d'un dessin, d'une gravure sur bois, d'une eaux-forte. Précédé de textex de P. Gauguin parus dans diverses revues, d'une Présentation de Marcel Guérin (extrait de "L'oeuvre gravé de Paul Gauguin", H. Floury, 1927)
Fac-similé du manuscrit de Paul Gauguin. Taravao, Editions Avant et Après, 1994. In-4, 127pp. Reliure pleine toile illustrée. Edition enrichie de 18 monotypes, suivie de Art de papou & Chant de rossignoou la Lutte pour les peintres. Etat neuf.
RAY gal
Paris, Floury, 1947 14 x 19, 77 pp. + 8 planches couleurs, 67 planches N/B, broché, très bon état
Paris, Éditions de la Plume [Louvain, Imprimerie Émile Charpentier], (1901), in-8, 239-[1] pp, broché, couverture imprimée de l'éditeur, Première édition en librairie du plus célèbre des écrits polynésiens de Gauguin. Exemplaire enrichi d'un envoi de Charles Morice à Madame Dolez. Gauguin, qui a exposé ses oeuvres tahitiennes chez Durand-Rueil en novembre 1893, entreprend l'écriture de ce petit livre afin d'éclairer le public sur ces toiles qui pouvaient paraître trop mystérieuses. Il en annonce la publication la veille de son départ définitif pour l'Océanie, en 1895. Charles Morice se charge de la mise en forme de Noa Noa : il intercale ses propres poèmes entre les récits en prose de Gauguin, qu'il revoit par l'occasion. L'ouvrage est publié deux ans après, en livraisons, dans la Revue blanche. Gauguin n'est pas satisfait de ces vers, ni des libertés prises par Morice qui dénaturent, selon lui, la naïveté du conteur et la saveur originelle des récits. Morice se charge pourtant de la parution en volume, qu'il fait imprimer à ses propres frais aux éditions de la Plume, et qu'il publie sous leurs deux noms : il promet à Gauguin l'envoi de 100 exemplaires, qui ne lui parviendront jamais. Bel exemplaire. Couvertures et dos restaurés. Premier cahier détaché, feuillets habituellement jaunis. Couverture rigide
Bon 239-[1] pp.
[SEGALEN Victor] MONFREID George-Daniel de d'après GAUGUIN Paul
Reference : 78777
(1907)
s.d. (1907), sujet : 12,4x18,9cm, planche : 15,1x20,9cm, une feuille.
Epreuve originale en couleur d'un bois inspiré de l'uvre de Gauguin et gravé par George-Daniel de Monfreid pour un projet de frontispice, demeuré inédit, des Immémoriaux de Victor Segalen. Seule une autre épreuve originale en couleur et une épreuve d'essai, en noir, sont connues à ce jour. Tirage en deux tons, vert et brun, sur japon ancien et rehaussé à la peinture dorée par l'artiste. Ce bois gravé devait illustrer, en frontispice, l'édition originale des Immémoriaux, de Segalen, roman ethnographique, directement inspiré de son voyage en Polynésie sur les traces de Gauguin. Segalen en demande donc la réalisation au disciple et plus proche ami du peintre, auquel il a d'ailleurs offert Noa Noa acheté à Papeete lors de la vente à l'encan des biens de Gauguin. Une amitié et une admiration mutuelles naissent dès lors entre Segalen et Monfreid sous l'égide tutélaire du peintre disparu. C'est d'ailleurs en constante référence au Maître, que les deux amis évoque la réalisation de ce frontispice, auquel Segalen attachait une grande importance mais qu'il sera obligé d'abandonner pour des raisons de coût d'édition: «Voici beaucoup plus intéressant pour moi : quoi me ferez-vous pour mon hors-texte ? Si j'osais imaginer quelque chose, ce serait une rude figure de face, très sobre, très fruste, et d'un androgynat à tendances mâles, bref le type maori décrit par Gauguin dans son Noa Noa et réalisé par lui dans le bois sculpté qui est demeuré à Tahiti (visage de femme analogue à celui que vous possédez) et dont je vous ai donné je crois une photographie. (...) Êtes-vous d'avis de réserver votre Illustration de début aux exemplaires de luxe et d'amis ou bien de la prostituer dans les exemplaires courants? Je me permets de renouveler un timide désir, exprimé chez Vollard à votre exposition: si vous tirez quelques épreuves encore de vos estampes en couleurs, au pochoir, ne m'oubliez pas.» (Brest, le 2 novembre 1906). Réponse de Monfreid,le 8 janvier 1907 : «J'ai commencé à chercher votre hors-texte. Ah! je ne vous le décrirai point encore: il ne vient pas selon ce que votre livre devrait évoquer. Du reste je ne suis pas riche en imagination, encore moins en «symbolisme» je reste - vous vous en êtes aperçu- un «naturaliste» (mais non un «réaliste») et pour résumer l'impression de vos Immémoriaux, il faudrait être Gauguin. Enfin je ne désespère pas de faire quelque chose tout de même; seulement il faut encore un peu de temps pour l'étudier...». Monfreid réalisera deux bois d'essais - dont les formats (22x12 et 23x16) n'étaient pas adaptés à l'édition - reprenant chaque fois les mêmes figures, rudes et frustres, souhaitées par Segalen. Notre bois semble être la version finale de ces études, parfaitement adapté au format in-12 du Mercure de France. Cependant, l'illustration comporte le nom de l'auteur en tête, or Segalen, officier de marine, ne pouvait signer une uvre romanesque et dut choisir un pseudonyme, Max-Anély. Cette contrainte contribua peut-être à l'abandon de ce frontispice tant désiré et, selon toute vraisemblance, validé par les deux bois d'essais. Monfreid réutilisera d'ailleurs le même visage masculin pour réaliser l'ex-libris sollicité par Segalen. Dans sa lettre du 2 novembre, le poète imaginait déjà un tirage confidentiel pour l'uvre de Monfreid. Seuls deux exemplaires de l'épreuve en couleur, réhaussée à l'or, semblent avoir été finalement conservés, le second étant aujourd'hui dans les collections du Musée Maurice Denis à Saint-Germain-en-Laye. L'artiste en avait sans doute tiré un pour lui et offert l'autre à Segalen qui rêvait de posséder une estampe de celui qu'il nommait son « Patron » et auquel il dédiera son recueil de poèmes, Peintures. - Photos sur www.Edition-originale.com -
Tahiti Musée Gauguin, Papeari / Paris. Fondation Singer-Polignac, 1965. In-8 br. Jaquette illustrée en couleurs. Guide du musée, nombreuses reproductions, plus de 500 documents décrits, etc. E.O.
Paris, G.-P. Maisonneuve, Max Besson, 1952 in-folio, 22 pp., un f. n. ch. (bibliographie, justification), 9 bifeuillets de fac-similés in-4 ou in-folio, avec 3 suppléments (aux numéros 2, 3 et 9), 5 planches reproduisant les bois gravés, en feuilles, sous chemise rempliée, illustrée en couleurs, étiquette de titre sur le premier plat.
Tirage à 1000 exemplaires, celui-ci non justifié.Il s'agit de la reproduction d'un journal devenu rarissime, rédigé, illustré et autographié par le peintre Paul Gauguin lors de son séjour à Tahiti, d'août 1899 à avril 1900, et dans lequel il s'en prenait aux autorités de l'île. Il ne compta que neuf numéros et trois suppléments, tirés environ à 30 exemplaires. La publication a été faite à partir de l'exemplaire personnel de l'artiste, vendu avec d'autres papiers lors des enchères publiques de 1903, qui suivirent la mort de Gauguin. On joint : une L.A.S. de Henry Le Garrec à l'écrivain et bibliophile Jean Loize (1900-1986), datée du 27 mars 1952, et portant sur un manuscrit de Gauguin. - - VENTE PAR CORRESPONDANCE UNIQUEMENT