Exceptionnel script original du premier film de Romain Gary. Il s'agit de son propre exemplaire, annoté et enrichi continuellement en cours de tournage. On y joint des photographies du film. S.l.n.d. [Paris, Huelva, Boulogne, 1967]. 1 tapuscrit (205 x 265 mm) de 241 f. chiffrés de 2 à 219. Broché, sous couverture rose imprimée. Exceptionnel script original du premier film de Romain Gary. Il s'agit de son propre exemplaire, annoté et enrichi continuellement en cours de tournage.
La dactylographie comporte sur la couverture les mentions autographes : « Exemplaire auteur Romain Gary » ainsi que d’autres annotations ; s’y ajoutent une petite centaine de corrections avec, sur une vingtaine de feuillets, des collages des versions corrigées où l’on distingue, par transparence, les passages autographes modifiant le texte, tel qu’il sera donné par les acteurs du film et selon les découpages voulus par Gary. Au printemps 1967, Gary fomente un nouveau projet : devenir lui-même réalisateur « alors qu’il a toujours été déçu en voyant ses propres [livres] portés à l’écran […]. Adapter une de ses œuvres, devenir réalisateur, faire tourner Jean… trois désirs entremêlés qu’il va mettre en pratique » (Kerwin Spire, Monsieur Romain Gary, écrivain-réalisateur, p. 142). Ses romans étant bien trop importants pour être rapidement adaptés, Gary se tourne vers un recueil publié en 1962 : Gloire à nos illustres pionniers. Le livre se compose de seize nouvelles, parmi lesquelles plusieurs ont déjà fait l’objet d’une publication dans des revues ou journaux, en France ou aux États-Unis. L’une des nouvelles, « Birds in Peru », est publiée en mars par PlayBoy Magazine : elle est consacrée « best fiction of the year ». C’est cette nouvelle que Gary choisit pour servir de base au scénario du film qu’il projette : du cousu main pour Jean Seberg, dans le rôle d’une jeune femme nymphomane, mais frigide. L’affaire est rapidement conclue avec les studios Universal Pictures. Gary sera à la réalisation, assisté de Michel Wyn. « J’aurais pu me contenter de reprendre ma nouvelle pour en tirer un scénario et confier la réalisation à quelqu’un d’autre. Mais ce serait me fier à un inconnu, à une autre vision […]. J’ai beaucoup traîné sur les plateaux de cinéma et j’ai déjà écrit plusieurs scénarios mais j’ai besoin de quelqu’un pour la technique cinématographique », explique-t-il à Michel Wyn. Quant à cet étrange titre, Gary s’en explique : « J’ai observé, non loin de Lima, une plage où les oiseaux, chassés des îles voisines par le froid, viennent expirer sur le sable chaud. Cette anecdote m’a inspiré une intrigue : une jeune femme a un rendez-vous sur cette plage où elle vient chercher la mort […]. Chaque matin pendant les deux mois de l’été 1967, l’assistant metteur en scène va se rendre rue du Bac pour travailler sur le scénario et accoucher les idées que Romain Gary a à l’esprit » (Spire). « Les oiseaux vont mourir au Pérou ne fut pas un four (au contraire, donc, de ce que ne cessent de prétendre, bien hâtivement, les biographes de Romain Gary ou de Jean Seberg), mais l’un des 25 plus grands succès de l’année 1968 en termes d’entrées dans les cinémas parisiens, et il fut diffusé dans plus de vingt pays à travers le monde. Le film a aujourd’hui la réputation d’avoir été unanimement éreinté par une critique féroce, à sa sortie. Mais la vérité est ailleurs, car il n’a pas fait que déplaire, il a aussi convaincu. Ainsi par exemple, en France, Michelle Delcombre : ‘Beauté un peu quintessenciée, un peu mallarméenne, mais indéniable. On ne saurait contester que Gary voit en termes de cinéma.’ (Liberté, n° 152, 1er octobre 1968, p. 6). Ainsi par exemple aux Pays-Bas, J.C.A. Fortuin : ‘Il serait exagéré d’en parler comme d’un chef-d’œuvre, mais pour un début, ce film est assurément magistral’ (De Tijd, 25 octobre 1968, p. 15). Ainsi également en Angleterre : pour Jan Dawson, s’exprimant en 1971, ce premier film de Gary est l’un des dix meilleurs films de toute l’histoire du cinéma (cf. l’enquête du mensuel anglais Sight and Sound, vol. 41, n° 1, déc. 1971, p. 14). Ce ne sont là que trois exemples internationaux parmi d’autres. Régulièrement, dans des interviews pour la presse dans les années 1970, et dans son autobiographie La nuit sera calme (1974), Romain Gary a évoqué ce film avec affection, et l’a cité en exemple, voire en éclairage, de sa manière d’artiste de mêler, aux histoires qu’il invente, des allégories mythologiques. Quelques mois avant sa mort, dans une interview donnée au début de l’année 1980, il soulignait encore l’importance que son premier film revêtait à ses yeux : ‘[c’est] une des choses dont je suis le plus fier de ma vie.’ (cf. l’émission de Jean Faucher ‘Propos et confidences’ de Radio Canada, filmée chez Romain Gary au début de l’année 1980, diffusée en janvier-février 1982 ; transcription dans Romain Gary, Le Sens de ma vie, Paris, Gallimard, 2014, p. 88). » (Jean-François Hangouët, Note sur Les oiseaux vont mourir au Pérou, 2024). Joints : • Les deux numéros de Playboy où paraissent la nouvelle (en 1964 et 1973) ; • Plusieurs photographies en tirage d’époque, sur le tournage : Gary et Seberg, entre deux prises (cliché de plateau, Universal Pictures) ; Gary, Brasseur et Ronet, sur la plage à Huelva ; Maurice Ronet et Jean Seberg, pour plusieurs scènes sur la page ; plusieurs portraits de plateau de Jean Seberg, Maurice Ronet, Jean-Pierre Kalfon et Pierre Brasseur ensemble ; Gary et Danielle Darrieux… Une photographie montre Jean Seberg, au repos entre deux scènes, à Huelva : on y aperçoit clairement la boîte des cigares Montecristo posée sur la veste de Gary, et surtout le script de ce dernier – celui proposé ici et qui l’accompagna tout au long de ces deux mois de tournage.
Script d'auteur et version finale avant l'impression du scénario définitif, avec corrections autographes. Le scénario et les découpages techniques sont entièrement écrits par Romain Gary. L'exemplaire de de Romain Gary, enrichi de diverses photographies du film. [Paris, novembre-décembre 1970]. 1 script (215 x 275 mm) de 150 f., chiffrés 1 à 148. En feuilles. Script d’auteur et version finale avant l’impression du scénario définitif. Le scénario et les découpages techniques sont entièrement écrits par Romain Gary. Ce jeu est le sien, comme en témoigne la trentaine de corrections autographes qui jalonnent le document. Il provient par ailleurs du fonds Gary cédé au Musée des lettres et manuscrits de feu Aristophil. On retrouve sa trace lors de la vente Artcurial (Paris, 2020, lot 446) qui a dispersé l’ensemble des livres et manuscrits de cet ensemble.
On ignore le nombre d'exemplaires qui a été fait de ce screenplay, rédigé tout en anglais - la faute à une production internationale, sous la gouverne d'Alexander Salkind, un producteur franco-mexicain d'origine russe qui connaîtra gloire et fortune six ans plus tard en produisant les trois volets de Superman. Pour l'heure, ce sont James Mason, Stephen Boyd, Curd Jurgens, Jean Seberg et Henri Garcin qui sont convoqués et à qui l'on va demander des supers-pouvoirs pour faire du film une réussite. La (mince) trame ? Une jeune femme, Emily (Jean Seberg), jeune épouse d'un haut fonctionnaire d'Interpol, est perdue à des kilomètres de toute civilisation, qui doit son salut à l'intervention de Killian (Stephen Boyd), un homme prêt à tout pour réduire à néant un gang de trafiquants de drogue. Une véritable guerre dans laquelle il implique Emily, propulsée malgré elle dans un monde de violence et de corruption qui lui fera comprendre que son mari n'est pas vraiment le policier incorruptible qu'il semblait être... Le film fut tourné au cours de l'hiver 1971, dans deux villes d'Espagne, Madrid et Alicante. Romain Gary est aux commandes, avec Jean Seberg en vedette. La première eut lieu à Marseille le 19 janvier 1972. Il sortira en salle également sous les titres de Police Magnum et aux États-Unis Kill kill kill. Disons-le clairement, le film n'est pas un chef-d'oeuvre, très loin de Les oiseaux vont mourir au Pérou. La critique n'est pas tendre avec Gary : « Le problème de la drogue est un problème grave et Romain Gary un homme sérieux. Que ce romancier de talent, ancien diplomate, journaliste et cinéaste à ses heures (Les oiseaux vont mourir au Pérou), ait entrepris de dénoncer à l'écran les responsables du plus ignoble des trafics nous paraissait de bon augure [...]. Mais [tant] de scènes érotico-exotiques, de poursuites motorisées, de mitraillages en série ravalent Kill au niveau des sous-produits du genre. Méli-mélo de poncifs, d'une confusion extrême, où se noie le réquisitoire annoncé et attendu » (Le Monde). Romain Gary, dans une interview donnée au même moment, tente de convaincre : « j'ai besoin de faire partager le dégoût que m'inspire la drogue et ses trafiquants. La première chose à faire est de donner aux gens le dégoût le plus total [...]. Donner une notion d'infamie. Pour moi, ce sont des nazis. Il faut que le public rie de leurs cadavres [...]. Sur le plan international, il n'y a pas de lutte d'action. Les gouvernements ne font pas ce qu'il faut pour produire des pressions légitimes sur les pays producteurs, par peur de perdre de clients sur d'autres pans économiques ». L'intention est louable, mais le résultat, d'un point de vue cinématographique, loin d'être convaincant. Le film fait un flop. « Romain mon amour, [...] Quand tu as réalisé le film, avec si peu d'aide de qui que ce soit autour de toi, c'était en partie dans le but de sauver ma vie. Au sens propre du terme. Personne - et surtout moi - ne pensait que je serais même capable de travailler à nouveau, que je serais à même de trouver les ressources psychiques et la force physique. Et tu savais que c'était une question de survie pour moi de trouver la discipline et la force de travailler à nouveau. » Jean Seberg écrit cette lettre après la sortie du film, après que Gary eut en effet tenté de lui donner une raison de se lever et de vivre. Le film n'arrangera rien, bien au contraire, et le couple divorcera l'année suivante.
Seul jeu connu du chapitre XXII de La Promesse de l'aube, qui ne figurait que dans la version écrite en anglais par Gary. Il en fait la traduction et l'intègre dans l'édition définitive de La Promesse de l'aube en 1980. Un dernier hommage à sa mère avant de quitter la scène. S.l.n.d. [Paris, 1980]. 1 frappe dactylographiée (210 x 300 mm) de 15 f. chiffrés 2 à 15. 1 copie carbone (210 x 300 mm) de 15 f. chiffrés 2 à 15. Seul jeu connu du chapitre XXII de La Promesse de l’aube, celui ajouté par Gary dans l’édition américaine mais qui était, jusqu’en 1980, absente de la version française. Romain Gary décide, quelques mois avant son suicide, d’enfin faire ajouter ce chapitre au volume de l’édition de référence, la française. Il entreprend donc de le traduire lui-même et demande à ce qu’il soit intégré dans une nouvelle édition de La Promesse de l’aube à paraître en décembre, trois semaines après son suicide. La dactylographie comporte 11 corrections autographes à l’encre noire aux pages 6, 7, 8, 12 et 14 : des corrections d’ordre orthographique et de ponctuation pour la plupart, et quatre ajouts et variantes. Elle comporte une copie d’une autre frappe d’une version, antérieure, avec plusieurs corrections. Sur le premier feuillet de cette copie, mention de Gary : « chapitre inédit en français de La Promesse de l’aube » + chapitre « XX[II] ».
« J’ai fini la première correction des épreuves et je me rends brusquement compte que je suis peut-être à deux doigts de laisser derrière moi une marque indélébile » écrit Gary à son éditeur Claude Gallimard le 8 décembre 1958, alors qu’il s’apprête à lui communiquer les épreuves corrigées par ses soins de son chef-d’œuvre autobiographique La Promesse de l’aube (le titre définitif a été choisi par Gary en septembre 1958, après qu’il eut envisagé « La Possession du monde », « La Confession de Big Sur » et « La Course contre la vie »). Quelques mois plus tard, Gary entreprend de publier l’édition américaine du texte. Avec une modification importante : l’ajout d’un chapitre entier, ce chapitre XXII, absent de la version française. Il est entièrement consacré à sa mère et à la figure de M. Zaremba, un riche client de la pension familiale à Nice, un artiste peintre polonais. Lequel demande à Gary la permission de demander la main de sa mère. Elle repousse catégoriquement le prétendant, toujours par l’intermédiaire du jeune garçon, factotum chargé de transmettre le message et son refus. Gary, après avoir vainement essayé de convaincre sa mère du bien-fondé de la demande de son futur-ex-beau-père adoptif, prend conscience, pour la première, d’une réelle différence de vue avec sa mère, qu’il finit par comprendre : « jamais je ne comprendrai comment j’avais pu, même à dix-sept ans, me montrer aussi ignorant de la féminité ». « Pourquoi ces modifications ? En écrivant dans une autre langue, il semble que Romain Gary se soit senti plus libre. Adresser des reproches à sa mère dans une langue autre que sa langue maternelle - langue choisie par la mère et non donnée –, se déplacer dans un autre univers culturel ouvre une possibilité de dire autrement, ailleurs, ce qui n’a pas été entendu chez soi. Pour l’écrivain, cela permet aussi de réagir à chaud à la réception critique dans la langue originale d’écriture. L’étanchéité des mondes culturels français et américain de l’époque est une évidence pour Gary, et d’ailleurs, aucun critique dans les articles français consacrés à Lady L., Les Mangeurs d’étoiles, Adieu Gary Cooper ou Charge d’âme ne fait allusion à l’existence de ces livres dans leurs versions originales anglaises » (Romain Gary, l’impossible dérobade par Benoit Desmarais). Émouvant et important document, tant un tel ajout ne peut être fortuit : il est, dans l’esprit de Gary, un ajout nécessaire à apporter à son texte emblématique et un dernier hommage à faire à sa mère avant de lui-même disparaître.
Première édition américaine. Premier tirage, avec mention de « first edition ». Rare exemplaire en premier tirage d'un des chefs-d'oeuvre de Gary. New York, Harper & Brothers, (octobre) 1961. 1 vol. (150 x 220 mm) de 337 p., [2] et 2 f. Cartonnage éditeur, jaquette illustrée. Première édition américaine. Premier tirage, avec mention de « first edition ».
La traduction est donnée par un certain John Markham Beach : c'est un pseudonyme créé par Romain Gary. Cette édition est en partie originale et contient un long chapitre - le XXII - qui ne figure pas dans l'édition française, publiée à Paris l'année précédente. Il est entièrement consacré à sa mère et à la figure de M. Zaremba, un riche client de la pension familiale à Nice : un artiste peintre polonais qui demande à Romain la permission de demander la main de sa mère. Elle repousse catégoriquement le prétendant, toujours par l'intermédiaire du jeune garçon, factotum chargé de transmettre le message et son refus. Gary, après avoir vainement essayé de convaincre sa mère du bien-fondé de la demande de son futur-ex-beau-père adoptif, prend conscience, pour la première fois, d'une réelle différence de vue avec sa mère, qu'il finit par comprendre : « jamais je ne comprendrai comment j'avais pu, même à dix-sept ans, me montrer aussi ignorant de la féminité ». Pourquoi cet ajout ? « En écrivant dans une langue autre, il semble que Roman Gary se soit senti plus libre. Adresser des reproches à sa mère dans une langue autre que sa langue maternelle - langue choisie par la mère et non donnée, se déplacer dans un autre univers culturel ouvre une possibilité de dire autrement, ailleurs, ce qui n'a pas été entendu chez soi. Pour l'écrivain, cela permet aussi de réagir à chaud à la réception critique dans la langue originale d'écriture. L'étanchéité des mondes culturels français et américain de l'époque est une évidence pour Gary, et d'ailleurs, aucun critique dans les articles français consacrés à Lady L., Les Mangeurs d'étoiles, Adieu Gary Cooper ou Charge d'âme ne fait allusion à l'existence de ces livres dans leurs versions originales anglaises » (Romain Gary, l'impossible dérobade, par Benoit Desmarais). À la demande de Gary, ce chapitre sera intégré dans la version française en 1980, traduit par Gary lui-même, telle une dernière volonté. Le livre, dans cette édition définitive, est sous presse lorsque Gary se suicide, le 2 décembre 1980. Rare exemplaire en premier tirage d'un des chefs-d'oeuvre de Gary. Bel exemplaire, dans une jaquette en excellente condition.
Première édition américaine. Premier tirage, avec mention de « first edition ». Rare exemplaire en premier tirage d'un des chefs-d'oeuvre de Gary, qui présente un texte plus complet que l'édition française. New York, Harper & Brothers, (octobre) 1961. 1 vol. (150 x 220 mm) de 337 p., [2] et 2 f. Cartonnage éditeur, jaquette illustrée. Première édition américaine. Premier tirage, avec mention de « first edition ».
La traduction est donnée par un certain John Markham Beach : c'est un pseudonyme créé par Romain Gary. Cette édition est en partie originale et contient un long chapitre - le XXII - qui ne figure pas dans l'édition française, publiée à Paris l'année précédente. Il est entièrement consacré à sa mère et à la figure de M. Zaremba, un riche client de la pension familiale à Nice : un artiste peintre polonais qui demande à Romain la permission de demander la main de sa mère. Elle repousse catégoriquement le prétendant, toujours par l'intermédiaire du jeune garçon, factotum chargé de transmettre le message et son refus. Gary, après avoir vainement essayé de convaincre sa mère du bien-fondé de la demande de son futur-ex-beau-père adoptif, prend conscience, pour la première fois, d'une réelle différence de vue avec sa mère, qu'il finit par comprendre : « jamais je ne comprendrai comment j'avais pu, même à dix-sept ans, me montrer aussi ignorant de la féminité ». Pourquoi cet ajout ? « En écrivant dans une langue autre, il semble que Roman Gary se soit senti plus libre. Adresser des reproches à sa mère dans une langue autre que sa langue maternelle - langue choisie par la mère et non donnée, se déplacer dans un autre univers culturel ouvre une possibilité de dire autrement, ailleurs, ce qui n'a pas été entendu chez soi. Pour l'écrivain, cela permet aussi de réagir à chaud à la réception critique dans la langue originale d'écriture. L'étanchéité des mondes culturels français et américain de l'époque est une évidence pour Gary, et d'ailleurs, aucun critique dans les articles français consacrés à Lady L., Les Mangeurs d'étoiles, Adieu Gary Cooper ou Charge d'âme ne fait allusion à l'existence de ces livres dans leurs versions originales anglaises » (Romain Gary, l'impossible dérobade, par Benoit Desmarais). À la demande de Gary, ce chapitre sera intégré dans la version française en 1980, traduit par Gary lui-même, telle une dernière volonté. Le livre, dans cette édition définitive, est sous presse lorsque Gary se suicide, le 2 décembre 1980. Rare exemplaire en premier tirage d'un des chefs-d'oeuvre de Gary. Bon exemplaire.
Premier tirage post prix Goncourt, imprimé le jour même de l'attribution du prix. Envoi signé : « Pour Raymond Melix, Romain Gary, 1956 ». Paris, Gallimard, (3 décembre) 1956. 1 vol. (135 x 205 mm) de 443 p. et [2] f. Broché, sous coffret à reprise de décor. Premier tirage post prix Goncourt, imprimé le jour même de l’attribution du prix. Envoi signé : « Pour Raymond Melix, Romain Gary, 1956 ».
Rare exemplaire imprimé du jour du Goncourt, dédicacé par Gary au moment de son passage éclair en France pour recevoir le prix et répondre aux multiples sollicitations. Romain Gary, qui se trouve à La Paz au moment de l'annonce, obtient du Quai d'Orsay une disponibilité de deux semaines pour la fin du mois de décembre 1956. Premier roman à avoir ouvertement pour sujet central la protection de la nature, Les Racines du ciel est aussi - encore - un roman de résistance : « celui de la résistance à tout ce qui opprime l'homme, où que ce soit et de quelque manière que ce soit ». C'est pourquoi Gary écrivit en décembre 1956 après l'entrée des chars russes à Budapest : « Il faut sauver les éléphants hongrois. Ils reprendront un jour leur marche triomphale » (Larat, Romain Gary, Une trajectoire dans le siècle, II, p. 48).
Édition originale. Premier tirage, avec mention de « First printing ». Lady L. est le premier roman que Gary écrivit directement en anglais, et le premier, ainsi, dans une autre langue que le français. New York, Simon & Schuster, (décembre) 1958. 1 vol. (140 x 210 mm) de 215 p. et [1] f. Cartonnage et jaquette illustrée de l'éditeur. Édition originale. Premier tirage, avec mention de « First printing ».
Lady L. est le premier roman que Gary écrivit directement en anglais, et le premier, ainsi, dans une autre langue que le français. Quand, en 1944, Lesley Blanch rencontra Romain Gary, elle venait de fêter ses quarante ans, le jour du débarquement en Normandie. Rédactrice de Vogue, où elle supervisait les reportages depuis 1937, cette chroniqueuse londonienne, élégante, spirituelle, à l’indéniable talent littéraire, était estimée dans le milieu de la mode. Ils se marièrent le 4 avril 1945. Quelques mois plus tard, une carrière diplomatique s’ouvrit pour Gary. Épouse dévouée, Lesley l’accompagna de poste en poste, à Sofia, à Berne, à Paris, à New York et à Los Angeles, et lui enseigne sa langue à la perfection. « L’accent anglais, tant admiré, précisait-elle, redoublait de charme avec le froufroutement des r russes que Romain lui ajoutait. Il avait acquis une prononciation parfaite ; seul le timbre de sa voix, ce timbre profond et rauque, gardait quelque chose de slave. » Gary s’exprime rapidement avec aisance ; au point, même, d’écrire quatre romans directement dans cette langue : Lady L. est le premier, en 1958 (traduit en 1963), suivi par The Talent Scout (1961), The Ski Bum (1964) et The Gasp (1973). Gary traduisit entièrement par ailleurs La Promesse de l’aube, La Tête coupable et White Dog et participa de près aux traductions de Colors of the Day, The Roots of Heaven, A European Education, The Dance of Gengis Cohn et Europa. Et, indirectement via Ajar / Pavlowitch, à celle de Momo. « Malgré un divorce houleux et douloureux, Lesley Blanch et Romain Gary - surtout après sa séparation d’avec Jean Seberg, et plus souvent encore après la mort de celle-ci, établirent une ‘amitié téléphonique’. Elle s’était retirée à Menton, dans une maison de la baie de Garavan, où elle avait reconstitué son décor intime : tapis, divans, icônes, œuvres d’art, objets insolites, grimoires et livres russes imprimés avant la réforme de l’orthographe. Mais, par une nuit funeste d’avril 1994, un incendie anéantit tous ces trésors. À 90 ans, Lesley eut le courage de recréer un nouveau foyer, avant de mourir à près de 103 ans en 2007 ». (« Lesley Blanch, Une fée bienveillante », par Lucien d’Azay, Revue des deux mondes, mai-juin 2021). Bel exemplaire.
Édition originale. Un des 80 exemplaires sur vélin pur fil. Directement écrit en anglais, le livre sera non pas traduit, mais complètement réécrit en français cinq ans plus tard par Romain Gary. Reliure de Bichon. Paris, Gallimard, (6 mai) 1969. 1 vol. (140 x 205 mm) de 278 p. et [4] f. Chagrin orangé à encadrement, papier à décor sur les plats, titre doré, date en pied, tête cirée, couvertures et dos conservés, étui bordé (reliure signée de B. Bichon). Édition originale. Un des 80 exemplaires sur vélin pur fil (n° 75).
Directement écrit en anglais, le livre sera non pas traduit, mais réécrit en français cinq ans plus tard par Romain Gary. Le héros de ce portrait de la jeunesse américaine des années soixante, Lenny, ne croit plus aux valeurs de l’Amérique traditionnelle, sûre de son bon droit. Au Viêtnam, la guerre s’enlise et la protestation étudiante ne cesse de grandir : « Tu veux que je te dise Lenny ? C’est fini Gary Cooper. Fini l’Américain tranquille, sûr de lui et de son droit, qui est contre les méchants, toujours pour la bonne cause, et qui fait triompher la justice et gagne toujours à la fin. Adieu, l’Amérique des certitudes. Maintenant c’est le Viêtnam, les universités qui explosent, et les ghettos noirs. Ciao Gary Cooper. » Constat qui ne va pas sans quelque nostalgie de la part de l’auteur, qui aimait particulièrement Gary Cooper et s’amusait à se comparer à lui : « je suis un mélange de Gary Cooper et de Rudolf Valentino, en mieux parce que j’ai les yeux bleus […] Voilà ! »
Édition originale. Un des 65 premiers exemplaires sur vergé d'Arches. Bel exemplaire broché. Paris, Mercure de France, (15 novembre) 1976. 1 vol. (170 x 260 mm) de 213 p. et [3] f. Broché, non coupé. Édition originale. Un des 65 premiers exemplaires sur vergé d'Arches, celui-ci 1/10 hors commerce de tête (n° 3).
Le titre sonne comme un pied de nez à la lueur de la révélation de ce qui fut certainement la plus grande supercherie de l’histoire littéraire – Romain Gary n’en reconnaît qu’une d’égale ampleur, celle de Macpherson inventant le poète Ossian. Las de la « gueule » qu’on lui faisait depuis trente ans, Gary revient au monde sous le nom d’Émile Ajar. « C’était une nouvelle naissance. Je recommençais. Tout m’était donné encore une fois. » Après le succès de Gros Câlin, premier des Ajar, Gary perfectionne son stratagème pour la sortie de Pseudo, écrit en quinze jours, en donnant un visage à son double. Ce sera son cousin Paul Pavlowitch qui incarnera l’écrivain. Gary s’amusera que personne ne le reconnaît derrière ses textes, que les critiques qui encensaient Gary descendent Ajar en flamme et inversement. Et à ceux qui reprochait à Pseudo d’être un livre « vomi » d’où toute « rouerie » était absente, Gary répondra : « S’il est un livre de vieux professionnel, c’est bien Pseudo : la rouerie consistait à ne pas la laisser sentir. Car il se trouve que ce roman de l’angoisse, de la panique d’un être jeune face à la vie devant lui, je l’écrivais depuis l’âge de vingt ans, l’abandonnant et le recommençant sans cesse, traînant des pages avec moi à travers guerres, vents, marées et continents, de la toute jeunesse à l’âge mûr... » Écrit en quinze jours en 1976 par un Gary claquemuré dans un studio à Genève, Pseudo se présente comme le récit furieux, impulsif et brutal destiné à clore le bec de tous ceux qui spéculent sur la véritable identité d’Émile Ajar : « Mais qui est donc cet Ajar ? » se demande le Tout-Paris. « Mon neveu Paul Pavlowitch », répond Gary, bien décidé à pousser jusqu’au bout la supercherie. Avec Pseudo, Gary reconstruit pièce à pièce toute la défense Ajar, avec la maîtrise implacable des pires machinations. Dans cette autobiographie du supposé Pavlowitch, Gary atteint son but : mettre fin aux rumeurs, duper la presse et régler un certain nombre de comptes avec… lui-même, où l’imposture poussée à son comble a pour effet de produire de l’authentique : « J’ai inventé de toutes pièces un Paul Pavlowitch dans le roman. Un délirant. J’ai voulu exprimer l’angoisse et je t’ai chargé de cette angoisse. Je règle aussi des comptes avec moi-même – plus exactement, avec la légende qu’on m’a collée sur le dos. »
Première édition club, pour la collection « Soleil ». Tirage à 3100 exemplaires, avec sa bande à parution.Treize titres de Romain Gary seront publiés dans cette collection. Paris, Gallimard, collection « Soleil », (2e trimestre) 1969. 1 vol. (140 x 200 mm) de 378, [3] p. et 1 f. Cartonnage éditeur. Première édition club, pour la collection « Soleil ». Un des 3100 exemplaires (dont 100 hors commerce) imprimés sur bouffant alfa Calypso (n° 1354). Avec sa bande à parution.
Sixième titre publié de Romain Gary dans cette collection. Les titres de la « Collection soleil » sont édités sous des reliures pleine toile de différentes teintes (rose, jaune, orange, bleu, vert...), relié dans une maquette de Massin. La collection reprend des livres du fonds, mais aussi des nouveautés tout juste parues. Elle a été créée en 1957, afin de concurrencer le Club du meilleur livre (société filiale de Gallimard et Hachette) : Claude Gallimard était hostile à l'idée qu'Hachette bénéficie de l'exploitation de son fonds en librairie sous forme de livres reliés. Le tirage est limité à quelques milliers d'exemplaires, avec cet argument publicitaire au lancement : « Le soleil, dit Fontenelle, est l'orgueil des planètes. Les livres de la collection «Soleil», tous au format in-8° soleil, seront l'orgueil de votre bibliothèque. » Treize titres de Romain Gary auront l'honneur d'y figurer : Lady L., La Promesse de l'aube, Les Mangeurs d'étoiles, La Danse de Gengis Cohn, La Tête coupable, Adieu Gary Cooper, Chien blanc, Europa, Les Enchanteurs, Au-delà de cette limite..., Clair de femme, Charge d'âme et Les Clowns lyriques. Il n'est pas dépassé que par Simone de Beauvoir (14 titres), Jean Giono (16) et Henry de Montherlant (22 !).
Edition originale. Un des 80 premiers exemplaires sur vélin pur fil. Paris, Gallimard, (15 septembre) 1952. 1 vol. (135 x 205 mm) 267 p. et [2] f. Maroquin vert à encadrement, titre doré, date en pied, plats ornés d'un papier à décor, tête dorée, couvertures et dos conservés (reliure signée d'Alix). Edition originale. Un des 80 premiers exemplaires sur vélin pur fil (n° 19).
En 1951, Henri Hoppenot, un grand diplomate qui fut le représentant de la France libre à Washington pendant la guerre, est nommé à Berne – le lieu des grandes conférences internationales de l’après-guerre. Fin lettré, « l’ambassadeur a lu les rapports et analyses envoyées depuis Sofia par le conseiller Gary. Il apprécie le parcours unique du jeune diplomate-auteur » (Pavlowitch, Tous immortels, p. 78). Alors, direction Berne, avec Lesley Blanch. C’est là-bas qu’il prépare Les Couleurs du jour et que, en fin d’année, le journal officiel publie officiellement sa substitution de nom : Romain Kecew devient Romain Gary. Lequel fait, dans son nouveau roman, directement allusion aux souvenirs du temps où Kacew/Gary servait dans l’aviation : « Les couleurs du jour », c’est le nom que l’escadrille Lorraine donnait aux fusées qui servaient à distinguer les avions ennemis des amis. Le livre est divisé en quatre parties : bleu, rouge, noir et blanc. Le héros, Jacques Rainier, ancien de la France Libre, s’apprête à rejoindre les troupes de l’Onu en Corée. Gary est visionnaire : quelques mois plus tard, au printemps 1952, Hoppenot est nommé ambassadeur et chef de la délégation française à New York, à l’Onu. Il intègre Romain Gary dans son équipe, comme secrétaire, consul et porte-parole. Bel exemplaire du tirage tête.
Gallimard, NRF, Paris 1963, in-12 broché. deuxième tirage de la même année.
Lady L. est un roman de Romain Gary écrit en anglais en 1958 et paru en 1963 à la NRF. Il s'agit de l'un de ses premiers ouvrages écrits directement en langue anglaise. Derrière Lady L., difficile de ne pas voir une évocation de Lesley Blanch, avec qui Romain Gary fut marié de la fin de la Seconde Guerre mondiale aux débuts des années 1960. De nationalité britannique, de 10 ans son aînée, ils s'étaient rencontrés en Grande-Bretagne, où Gary avait rejoint les Forces françaises libres. Leur union ne fut pas malheureuse, celle-ci supportant les nombreuses liaisons et les mondanités imposées par les fonctions de secrétaire d'ambassade, puis de consul, de Gary. En revanche, leur séparation fut particulièrement douloureuse. Le roman a été adapté au cinéma par l'auteur et réalisé par Peter Ustinov en 1965, avec Sophia Loren dans le rôle de Lady L. Résumé et analyse : Une vieille dame très respectable de l'aristocratie britannique fête son anniversaire en compagnie de toute sa famille, enfants et petits-enfants, ayant tous plus que bien réussi socialement. Pourtant tout ceci n'est qu'une aimable façade, un rôle qu'elle a choisi de jouer et qui la déçoit amèrement, la vérité est bien plus noire et bien plus ardente. Elle décide, lassée par tous ces secrets, de conter son histoire à son confident, typiquement anglais, qui la vénère. Ce roman plein de surprises et d'humour, est une critique de la société britannique au temps de la reine Victoria, de la lutte des classes, avec portraits d'un côté des révolutionnaires anarchistes et de l'autre des aristocrates.
Édition originale. Un des 80 exemplaires sur vélin pur fil. Directement écrit en anglais, le livre sera non pas traduit, mais complètement réécrit en français cinq ans plus tard par Romain Gary. Mouillure claire à l'angle supérieur du premier feuillet, sinon, excellente condition. Paris, Gallimard, (6 mai) 1969. 1 vol. (140 x 205 mm) de 278 p. et [4] f. Broché, non coupé. Édition originale. Un des 80 exemplaires sur vélin pur fil (n° 99).
Directement écrit en anglais, le livre sera non pas traduit, mais réécrit en français cinq ans plus tard par Romain Gary. Le héros de ce portrait de la jeunesse américaine des années soixante, Lenny, ne croit plus aux valeurs de l’Amérique traditionnelle, sûre de son bon droit. Au Viêtnam, la guerre s’enlise et la protestation étudiante ne cesse de croître : « Tu veux que je te dise Lenny ? C’est fini Gary Cooper. Fini l’Américain tranquille, sûr de lui et de son droit, qui est contre les méchants, toujours pour la bonne cause, et qui fait triompher la justice et gagne toujours à la fin. Adieu, l’Amérique des certitudes. Maintenant, c’est le Viêtnam, les universités qui explosent, et les ghettos noirs. Ciao Gary Cooper. » Constat qui ne va pas sans quelque nostalgie de la part de l’auteur, qui aimait particulièrement Cooper et s’amusait à se comparer à lui : « je suis un mélange de Gary Cooper et de Rudolf Valentino, en mieux parce que j’ai les yeux bleus […] Voilà ! » Mouillure claire à l’angle supérieur du premier feuillet, sinon, excellente condition.
Traduction de Stuart Gilbert. Préface inédite de Romain Gary, qui rend hommage à un ami, rencontré dès 1945.C'est la seule préface à une oeuvre véritablement littéraire que Gary donnera. New York, Times Inc., 1962. 1 vol. (130 x 200 mm) de 269 p. Broché, sous couverture illustrée. Traduction de Stuart Gilbert. Préface inédite de Romain Gary.
Gary mentionnera Albert Camus dès 1945, dans une lettre adressée à Maurice Nadeau. Les deux hommes entrent vite en relation, malgré leurs éloignements géographiques constants. En 1947, Camus enverra à Gary La Peste, enrichi d'une dédicace faisant explicitement référence à Éducation européenne. Marqué par sa disparition en 1960, Gary acceptera de préfacer l'édition américaine du texte, réédité en 1962. Hommage d’une amitié forte, et méconnue, entre les deux hommes : « Il est très difficile, curieusement, de se rappeler les paroles d’amis disparus ; c’est qu’on ne fait pas trop attention quand ils sont présents. Je me souviens du sourire de Camus et de la gravité de son visage - les deux expressions se succédaient parfois en quelques secondes - bien mieux que de sa conversation. Je n’ai jamais fait grand cas des paroles, de toutes façons. Mais maintenant que sa voix s’est tue, les mots ne me font que mieux sentir à quel point elle me manque. Il me semble toutefois me rappeler qu’il disait… non en fait, rien de bien important. ‘Juste qu’il est des vérités qui valent qu’on meure pour elles, mais aucune qui vaille qu’on tue en leur nom.’ C’est alors qu’il écrivit La Peste. »
Édition originale. Exemplaire poinçonné du service de presse. Belle réunion deux premiers volumes de Frère Océan, en service de presse et ex-libris de Maurice Druon. Paris, Gallimard, (27 septembre) 1965 et (11 mai) 1967. 2 vol. (140 x 205 mm) de 476 p., [1] et 1 f. ; 276 p. et [2] f. Brochés. Édition originale. Exemplaires poinçonnés du service de presse. Exemplaires de Maurice Druon.
L’amitié et le respect mutuel de Romain Gary avec Joseph Kessel pouvait difficilement faire autrement que de rendre possible une rencontre entre Gary et Maurice Druon. La bibliothèque de ce dernier contenait une partie des titres publiés par Gary entre 1965 – Pour Sganarelle formant le premier d’entre eux – jusqu’en 1977, avec Clair de femme. Il n’est pas anodin que le plus ancien livre de Gary soit ce Pour Sganarelle, c’est-à-dire un essai plus qu’un roman. « Contre le pré carré du Je, Pour Sganarelle annonce, dans l’ivresse, le dérèglement radical de toutes les identités qui n’a fait que croître jusque-là dans les textes de Gary et qui donnera ensuite naissance à La Danse de Gengis Cohn, La Tête coupable et Europa. Pour Gary, la posture de Sartre et de Robbe-Grillet va à l’encontre de ce qu’est réellement le roman, le faisant verser dans l’hypocrisie et une mauvaise foi toute traditionnelle qui n’a rien de celle, motrice et vitale, qu’il cultive chez ses personnages. Leur défense ‘de l’honnêteté et de l’intégrité du romancier’ n’est qu’une ‘pitrerie’, un ‘charlatanisme littéraire’, une ‘escroquerie littéraire’, une ‘infâme tartufferie’ (p. 39). Les thuriféraires de l’honnêteté sont en réalité des faux-monnayeurs. Gary « a trop le goût de l’imposture romanesque pour ne pas s’occuper de cette autre imposture qui s’effectue sous couvert de l’honnêteté intellectuelle » (Maxime Decout, « Des faux papiers en règle. À propos de Gary-Ajar », Raison présente, 2018/4, n° 208), p. 103-114). Belle réunion deux premiers volumes de Frère Océan, en service de presse et ex-libris de Maurice Druon.
Édition originale. Un des 65 premiers exemplaires sur vergé d'Arches. Paris, Mercure de France, (15 novembre) 1976. 1 vol. (170 x 260 mm) de 213 p. et [3] f. Broché, non coupé. Édition originale. Un des 65 premiers exemplaires sur vergé d'Arches (n° 8).
Écrit à la première personne, ce fascinant roman se déboîte comme un jeu de poupées russes : il est censément écrit par Paul Pavlowitch qui feint de s’y dévoiler sous sa « véritable » identité, ou plus précisément de mettre en scène un patient écrivain (lui) interné à Copenhague pour soigner une forme de schizophrénie, liée à une perception paranoïde du monde, avec sa violence, ses guerres, ses tortures. Et comme la meilleure défense reste l’attaque, le narrateur y fait apparaître, sous le personnage transparent de « Tonton Macoute », Romain Gary : un petit-cousin envahissant avec lequel Pavlowitch /Ajar entretient des rapports d’amour et de haine. Dans Vie et mort d’Émile Ajar, confession publiée à titre posthume, Gary dira à propos de Pseudo : « Je m’y étais fourré tel qu’on m’a inventé et que toutes les critiques m’avaient donc reconnu dans le personnage de Tonton Macoute, il n’est venu à l’idée d’aucun qu’au lieu de Paul Pavlowich inventant Romain Gary, c’était Romain Gary inventant Paul Pavlowich ». Le texte est aussi intéressant d’un point de vue bibliographique, puisqu’il remet en scène divers épisodes réels (les soupçons des journalistes, la rencontre avec son éditrice, un titre princeps pour La Vie devant soi, La Tendresse des pierres, qui faillit le trahir).
Première édition club, pour la collection « Soleil ». Tirage 3100 exemplaires.Treize titres de Romain Gary seront publiés dans cette collection. Paris, Gallimard, collection « Soleil », (2e trimestre) 1967. 1 vol. (140 x 200 mm) de 276 et [1] p., 1 f. Cartonnage toile éditeur. Première édition club, pour la collection « Soleil ». Un des 3100 exemplaires (dont 100 hors commerce) imprimés sur bouffant alfa Calypso (n° 804).
Quatrième titre publié de Romain Gary dans cette collection. Les titres de la « Collection soleil » sont édités sous des reliures pleine toile de différentes teintes (rose, jaune, orange, bleu, vert...), relié dans une maquette de Massin. La collection reprend des livres du fonds, mais aussi des nouveautés tout juste parues. Elle a été créée en 1957, afin de concurrencer le Club du meilleur livre (société filiale de Gallimard et Hachette) : Claude Gallimard était hostile à l'idée qu'Hachette bénéficie de l'exploitation de son fonds en librairie sous forme de livres reliés. Le tirage est limité à quelques milliers d'exemplaires, avec cet argument publicitaire au lancement : « Le soleil, dit Fontenelle, est l'orgueil des planètes. Les livres de la collection "Soleil", tous au format in-8° soleil, seront l'orgueil de votre bibliothèque. » Treize titres de Romain Gary auront l'honneur d'y figurer : Lady L., La Promesse de l'aube, Les Mangeurs d'étoiles, La Danse de Gengis Cohn, La Tête coupable, Adieu Gary Cooper, Chien blanc, Europa, Les Enchanteurs, Au-delà de cette limite..., Clair de femme, Charge d'âme et Les Clowns lyriques. Il n'est pas dépassé que par Simone de Beauvoir (14 titres), Jean Giono (16) et Henry de Montherlant (22 !).
Première édition club, pour la collection « Soleil ». Tirage à 1600 exemplaires, avec sa bande à parution. Avant-dernier des treize titres publiés de Romain Gary dans cette collection, dans un tirage plus limité que les précédents. Paris, Gallimard, collection « Soleil », (4e trimestre) 1977. 1 vol. (140 x 200 mm) de 310, [3] p. et [2] f. Cartonnage éditeur. Première édition club, pour la collection « Soleil ». Un des 1600 exemplaires (dont 100 hors commerce) imprimés sur bouffant alfa Calypso (n° 275). Avec sa bande à parution.
Douzième titre publié de Romain Gary dans cette collection, dans un tirage plus limité que les précédents. Les titres de la « Collection soleil » sont édités sous des reliures pleine toile de différentes teintes (rose, jaune, orange, bleu, vert...), relié dans une maquette de Massin. La collection reprend des livres du fonds, mais aussi des nouveautés tout juste parues. Elle a été créée en 1957, afin de concurrencer le Club du meilleur livre (société filiale de Gallimard et Hachette) : Claude Gallimard était hostile à l'idée qu'Hachette bénéficie de l'exploitation de son fonds en librairie sous forme de livres reliés. Le tirage est limité à quelques milliers d'exemplaires, avec cet argument publicitaire au lancement : « Le soleil, dit Fontenelle, est l'orgueil des planètes. Les livres de la collection «Soleil», tous au format in-8° soleil, seront l'orgueil de votre bibliothèque. » Treize titres de Romain Gary auront l'honneur d'y figurer : Lady L., La Promesse de l'aube, Les Mangeurs d'étoiles, La Danse de Gengis Cohn, La Tête coupable, Adieu Gary Cooper, Chien blanc, Europa, Les Enchanteurs, Au-delà de cette limite..., Clair de femme, Charge d'âme et Les Clowns lyriques. Il n'est pas dépassé que par Simone de Beauvoir (14 titres), Jean Giono (16) et Henry de Montherlant (22 !).
Première édition club, pour la collection « Soleil ». Tirage à 3400 exemplaires. Avec sa bande à parution. Huitième des 13 titres publiés de Romain Gary dans cette collection. Paris, Gallimard, collection « Soleil », (2e trimestre) 1972. 1 vol. (140 x 200 mm) de 372, [2] p. et 1 f. Cartonnage éditeur. Première édition club, pour la collection « Soleil ». Un des 3400 exemplaires (dont 100 hors commerce) imprimés sur bouffant alfa Calypso (n° 2252). Avec sa bande à parution.
Huitième titre publié de Romain Gary dans cette collection. Les titres de la « Collection soleil » sont édités sous des reliures pleine toile de différentes teintes (rose, jaune, orange, bleu, vert...), relié dans une maquette de Massin. La collection reprend des livres du fonds, mais aussi des nouveautés tout juste parues. Elle a été créée en 1957, afin de concurrencer le Club du meilleur livre (société filiale de Gallimard et Hachette) : Claude Gallimard était hostile à l'idée qu'Hachette bénéficie de l'exploitation de son fonds en librairie sous forme de livres reliés. Le tirage est limité à quelques milliers d'exemplaires, avec cet argument publicitaire au lancement : « Le soleil, dit Fontenelle, est l'orgueil des planètes. Les livres de la collection "Soleil", tous au format in-8° soleil, seront l'orgueil de votre bibliothèque. » Treize titres de Romain Gary auront l'honneur d'y figurer : Lady L., La Promesse de l'aube, Les Mangeurs d'étoiles, La Danse de Gengis Cohn, La Tête coupable, Adieu Gary Cooper, Chien blanc, Europa, Les Enchanteurs, Au-delà de cette limite..., Clair de femme, Charge d'âme et Les Clowns lyriques. Il n'est pas dépassé que par Simone de Beauvoir (14 titres), Jean Giono (16) et Henry de Montherlant (22 !).
Première édition club, pour la collection « Soleil ». C'est le Premier titre publié de Romain Gary dans cette collection, nouvellement créée. Treize titres figurent dans la collection. Paris, Gallimard, coll. « Soleil », (1er trimestre) 1963. 1 vol. (140 x 200 mm) de 239 et [1] p.. Cartonnage éditeur. Première édition club, pour la collection « Soleil ». Un des 4100 exemplaires (dont 100 hors commerce) imprimés sur bouffant alfa Calypso (n° 1992).
Premier titre publié de Romain Gary dans cette collection. Les titres de la « Collection soleil » sont édités sous des reliures pleine toile de différentes teintes (rose, jaune, orange, bleu, vert...), relié dans une maquette de Massin. La collection reprend des livres du fonds, mais aussi des nouveautés tout juste parues. Elle a été créée en 1957, afin de concurrencer le Club du meilleur livre (société filiale de Gallimard et Hachette) : Claude Gallimard était hostile à l'idée qu'Hachette bénéficie de l'exploitation de son fonds en librairie sous forme de livres reliés. Le tirage est limité à quelques milliers d'exemplaires, avec cet argument publicitaire au lancement : « Le soleil, dit Fontenelle, est l'orgueil des planètes. Les livres de la collection "Soleil", tous au format in-8° soleil, seront l'orgueil de votre bibliothèque. » Treize titres de Romain Gary auront l'honneur d'y figurer : Lady L., La Promesse de l'aube, Les Mangeurs d'étoiles, La Danse de Gengis Cohn, La Tête coupable, Adieu Gary Cooper, Chien blanc, Europa, Les Enchanteurs, Au-delà de cette limite..., Clair de femme, Charge d'âme et Les Clowns lyriques. Il n'est pas dépassé que par Simone de Beauvoir (14 titres), Jean Giono (16) et Henry de Montherlant (22 !).
Première édition club, pour la collection « Soleil ». Treize titres de Romain Gary seront publiés dans cette collection. Paris, Gallimard, collection « Soleil », (2e trimestre) 1966. 1 vol. (140 x 200 mm) de 328, [6] p. et 1 f. Cartonnage éditeur. Première édition club, pour la collection « Soleil ». Un des 3100 exemplaires (dont 100 hors commerce) imprimés sur bouffant alfa Calypso (n° 1887).
Troisième titre publié de Romain Gary dans cette collection. Les titres de la « Collection soleil » sont édités sous des reliures pleine toile de différentes teintes (rose, jaune, orange, bleu, vert...), relié dans une maquette de Massin. La collection reprend des livres du fonds, mais aussi des nouveautés tout juste parues. Elle a été créée en 1957, afin de concurrencer le Club du meilleur livre (société filiale de Gallimard et Hachette) : Claude Gallimard était hostile à l'idée qu'Hachette bénéficie de l'exploitation de son fonds en librairie sous forme de livres reliés. Le tirage est limité à quelques milliers d'exemplaires, avec cet argument publicitaire au lancement : « Le soleil, dit Fontenelle, est l'orgueil des planètes. Les livres de la collection "Soleil", tous au format in-8° soleil, seront l'orgueil de votre bibliothèque. » Treize titres de Romain Gary auront l'honneur d'y figurer : Lady L., La Promesse de l'aube, Les Mangeurs d'étoiles, La Danse de Gengis Cohn, La Tête coupable, Adieu Gary Cooper, Chien blanc, Europa, Les Enchanteurs, Au-delà de cette limite..., Clair de femme, Charge d'âme et Les Clowns lyriques. Il n'est pas dépassé que par Simone de Beauvoir (14 titres), Jean Giono (16) et Henry de Montherlant (22 !).
Première édition club, pour la collection « Soleil ». Tirage à 3100 exemplaires.Treize titres de Romain Gary seront publiés dans cette collection. Paris, Gallimard, collection « Soleil », (1er trimestre) 1968. 1 vol. (140 x 200 mm) de 297 et [2] f. Cartonnage éditeur. Première édition club, pour la collection « Soleil ». Un des 3100 exemplaires (dont 100 hors commerce) imprimés sur bouffant alfa Calypso (n° 3032, soit l'un des hors commerce). Signalons que l'achevé d'imprimer du volume mentionne la justification de tirage de l'édition originale et précise que ce volume « de la collection Soleil est achevé d'imprimer à la même date que l'édition originale ».
Cinquième titre publié de Romain Gary dans cette collection. Les titres de la « Collection soleil » sont édités sous des reliures pleine toile de différentes teintes (rose, jaune, orange, bleu, vert...), relié dans une maquette de Massin. La collection reprend des livres du fonds, mais aussi des nouveautés tout juste parues. Elle a été créée en 1957, afin de concurrencer le Club du meilleur livre (société filiale de Gallimard et Hachette) : Claude Gallimard était hostile à l'idée qu'Hachette bénéficie de l'exploitation de son fonds en librairie sous forme de livres reliés. Le tirage est limité à quelques milliers d'exemplaires, avec cet argument publicitaire au lancement : « Le soleil, dit Fontenelle, est l'orgueil des planètes. Les livres de la collection "Soleil", tous au format in-8° soleil, seront l'orgueil de votre bibliothèque. » Treize titres de Romain Gary auront l'honneur d'y figurer : Lady L., La Promesse de l'aube, Les Mangeurs d'étoiles, La Danse de Gengis Cohn, La Tête coupable, Adieu Gary Cooper, Chien blanc, Europa, Les Enchanteurs, Au-delà de cette limite..., Clair de femme, Charge d'âme et Les Clowns lyriques. Il n'est pas dépassé que par Simone de Beauvoir (14 titres), Jean Giono (16) et Henry de Montherlant (22 !).
Première édition club, pour la collection « Soleil ». Tirage à 3100 exemplaires.13 titres de Romain Gary seront publiés dans cette collection. Paris, Gallimard, collection « Soleil », (1er trimestre) 1970. 1 vol. (140 x 200 mm) de 253 p. et [1] f. Cartonnage éditeur. Première édition club, pour la collection « Soleil ». Un des 3100 exemplaires (dont 100 hors commerce) imprimés sur bouffant alfa Calypso (n° 382).
Septième titre publié de Romain Gary dans cette collection. Les titres de la « Collection soleil » sont édités sous des reliures pleine toile de différentes teintes (rose, jaune, orange, bleu, vert...), relié dans une maquette de Massin. La collection reprend des livres du fonds, mais aussi des nouveautés tout juste parues. Elle a été créée en 1957, afin de concurrencer le Club du meilleur livre (société filiale de Gallimard et Hachette) : Claude Gallimard était hostile à l'idée qu'Hachette bénéficie de l'exploitation de son fonds en librairie sous forme de livres reliés. Le tirage est limité à quelques milliers d'exemplaires, avec cet argument publicitaire au lancement : « Le soleil, dit Fontenelle, est l'orgueil des planètes. Les livres de la collection "Soleil", tous au format in-8° soleil, seront l'orgueil de votre bibliothèque. » Treize titres de Romain Gary auront l'honneur d'y figurer : Lady L., La Promesse de l'aube, Les Mangeurs d'étoiles, La Danse de Gengis Cohn, La Tête coupable, Adieu Gary Cooper, Chien blanc, Europa, Les Enchanteurs, Au-delà de cette limite..., Clair de femme, Charge d'âme et Les Clowns lyriques. Il n'est pas dépassé que par Simone de Beauvoir (14 titres), Jean Giono (16) et Henry de Montherlant (22 !).
Édition originale. Premier tirage (pas de grands papiers). La célèbre couverture de ce primo-roman de Ajar-Gary est l'oeuvre de Folon. Paris, Mercure de France, (21 août) 1974. 1 vol. (140 x 205 mm) de 222 p. et [1] f. Broché, sous couverture illustrée. Édition originale. Premier tirage (pas de grands papiers). La célèbre couverture de ce primo-roman de Ajar-Gary est l'oeuvre de Folon.
De mars à décembre 1973, la même année qu’Europa et Les Enchanteurs, Romain Gary écrit Gros-Câlin, un roman sur la solitude, qu’il écrit à la main. Son secrétaire a ensuite tapé le manuscrit à la machine, tandis que l’écrivain le recopiait au propre, de façon manuscrite, à l’encre bleue, dans quatre gros registres noirs de comptable, comme preuve de l’authenticité de sa création. C’est ainsi qu’il procédera, avec méthode, pour chacun des romans signés Ajar. « Ce fut seulement après avoir terminé Gros-Câlin que je pris la décision de publier le livre sous un pseudonyme, à l’insu de l’éditeur. Je sentais qu’il y avait incompatibilité entre la notoriété, les poids et mesures selon lesquels on jugeait mon œuvre, « la gueule qu’on m’avait faite », et la nature même du livre. » Pour la première fois, en moins de six mois, un seul homme aura publié quatre livres sous quatre noms différents (François Bondy, Shatan Bogat, Romain Gary, Émile Ajar). C’est à l’automne de l’année suivante que Gary décidera de donner une voix, puis un corps à Émile Ajar, en proposant à son petit-cousin de trente-trois ans, Paul Pavlowitch, de l’incarner. Ce titre ne sera pas traduit en anglais. Très bel exemplaire de ce livre fragile (couverture pelliculée) et rare.
Édition originale et premier tirage (pas de grands papiers). Elle est anonyme, sans mentionner l'identité de Gary, révélée quelques semaines plus tard.Rare premier tirage - la couverture étant par la suite modifiée. Paris, Gallimard, (3 mai) 1974. 1 vol. (150 x 220 mm) de 289 p. et [1] f. Broché, sous couverture illustrée. Édition originale et premier tirage (pas de grands papiers).
Gary affabule et frelate avec malice le monde des Lettres dans une mystification à grande échelle : un avant-goût de la naissance d’Émile Ajar. Avec Les Têtes de Stéphanie, Gary ne se contente pas d’attribuer une œuvre à un faux auteur et invente bel et bien un écrivain complet avec un univers à part entière, important le mensonge de la fiction dans le réel : il crée à cette fin Shatan Bogat, et sa sulfureuse biographie : caché en Inde, ce journaliste américain aurait dénoncé le trafic d’armes dans un précédent roman, Seven Years in Fire. Qui aurait été couronné du prix Dakkan. Personne n’ira vérifier que n’existent ni le texte ni le prix. Pour accréditer la supercherie, le manuscrit est livré en anglais aux Éditions Gallimard, qui en donne une traduction. Or, Shatan Bogat est un individu exigeant : « quand il découvre la traduction de Gallimard, il décide de la reprendre. Comme il l’a déjà fait, Gary retraduit le livre et se demande s’il ne pourrait pas aller plus loin encore qu’avec John Markham Beach. Gary traducteur sera donc cette fois une femme : Françoise Lovat. Deux faux noms, un changement de genre, un changement de langue et une traduction : cela fait beaucoup pour un seul homme. Gary assume tous les rôles. » (Maxime Decout, « Des faux papiers en règle », Raison présente, n° 208, 103-114). Rare premier tirage, sans la vignette présentant le visage de Romain Gary.