Première édition américaine. Premier tirage, avec mention de « first edition ». Rare exemplaire en premier tirage d'un des chefs-d'oeuvre de Gary, qui présente un texte plus complet que l'édition française. New York, Harper & Brothers, (octobre) 1961. 1 vol. (150 x 220 mm) de 337 p., [2] et 2 f. Cartonnage éditeur, jaquette illustrée. Première édition américaine. Premier tirage, avec mention de « first edition ». Déchirure restaurée au premier plat de la jaquette.
La traduction est donnée par un certain John Markham Beach : c'est un pseudonyme créé par Romain Gary. Cette édition est en partie originale et contient un long chapitre - le XXII - qui ne figure pas dans l'édition française, publiée à Paris l'année précédente. Il est entièrement consacré à sa mère et à la figure de M. Zaremba, un riche client de la pension familiale à Nice : un artiste peintre polonais qui demande à Romain la permission de demander la main de sa mère. Elle repousse catégoriquement le prétendant, toujours par l'intermédiaire du jeune garçon, factotum chargé de transmettre le message et son refus. Gary, après avoir vainement essayé de convaincre sa mère du bien-fondé de la demande de son futur-ex-beau-père adoptif, prend conscience, pour la première fois, d'une réelle différence de vue avec sa mère, qu'il finit par comprendre : « jamais je ne comprendrai comment j'avais pu, même à dix-sept ans, me montrer aussi ignorant de la féminité ». Pourquoi cet ajout ? « En écrivant dans une langue autre, il semble que Roman Gary se soit senti plus libre. Adresser des reproches à sa mère dans une langue autre que sa langue maternelle - langue choisie par la mère et non donnée, se déplacer dans un autre univers culturel ouvre une possibilité de dire autrement, ailleurs, ce qui n'a pas été entendu chez soi. Pour l'écrivain, cela permet aussi de réagir à chaud à la réception critique dans la langue originale d'écriture. L'étanchéité des mondes culturels français et américain de l'époque est une évidence pour Gary, et d'ailleurs, aucun critique dans les articles français consacrés à Lady L., Les Mangeurs d'étoiles, Adieu Gary Cooper ou Charge d'âme ne fait allusion à l'existence de ces livres dans leurs versions originales anglaises » (Romain Gary, l'impossible dérobade, par Benoit Desmarais). À la demande de Gary, ce chapitre sera intégré dans la version française en 1980, traduit par Gary lui-même, telle une dernière volonté. Le livre, dans cette édition définitive, est sous presse lorsque Gary se suicide, le 2 décembre 1980. Rare exemplaire en premier tirage d'un des chefs-d'oeuvre de Gary. Bon exemplaire.
Édition originale. Un des 65 premiers exemplaires sur vergé d'Arches. Bel exemplaire broché. Paris, Mercure de France, (15 novembre) 1976. 1 vol. (170 x 260 mm) de 213 p. et [3] f. Broché, non coupé. Édition originale. Un des 65 premiers exemplaires sur vergé d'Arches, celui-ci 1/10 hors commerce de tête (n° 3).
Le titre sonne comme un pied de nez à la lueur de la révélation de ce qui fut certainement la plus grande supercherie de l’histoire littéraire – Romain Gary n’en reconnaît qu’une d’égale ampleur, celle de Macpherson inventant le poète Ossian. Las de la « gueule » qu’on lui faisait depuis trente ans, Gary revient au monde sous le nom d’Émile Ajar. « C’était une nouvelle naissance. Je recommençais. Tout m’était donné encore une fois. » Après le succès de Gros Câlin, premier des Ajar, Gary perfectionne son stratagème pour la sortie de Pseudo, écrit en quinze jours, en donnant un visage à son double. Ce sera son cousin Paul Pavlowitch qui incarnera l’écrivain. Gary s’amusera que personne ne le reconnaît derrière ses textes, que les critiques qui encensaient Gary descendent Ajar en flamme et inversement. Et à ceux qui reprochait à Pseudo d’être un livre « vomi » d’où toute « rouerie » était absente, Gary répondra : « S’il est un livre de vieux professionnel, c’est bien Pseudo : la rouerie consistait à ne pas la laisser sentir. Car il se trouve que ce roman de l’angoisse, de la panique d’un être jeune face à la vie devant lui, je l’écrivais depuis l’âge de vingt ans, l’abandonnant et le recommençant sans cesse, traînant des pages avec moi à travers guerres, vents, marées et continents, de la toute jeunesse à l’âge mûr... » Écrit en quinze jours en 1976 par un Gary claquemuré dans un studio à Genève, Pseudo se présente comme le récit furieux, impulsif et brutal destiné à clore le bec de tous ceux qui spéculent sur la véritable identité d’Émile Ajar : « Mais qui est donc cet Ajar ? » se demande le Tout-Paris. « Mon neveu Paul Pavlowitch », répond Gary, bien décidé à pousser jusqu’au bout la supercherie. Avec Pseudo, Gary reconstruit pièce à pièce toute la défense Ajar, avec la maîtrise implacable des pires machinations. Dans cette autobiographie du supposé Pavlowitch, Gary atteint son but : mettre fin aux rumeurs, duper la presse et régler un certain nombre de comptes avec… lui-même, où l’imposture poussée à son comble a pour effet de produire de l’authentique : « J’ai inventé de toutes pièces un Paul Pavlowitch dans le roman. Un délirant. J’ai voulu exprimer l’angoisse et je t’ai chargé de cette angoisse. Je règle aussi des comptes avec moi-même – plus exactement, avec la légende qu’on m’a collée sur le dos. »
Soleil productions Album cartonné 1996 Trois volumes in-4 (23 x 32 cm.), album cartonné, couverture illustrée, 1. Celui qui cherche (48 pages), 2. Le souffle des légendes (49 pages), 3. Au coeur du verger (56 pages), vignettes couleurs, édition originale ; quelques pages un peu collantes, coiffes à peine frottées, menus incidents aux plats, très bon état. Livraison a domicile (La Poste) ou en Mondial Relay sur simple demande.
Denoël Cartonné avec jaquette 1988 In-4 (23,3 x 31,4 cm), cartonné avec jaquette, 128 pages, photographies en noir et blanc ; bord supérieur de la jaquette frotté et petite déchirure sans manque en queue, par ailleurs bon état. Livraison a domicile (La Poste) ou en Mondial Relay sur simple demande.
Institut CDC pour la recherche dos carré collé sous jaquette 2012 In-8 (17 x 24 cm), dos carré collé, 287 pages ; trois petites déchirures sur les bords de la jaquette, par ailleurs bon état. Livraison a domicile (La Poste) ou en Mondial Relay sur simple demande.
Chêne Broché 1974 In-4 (25,5 x 25,3 cm), broché, non paginé, photographies en noir et blanc ; bord latéral des plats recourbé, quelques petites brunissures sur les plats, par ailleurs intérieur frais, assez bon état. Livraison a domicile (La Poste) ou en Mondial Relay sur simple demande.
Soleil Le Matin des suaires brulés Cartonné 1994 In-4, (23x32.5 cm), album cartonné, couverture illustrée, 48 pages, vignettes en couleurs, édition originale, dédicace illustrée ; plats à peine défraîchis, bel état. Livraison a domicile (La Poste) ou en Mondial Relay sur simple demande.
Pointe noire Album cartonné 2002 In-4, (31x24 cm), album cartonné, plats illustrés en couleurs, 48 pages, vignettes en couleurs de N'Karna, dédicace illustrée de N'Karna ; coins et coiffes légèrement frottés, bon état général. Livraison a domicile (La Poste) ou en Mondial Relay sur simple demande.
The university of Chicago press Cartonné avec jaquette 2009 In-8 (16 x 23,6 cm), cartonné avec jaquette, 190 pages, texte en anglais ; quelques traces sur la jaquette, par ailleurs bon état général. Livraison a domicile (La Poste) ou en Mondial Relay sur simple demande.
ASSOCIATION CATHARSIS Dos carré collé 2008 In-8 (14 x 20 cm), dos carré collé, 218 pages ; petit choc et légère pliure au premier plat, par ailleurs bon état. Livraison a domicile (La Poste) ou en Mondial Relay sur simple demande.
Soleil productions Album cartonné 1996 In-4 (23 x 32,2 cm), album cartonné, 49 pages, édition originale ; frottements au quatrième plat, par ailleurs bon état général. Livraison a domicile (La Poste) ou en Mondial Relay sur simple demande.
Könemann Cartonné avec jaquette In-folio cartonné sous jaquette illustrée, 511 pages, importante iconographie couleur ; petits défauts à la jaquette, bon état. Livraison a domicile (La Poste) ou en Mondial Relay sur simple demande.
Flammarion Cartonné avec jaquette 2006 In-4 (25,5 x 33 cm), cartonné avec jaquette, 384 pages, iconographie en couleurs ; petite déchirure sans manque et éraflure au quatrième plat de la jaquette, par ailleurs bon état général. Livraison a domicile (La Poste) ou en Mondial Relay sur simple demande.
Clarendon Press Cartonné avec jaquette 1985 In-8 (14,5 x 22 cm), cartonné avec jaquette, 304 pages, texte en anglais ; quatrième plat de la jaquette jauni, par ailleurs bon état général. Livraison a domicile (La Poste) ou en Mondial Relay sur simple demande.
Presses de la Cité Broché 1986 In-8 broché, couverture illustrée, édition originale, à l'état de neuf Livraison a domicile (La Poste) ou en Mondial Relay sur simple demande.
Script d'auteur et version finale, avec corrections autographes. [Paris, novembre-décembre 1970]. 1 script (215 x 275 mm) de 150 f., chiffrés 1 à 148. En feuilles. Script d’auteur et version finale avant l’impression du scénario définitif. Le scénario et les découpages techniques sont entièrement écrits par Romain Gary, avec une trentaine de corrections autographes qui jalonnent le document. Il provient du fonds Gary cédé au Musée des lettres et manuscrits et l'on retrouve sa trace lors de la vente Artcurial qui a dispersé l’ensemble des livres et manuscrits de cet ensemble (Paris, 2020, n° 446) .
Le scénario et les découpages techniques sont entièrement écrits par Romain Gary ; il s'agit ici de son propre exemplaire, enrichi de diverses photographies du film. On ignore le nombre d'exemplaires qui a été fait de ce screenplay, rédigé tout en anglais - la faute à une production internationale, sous la gouverne d'Alexander Salkind, un producteur franco-mexicain d'origine russe qui connaîtra gloire et fortune six ans plus tard en produisant les trois volets de Superman. Pour l'heure, ce sont James Mason, Stephen Boyd, Curd Jurgens, Jean Seberg et Henri Garcin qui sont convoqués et à qui l'on va demander des supers-pouvoirs pour faire du film une réussite. La (mince) trame ? Une jeune femme, Emily (Jean Seberg), jeune épouse d'un haut fonctionnaire d'Interpol, est perdue à des kilomètres de toute civilisation, qui doit son salut à l'intervention de Killian (Stephen Boyd), un homme prêt à tout pour réduire à néant un gang de trafiquants de drogue. Une véritable guerre dans laquelle il implique Emily, propulsée malgré elle dans un monde de violence et de corruption qui lui fera comprendre que son mari n'est pas vraiment le policier incorruptible qu'il semblait être... Le film fut tourné au cours de l'hiver 1971, dans deux villes d'Espagne, Madrid et Alicante. Romain Gary est aux commandes, avec Jean Seberg en vedette. La première eut lieu à Marseille le 19 janvier 1972. Il sortira en salle également sous les titres de Police Magnum et aux États-Unis Kill kill kill. Disons-le clairement, le film n'est pas un chef-d'oeuvre, très loin de Les oiseaux vont mourir au Pérou. La critique n'est pas tendre avec Gary : « Le problème de la drogue est un problème grave et Romain Gary un homme sérieux. Que ce romancier de talent, ancien diplomate, journaliste et cinéaste à ses heures (Les oiseaux vont mourir au Pérou), ait entrepris de dénoncer à l'écran les responsables du plus ignoble des trafics nous paraissait de bon augure [...]. Mais [tant] de scènes érotico-exotiques, de poursuites motorisées, de mitraillages en série ravalent Kill au niveau des sous-produits du genre. Méli-mélo de poncifs, d'une confusion extrême, où se noie le réquisitoire annoncé et attendu » (Le Monde). Romain Gary, dans une interview donnée au même moment, tente de convaincre : « j'ai besoin de faire partager le dégoût que m'inspire la drogue et ses trafiquants. La première chose à faire est de donner aux gens le dégoût le plus total [...]. Donner une notion d'infamie. Pour moi, ce sont des nazis. Il faut que le public rie de leurs cadavres [...]. Sur le plan international, il n'y a pas de lutte d'action. Les gouvernements ne font pas ce qu'il faut pour produire des pressions légitimes sur les pays producteurs, par peur de perdre de clients sur d'autres pans économiques ». L'intention est louable, mais le résultat, d'un point de vue cinématographique, loin d'être convaincant. Le film fait un flop. « Romain mon amour, [...] Quand tu as réalisé le film, avec si peu d'aide de qui que ce soit autour de toi, c'était en partie dans le but de sauver ma vie. Au sens propre du terme. Personne - et surtout moi - ne pensait que je serais même capable de travailler à nouveau, que je serais à même de trouver les ressources psychiques et la force physique. Et tu savais que c'était une question de survie pour moi de trouver la discipline et la force de travailler à nouveau. » Jean Seberg écrit cette lettre après la sortie du film, après que Gary eut en effet tenté de lui donner une raison de se lever et de vivre. Le film n'arrangera rien, bien au contraire, et le couple divorcera l'année suivante.
Édition originale. Exemplaire poinçonné du service de presse. Belle réunion deux premiers volumes de Frère Océan, en service de presse et ex-libris de Maurice Druon. Paris, Gallimard, (27 septembre) 1965 et (11 mai) 1967. 2 vol. (140 x 205 mm) de 476 p., [1] et 1 f. ; 276 p. et [2] f. Brochés. Édition originale. Exemplaires poinçonnés du service de presse. Exemplaires de Maurice Druon.
L’amitié et le respect mutuel de Romain Gary avec Joseph Kessel pouvait difficilement faire autrement que de rendre possible une rencontre entre Gary et Maurice Druon. La bibliothèque de ce dernier contenait une partie des titres publiés par Gary entre 1965 – Pour Sganarelle formant le premier d’entre eux – jusqu’en 1977, avec Clair de femme. Il n’est pas anodin que le plus ancien livre de Gary soit ce Pour Sganarelle, c’est-à-dire un essai plus qu’un roman. « Contre le pré carré du Je, Pour Sganarelle annonce, dans l’ivresse, le dérèglement radical de toutes les identités qui n’a fait que croître jusque-là dans les textes de Gary et qui donnera ensuite naissance à La Danse de Gengis Cohn, La Tête coupable et Europa. Pour Gary, la posture de Sartre et de Robbe-Grillet va à l’encontre de ce qu’est réellement le roman, le faisant verser dans l’hypocrisie et une mauvaise foi toute traditionnelle qui n’a rien de celle, motrice et vitale, qu’il cultive chez ses personnages. Leur défense ‘de l’honnêteté et de l’intégrité du romancier’ n’est qu’une ‘pitrerie’, un ‘charlatanisme littéraire’, une ‘escroquerie littéraire’, une ‘infâme tartufferie’ (p. 39). Les thuriféraires de l’honnêteté sont en réalité des faux-monnayeurs. Gary « a trop le goût de l’imposture romanesque pour ne pas s’occuper de cette autre imposture qui s’effectue sous couvert de l’honnêteté intellectuelle » (Maxime Decout, « Des faux papiers en règle. À propos de Gary-Ajar », Raison présente, 2018/4, n° 208), p. 103-114). Belle réunion deux premiers volumes de Frère Océan, en service de presse et ex-libris de Maurice Druon.
Le premier "double" de Gary : envoi signé Paris, Éditions Siloé, (mars) 1980. 1 vol. (225 x 295 mm) de 199 p. Cartonnage éditeur et jaquette illustrée. Première édition française. Envoi signé : « À Romain [Gary], avec toute mon affectueuse admiration, Pierre ».
Rouve, de son vrai nom Pierre Ouvaliev, est un diplomate slave, né à Sofia, que Gary a aidé à s'exiler alors qu'il était en poste en Bulgarie. Il lui fait obtenir la nationalité britannique en 1948 qui lui permet de s'installer à Londres où il entame une carrière de scénariste et de producteur de cinéma : il sera notamment celui de Blow-Up, de Michelangelo Antonioni, en 1966. Passionné par l'oeuvre du peintre anglais, ce Turner - Etude de Structures est le seul ouvrage qu'il aura publié. Signalons qu'il est le frère d'une grande historienne de l'art moderne : Dora Vallier, spécialiste de Braque, du Douanier Rousseau, de Kandinsky, Mondrian et Malévitch. Elle quitta Sofia peu après son frère, en 1950, pour s'inscrire à l'Ecole du Louvre. Pierre Rouve est, vingt ans avant Paul Pavlovitch, le premier « vrai » double de Gary : en 1955, Gary prévoit de publier L'Homme à la colombe, d'abord en américain et de l'attribuer à un dénommé Jack Ribbons. Le projet cale, mais Gary, revenu en Europe, recherche un ami qui signerait une convention pour incarner un auteur corso-italien, Fosco Sinibaldi : c'est vers Pierre Rouve qu'il se tourne, lequel accepte de parapher le contrat d'édition à la place de Gary - mais en stipulant que sa photo ne figure pas dans le dossier de presse, et refusant de personnifier Sinibaldi face au public. Paul Pavlovitch prendra officiellement ce rôle quelques années plus tard.
Edition originale. Un des 60 exemplaires réservés au « Club de l'édition originale » sur pur fil. Envoi signé. Rare dans ce tirage et avec envoi. Paris, Gallimard, (24 juin) 1966. 1 vol. (145 x 205 mm) de 328 p. et [4] f. Broché. Edition originale. Un des 60 exemplaires réservés au « Club de l’édition originale » sur pur fil (n° 24). Envoi signé : « à tous [Les mangeurs d'étoiles], hommage de Romain Gary ».
« Les mangeurs d'étoiles », ce surnom donné aux Amérindiens de l'hémisphère sud consommant des plantes hallucinogènes, Gary l'applique aux personnes qui poursuivent un rêve : ici, l'irrésistible ascension et la chute d'un Indien cujon, Al Mayo, dictateur d'une république caribéenne, en quête d'un pacte avec le diable. Une transposition moderne du Faust de Goethe où les États-Unis jouent le rôle de Méphistophélès. Gary est particulièrement bien placé pour cela : le cadre géographique du roman lui est fourni lorsqu'il est nommé consul général de France à Los Angeles en 1961. Chargé d'une mission de remplacement, il prend trois mois durant la gérance de l'ambassade de France à La Paz, en Bolivie - il n'y avait plus d'ambassadeur depuis six mois et « cette vacance indisposait le dictateur du moment » (Myriam Anissimov, Romain Gary le caméléon, Denoël, 2004, p. 284). Il s'imprègne alors de cette atmosphère sud-américaine, à l'origine de deux nouvelles : « Les oiseaux vont mourir au Pérou » et « La plus vieille histoire du monde ». Ce sera le cadre de son roman, qui a alors pour titre Le Mangeur d'étoiles sous lequel il le recense encore parmi ses oeuvres dans le premier chapitre de Pour Sganarelle (1965). Dans une interview donnée à Pierre Desgraupes le 2 novembre 1966, Gary développe tout ce qu'il cherchait à y montrer ; et synthétise ainsi : « Goethe a franchement menti. La véritable tragédie de Faust ce n'est pas qu'il ait vendu son âme au Diable, c'est qu'il n'y a pas de Diable pour vous l'acheter. » Le titre forme le premier volet de La Comédie américaine, complétée en 1969 par Adieu Gary Cooper : l'un et l'autre avaient d'abord été publiés en anglais : sous les titres The Talent Scout en 1961 pour le premier et The Ski Bum en 1965 pour le second. Comme Lady L. trois ans auparavant, la traduction française a été établie par Jean Rosenthal avec le concours de l'auteur. Lorsque le roman est publié à Londres en 1961, il est présenté comme une traduction d'un certain John Markham Beach, qui se serait aussi chargé de la transposition en anglais de La Promesse de l'aube (Promise at Dawn). Un pseudonyme de plus à l'actif de Gary ! Bel exemplaire. Rare avec envoi sur un grand papier.
Édition originale et premier tirage (pas de grands papiers). Elle est anonyme, sans mentionner l'identité de Gary, révélée quelques semaines plus tard.Rare premier tirage - la couverture étant par la suite modifiée. Paris, Gallimard, (3 mai) 1974. 1 vol. (150 x 220 mm) de 289 p. et [1] f. Broché, sous couverture illustrée. Édition originale et premier tirage (pas de grands papiers).
Gary affabule et frelate avec malice le monde des Lettres dans une mystification à grande échelle : un avant-goût de la naissance d’Émile Ajar. Avec Les Têtes de Stéphanie, Gary ne se contente pas d’attribuer une œuvre à un faux auteur et invente bel et bien un écrivain complet avec un univers à part entière, important le mensonge de la fiction dans le réel : il crée à cette fin Shatan Bogat, et sa sulfureuse biographie : caché en Inde, ce journaliste américain aurait dénoncé le trafic d’armes dans un précédent roman, Seven Years in Fire. Qui aurait été couronné du prix Dakkan. Personne n’ira vérifier que n’existent ni le texte ni le prix. Pour accréditer la supercherie, le manuscrit est livré en anglais aux Éditions Gallimard, qui en donne une traduction. Or, Shatan Bogat est un individu exigeant : « quand il découvre la traduction de Gallimard, il décide de la reprendre. Comme il l’a déjà fait, Gary retraduit le livre et se demande s’il ne pourrait pas aller plus loin encore qu’avec John Markham Beach. Gary traducteur sera donc cette fois une femme : Françoise Lovat. Deux faux noms, un changement de genre, un changement de langue et une traduction : cela fait beaucoup pour un seul homme. Gary assume tous les rôles. » (Maxime Decout, « Des faux papiers en règle », Raison présente, n° 208, 103-114). Rare premier tirage, sans la vignette présentant le visage de Romain Gary.
Le premier livre publié de Romain Gary Londres, The Cresset Press, (décembre) 1944. 1 vol. (125 x 190 mm) de 172 p. Reliure toile éditeur, jaquette illustrée à rabats. Édition originale. Le premier livre publié de Romain Gary, traduit du français sur le manuscrit par Viola Gerard Garvin.
Forest of Anger, dont l'action débute en septembre 1942 et se termine au printemps 1943, est sans nul doute rédigé dans les mois suivants, c'est-à-dire de l'été à l'automne ou l'hiver 1943, quelques mois après le retour de Gary sur le sol britannique et son installation à Hartford Bridge, avec la RAF 324 Squadron base, celle du Groupe « Lorraine ». Le manuscrit - apparemment perdu - semble porter comme titre La Forêt engloutie - à mi-chemin donc entre le texte paru dans La France Libre, et le titre à venir de l'édition anglaise. Le premier lecteur fut Raymond Aron, au bureau de La France libre à Londres : « Je lus à Londres le manuscrit d'Éducation européenne de Romain Gary à qui je promis une grande carrière littéraire », plus de six mois avant sa publication. Le roman ne comportait alors que 31 chapitres, et pas d'épilogue, comme le démontre David Bellos (Le Malentendu, L'histoire cachée d'Éducation Européenne, Cahiers de l'Herne, 2005, p. 150- 168). Il ajoute : « pour traduire le texte du jeune aviateur français en juin-juillet 1944, la Cresset Press s'est adressée à une personnalité de taille dans le monde littéraire de Londres : Viola Gerard Garvin, la fille du directeur de l'hebdomadaire The Observer et elle-même responsable pendant de longues années de la rubrique littéraire de cet emblème de la gauche libérale anglaise. C'est dire l'importance accordée au manuscrit du lieutenant Kacew. Par ailleurs, Garvin était particulièrement qualifiée, puisqu'elle parlait plusieurs langues européennes, dont le polonais. Qualification obligatoire pour cette première version, comme on va voir (...) ». Titre rare et historique. La version française, d'après le manuscrit original, retravaillé par Gary, paraître six mois plus tard. Gary recevra, en septembre, le Prix des Critiques. Un manque restauré à la jaquette, au verso ; quelques usures.
Edition originale. Un des 22 premiers exemplaires sur vélin de Hollande. Reliure signée d'ALix. Paris, Gallimard, (24 juin) 1966. 1 vol. (135 x 205 mm) de 328 p. et [4] f. Maroquin rouge, dos lisse, titre doré, date en pied, tranches dorées sur témoins, doublures et gardes de box crème, couvertures et dos conservés, étui bordé (reliure signée de Alix). Edition originale. Un des 22 premiers exemplaires sur vélin de Hollande (n° 3).
« Les mangeurs d’étoiles », ce surnom donné aux Amérindiens de l’hémisphère sud consommant des plantes hallucinogènes, Gary l’applique aux personnes qui poursuivent un rêve : ici, l’irrésistible ascension et la chute d’un Indien cujon, Al Mayo, dictateur d’une république caribéenne, en quête d’un pacte avec le diable. Une transposition moderne du Faust de Goethe où les États-Unis jouent le rôle de Méphistophélès. Gary est particulièrement bien placé pour cela : le cadre géographique du roman lui est fourni lorsqu’il est nommé consul général de France à Los Angeles en 1961. Chargé d’une mission de remplacement, il prend trois mois durant la gérance de l’ambassade de France à La Paz, en Bolivie - il n’y avait plus d’ambassadeur depuis six mois et « cette vacance indisposait le dictateur du moment » (Myriam Anissimov, Romain Gary le caméléon, Denoël, 2004, p. 284). Il s’imprègne alors de cette atmosphère sud-américaine, à l’origine de deux nouvelles : « Les oiseaux vont mourir au Pérou » et « La plus vieille histoire du monde ». Ce sera le cadre de son roman, qui a alors pour titre Le Mangeur d’étoiles sous lequel il le recense encore parmi ses œuvres dans le premier chapitre de Pour Sganarelle (1965). Dans une interview donnée à Pierre Desgraupes le 2 novembre 1966, Gary développe tout ce qu’il cherchait à y montrer ; et synthétise ainsi : « Goethe a franchement menti. La véritable tragédie de Faust ce n’est pas qu’il ait vendu son âme au Diable, c’est qu’il n’y a pas de Diable pour vous l’acheter. » Le titre forme le premier volet de La Comédie américaine, complétée en 1969 par Adieu Gary Cooper : l’un et l’autre avaient d’abord été publiés en anglais : sous les titres The Talent Scout en 1961 pour le premier et The Ski Bum en 1965 pour le second. Comme Lady L. trois ans auparavant, la traduction française a été établie par Jean Rosenthal avec le concours de l’auteur. Lorsque le roman est publié à Londres en 1961, il est présenté comme une traduction d’un certain John Markham Beach, qui se serait aussi chargé de la transposition en anglais de La Promesse de l’aube (Promise at Dawn). Un pseudonyme de plus à l’actif de Gary ! Bel exemplaire.
Édition originale. Un des 20 premiers exemplaires sur vergé de Hollande.Exemplaire parfait d'un passionnant roman de Romain Gary. Paris, Gallimard, (7 mai) 1973. 1 vol. (150 x 220 mm) de 394 p. et [3] f. Broché, non coupé, sous chemise et étui. Édition originale. Un des 20 premiers exemplaires sur vergé de Hollande (n° 5).
Avec Éducation européenne et Europa, Les Enchanteurs est le roman de Romain Gary dont la dimension européenne est la plus évidente, et notamment la veine slave. Pour commettre ce roman dont l’action se déroule entièrement au XVIIIe siècle, Gary s’est abondamment documenté : il « lut de nombreux ouvrages datant du siècle des Lumières ou portant sur cette période. Outre les Mémoires de Casanova, ou de personnages comme Alexandre de Tilly, nous savons qu’il s’inspira particulièrement de La fille du capitaine de Pouchkine, un de ses auteurs favoris ; ainsi que du livre de Pierre Pascal La Révolte de Pougatchev. La solidité de ces références historiques et le talent de conteur de Gary donne à cette histoire un caractère fantastique » (Larat, Romain Gary, une trajectoire dans le siècle, II, p. 83). Il y met en scène la famille Zaga, des saltimbanques de Venise passés maîtres dans l’art de l’illusion, qui prédisent l’avenir ou soignent les maladies les plus incongrues : tous maîtrisent la comedia dell’arte à la perfection, celle que Gary jouera de main de maître l’année suivante puisqu’il publiera – un record – quatre titres sous les noms de quatre auteurs différents (François Bondy, Émile Ajar, Shatan Bogat et René Deville). Exemplaire parfait.
Édition originale. Un des 80 exemplaires sur vélin pur fil. Directement écrit en anglais, le livre sera non pas traduit, mais complètement réécrit en français cinq ans plus tard par Romain Gary. Mouillure claire à l'angle supérieur du premier feuillet, sinon, excellente condition. Paris, Gallimard, (6 mai) 1969. 1 vol. (140 x 205 mm) de 278 p. et [4] f. Broché, non coupé. Édition originale. Un des 80 exemplaires sur vélin pur fil (n° 99).
Directement écrit en anglais, le livre sera non pas traduit, mais réécrit en français cinq ans plus tard par Romain Gary. Le héros de ce portrait de la jeunesse américaine des années soixante, Lenny, ne croit plus aux valeurs de l’Amérique traditionnelle, sûre de son bon droit. Au Viêtnam, la guerre s’enlise et la protestation étudiante ne cesse de croître : « Tu veux que je te dise Lenny ? C’est fini Gary Cooper. Fini l’Américain tranquille, sûr de lui et de son droit, qui est contre les méchants, toujours pour la bonne cause, et qui fait triompher la justice et gagne toujours à la fin. Adieu, l’Amérique des certitudes. Maintenant, c’est le Viêtnam, les universités qui explosent, et les ghettos noirs. Ciao Gary Cooper. » Constat qui ne va pas sans quelque nostalgie de la part de l’auteur, qui aimait particulièrement Cooper et s’amusait à se comparer à lui : « je suis un mélange de Gary Cooper et de Rudolf Valentino, en mieux parce que j’ai les yeux bleus […] Voilà ! » Mouillure claire à l’angle supérieur du premier feuillet, sinon, excellente condition.
Traduction de Stuart Gilbert. Préface inédite de Romain Gary, qui rend hommage à un ami, rencontré dès 1945.C'est la seule préface à une oeuvre véritablement littéraire que Gary donnera. New York, Times Inc., 1962. 1 vol. (130 x 200 mm) de 269 p. Broché, sous couverture illustrée. Traduction de Stuart Gilbert. Préface inédite de Romain Gary.
Gary mentionnera Albert Camus dès 1945, dans une lettre adressée à Maurice Nadeau. Les deux hommes entrent vite en relation, malgré leurs éloignements géographiques constants. En 1947, Camus enverra à Gary La Peste, enrichi d'une dédicace faisant explicitement référence à Éducation européenne. Marqué par sa disparition en 1960, Gary acceptera de préfacer l'édition américaine du texte, réédité en 1962. Hommage d’une amitié forte, et méconnue, entre les deux hommes : « Il est très difficile, curieusement, de se rappeler les paroles d’amis disparus ; c’est qu’on ne fait pas trop attention quand ils sont présents. Je me souviens du sourire de Camus et de la gravité de son visage - les deux expressions se succédaient parfois en quelques secondes - bien mieux que de sa conversation. Je n’ai jamais fait grand cas des paroles, de toutes façons. Mais maintenant que sa voix s’est tue, les mots ne me font que mieux sentir à quel point elle me manque. Il me semble toutefois me rappeler qu’il disait… non en fait, rien de bien important. ‘Juste qu’il est des vérités qui valent qu’on meure pour elles, mais aucune qui vaille qu’on tue en leur nom.’ C’est alors qu’il écrivit La Peste. »