Garnier Frères, s.d. (1894), in-12, 541-36 pp, 3e édition, table alphabétique et analytique, catalogue Garnier (36 pp) in fine, broché, couv. lég. salie, bon état
Age ; Anaphrodisie sexuelle ; Aspermatisme ; Avantages du célibat ; Bâtards ; Castration ; Causes du célibat ; Célibat ; Célibataires ; Chasteté ; Concubinage ; Continence du célibat forcé ; Dangers ; Dépopulation ; Différences entre les sexes ; Diminution des mariages ; Divorce ; Effets ; Filles ; Folie ; Garçons ; Génie ; Hérédité ; Histoire du célibat ; Hygiène ; Impuissance anticipée. Danger du célibat ; Inconvénients ; Indications du célibat ; Jalousie ; Libertinage ; Maladies du célibat ; Mesures contre le célibat ; Onanisme ; Paresse ; Péril vénérien ; Prostituées ; Prostitution ; Prostitution : clandestine, masculine, officielle ; Pseudo-célibat ; Séparation causée par l'infécondité ; Stérilité ; Suicides ; Syphilis ; Veuvage. — "Dans son ouvrage “Célibat et Célibataires”, le docteur P. Garnier (1819-1901), spécialiste incontesté de la « question génésique », s'attache à montrer que l'artiste est un homme fait d'une autre pâte que le commun des mortels. Classé dans la catégorie des misanthropes, hypocondriaques et autres caractériels, l'artiste célibataire ne se satisfait ni du mariage, ni de la procréation. Fidèle au principe « on ne peut servir deux maîtres », l'artiste ne convole pas ou le fait après avoir d'abord épuisé son suc intellectuel, et Garnier de citer en exemples les noces tardives de La Fontaine et celles de Goethe. « Recommander la continence conjugale aux hommes voués au travail de l'esprit. Une maîtresse pourrait donc leur suffire et c'est ainsi que Sainte-Beuve en usait, dit-on, d'une manière intermittente tous les vendredis », souligne toujours Garnier. Obéissant au principe de la distribution de l'énergie, le docteur constate que « plus le pôle supérieur domine par son activité, plus le pôle inférieur ou génital perd de son énergie »". C'est ainsi que les génies sont de mauvais reproducteurs puisque « tous les efforts de virilité sont concentrés exclusivement dans leurs œuvres » et que « l'élévation de l'esprit en fait d'aussi mauvais générateurs que les idiots »". Le discours médico-philosophique s'ancre dans le code social au point de paraître plein de bon sens. Ainsi se constitue, par sanction implicite, une voix/voie du corps, sorte de fonds commun intériorisé par les individus, où les phénomènes physiques côtoient les observations morales. La version sociale de ces injonctions répercute des certitudes sur la nécessité de ménager sa cervelle, sur l'apparence physique de l'homme d'exception, en clair, toute une physiologie de l'homme de lettres, confortant ainsi l'implantation d'un discours qui n'a plus besoin d'être justifié..." (Françoise Grauby, “Le Corps de l'artiste. Discours médical et représentations littéraires de l'artiste au XIXe siècle”, 2001)