« J’espère que vous serez à Paris » déclare Fournier au critique, en espérant « qu’il vous sera permis de visiter mon exposition graphique. Vous verrez que je suis un peu primitif. J’ai d’ailleurs conservé intactes toutes mes illusions de l’enfance qui suit mes réalités. […] Katia Granoff * (galeriste et poétesse française d’origine russe, 1896-1989), expose ma peinture, à la suite du 9 au 23 janvier… ».
Longue et très intéressante lettre au critique, le remerciant pour ses "Portraits souvenirs" et la belle préface qui accompagne « Macédoine de Paris ». Il le félicite pour la qualité de ses textes admirables et toujours de qualité rare. Pour le remercier, il lui envoie son " Petit Charlot ", « une déjà vieille petite chose que j’ai mijotée bien avant d’oser l’écrire. Et aussi un rouleau qui est pour vous amuser : le règlement des "Phantomes et Satyres " du Palais de Fontainebleau. Le texte est une fantaisie de l’architecte en chef des palais nationaux… ». Il lui signale qu’il a envoyé selon ses recommandations, son livre "Cors de Chasse " à l’écrivain français Robert Mallet (1915-2002). Il ajoute que son livre est en cours de traduction en langue anglaise par un jeune poète, ce qui semblait impossible d’après son éditeur, Pierre Cailler. « En ce moment, "Cors de chasse" est en cours de traduction par un jeune poète anglais de 21 ans. Il soumet ses feuilles à ma femme et je crois que j’aurai une traduction parfaite. Ce que Cailler croyait impossible avec mon livre. J’y vais de ma peine aussi car ce jeune anglais ignore tellement de choses que je dois réellement l’initier à cette époque… ».
Longue et très intéressante lettre au critique d’art expliquant les raisons de son long silence occasionné par un excès de fatigue, lié à ses 2 dernières expositions. « Un coup de bambou carabiné, une vraie dépression nerveuse […] Et voilà pourquoi vous ne m’avez pas vu rue des mariniers et pourquoi je n’ai pas fait ce que j’aurais tant aimé faire : un dessin de votre paysage américain ». Il le rassure au sujet des poèmes qu’il a écrits et qu’il a envoyés à Blaise [Cendrars]. « Ne vous tourmentez pas pour ce qui n'a pas marché avec Blaise… Il le regrette car il était pris par le charme de ces poèmes. S’il ne vous a pas renvoyé votre texte sur votre chat c’est que j’espère lui faire q.q. chose avec vous. Il est charmant ce texte… ». Il poursuit concernant l’inauguration du monument Apollinaire, et a bien pensé à lui devant une devanture de photographe rue de Rennes. « J’ai toujours pensé avec effroi que nous assisterions à la fin d’une très belle époque et je crois hélas ! ne pas m’être trompé ». Enfin, il lui adresse la préface d’une exposition dont l’invitation est imprimée par Blaise, invitation « qui vous surprendra autant qu’elle m’a surpris pour qui connait le Monsieur. Et je vous copie cette autre invitation non moins significative. Voici : GALERIE MONTMORENCY 85 rue du Cherche midi. RENCONTRES Premier salon énumère la liste des membres du Comité de patronage de l’exposition, dont on relève les noms de Paul Belmondo, [Jean] Carzou, [Jean] Cassou, Cocteau, [Yves] Brayer, Mauriac…