Payot, 1923, in-12, 154 pp, broché, bon état
La question se pose comme en 1789, à l'occasion du déficit... — "La situation financière de la France préoccupe à bon droit les esprits réfléchis. Ce n'est pas que l'on ignore les moyens d'y porter remède mais la tâche est rude et exige, de ceux qui auraient le courage de l'entreprendre, beaucoup de caractère. C'est ce qu'a bien vu M. de Fels, qui, dans un récent ouvrage “Aurons-nous une Révolution ?” expose la situation présente de nos finances en cherchant les moyens d'y remédier. Le titre de son livre suggère un rapprochement. L'ancien régime a abouti, vers la fin du dix-huitième siècle, à une révolution, liquidation terrible d'un long passé d'abus et de désordre financier. Qn sait quelles en furent les causes. L'état lamentable dans lequel Louis XIV, en mourant, laissa les finances, fut aggravé, peu d'années après, par la crise qu'engendra la faillite du fameux système de Law. Dans la suite, pendant tout le dix-huitième siècle, la situation ne fit qu'empirer. Les contrôleurs généraux, pour la plus grande part incapables ou peu soucieux de l'intérêt général, usèrent des pires expédients, au jour le jour, sans s'inquiéter du lendemain, pour masquer un déficit croissant. En fait, le crédit public n'existait pas. L'Etat empruntait au moyen de combinaisons variées, par intermédiaires le plus souvent, faisant en outre argent de la vente des Offices. (...) M. de Fels ne croit pas que le Parlement en arrive à faire des économies sérieuses et assez durables pour améliorer la situation. (...) En dehors des économies jugées impossibles à effectuer, ou tout au moins insuffisantes, restent les impôts. C'est là encore une solution qu'écarte l'auteur. Car l'élasticité du contribuable a été éprouvée jusqu'à son maximum. Les impôts élevés contribuent à la vie chère. Les augmenter encore, ce serait courir le risque de faire diminuer leur rendement et créer un mécontentement général. (...) Ces solutions du problème financier étant considérées comme impraticables ou insuffisantes, M. de Fels propose une solution. Selon lui, l'Etat, propriétaire de biens fonciers, d'usines – les arsenaux – et de manufactures – allumettes, tabacs et poudres – et du réseau de chemins de fer, devrait diminuer l'énorme dette qui oppresse ses budgets en « réalisant » ses biens, en donnant à ferme à l'industrie privée l'exploitation de ses monopoles et de son réseau ferré. L'Etat se ferait payer en titres de rentes, et, en annulant ces rentes, diminuerait les crédits budgétaires affectés à leur service ; donc, diminuerait sa dette. Tel est le système présenté sous sa forme schématique. Le moyen est donc d'amortir le passif de l'Etat au moyen de son actif..." (André Liesse, Journal des débats, 21 août 1923)