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‎[Felix ARVERS] COURVILLE (Georges), éditeur (1887-1969). ‎

Reference : 58C29

‎Manuscrit autographe signé avec nombreux repentirs et corrections. 30 octobre 1950. 6 pp. in-4. ‎

‎Superbe manuscrit à propos des travaux littéraires du poète et dramaturge français Félix Arvers (1806-1850). Ce précieux document dresse tout d’abord une analyse pertinente sur la plus grande œuvre du poète « Le Sonnet », puis, nous offre ensuite une description de l’Homme intime et son entourage. « Il y a cent ans, le 7 Novembre 1850, mourait à l’hospice Dubois de Paris, où il était en traitement depuis quinze jours, le poète Félix Arvers, qu’une paralysie grave emportait prématurément à l’âge de quarante-quatre ans. Il était l’auteur d’une vingtaine de pièces, pour la plupart des comédies et vaudevilles dont quelques-unes écrites en collaboration. Deux de ses œuvres personnelles avaient été jouées au théâtre français : "La course au clocher", en 1839, et le "second mari" en 1841. Ni l’une ni l’autre, n’eut cependant sauvé son nom de l’oubli s’il n’avait laissé, de son œuvre purement poétique un immortel sonnet. Le fameux sonnet d’Arvers, " le sonnet du siècle" comme l’on s’est plu à le nommer, en son temps. Toute une génération l’a récité de mémoire, et certes, tous les lettrés le connaissent, de même beaucoup d’autres que la poésie trouvent sensibles et qui ont à leur portée quelque anthologie où le sonnet d’Arvers ne peut manquer d’être, le voici, pour tous ceux qui n’en ont plus un souvenir précis ou qui l’auraient oublié… ». Après avoir retranscrit l’intégralité du sonnet, Courville, s’intéresse à la source d’inspiration cachée du poète, Marie Nodier (la femme de lettres fille de l’écrivain Charles Nodier) et à l’Arsenal « Le chef-d’œuvre de poésie devint rapidement célèbre. Fréquemment cité, on en prit copie et on le récita avec ferveur. Il provoqua l’enthousiasme des salons de Paris en attendant de faire le tour de la France puis celui du monde. Des compositeurs tels que Bizet, Widor et d’autres s’en inspirant, ajoutèrent à sa popularité. Cet exemple d’amour sans espoir aux accents si purs toucha tous les cœurs, et l’on cherche pendant très longtemps, bien après la mort du poète, à savoir quelle pouvait être cette inconnue digne de lui avoir inspiré un sentiment aussi délicat et aussi profond. Quelques rares personnes de l’entourage du poète, les amis parfaitement discrets, surent seules à quoi s’en tenir. Pour tous les autres, le mystère demeurait impénétrable. C’est ce que l’auteur avait d’ailleurs sincèrement voulu, et c’est pour mieux dérouter la curiosité qu’il publia le sonnet en lui donnant ce sous-titre : "imité de l’italien". L’aveu engageait le lecteur à supposer une interprétation idéale sinon un plagiat complet […] Le sonnet d’Arvers est bien français d’inspiration et de création et le secret qu’il cachait en a été connu après la mort de celle qui en fut l’inspiratrice. Rappelons par plaisir son nom, c’est la très charmante, la très bonne Marie Nodier, la joie pure, le frais sourire des soirées du salon de l’Arsenal dont son père, Charles Nodier était l’incomparable esprit. Le souvenir de Marie Nodier s’illustre d’un beau titre " Notre Dame de l’Arsenal", surnom que lui donna, en témoignage d’amitié, Victor Hugo. Sa gracieuse jeunesse et sa noblesse d’ame sont évoquées dans les stances ailées et trois beaux sonnets d’Alfred de Musset. Et qui veut savoir, d’un autre ami de Marie, ce qu’étaient les hôtes, les invités, les fidèles, la gaité, la simplicité et l’esprit et la gloire du foyer de l’Arsenal, il lui suffira de lire les quarante-sept pages, étincelantes et ferventes, d’Alexandre Dumas qui servent d’introduction à l’une de ses œuvres "La femme au collier de velours ". Courville dresse ensuite un portrait biographique de Marie Nodier puis évoque la fin de l’Arsenal « Elle se sentait l’amie de tous que son père aimait et rassemblait, elle était leur sœur par sa jeunesse comme par les dons de son esprit qui l’avaient faite poète et musicienne. C’est sur l’album amical de Marie Nodier qu’Arvers, alors âgé de vingt-quatre ans, écrivit son immortel sonnet. Elle en eut la primeur. Devina-t-elle, ayant lu "ces vers tout remplis d’elle", qu’elle était cette femme qui les dictait ? Aucun témoignage ne permet de le supposer. Surtout qu’au moment où elle en reçut l’hommage, au début de 1830, elle allait devenir Madame Menessier. Elle avait dix-neuf ans et elle épousait un jeune fonctionnaire […] Mais un temps vint où Marie délaissa son piano des soirées dansantes de l’Arsenal, un berceau la retenait. Alors, peu à peu son absence fit de l’ombre. La jeunesse du cercle se dispersa, il lui semblait qu’un charme avait été rompu. Il devait l’être tout à fait quelques années plus tard, en 1844, quand le foyer de l’Arsenal cessa d’exister par la mort de celui qui en était l’ame, le bon Charles Nodier. Ce fut la dispersion complète de cette charmante et amicale pléiade intellectuelle…Mais le souvenir de l’Arsenal resta dans le cœur de tous. L’aimable mémoire de Charles Nodier devait être évoquée vingt-trois ans plus tard, dans un livre signé du nom de Madame Menessier-Nodier. Ce pieux et vibrant témoignage filial était aussi le livre du souvenir de Marie pour tous les amis de sa jeunesse du temps de l’Arsenal. Beaucoup n’étaient déjà plus dont Arvers et d’autres plus illustres, tels que, Musset, Eugène Delacroix, Alfred de Vigny .Celle qu’aucun d’eux n’oublie jamais devait survivre à tous. Marie Nodier vécut jusqu’à l’âge de 82 ans… ». Courville dédie la fin de son manuscrit aux derniers jours d’Arvers et confie quelques anecdotes. « Felix Arvers reste célibataire. C’est vers la fin de 1848 qu’il ressentit les premiers symptômes de la maladie qui devait abréger sa vie. Il dut malgré tout continuer d’écrire pour le théâtre. Mais bientôt, privé de mouvements, il lui devint impossible d’aller lui-même présenter la pièce qu’il venait d’achever. Un ami dévoué s’en chargeait, non toujours avec succès. Une certaine fois l’ami revint avec un refus : "on trouve lui dit-il, que ta pièce manque de mouvement. Je les admire tes bons hommes, répondit Arvers, paralytique, de mouvement ! De mouvement ! Si j’en avais, je ne les mettrais pas dans mes pièces, je les garderais pour moi ". La verve du vaudevilliste continuait d’aller. Elle devait persister jusque la fin lorsqu’Arvers se sentit très mal, il appela à son chevet un prêtre de ses amis. Celui-ci qui avait été son condisciple à l’école de droit, s’empressa de venir. Arvers se confessa à lui et, la confession terminée, quand son ami allait affectueusement le quitter, il le retint : " Ecoute ! Ecoute encore… j’allais oublier le plus gros péché de mon existence. Quoi donc ? fit le prêtre l’ait particulièrement inquiet, j’ai dit un jour beaucoup de mal de Charles X ". C’était vrai, mais c’était aussi à ce moment-là de la part d’Arvers, une ultime espièglerie de vaudevilliste, car il savait son ami un libéral fougueux. Rien d’étonnant, c’était l’Abbé Coquereau, un caractère d’ailleurs original… […] Arvers légua par testament à un de ses amis parisiens, ce qui lui restait de son patrimoine, environ 27000 Francs et divers manuscrits dont celui du sonnet que l’on a pu voir, en 1927, à l’exposition de la " jeunesse des Romantiques" organisée à la maison de Victor Hugo, Place des Vosges à Paris. Les obsèques d’Arvers furent célébrées modestement à l’église Saint Laurent, le 10 Novembre 1850. Il fut, selon sa volonté, inhumé au cimetière de Cézy dans l’Yonne, auprès de son père et de sa mère qui était morte à Paris en 1845.». Cet article sera publié dans le quotidien « Le courrier de l’Ouest » d’Angers, le 7 Novembre 1950. On joint une lettre dactylographiée signée du rédacteur en chef du journal, attestant du paiement des honoraires reçus par Courville pour la rédaction de cet article. ‎


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