<p>Aux XXe et XXIe siècles, la notion de personnage a fait l'objet de profondes remises en question, autant dans la pratique théâtrale que dans la critique. L’approche psychologique du personnage, défini comme la représentation cohérente d’un individu, être de fiction doté d’un caractère, de sentiments et dont le spectateur suivrait, comme dans un roman, l'histoire, est remise en cause dans cette étude consacrée aux deux plus grands auteurs de la comédie romaine, Plaute (255-184) et Térence (195-159). En effet, une des particularités de ce théâtre sans illusion est le phénomène métathéâtral : adresses directes au public, apartés, commentaires internes au dialogue sur le jeu des personnages, mises en relief des écarts et variations qu’impose le scénario hérité du modèle grec, autant d’éléments qui instaurent une connivence entre la scène et la salle, chacun étant bien persuadé qu’il ne s’agit là que d’une comédie. L’auteur voit dans ce phénomène un trait fondamental de la comédie romaine, pur jeu mettant en scène des personae (emplois) de convention, dans une construction sans référent réel dans la vie des Romains qui assistaient au spectacle, et située dans un monde grec artificiel. Cette analyse est mise en résonance avec les circonstances de la représentation à Rome, moment à part dans la vie de la cité, qui fait intervenir des histrions frappés d’infamie dont la parole est dépourvue d’efficacité. Allant au rebours de la conception habituelle qui faisait de la comédie romaine une imitation de la réalité offrant au spectateur une «tranche de vie«, cette étude, minutieuse et richement documentée, propose une vision nouvelle et convaincante du théâtre latin.</p> Paris, 2012 Belles Lettres 447 p., broché. 16 x 24
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