Longue et très importante lettre. Ses pensées sont partagées avec celles de son ami concernant le dernier paragraphe du « Manifeste de Saumur ». Il lui avoue qu’il ne parvient pas à concilier le texte de la motion sur le débat idéologique et le paragraphe en question. « Il y a, il me semble, contradiction, étant donné que, d’une part on réserve et on maintient à l’étude en question que, d’autre part, on tranche par ailleurs. Ce n’est pas moi qui attache une particulière importance au manifeste, c’est : 1° l’ensemble des ligueurs et 2° le grand public. ». Il considère que les décisions qui y sont inscrites font autorité jusqu’au congrès suivant et lui conseille d’écrire et de publier au plus tôt leur travail, « contre l’idée de non-violence absolue […] Ce malencontreux paragraphe a créé, au sein de notre ligue, un malaise inquiétant. Beaucoup de nos amis me demandent et se demandent si la ligue n’est pas devenue une association Tolstoïenne, Gandhiste ou Chrétienne ( ?). Croyez moi : il n’y a pas que les anarchistes qui firent leur adhésion au principe de la non-violence absolue ; il y a aussi bon nombre de socialistes, syndicalistes et sans parti (Je ne parle pas des communistes qui, sur ce terrain comme sur beaucoup d’autres, n’ont ni principes, ni doctrine ou plutôt en changent sans cesse) ». Enfin, il ajoute, concernant sa démission en tant que membre du comité d’honneur, qu’elle n’a pas d’importance. « Elle n’a que celle que je lui attribue personnellement. Je ne vous demande pas qu’elle soit rendue publique ; il me déplairait qu’elle le fût…».
Longue et importante lettre. Ses pensées sont partagées avec celles de son ami concernant le dernier paragraphe du « Manifeste de Saumur ». Il lui avoue qu’il ne parvient pas à concilier le texte de la motion sur le débat idéologique et le paragraphe en question. « Il y a, il me semble, contradiction, étant donné que, d’une part on réserve et on maintient à l’étude en question que, d’autre part, on tranche par ailleurs. Ce n’est pas moi qui attache une particulière importance au manifeste, c’est : 1° l’ensemble des ligueurs et 2° le grand public. ». Il considère que les décisions qui y sont inscrites font autorité jusqu’au congrès suivant et lui conseille d’écrire et de publier au plus tôt leur travail, « contre l’idée de non-violence absolue [...] Ce malencontreux paragraphe a créé, au sein de notre ligue, un malaise inquiétant. Beaucoup de nos amis me demandent et se demandent si la ligue n’est pas devenue une association Tolstoïenne, Gandhiste ou Chrétienne ( ?). Croyez moi : il n’y a pas que les anarchistes qui firent leur adhésion au principe de la non-violence absolue ; il y a aussi bon nombre de socialistes, syndicalistes et sans parti (Je ne parle pas des communistes qui, sur ce terrain comme sur beaucoup d’autres, n’ont ni principes, ni doctrine ou plutôt en changent sans cesse). Enfin, il ajoute, concernant sa démission en tant que membre du comité d’honneur, qu’elle n’a pas d’importance. « Elle n’a que celle que je lui attribue personnellement. Je ne vous demande pas qu’elle soit rendue publique ; il me déplairait qu’elle le fût...».
Longue et très intéressante lettre. Il exprime tout d’abord ce qu’implique pour lui, l’adhésion à un parti. « Le soin que Blum apporte à souligner ledit caractère me confirme dans cette conviction – la mienne depuis de nombreuses années- que lorsqu’on adhère à un parti politique, on adhère en faveur de ce parti, de ses intérêts et de ses ambitions, une part de sa liberté […] on renonce à être soi-même, tant on craint de compromettre son parti par une manœuvre délicate et de provoquer le désaveu de ses collègues ». Il poursuit en indiquant qu’il ne pourrait pas assister à la réunion prévue vendredi à la Ligue. « Il s’agit, me dit Humbert de faire comparaître Bauchet devant le jury de la cour d’assises de la LICP (sic). » Etant profondément convaincu de l’intégrité de Bauchet, il témoigne un véritable soutien au militant pacifiste accusé. Il pense qu’Humbert prend certainement des rumeurs trop au sérieux et se doute que l’accusateur de Bauchet serait Gérin. Il lui écrit avec toute son émotion, « Je vous en supplie : n’attachez pas trop d’importance aux inquiétudes, aux chuchotements des ligueurs de Province, j’en ai entendu, moi aussi, de ces bruits qui naissent on ne sait où ni comment, qui par le fait même qu’ils sont mis en circulation, s’accrédite et peu à peu, prennent consistance et se transforment en accusations précises. Si vous avez des preuves, des faits détermineront des certitudes, n’hésitez pas ; accusez, affirmez. Mais si vous n’avez que des doutes, des appréhensions et même des présomptions, soyons modéré, voire indulgent. Exigez des explications, des justificatifs. […] Songez au coup mortel que porterait à la ligue que vous aimez et que tous nous aimons […] une rupture éclatante entre vous et Bauchet ». Emile Bauchet, en tant que militant pacifiste, fonda et présida la fédération calvadosienne de la ligue internationale des combattants de la paix (LICP). Il cosigna l’appel à la conférence nationale, contre la guerre, à Saint-Denis en Août 1935.
Très intéressante lettre à propos du Manifeste du Congrès de Saumur que son ami souhaite faire publier. Il refuse de faire paraitre cet article dans « Le Barrage », hebdomadaire de la ligue Internationale des Combattants de la Paix (1934-1939). Il s’en explique et justifie les raisons de sa contestation au sujet du dernier paragraphe, insistant sur le caractère primordial de conserver une unité au sein de la ligue. « Je suis trop attaché à la cause de la paix et au développement de notre ligue et au succès du Barrage pour m’exposer à provoquer un désaccord aigu entre les ligueurs syndicalistes, révolutionnaires ou anarchistes et les ligueurs qui ne le sont pas […] Seulement, je me fais, par mon silence, apparaitre comme donnant mon approbation au dit paragraphe qui condamne d’une façon générale toute action insurrectionnelle, toute tentative révolutionnaire par la violence, et, dans les circonstances actuelles, désavoue et rejette l’admirable résistance de nos frères d’Espagne, aux entreprises criminelles de Franco. ». Enfin, en post scriptum, il lui précise qu’il adresse sa démission à Charpentier, comme membre du comité d’honneur.