XVIIIe Sans lieu ni date [début XVIIIe]. Manuscrit in-folio (238 X 356) veau blond glacé, armes dorées sur les plats dans un large encadrement de triple filet à froid, dos six nerfs, caissons dorés ornés aux petits fers, dentelles et roulettes en queue, pièces de titre maroquin rouge et ocre, coupes et coiffes ornées, tranches marbrées (reliure de l’époque); (1) f. blanc, 211 feuillets numérotés rédigés recto-verso, (2) ff. blancs. Ex-libris manuscrit et deux cachets anciens en tête et en marge du titre. Quelques épidermures sur les plats, sans gravité.
IMPORTANT MANUSCRIT HISTORIQUE, POLITIQUE ET RELIGIEUX SUR LA CENSURE DE LIBELLES JÉSUITES publiés sous le règne de Louis XIII, dans le contexte de la guerre de trente ans et du conflit de la Valteline, en Lombardie. Ce manuscrit s'inspire de l'affaire des libelles publiés par les jésuites André Eudaemon-Jean et Jacques Keller en 1625 et 1626 et de la censure qui en suivit, rédigée par Léonor d'Estampes de Valençay (1589-1651), évêque de Chartres. COMPOSÉ AU DÉBUT DU XVIIIe siècle, ce mémoire est rédigé à l'encre brune d'une écriture large, très lisible, en grande partie en français; il est constitué de cinq parties distinctes formant 421 pages au total. La première partie traite de la publication des libelles et de leur retentissement (ff. 1 à 5); la deuxième partie donne un extrait en latin du libelle "Admonitio ad regem" (ff. 5 à 10); la troisième partie, en latin, s'intéresse à la censure de l'évêque de Chartres (ff. 11 à 40); la quatrième partie reproduit le manifeste rédigé par l'Évêque de Chartres au sujet de la Censure qu'il a publiée au nom du clergé en 1626(ff. 41 à 191) ; enfin la cinquième et dernière partie reprend les procédures faites contres les jésuites ainsi que d'autres sentences et déclarations diverses, dont quatre feuillets rédigés en latin (ff. 192 à la fin). DE VIOLENTS LIBELLES DIRIGÉS PAR LES JÉSUITES CONTRE RICHELIEU : ce manuscrit rapporte par le détail l'affaire des libelles dirigés en 1625 par les jésuites contre la politique de Richelieu, jugée trop favorable aux protestants. Il s'agit très exactement des livres intitulés "Mysteria politica" et "Admonitio ad regem Ludovicum christianissi", dans lesquels les jésuites prétendent notamment démontrer qu'en s'engageant dans la guerre de la Valteline, en Lombardie, la France a fait une alliance honteuse et impie avec les protestants, et entrepris une guerre contre les catholiques qu'elle ne pouvait continuer sans risquer de détruire la religion. Au tout début des années 1620, la France reprend en effet une politique active d'hostilité à la maison d’Autriche et renoue son alliance avec les Provinces-Unies. L'action de la France peut ainsi être jugée ambiguë et louvoyante, car bien que surveillant avec méfiance l'encerclement du royaume par les territoires soumis aux Habsbourg, le cardinal de Richelieu n'hésite pas à soutenir ou à s'allier aux princes protestants pour contrer la maison d'Autriche, tout en souhaitant rester le champion du catholicisme et de la chrétienté contre les Turcs et en combattant les protestants en France. LES DÉBUTS DE LA GUERRE DE TRENTE ANS : à partir de 1618 paraît devoir se trancher en Europe centrale la querelle séculaire entre le catholicisme romain et l'hérésie. La victoire de la Montagne blanche (1619) semble inaugurer une ère de reconquête catholique. Dans ce combat à l'échelle de l'Europe, le cas français avec la cohabitation admise entre catholiques et protestants garantie par l'Édit de Nantes, fait figure d'exception dénoncée par certains milieux romains et, en particulier, certains jésuites. Depuis la conversion d'Henri IV au catholicisme, les confesseurs du roi sont tous jésuites. En 1624-1625, au moment où Richelieu entre puis s'impose au conseil du roi Louis XIII, le dynamisme et la prospérité de la Compagnie de Jésus en France vient donc heurter de front des intérêts religieux et extra-religieux. C'EST AINSI QUE LES JÉSUITES VONT DEVENIR L'OBJET D'UNE SÉRIE DE PERSÉCUTIONS VISANT À AMOINDRIR LEUR INFLUENCE. Ils réagissent en publiant clandestinement des pamphlets, dirigés contre la politique étrangère de la France et contre son nouvel acteur principal, le cardinal de Richelieu. Vite écrits, vite publiés, ces pamphlets, écrits en latin, "Mysteria Politica" et "Admonitio ad regem" dénoncent les alliances protestantes de la France, le second allant jusqu'à menacer le roi d'excommunication s'il s'obstine dans cette voie. Immédiatement ces libelles furent attribués aux jésuites. Le Parlement, la Sorbonne, l'assemblée du clergé se mirent en branle et l'un après l'autre condamnèrent ces textes. LE FAIT LE PLUS SIGNIFICATIF est que, dans cette affaire, le pouvoir politique utilise et soutient les gallicans radicaux, encourageant la préparation des censures les plus dures contre ces textes. LA CENSURE DES LIBELLES PAR L'ÉVÊQUE DE CHARTRES. Fidèle de Richelieu, Léonor d'Estampes de Valençay (1589-1651), évêque de Chartres de 1620 à 1641, est chargé de rédiger la censure de ces libelles; il va ainsi jouer un rôle important dans les Assemblées du clergé de 1625. L'Église ayant en effet besoin de la protection du roi, en particulier de sa protection militaire, la première Assemblée du clergé souscrit les rapports financiers entre l'Église et le roi. Les versements de l'église pour l'extinction de la dette publique sont supposés s'achever avec son apurement. C'est la nécessité de contrôler cet apurement qui fournit le prétexte aux assemblées de se réunir et au roi de leur accorder le droit de le faire. Durant l'assemblée de 1625, Monsieur de Chartres tient la plume de façon décisive en défendant l'autorité absolue du roi face à Rome, et prône donc des positions très fermement gallicanes. En dressant la censure des "Mysteria Politica" et de l’"Admonitio ad regem", Monsieur de Chartres sera désavoué par l'Assemblée, certains évêques en blâmant la rédaction, mais sa censure fut maintenue par plusieurs arrêts du parlement. C'EST DONC CETTE BATAILLE D'INFLUENCES, ENTRE LES JÉSUITES ET L'ÉGLISE ROMAINE D'UNE PART, ET LE POUVOIR ROYAL EN FRANCE, représenté par le roi Louis XIII, son ministre Richelieu et l'Evêque d'Estampes d'autre part, qui est relatée ici dans ce mémoire. EXEMPLAIRE AUX ARMES de Charles-François de CHÂTEAUNEUF DE ROCHEBONNE (Lyon, 1671-1740), qui assista au sacre de Louis XV et fut promu archevêque de Lyon le 6 février 1731. C'est très probablement lui qui fit copier au début du XVIIIe siècle ces pièces capitales pour l'autorité religieuse de l'époque, avant de les faire relier à ses armes. BEL EXEMPLAIRE en veau blond armorié. (Provenance: Bibliothèque de l'église abbatiale de Saint-Antoine-l'Abbaye (Isère) avec la mention manuscrite : «Ex Libris abbatiae S. Antonii Viennensis Catal. inscriptus anno 1740» – Cachet encre noire «G[rand] S[éminaire]» puis autre cachet encre bleue «Grand séminaire de Grenoble» - Bibliographie: Bardiche, Poussou et Tallon, "Pouvoirs, contestations et comportements dans l'Europe moderne", Presses de l’Université Paris-Sorbonne, 2005 – OHR, pl. 2400). NICE COPY. PICTURES AND MORE DETAILS ON REQUEST.
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