Paris, 1781-1784 7 pièces en un vol. in-8, veau fauve marbré, dos lisse cloisonné et fleuronné, pièce de titre cerise, encadrement de simple filet à froid sur les plats, simple filet doré sur les coupes, tranches rouges (reliure de l'époque). Dos frotté.
Intéressant recueil en apparence un peu décousu, mais dont la cohérence vient de ce que toutes les pièces (sauf celle de Voltaire) attestent d'une façon ou d'une autre de l'esprit de réforme affecté par les élites et qui commençait en ces années 1780 à bouleverser tant la Cour que la Ville. Les pièces portent en effet soit sur les imperfections de la condition féminine (pièces I, II & III), soit sur l'ordre judiciaire (VI), soit sur les rapports entre l'Etat et l'Eglise (V & VII).I. MIRABEAU (Honoré-Gabriel Riquetti de) : Conversation du comte de Mirabeau avec Monsieur le Garde-des-Sceaux de France, au sujet de son procès avec Madame son épouse, suivi du Testament de l'abbé Pommier. Paris, 1784, 39 pp. Mirabeau publia cette pièce à l'occasion du procès qui l'opposait à son épouse Émilie de Covet, fille du marquis de Marignane, suite de la demande en séparation introduite par celle-ci. Emilie espérait, en effet, obtenir l'annulation du mariage pour épouser son amant Louis-François de Galliffet. Mirabeau, qui ne prit pas d'avocat, se défendit lui-même. II. PROST DE ROYER (Antoine-François) : De l'Administration des femmes. Mémoire lu dans la séance publique de l'Académie des Sciences, Belles-Lettres & Arts de Lyon, le 3 décembre 1782. Extrait du Dictionnaire de jurisprudence et des arrêts. Genève, et se trouve à Paris & à Lyon, 1782, 53 pp.Dissertation sur les incapacités juridiques qui frappent les femmes en France, malheureusement souvent noyée sous un badinage guère rigoureux, mais l'auteur se montre favorable à une "émancipation".III. [GRIMOD DE LA REYNIERE (Alexandre-Balthazar-Laurent) :] Réflexions philosophiques sur le plaisir ; par un célibataire. Troisième édition. Revue avec soin, corrigée avec docilité, et augmentée de cinq ou six petits morceaux qui n'avoient point encore paru. Lausanne, et se trouve à Paris, chez l'auteur, la veuve Duchesne, Le Jay, Bailly, la veuve Esprit, Pichard, Petit, 1784, 136 pp. En fait, seconde édition à proprement parler, mais troisième tirage (l'originale de 1783 en connut deux différents). Le prétexte de l'ouvrage est bien connu : le volume fut mis en vente quelques jours après le fameux souper du 1er février 1783 que Grimod donna, dans l'hôtel particulier de ses parents, pour dix-sept invités. Ceux-ci s'attablèrent autour d'un catafalque, dans une salle tendue de noir, pour un festin de quatorze services de cinq plats chacun qui dura jusqu'à quatre heures du matin. La carte d'invitation avait été rédigée en forme de faire-part mortuaire. Les jours qui suivirent, le nom de Grimod était sur toutes les lèvres du Tout Paris. Rétif de La Bretonne prétendit que ce souper fut pour Grimod le moyen de faire connaître son premier livre, dans lequel il dissertait avec élégance sur le plaisir — "une sensation que l'on éprouve, mais que l'on ne définit pas" — et épinglait quelques travers parisiens en matière de mode, l'usage de "renfermer les filles jusqu'au jour de leur mariage" ou les nouvelles habitudes des jeunes gens qui sont "rarement gais" et rechignent à fréquenter la bonne compagnie.IV. VOLTAIRE : Mémoires pour servir à la vie de Voltaire, écrits par lui-même. Berlin, s.n., 1784, 80 pp. Bengesco II, 1642. Une des cinq éditions parues à la date de 1784, et vraisemblablement publiées toutes en Angleterre (l'adresse de Berlin n'est là que pour rappeler que Voltaire ne composa ces fragments autobiographiques qu'après sa sortie de Brandebourg et qu'ils portent beaucoup sur ses relations avec Frédéric). Si l'authenticité du morceau ne fait pas de doute, la date de composition est problématique (mais vraisemblablement de 1759), et les circonstances de la publication en 1784 (pourquoi cette date, six ans après la mort du Patriarche ? à partir de quel manuscrit, alors que l'original avait été brûlé par Voltaire lui-même ? etc.) carrément énigmatiques : on a soupçonné tour à tour La Harpe et le secrétaire Wagnière d'avoir dérobé des copies.V. Réforme du clergé. Par l'auteur du C.C. Conclue, décidée & imprimée en Sorbonne, & aggréée par le S.P. le Pape [sic]. S.l., 1783, 72 pp. D'inspiration assez fébronienne, cette pièce semble avoir été imprimée en pays germanique (Suisse ou Allemagne), et elle préconise des réformes radicales en matière de biens ecclésiastiques et de juridiction qui font penser aux tentatives joséphistes.VI. BRISSOT DE WARVILLE (Jacques-Pierre) : Le Sang innocent vengé, ou Discours sur les réparations dues aux accusés innocens. Couronné par l'Académie des Sciences & Belles-Lettres de Châlons-sur-Marne, le 25 août 1781. Berlin, et se vend à Paris, chez Defauges, 1781, VIII-69 pp. Edition originale peu communde l'un des premiers travaux de Brissot sur le droit criminel, matière qui l'occupa de 1780 à 1784, en dépit de son peu de goût réel pour l'apprentissage juridique auquel il s'était livré. Mais, tout acquis déjà à ses pensées de réforme, il proposa plusieurs aménagements pénaux qui finirent par passer dans la législation.VII. [BRISSOT DE WARVILLE :] L'Autorité législative de Rome anéantie, ou Examen rapide de l'histoire & des sources du droit canonique, dans lequel on prouve ses incertitudes, ses abus & la nécessité de lui substituer pour la discipline de l'Eglise, des lois simples, &c. S.l.n.n., 1784, [4]–73 pp. Edition originale (il y a une seconde édition à la date de 1791, à l'occasion de la condamnation de la Constitution civile). Autre exemple de la manie réformatrice de Brissot, donnée là dans un domaine en lequel il n'entendait évidemment rien. - - VENTE PAR CORRESPONDANCE UNIQUEMENT
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