Toulouse, Privat, 1979, gr. in-8° carré, 508 pp, 28 pl. de photos hors texte, 11 cartes et illustrations dans le texte, biblio, index, reliure pleine toile éditeur, jaquette illustrée, bon état (Coll. Univers de la France et des pays francophones). Edition originale, un des 4000 ex. numérotés tirés sur vélin spécial Estérel
Par Henri Enjalbert, Roger Béteille, Jacques Bousquet, Gérard Cholvy, Jean Delmas, Michel Labrousse, Nicole Lemaître, Pierre Loubière. — "Un ouvrage admirable, richement illustré, fortement pensé et savoureusement écrit sur l'Histoire du Rouergue. On découvre dans ces pages brillantes la haute culture de M. Henri Enjalbert, la profonde connaissance de cette terre qui l'avait vu naître, et des hommes qu'il appréciait et connaissait si bien." (René Pijassou, 1983) — "Henri Enjalbert dirigea pour Privat, à Toulouse, l'organisation et la rédaction d'une monumentale "Histoire du Rouergue" dans laquelle il ne se contenta point d'écrire les seuls paragraphes géographiques. Dans sa conception de la géographie, le présent s'interprète à partir du passé, et le géographe s'affirme, méthodologiquement, comme un historien." (Pierre-Yves Péchoux, 1983) — "Dans la série « Histoire des provinces » de la collection « Univers de la France et des pays francophones », dont il forme le quarante-quatrième volume, un solide ouvrage retrace l'Histoire du Rouergue, sous la direction de notre collègue Henri Enjalbert, Toulouse, Privat, 1979, 508 p. Le Rouergue présente une continuité assez rare parmi les provinces françaises, puisqu'il n'a pas connu de rupture sensible en 1789-1790, se transformant alors tout naturellement en département. Les véritables bouleversements ne se produiront qu'au XXe siècle, avec la saignée de 1914-1918, la modernisation des techniques, la transformation de l'économie agricole... et des mentalités. L'originalité de la province – et de l'ouvrage – se manifeste dès le premier chapitre : H. Enjalbert y mêle intimement la géographie et l'histoire en rappelant les grandes étapes de la « conquête du terroir ». L'arrivée des premiers pasteurs-cultivateurs se situe aux environs de 3 500 av. J.-C., et a laissé le plus bel ensemble de dolmens (un millier) et de statues menhirs (une soixantaine) de toute l'Europe; l'occupation des sols ne sera cependant complètement achevée qu'à la fin du Moyen Age. Au cours des siècles suivants, abandons puis reconquêtes du sol alterneront avec des succès divers. L'empreinte romaine (par M. Labrousse) se fera sentir au lendemain de la conquête césarienne : à côté du latin, qui semble avoir été parlé par la masse de la population, Rome a apporté un nouvel art de bâtir et un net progrès des techniques de la céramique, sans compter un réseau fluide et dense de routes permettant des relations nouvelles. Rodez, capitale politique, administrative, commerciale est alors en fait la seule ville de la région et possède un amphithéâtre, des thermes et un aqueduc. Les destructions, des renouveaux se succèdent jusqu'à la fin de la période carolingienne (J. Bousquet). Le premier comte titré, Richard, n'apparaît qu'en 1112, et les luttes privées pour la conquête du pouvoir ne cessent que pour faire place aux guerres « extérieures »... Mutatis mutandis, la même évolution se produit pour les abbayes : aux initiatives locales (Conques notamment) succèdent les prieurés venus « de l'extérieur », avec les rivalités entre les grands ordres – notamment entre Saint-Victor de Marseille et Cluny. Les luttes ne cessent pas à la période suivante (1150-1350) : la guerre entre les maisons de Toulouse et de Barcelone se termine par la crise albigeoise, la fin des comtes de Toulouse, et l'entrée du roi de France. L'implantation royale se fait de plus en plus pressante, et la guerre de Cent ans marquera la seconde moitié du xiv* siècle qui verra la fin du pouvoir régional, favorisant paradoxalement une certaine résurrection de la vie locale. Entre 1350 et 1561, l'atonie littéraire est en quelque sorte compensée par la splendeur artistique. Une « vitalité contrariée sous l'Ancien Régime », tel est le titre du chapitre consacré à la période 1562-1788 (par J. Delmas) : les violences de tout genre opposent les villes du Rouergue entre elles, puisque Rodez adhère à la Ligue, tandis que Villefranche demeure royaliste, et Millau calviniste. L'exemple des présidiaux (un à Villefranche en 1551, puis un autre à Millau en 1635, transféré chez les Ruthénois par la suite) qui passent de ville en ville est symptomatique de ces difficultés politico-administratives locales, même une fois la paix rétablie. Dans le même temps souffle le vent des réformes religieuses (par N. Lemaître) : une politique episcopale de purification et d'ordre ne semble pas avoir réussi à transformer les mœurs du clergé, tant séculier que régulier, encore que les curés soient dans l'ensemble « dignes et sages ». Le « choc révolutionnaire » (par H. Enjalbert) ne paraît pas avoir été plus violent dans le Rouergue que dans les départements voisins. Notons cependant les combats menés par les Chouans de Nasbinal, sous la conduite de Charrier, notaire et ancien député du tiers à la Constituante : les « patriotes » de Marvejols sont vaincus par les royalistes qui mettent ensuite en déroute une armée régulière (mai 1793)... mais Charrier n'osa pas exploiter son succès et fut finalement arrêté. Les chapitres suivants, qui abordent la période 1802-1914, sont également dus à la plume d'H. Enjalbert. Les guerres napoléoniennes grossissent sans cesse les besoins en effectifs des troupes : les insoumis sont nombreux, mais pourchassés ; les recrues se mutilent pour ne pas partir, mais sont sanctionnées. Au retour de Louis XVIII, les Ultras triomphent, mais l'affaire Fualdès (procureur, assassiné le 19 mars 1817) démontre à l'évidence que les passions politiques continuaient à diviser l'ancienne province transformée en département. Par la suite, ces mêmes passions se retrouvent – moins sanglantes ! – dans les confrontations électorales, d'abord entre conservateurs, puis entre conservateurs et républicains : ces derniers l'emportent pour la première fois aux élections du conseil général en 1881, se voient éliminés par le scrutin de liste des législatives en 1885... et prennent leur revanche en 1893. Cette période est marquée par un développement économique certain mais limité : à titre d'exemple, citons la production des fromages de Roquefort, qui passe de 250 tonnes en 1820 à 1400 tonnes en 1850, tandis qu'à cette même date, Decazeville emploie 3000 ouvriers, livre 2000 tonnes de rails, de tôles et de fers au commerce. La période suivante (en 1860, le duc Decazes quitte la compagnie) voit les crises, les grèves se multiplier : de 1878 à 1894, plusieurs milliers d'ouvriers quittent la région pour Paris, la Californie ou l'Argentine. Rarement la vie d'une province française a été retracée avec autant de bonheur, de lucidité, d'attachement... et de précision scientifique." (Jean Imbert, Revue historique de droit français et étranger, 1979)
Toulouse, Privat, 1981, gr. in-8° carré, 383 pp, 8 pl. de gravures et photos hors texte, 8 cartes et illustrations dans le texte, biblio, index, reliure pleine toile éditeur, jaquette illustrée, bon état (Coll. Pays et villes de France)
Par H. Enjalbert, J. Bousquet, R. Beteille, G. Cholvy, J. Delmas, A. Foucras, J. Jarriot, M. Labrousse, N. Lemaître.