Königsberg, , 1711. 2 parties en 2 vol. in-8 carré (17,5 x 21,5 cm) de (20)-1016-(1) pp. ; (4)-1111-(2) pp., caractères hébraïques et gothiques, veau brun, dos orné à nerfs, pièce de titre en maroquin rouge (reliure de l'époque).
Deuxième édition imprimée à Königsberg aux frais du roi Frédéric-Guillaume Ier de Prusse (« le Roi-Sergent », 1688-1740) à la demande des héritiers de l'essayiste allemand Johann Andreas Eisenmenger, mort sept ans plus tôt, en 1704. L'édition originale publiée à Francfort en 1700, avait suscité l'indignation des Juifs, qui avaient obtenu de l’empereur Léopold Ier (Vienne 1640-1705) la saisie de l'ouvrage et l'interdiction de le réimprimer dans les limites du Saint-Empire romain. « Un siècle et demi après l’intervention de Luther [avec son libelle Sur les Juifs et leurs mensonges, 1543], une nouvelle compilation d’arguments antijuifs paraît en Allemagne, due à un hébraïsant, Johann Andreas Einsenmenger (1654-1704). Son ouvrage, Entdecktes Judenthum (« Le Judaïsme dévoilé »), paru en 1700, de plus grande ampleur que le pamphlet de Luther, se présente comme une véritable encyclopédie antijuive [...] « Le Judaïsme dévoilé » est caractérisé par l’historien Helmut Berding comme « un ouvrage de référence de l’antijudaïsme aux débuts de l’ère moderne, où se trouvaient rassemblés tous les préjugés antijudaïques existant depuis le Moyen Âge ». L’historien Frank E. Manuel voyait dans l’ouvrage d’Eisenmenger l’acte de naissance de la « judéophobie scientifique ». [...] « Le Judaïsme dévoilé » d’Eisenmenger est par ailleurs devenu le modèle fondateur d’un genre littéraire antijuif : la dénonciation sur le mode du dévoilement ou du démasquage » (Pierre-André Taguieff, Aux origines du slogan "Sionistes, assassins !" in Les études du CRIF, n° 20).« Du temps des Teutoniques puis pendant encore assez longtemps après, les Juifs n’étaient pas autorisés à s’établir en Prusse. Mais, dans la seconde moitié du XVIIe siècle, l’Électeur se montra mieux disposé envers les marchands juifs, pourvu que leur nombre demeurât contrôlé et que leur présence fût profitable aux finances de l’État. Leur présence et la concurrence qu’elle pouvait entraîner demeurèrent mal acceptées de la population. Le plus souvent, les autorisations restèrent limitées dans le temps (par exemple pour des foires) et en nombre de bénéficiaires. Mais, peu à peu et discrètement, une communauté juive s’établit à Königsberg : en 1680, un lieu de prière lui fut autorisé dans la sauveté du Château, puis en 1703 un cimetière, ce qui entraîna la formation l’année suivante d’une confrérie chargée d’ensevelir les morts (Chewra Kaddischa). À cette date, il y avait environ 30 chefs de famille juifs, venus de Pologne et de Lituanie, mais quatre seulement ayant reçu un document (Schutzbrief ) reconnaissant leur droit à s’établir dans une ville où les autres n’étaient que tolérés. Dans la première moitié du XVIIIe siècle, c’est sous la protection électorale puis royale que s’organisa la communauté. En 1744, elle reçut son premier rabbin, Levis Epstein, venu de Grodno, et un hôpital fut créé, rapidement d’ailleurs enjeu de conflits internes. Elle reçut l’autorisation d’édifier une synagogue dans le faubourg méridional de la ville. Commencée en 1753, elle fut achevée trois ans plus tard. Dans les décennies qui suivirent se dessina de plus en plus une ligne de partage dans la minorité juive de Königsberg en fonction de l’attitude à adopter face aux Lumières et à l’intégration dans la société prussienne. Le phénomène avait commencé dans l’élite socio-culturelle de la communauté, représentée notamment par la famille Friedländer arrivée ici en 1718. Königsberg est, avec Berlin, un des lieux où la rencontre s’est effectuée entre le judaïsme et les Lumières. En 1779, lorsque Salomon Maimon se rendit à Königsberg, son vêtement et le fait qu’il parlait yiddish lui valurent d’être la cible des moqueries d’une partie de ses coreligionnaires. Au début du XIXe siècle, il y avait dans la ville, selon les sources, entre 650 et 900 juifs présents, soit entre 3 et 4 % de la population, seule une minorité de la minorité étant fortunée » (Chaline, Olivier « Königsberg, microcosme d'histoire prussienne », Histoire, économie & société, vol. 32, no. 2, 2013, pp. 97-108).Cachet ancien "Bibliothèque de Juilly" sur le titre ; ex-libris gravé non identifié "Hippocrates - Ex bibliotheca Cothenss… coll. med." non identifié (tome II). Petits accidents en tête et pied de dos, sinon très bon exemplaire en reliure d'époque.
Königsberg : 1711 Deux forts volumes grand in-8, (20)-1016-(1)-(4)-1111-(2) pages. Vélin de l'époque (sali).
Gardes volantes arrachées ; cernes roux ; manque de papier à l'angle supérieur de la page 1111, sans atteinte au texte. Seconde édition, posthume. La première, publiée aux dépens de l'auteur à Francfort en 1700, suscita l'indignation d'associations juives, qui obtinrent de l'empereur Léopold Ier la saisie de l'ouvrage, avec interdiction de le réimprimer à l'intérieur de l'empire. Les héritiers d'Eisenmenger, mort en 1704, plaidèrent leur cause auprès du roi Frédéric Guillaume Ier de Prusse, qui contourna l'interdiction impériale en faisant imprimer à ses frais une nouvelle édition en 1711 à Königsberg, situé en dehors des frontières de l'empire."Un siècle et demi après l’intervention de Luther [avec son libelle Sur les Juifs et leurs mensonges, 1543], une nouvelle compilation d’arguments antijuifs paraît en Allemagne, due à un hébraïsant, Johann Andreas Einsenmenger (1654-1704). Son ouvrage, Entdecktes Judenthum (« Le Judaïsme dévoilé »), paru en 1700, de plus grande ampleur que le pamphlet de Luther, se présente comme une véritable encyclopédie antijuive […]. Le Judaïsme dévoilé est caractérisé par l’historien Helmut Berding comme « un ouvrage de référence de l’antijudaïsme aux débuts de l’ère moderne, où se trouvaient rassemblés tous les préjugés antijudaïques existant depuis le Moyen Âge ». L’historien Frank E. Manuel voyait dans l’ouvrage d’Eisenmenger l’acte de naissance de la « judéophobie scientifique ». Dans Le Judaïsme dévoilé, Einsenmenger présente le Talmud non seulement comme une somme de doctrines antichrétiennes mais comme enseignant la haine du genre humain, tout en relançant les vieilles accusations médiévales : empoisonnement des puits, propagation de la peste, meurtres rituels d’enfants. […] Le Judaïsme dévoilé d’Eisenmenger est par ailleurs devenu le modèle fondateur d’un genre littéraire antijuif : la dénonciation sur le mode du dévoilement ou du démasquage." (Pierre-André Taguieff, "Aux origines du slogan « Sionistes, assassins ! »", in Les études du CRIF, n° 20)