Paris, Librairie Mondaine, A. Boeswillwald, s.d. (1889) 1 volume grand in-8 (25,7 x 17,5 cm) de XXII-494 pages. Nombreux portraits gravés. Reliure strictement de l'époque plein maroquin rouge vif, dos à nerfs richement orné aux petits fers dorés, plats décorés à la Duseuil, large jeu de roulettes et filets dorés en encadrement intérieur des plats, tête dorée, autres tranches non rognées, les deux plats de couverture conservés en parfait état. Boîte cartonnée à ouverture vers le haut (reliure de l'époque signée L. GRETZINGER). Superbe exemplaire, comme neuf. Intérieur parfait, immaculé, sur beau papier vélin. Édition originale. Exemplaire unique imprimé pour l'auteur sur papier vélin de cuve (non justifié). Exemplaire de l'auteur, relié pour sa bibliothèque par son relieur (Louis Gretzinger). On joint une carte autographe de l'auteur avec son nom en tant que membre de la Société des Gens de Lettres. Edouard Montagne (1830-1899) était romancier, librettiste, auteur dramatique et vaudevilliste français (surtout). D'abord économe de l'hôpital des Enfants, il devient journaliste et collabore au Mémorial diplomatique, au Figaro et à Gringoire. Ses pièces ont été représentées sur les plus grandes scènes parisiennes du XIXe siècle : théâtre des Délassements-Comiques, théâtre Beaumarchais, théâtre des Folies-Dramatiques, théâtre de l'Ambigu-Comique, etc. Montagne est aussi (et surtout) connu comme le délégué du comité de la Société des gens de lettres, auquel Octave Mirbeau s'affrontera lors de l'affaire Zola-Jean Grave, en août 1891. Nous comptons une vingtaine de pièces de théâtre écrites entre 1854 et 1880, dix romans publiés entre 1866 et 1893, un recueil de nouvelles publié en 1885, et cinq ouvrages dit d'érudition sur divers sujets. Son Histoire de la Société des Gens de Lettres est un ouvrage érudit, très complet et très estimé. Exemplaire relié pour l'auteur sur ses recommandations, en plein maroquin rouge, comme tous les ouvrages de sa bibliothèque que nous avons pu étudier. Louis Gretzinger, relieur à Paris, 45 rue de Sèvres, fut semble-t-il son unique artisan-relieur. Nous possédons plusieurs autres ouvrages reliés dans le même style à la même époque (dans les années 1875-1890). Les reliures de Gretzinger sont assez rares sur le marché et celles que nous avons sous les yeux démontrent un savoir faire de qualité, digne des Chambolle-Duru et autres Allô, relieurs à la même époque. Nous tenons à disposition des amateurs une petite étude que nous avons réalisée sur ce relieur méconnu. "Depuis décembre 1837, jour où Louis Desnoyers, alors directeur du Siècle, fonda la Société des gens de lettres, cette institution a rendu assez de services aux écrivains individuellement et, par suite, à la littérature en général, pour que tout ce qui se rapporte à son histoire soit utile à connaître, lorsqu'on s'intéresse au mouvement intellectuel contemporain. François (de Neufchâteau) avait bien, dès 1802, essayé de centraliser et de solidariser les efforts et les intérêts de la République des lettres, comme on disait encore, en fondant une Société en faveur des savants et des hommes de lettres, ouverte au public tout entier. Mais cette Société, institution de protection bien plus, que de confraternité et d'appui mutuel, dura peu. De nouveau, comme le disait Balzac, "notre famille littéraire s'en allait éparse dans les mille sentiers de la publicité; on a voulu la grouper, la constituer fortement, sagement, dans des conditions d'unité imposante. On a entendu créer un centre où les forts tendissent la main aux faibles, où les ressources de l'association vinssent en aide aux misères de l'isolement." Et l'on y a réussi. Sans être aussi convaincu que l'éminent auteur de la préface, M. Jules Claretie, que tout ce qui s'est fait dans la Société a été bien fait, et que les passions peu avouables, disons le mot, les vilenies de la nature humaine ne s'y soient de temps en temps fait jour, je reconnais hautement et avec tous qu'à ces réserves près, auxquelles n'échappe aucune institution humaine, l'oeuvre de la Société des gens de lettres est bonne et qu'il n'y a point d'exagération à dire qu'elle mérite bien de la patrie. Il y a plusieurs années déjà qu'une commission spéciale avait été nommée, au sein même de la Société, pour faire l'histoire de sa formation, de ses développements et de ses travaux. Mais des causes diverses, dans lesquelles la mort a été le grand facteur, avaient empêché cette commission de remplir sa tâche. Seuls, MM. Élie Berthet et Charles Joliet avaient individuellement taillé quelques pierres, amené à pied d'oeuvre quelques matériaux pour l'édifice projeté. La Société a donc choisi un délégué spécial, M. Montagne, pour compulser ses archives et rédiger, du moins, sa chronique. « C'est moins une histoire sans doute que des mémoires familiers que nous donne aujourd'hui M. Montagne, dit fort justement M. Clarétie mais combien de faits intéressants, combien de noms illustres ne rencontre-t-on point dans ces pages, échos des séances de nos comités. Ce livre valait la peine d'être publié il ajoute un chapitre à l'histoire littéraire de ce temps. Chapitre documentaire, où les faits sont classés à leur date et sans phrases par un annaliste scrupuleux. Ce livre est, on peut le dire, la collection des bulletins de notre grande, armée littéraire. Avec un profond scrupule et une conscience rare, M. Montagne les a réunis depuis longtemps et les publie aujourd'hui. C'est le don d'avènement qu'il offre, pour le cinquantenaire, à la Société maintenant solide et respectée. Ajoutons que de nombreuses gravures, suffisamment exécutées et bien venues, donnent les portraits ressemblants des membres les plus célèbres de la Société." (Bernard-Henri Gausseron, in Le Livre, Bibliographie moderne, livraison n°101 du 10 mai 1888). Splendide exemplaire de l'auteur et relié pour lui de cet important ouvrage documentaire.
Phone number : 06 79 90 96 36