S.l., 1789 in-8, [2] ff. n. ch., 129 pp., cartonnage Bradel de papier marbré, pièce de titre cerise en long ("Necker") (reliure moderne).
Unique édition de ce pamphlet qui semble n'avoir pour objet que des récriminations personnelles sur les pertes financières de son auteur. Fils d'un célèbre libraire de Lyon, Benoît-Joseph Duplain dit depuis 1787 "de Sainte-Albine" (1747-1794) abandonna très vite la succession de son père Benoît Duplain (mort en 1774) pour se lancer dans différentes affaires financières, toujours plus ou moins proches de l'agiotage pur et simple. Fondateur de plusieurs périodiques au début de la Révolution (dont les fameuses Lettres à M. le comte de B***), il commit l'erreur de se trouver mêlé, et de près encore, aux transactions des "Actions de la compagnie des Indes". Il fut guillotiné subséquemment le 9 juillet 1794. Un seul exemplaire au CCF (Lyon). Pas dans Martin & Walter. - - VENTE PAR CORRESPONDANCE UNIQUEMENT
Londres et Paris, chez les principaux libraires, 1789-1790. 7 vol. in-8 de 484, 384, 384, 380, 432 (mal chiffré 532), 432, 384 pp. demi-basane marbrée, dos lisse orné, tranches jaspées (relié vers 1820).
Importante collection de l'hebdomadaire puis bihebdomadaire fondé et intégralement rédigé par Joseph-Benoît Duplain de Sainte-Albine afin de suivre « pas à pas le génie de la Révolution, en la prenant dès le 12 juillet 1789 » date de la première livraison pour l'amener au 21 mars 1790. Fils et successeur du libraire de Lyon Benoît Duplain, Joseph-Benoît Duplain de Sainte-Albine fut nommé en 1787 conseiller du Roi en la chancellerie près le parlement de Nancy ; il prit alors le nom de Duplain de Sainte-Albine. Enrichi par l'édition de l'Encyclopédie, il liquida son affaire à Lyon et s'installa en 1780 à Paris pour se livrer à l'agiotage qui entraîna rapidement sa ruine. « Victime toute sa vie de la tyrannie des grands, de la cupidité et de l'injustice des autres » Duplain lança sous le voile de l'anonyme un périodique en forme de correspondance, deux jours avant la Prise de la Bastille dans lequel il voue « à l'exécration publique les Ministres ainsi que les gens en place qui depuis le règne de Louis XV jusqu'à présent, ont ruiné l'État ». Néanmoins, ses lettres ne sont pas exclusivement politiques : on y trouve des réflexions sur la littérature, des causes jugées devant les tribunaux, des nouvelles littéraires et étrangères, des pièces fugitives en vers, des nouvelles de l'Assemblée Nationale, des anecdotes, des comptes rendus de livres. L'auteur y mêle ses propres réflexions, des souvenirs mais aussi des notes abondantes sur l'histoire de la monarchie, surtout sur les ministres.« Violentes dénonciations de l'administration d'Ancien Régime, des "vizirs" et des "vampires", de l'Aristocratie. Dénonciation tout aussi violente de la licence du peuple, des maux de l'anarchie, appels à l'ordre, à la répression de l'insurrection de la multitude, à l'union autour d'un roi fort. Crainte d'une extension de la Révolution à l'étranger et d'un avenir sombre pour la France » (Rétat).Les Lettres à Monsieur le comte de B*** furent remplacés en mars 1790 par le Courrier extraordinaire, ou le Premier arrivé, supprimé après le 10 août 1792. Soupçonné de royalisme et impliqué dans la prétendue "conspiration du Luxembourg", Duplain fut arrêté en avril 1794 et condamné à mort par le Tribunal révolutionnaire. Il fut exécuté le 9 juillet 1794, âgé de 46 ans.Exemplaire sans les feuillets de titre des livraisons inclus dans la pagination (tomes I à III), sans les prospectus ni la dernière livraison du 28 (30?) mars 1790 (tome VII). Étiquettes anciennes contrecollées sur les dos. Dos passés et frottés, coiffes usées, mouillures éparses, des feuillets roussis (tome VI, feuillet Dd2 déchiré en marge sans perte de lettres).Hatin, 138 ; Martin et Walter, 881 ; Tourneux, II, 10264 ; Rétat, Les Journaux de 1789, 116.