DUHOURCAU (François), écrivain et historien français, lauréat du Grand prix du roman de l'Académie française en 1925 (1883-1951).
Reference : 80C29
Très belle et longue lettre où il est question en partie de l’explorateur français René Caillié. C’est en qualité de vice-président de « l’Association des Ecrivains Combattants de 1914 à 1918 » qu’il s’adresse à son « bien cher Maitre », alors secrétaire perpétuel de l’Académie française afin de lui soumettre les ouvrages de deux écrivains au prix de l’Académie. « Je me permets, en raison de la sympathie que vous voulez bien me témoigner, d’user d’une licence dont vous conviendrez que je n’ai jamais abusé : signaler à votre attention bienveillante deux volumes pleins de mérites et d’intérêt, pour un prix de l’Académie. 1- Le premier est La vie de René Caillié, par Oswald Durand (l’écrivain et poète haïtien d'expression française et créole, considéré comme le poète national d'Haïti). L’auteur est un administrateur colonial qui a obtenu, il y a trois ans, le 1er prix de littérature pour son volume Terre noire. La vie de René Caillié est dense, précise, émouvante. Elle présente au public français, un fils du peuple exemplaire qui a fait la grande chose d’être le premier Européen à entrer dans Tombouctou, pour réhabiliter le nom de son père, mort au bagne […] M. Oswald-Durand connait bien le sujet, étant gouverneur de la Mauritanie. Il est aujourd’hui chef du cabinet particulier du président de la République. Il est candidat au prix Sobrier-Arnould (prix annuel de Littérature décerné par l’Académie française, récompensant les deux meilleurs ouvrages en littérature morale et instructive pour la jeunesse). 2- Le second volume est jumelé en deux fortes plaquettes. Il est de poésies. "A l’ombre des châtaigniers (1933) et Aux Rythmes des solitudes (1938)". L’auteur en est un écrivain-combattant, Monsieur Auguste Huguet (le poète). Ce sont des poèmes classiques, substantiels, avec charme, bien sentis et bien pensés, dans le village d’un Moréas et d’un Guérin. Il est digne de considération ainsi que d’une récompense, me parait-il. ». Il poursuit en s’excusant de l’importuner et lui indique qu’il va lui faire parvenir us peu son dernier ouvrage « Dans une quinzaine, je me ferai pardonner cela par l’envoi d’une Jeanne d’Arc (chez Plon) (son ouvrage, "Jeanne d'Arc ou le Miracle français, préface de Jules Lemaître", paru en 1939 chez Plon), qui me semble-t-il vous devra plaire. Elle plaira aussi à Madame Goyau, à qui je vous prie de transmettre mes respectueux hommages, pour les belles pages très peu connues de Jules Lemaitre (l’écrivain et critique dramatique français) sur Jeanne que j’ai mise en guise de préface… ».
[René BAZIN] DUHOURCAU (François), écrivain et historien français, lauréat du Grand prix du roman de l'Académie française en 1925 (1883-1951).
Reference : 66C29
Très belle lettre. Il le remercie tout d’abord pour sa lettre reçue à propos de son ouvrage "Une sainte de la Légende dorée. Sainte Bernadette de Lourdes", (paru en 1933 chez Bernard et Grasset), puis lui confie un précieux témoignage que René Bazin lui avait fait. « Votre lettre me touche beaucoup : elle m’apporte le compliment qui répond à ma secrète pensée et de l’écrivain qui a le plus fait pour cette restauration religieuse et morale par les Saints, comme au Moyen-Age. Elle est aussi nécessaire qu’en ce temps-là, par suite de la barbarie, en tous ordres, diffuse ou envahissante. J’aimerais à rendre Bernadette aussi populaire que Jeanne pour qu’elle boute dehors l’affreuse et inepte scientisme, comme Jeanne a bouté hors de France les Anglais. Je ne sais pas si je reviendrai à l’hagiographie (l’écriture de la vie ou de l’œuvre d’un saint) qui n’est pas mon domaine. Vous savez que je n’en aurai pas plus peur que cette fois-ci, au cas où je m’en sentirai digne et capable. Cependant, c’est peu probable. Aussi pour vous témoigner mon affection et ma gratitude, je vais vous faire un cadeau (parceque vous pourrez mieux que moi l’utiliser). Je le tiens de René Bazin […] Il était l’ami d’enfance de ma mère, et je partais chez lui à Angers quand j’étais petit. Il n’était pas mon maitre intellectuel : je proviens, à parts égales, de Barrès et de Lemaitre, que j’accorde dans mon esprit et mon cœur, mieux qu’ils ne s’accordent dans la vie. Mais j’admire et j’aime cet Angelico littéraire, que je mets très haut, comme l’autre en peinture, et je ne me prive pas de faire honte à mes amis de lettres mécréants, qui se vantent de ne pas pouvoir lire une ligne de Bazin ! A son dernier entretien, il me dit donc : " François, je vous lègue un témoignage pour qu’un jour vous vous en serviez. Ma tâche est finie. Je revenais d’Angers à Paris lorsqu’au Mans, monta dans mon wagon l’évêque de Paderborn (L'archidiocèse de Paderborn est une église particulière de l'Église catholique en Allemagne. Érigé en 799, c’est un diocèse historique de Westphalie). Une tradition plus que millénaire relie le diocèse de Paderborn à celui du Mans, parceque l’évangélisateur et le premier évêque de Paderborn (je crois – vous vérifierez –FD) était lui-même issu du diocèse du mans. L’évêque et moi liâmes conversation. Et comme je lui disais mes craintes de la déchristianisation croissante des masses populaires par l’école athée, il me répondit "Soyez sans crainte. S’il est possible qu’en Allemagne, nous ayons à l’heure actuelle une masse fidèle plus compacte, moins disloquée (ce serait à voir de près – FD), il y a une hauteur où les âmes catholiques allemandes ne vont pas : Nous ne produisons pas de Saints : cela est réservé à la France… ».