L'Harmattan, 1993, in-8°, 180 pp, préface de Jean Suret-Canale, broché, bon état, envoi a.s. (Coll. Mémoires asiatiques). On joint la photocopie d'une lettre de l'auteur à son éditeur
Ce livre est d'abord un témoignage historique sur la colonisation française en Indochine et sur l'esclavage de milliers de travailleurs annamites "engagés" dans les plantations et les mines des colons en Mélanésie. L'auteur y partagea leurs luttes et contribua à leur organisation syndicale et politique. Mais il s'agit aussi du témoignage personnel d'un homme né dans la haine des colonisateurs français et pourtant attiré par la culture française et son humanisme. - "L'histoire du colonialisme dans sa réalité est loin d'être achevée. Des pans entiers de cette exploitation particulière et singulièrement cruelle de l'homme par l'homme restent encore inexplorés. Dong Sy Hua, né en 1915 près de Hué, soulève un coin du voile avec son livre. Sur la base de ses propres souvenirs et d'une expérience militante particulièrement riche, il nous donne un récit dont les péripéties inédites éclairent d'une lumière crue la réalité du colonialisme français. Les crimes dont il a été témoin - et victime - ne l'ont cependant pas conduit à un certain nihilisme simplificateur. Il dédie son livre «à Jeanne Tunica, cévenole, héroïque défenseur des faibles et des opprimés, des îles des mers du Sud, aux antipodes, dans le Pacifique austral - à mes amis français de tous âges, de toutes conditions, de tous bords, anciens et nouveaux, connus et inconnus, qui m'ont aidé à découvrir les Français et la France de toujours, à me «décoloniser» et à me débarrasser de la haine qui me rongeait depuis près d'un demi-siècle». Il n'est pas sans intérêt de constater que, parmi les «amis» à l'origine de si hautes pensées, il y a les communistes français. Il n'est pas sans intérêt de lire dans l'ouvrage de Dong Sy Hua qu'il adhéra lui-même au Parti communiste à la suite de l'attentat dont avait été victime Jeanne Tunica, le 22 mai 1946, à Nouméa. Jeanne Tunica était la fondatrice du mouvement communiste en Nouvelle-Calédonie. Elle soutenait, avec l'aide des députés français, notamment Henri Lozeray et Gabriel Citerne, les droits et les revendications des Kanaks. Persécutée, sa maison dynamitée, elle dû se réfugier en Australie. Les militants qui avaient pris sa relève furent expulsés les uns après les autres. Le livre de Dong Sy Hua, qui dépeint avec une foule d'informations inédites la situation dans les plantations et les mines de Mélanésie (Nouvelles-Hébrides, aujourd'hui Vanuatu et Nouvelle-Calédonie) où des milliers de Vietnamiens avaient été transplantés, apporte sur la grande figure de Jeanne Tunica d'émouvants détails. Dans une substantielle préface, Jean Suret-Canale s'en prend à juste titre au «courant révisionniste» (en fait falsificateur, tout comme celui qui tente de réhabiliter les nazis et leurs associés) (qui) s'emploie depuis quelques années, avec le concours de plusieurs maisons d'édition, à remettre à la mode «l'épopée coloniale»." (Pierre Durand, L'Humanité)