Paris, Delaroque Aîné, Libraire du Ministère des Affaires Étrangères, 1866. In-4, (2) ff. -XVII(1), 537(1) pp., (1 f.), demi-basane brune, dos à nerfs encadrés à froid, orné de fleurons et du titre dorés (reliure de l'époque un peu frottée ; réparations anciennes (curieuses déchirures aux pp. 441-448) ; rousseurs éparses). Illustré, hors-texte, de 2 planches de blasons et d'un grand plan dépliant.
L’auteur s’intéresse à la généalogie d’un de ses ancêtres, François d’ASNENS (de DELLEY), s’appuyant sur un titre ancien provenant de la célèbre « Collection COURTOIS » qui comptait plus de 500 pièces ; l’ouvrage est un long plaidoyer en faveur de l’authenticité de celles-ci, généralement des reconnaissances de dettes contractées par certains Croisés auprès de banquiers gênois ; une critique de ce livre, faite à l’époque, reproduite in « heralogic », va dans le même sens. Il faudra attendre les années 1950 pour qu’enfin une étude sérieuse de ces documents soit faite par R.-H. Bautier (in C.R. des séances de l’Académie Des Inscriptions et Belles-Lettres, 1956, vol. 100, pp. 382-386) qui met en doute l’authenticité de ces pièces ; ce révisionniste montre et démontre que les parchemins ont été « bricolés », que des sceaux, parfaitement authentiques, avaient été réemployés, que COURTOIS était un homme d’affaires véreux, plusieurs fois condamné et que son acolyte LETELLIER, « copiste famélique en quête de recherches généalogiques », vendeur de faux autographes, s’était approprié le titre de comte Le Tellier d’Irville, famille éteinte durant la Révolution ; de plus il se prétendait Archiviste de la Bibliothèque Royale ; il avait « formé », si l’on peut dire, le plus célèbre faussaire du XIX° siècle, Vrain LUCAS qui, vers 1865, fabriquait, entre autres, de vrais autographes d’Archimède, de Socrate, de Cléopâtre, etc., tous rédigés en vieux françois… ( cela rappelle étrangement les tables tournantes de Jersey…). Le comte de DELLEY se serait laissé abuser : « Nous sommes portés à regarder M. Courtois et M. Le Tellier comme très-honnêtes » (p. VII). Complice ? Peut-être si l’on considère l’intérêt personnel qu’il pouvait avoir (son argumentation s’appuie , entre autres, sur un acte d’emprunt de François d’Asnens) ; victime, malgré lui, peut-être, de l’ambiance de l’époque, tant était grande « la vanité des familles françaises » (Bautier) depuis la Monarchie de Juillet ; de plus, l’autorité de Léon LACABANE avait cautionné l’authenticité de cette liste ; enfin, et surtout, « qui dit généalogie, dit fables généalogique » (A.-G. Bourgès, in Tudchentil, les sources écrites sur les gentilshommes bretons). Alphonse-Léon de DELLEY (1801-1874), confirmé comte par décret impérial du 29 février 1860, descendait de Pierre DEDELAY, originaire du canton de Vaud, fixé à Paris, anobli en 1718 ; ses descendants prirent le nom de « de DELLEY de BLANCMESNIL » (village près de Paris). GAR (V3 G)