Waterloo, André Versaille, 2013, gr. in-8°, 268 pp, édition présentée et établie par Nathan Weinstock, ouvrages cités, index, broché, couv. illustrée, bon état
Enthousiasmé par la perspective de participer à l'édification d'un Foyer national juif, Jacob Israël de Haan quitte sa Hollande natale en 1919 pour s'installer à Jérusalem. Ce poète, romancier et juriste y renoue avec la foi ancestrale et se lie à la mouvance juive ultra-orthodoxe. Au point de s'en faire le porte-parole lorsque ce courant dissident entre en conflit avec la direction sioniste. Devenu la cible d'une haine implacable, il sera abattu, en pleine rue, en 1924. En tant que correspondant du quotidien amstellodamois Algemeen Handelsblad, de Haan a laissé derrière lui près de 400 reportages rédigés sous forme de feuilletons quasi quotidiens de « choses vues » et de faits vécus en Terre Sainte, tant en milieu juif qu'arabe. Ces échos, qui comprennent notamment des interviews des leaders nationalistes arabes de l'époque, constituent - dans l'esprit du précepte d'Albert Londres « porter la plume dans la plaie » - une chronique fascinante de la vie palestinienne au cours des années 1919-1924 et nous offrent une vue aussi pénétrante que personnelle des « travaux et des jours » de sa population composite à l'époque du mandat britannique. Les commentaires, à l'occasion acerbes, y alternent avec des observations captivantes, une ironie parfois féroce avec des passages poignants. Notamment lorsqu'il décrit les mouvements arabes de protestation qui virent au pogrom sanglant ou quand il fait état de lettres le menaçant de mort. Des reportages passionnants qui restituent admirablement le climat et l'ambiance de l'époque, et qui sont à mettre dans la lignée de ceux de Joseph Kessel ou d'Albert Londres.