À Paris, chez Cuchet, 1784, in-8, 2 volumes, XXIV-III-[1]-422-[2] + [4]-IV-400-[2] pp, Demi-basane marbrée de l'époque, dos lisses et fleuronnés, pièces de titre fauve, tomaisons noires, Première édition française, dédiée au marquis de La Fayette, des Letters from an American Farmer, publiées à l'origine en 1782 à Londres sous le nom de plume de l'auteur, J. Hector St. John. Ce grand classique de la littérature américaniste contient notamment un passage éloquent et célèbre qui tente de définir l'identité américaine (t. II, p. 276 et suiv de la présente édition) : "Qu'est-ce donc que cet Américain, ce nouvel homme parmi les nations de la terre ? Il est Européen né, ou le descendant d'un Européen. De là ce mélange étonnant de sang & de nations, que vous ne trouverez nulle part ailleurs sur la surface de ce globe (...). L'Américain est l'homme qui, après avoir été adopté par notre mère patrie, abandonne la plupart de ses anciens préjugés, qui devenu sensible à son bonheur, remplit son coeur de reconnaissance envers Dieu, envers sa patrie adoptive, qui devient actif & laborieux ; tel est le véritable Américain (...) Ici, les individus de toutes les nations sont fondus dans une nouvelle race, dont les travaux & la postérité produiront un jour des changements merveilleux dans le monde. Les Américains sont les pèlerins qui portent vers l'ouest cette grande masse d'art, d'énergie, de force & d'industrie, qui naquit avec l'homme des plaines de l'orient. Par eux finira le grand siècle". Michel-Guillaume-Jean de Crèvecoeur (1735-1813), né à Caen, vécut en Grande Bretagne jusqu'en 1754 ; il se rendit en Nouvelle France où il aurait été cartographe et géomètre auprès de Montcalm. Après la chute de Québec, il démissionna des rangs de l'armée française pour rejoindre la région des Grands Lacs: il devint sujet britannique en 1764 et il fit l'acquisition d'une grande ferme dans le comté d'Orange, colonie de New York. Il fut un témoin capital de la guerre d'Indépendance américaine. Il publia ses Lettres de retour en Europe et les traduisit lui-même en français. L'ouvrage contient des articles intéressants sur Washington, Franklin, La Fayette, sur les moeurs des américains, sur la guerre d'Indépendance, ainsi que de nombreuses anecdotes "curieuses" sur les personnages qui ont joué un rôle dans cette guerre (Chadenat). Il a souvent été considéré comme le panégyrique d'une société de cultivateurs industrieux et autonomes: pourtant, l'auteur, à travers James, son personnage de fermier-narrateur, ne cache pas son horreur de l'esclavage, qui compromet fortement une vision par ailleurs idéaliste. De même, il est réputé pour avoir fait l'apologie de la rébellion américaine, alors qu'il a tenté de présenter un tableau équilibré, en mentionnant les crimes tant des patriotes que des loyalistes. Une nouvelle édition française, augmentée, a été publiée en 1787. Frottements sur les plats. Bon exemplaire, intérieur très frais. Chadenat, n° 6417. Sabin V n° 17494. Couverture rigide
Bon 2 volumes,