<p>L’œuvre écrite de ʿAbd al-Raʾūf al-Munāwī (m. 1622) est l’une des plus riches et des plus importantes du XIe/XVIIe siècle en langue arabe. Il s’intéressa à toutes les sciences islamiques de son époque qu’il maîtrisa de façon exceptionnelle, d’après le témoignage de ses contemporains. À ce titre, il incarne parfaitement l’idéal d’encyclopédisme et de polygraphie que l’Égypte ottomane a hérité de son époque mamelouke. L’œuvre d’al-Munāwī n’est toutefois pas dénuée d’originalité. Tout en étant l’héritier de nombreux savants marqués par le soufisme, al-Munāwī a su proposer des vues en nette rupture avec le consensus. C’est le cas, notamment, de la façon dont il aborde la falsafa, l’alchimie et la science des lettres. Ce faisant, il est amené à tenter une réhabilitation d’Ibn Sīnā et d’Abū al-ʿAbbās al-Būnī. Enfin et surtout, les écrits d’al-Munāwī constituent une excellente illustration de la convergence du soufisme et du Hadith qui fut amorcée durant la période mamelouke et s’amplifia au début de l’époque ottomane, notamment avec al-Suyūṭī et al-Šaʿrānī. Reprenant la tradition de l’herméneutique soufie du Hadith (al-Tirmiḏī, al-Kalābāḏī, al-Qūnawī, etc.), al-Munāwī l’enrichit d’apports importants comme ceux d’al-Ġazālī et d’Ibn ʿArabī. Il donne ainsi à cette tradition une ampleur rarement égalée.</p> Le Caire, 2020 IFAO 568 p., broché. 16 x 23,5
Neuf