Paris, Lhuillier, 1820 In-8 de VIII, 246pp., broché sous couvertures d'attente muettes vieux rose, pièce de titre imprimée, entièrement non rogné.
"Édition originale d'un des brûlots antijésuites de la Restauration. Il est illustré d'une large gravure en taille-douce - 33 x 56 cm à la cuvette - rempliée, reproduisant, à partir d'une planche publiée en 1763, le Typus religionis. Ce tableau, exécuté vers 1610 et aujourd'hui conservé aux Archives nationales, fut saisi en 1762 dans l'église du collège jésuite - le premier fondé en France en 1556 - de Billom en Auvergne. La nef de la Religion sur laquelle se tiennent les élus, cingle vers le Port du Salut, guidée par les jésuites. Autour de la ""galère jésuitique"" sont placés de nombreux personnages, dont le groupe des ""apostats"" où certains ont voulu reconnaître Luther, Calvin et Henri III. D'une barque, se hissent à bord du vaisseau de la Religion, plusieurs figures, parmi lesquelles auraient été identifiés Jacques Clément et Ravaillac. Enfin, dans l'angle inférieur droit de la composition se trouve la barque à demi-submergée des ""hérétiques"" : on y découvre un personnage barbu tombant à la mer, assimilé à Henri IV. Considéré comme une pièce à conviction, le Typus religionis fut déposé au greffe du Parlement de Paris lors du procès de la Compagnie de Jésus. Cette procédure judiciaire contre les fils d'Ignace constituait l'aboutissement d'un conflit séculaire entre des magistrats gallicans et jansénistes et un ordre religieux qualifié ""d'ultramontain"". En1762, le Parlement se prononça pour le bannissement des jésuites du royaume, décision que Louis XV fut contraint d'entériner deux ans plus tard. Supprimée en 1773 par le pape le Clément XIV, la Compagnie de Jésus fut restaurée en 1814 par Pie VII. Le rappel des jésuites en France suscita une intense production éditoriale qui ranimait les anciennes polémique antijésuites. Au dos du faux-titre, l'éditeur indique ainsi ""pour paraître incessamment"", Les Amours du Jésuite Girard et de la belle Cadière, ou luxure et superstition ; évocation du célèbre procès de Toulon en 1732 qui ne semble cependant pas avoir dépassé le stade du projet ! C'est dans ce contexte que s'inscrit le Précis de l'Histoire des Jésuites de Charvilhac. L'auteur y dénonce en effet les menaces que ferait peser sur la Charte l'influence de cet ordre ""étranger"" en rappelant notamment son implication dans les troubles de la Ligue - cf. les attentats contre Henri IV - , et en republiant le bref de leur suppression de 1773. Associant les souvenirs des guerres de Religion et du procès de 1762, le Typus religionis, apparaissait comme le symbole immuable de la perfidie des jésuites. Très bel exemplaire broché, sous couvertures d'attente de l'époque. Carayon, Bibliographie historique de la Compagnie de Jésus, 3826. - J. Meurgey de Tupigny, Le ""Typus religionis"", Paris, 1956."