1935 Bon état hormis une pâle mouillure dans la partie inférieure de la gravure n'affectant pas l'image. Inscrit dans la bordure inférieure du cadre, à gauche : « Peint par Hyacinthe Rigaud Chevalier de l’ordre de StMichel » ; et à droite: « Gravé par C. Drevet. » Sous le cadre, de part et d’autre d’une composition aux armes: « Charles-Gaspard-Guillaume de Vintimille / Des Comtes de Marseille du - Luc, Archevêque de Paris / Duc de Saint-Cloud, Pair de France, - Commandeur de l’Ordre du Saint-Esprit, &c. »Collection permanente de la National Gallery of Art, Washington, D.C.Musée du Louvre (Donation Rothschild 1935)
Comme son frèreet son neveu avant lui,Charles-Gaspard-Guillaume de Vintimille du Luc, archevêque de Parisvit en Hyacinthe Rigaud (1659-1743) l’artiste idéal, capable de glorifier avec suffisamment d’esprit et de savoir faire, un honneur récent. Sa nomination à la tête de l’archevêché parisien, survenue deux ans plus tôt, avait en effet coïncidé avec son élection comme duc de Saint-Cloud. Rigaud, avec qui l'ecclésiastique partageait le goût des choses, se devait donc de contenter «Son Eminence» par le biais d’une mise en scène somptuaire. La composition de Worchester emprunte tout le vocabulaire traditionnel du peintre à fin de figurer un homme à la stature sociale affirmée. Le prix fut donc amplement justifié par la représentation à mi corps du modèle, dans un intérieur palatial et agrémenté de moult accessoires. Fortement teintés au coin du goût rocaille, le fauteuil, le bureau, les drapés volants témoignent d'une sophistication et d'un réalisme dynamique tout à fait caractéristique chez Rigaud. On retrouve d'ailleurs l'encrier, la plume, les livres et les lettres dans d'autres effigies de la même époque, jusqu'au grand rideau et ses pompons ainsi que la bibliothèque d'apparat, destinée plus à évoquer la possibilité de culture qu'une pratique effective. Le grand bureau plat, au piètement cambré et sculpté, à la corniche de plat chantourné à débord et au plateau tendu de cuir vert se rencontre (avec variantes) dans plusieurs grands tableaux des années 1720, 1730. Nous pensons, pour les ecclésiastiques, au portrait du cardinal Guillaume Dubois (1723), du cardinal de Fleury (1727), du cardinal d'Auvergne, Henri-Oswald de la Tour d'Auvergne (1732), ou de l'archevêque de Reims, Armand-Jules de Rohan Guéméné (1733). Quant au lourd fauteuil aux accotoirs à feuilles d'acanthe, il devait probablement s'agir d'un meuble appartenant à Rigaud, car il constitue à ce moment un élément de décor récurrent dans les compositions de l'artiste depuis au moins une bonne trentaine d'années, comme en témoigne le répertoire d'études du musée des beaux-arts de Rouen. Source Stéphan Perreau.