[Charles de FOUCAULD] Napoléon LACROIX, (1855-1910) chef de bataillon d'infanterie en 1906, chef du Service des affaires indigènes au Gouvernement général de l'Algérie (en 1906).
Reference : 70C28
1906. Intéressante lettre à propos du Père de Foucauld. « Le P. de Foucauld est un modeste qui ne demande qu’une chose c’est qu’on ne parle pas de lui. Je me suis bien gardé de lui dire que je vous avais donné un mot pour lui, c’était le moyen de le faire se dérober tout à fait. Si vous avez la chance de l’atteindre il vous demandera certainement de ne pas parler de lui dans vos articles. Je crois que vous pourrez lui donner cette satisfaction, d’autant plus qu’il vous sera facile de vous rattraper plus tard quand vous irez au Touat et au Hoggar. Vous le verrez alors à l’œuvre et vous pourrez raconter en connaissance de cause ce que vous aurez vu. Cela sera peut-être plus pittoresque. Le P. de Foucauld partira d’ici lundi. Vous aurez donc tout le temps nécessaire après la réception de cette lettre pour préparer votre entrevue… ». Il le félicite à propos d’un article qu’il a lu avec « intérêt » et attend le second « qui va être tout d’actualité. Je suis convaincu que vous allez trouver sur votre route une manne de renseignements dont vos lecteurs tireront un agréable profit ». 1908. Il le remercie pour les deux premiers échantillons de photos reçus. « Je vous en remercie bien sincèrement. Je n’avais pas encore de photo de mon bon ami Foucauld en Targui. Voilà une lacune comblée grâce à vous. Je l’ai trouvé bien changé. Ses traits m’ont paru épaissis. Evidemment ce ne peut plus être le jeune homme de ma première photo qui date de 83 au moment de son exploration au Maroc, mais la transformation est bien forte. J’ai eu récemment de ses nouvelles par Laperrine qui l’a trouvé en excellente santé parlant le tamahaq comme un vieux targui. Je vous félicite du succès que vous avez eu avec vos photographies… » Il lui conseille de les éditer en un album. « La société de Géographie de Londres vient de faire cela pour les vues panoramiques rapportées par Stein du Turkestan chinois. », [l’archéologue et explorateur hongrois, Aurel Stein (1862-1943)]. L’album qu’elle a ainsi édité est accompagné d’une courte notice explicative. Les vues qui s’y trouvent font bien apprécier l’ensemble du pays… ». Il fait allusion à un certain Gauthier (très probablement le géographe et ethnographe, Émile Félix Gautier) qui n’a pas trouvé « grâce devant vous. J’en suis profondément affligé ! C’est étonnant combien il y a des gens qui ne l’apprécient pas. Son cousin Chudeau, dit le panier percé, [le géologue et explorateur René Chudeau] vaut mieux scientifiquement et cependant il a eu quelques aventures. Tout d’abord, étant agrégé, il a été chargé de cours dans une faculté. Mais après avoir passé sa thèse de doctorat (thèse écrite dit-on, sur une table de café entre deux bocks et plusieurs femmes). Il a été envoyé professeur dans un lycée. C’est là que son cousin est venu le chercher pour l’aider à sortir de l’ornière. Malgré tout Chudeau est bien supérieur à Gauthier… ».