Coron, Antoine (Sous la dir. de) (René Char)
Reference : 38833
(2007)
ISBN : 9782070118885
Bibliothèque nationale de France / Gallimard Couverture souple Paris 2007
Très bon In-4. 263 pages. Catalogue d'exposition bien documenté.
L'Hexagone Couverture souple Montréal 1954 Ed. numérotée
Bon Signé par l'auteur In-12. 30 pages. Traces de papier collant. Avant-propos de René Char. Dédicacé à l'auteur Michèle Lalonde. Exemplaire numéro 1/300/1000. Bandeau de l'éditeur "Prix David".
Éditions de l'Aire Grand in-4 Jaquette en très bon état Couverture rigide toile Lausanne 1990
Très bon 125 pages. Aphorismes du poète René Char illustrés par la photographe Pia Olivier.
S.l.n.d. [Les Busclats, 1975]. 24 + 5 f. (245 x 170 mm), sur Roma Fabriano, dans un carnet relié de demi-veau bleu.
Faire du chemin avec est... un texte que Char publie en 1976, et qu'il intégrera trois ans plus tard dans Fenêtres dormantes et portes sur le toit (Gallimard, 1979). Une oeuvre, crépusculaire et puissante, qui porte sur la folie des hommes et la beauté des choses. Le texte a été composé dès 1972, comme l'indiquent les deux manuscrits préalablement connus, donnés à Anne Reinbold, sa compagne d'alors, reliés par Georges Leroux, sur commande de Char. Ils sont aujourd'hui dans deux collections privées - l'un étant en vente publique en 2014 (Artcurial, 16 avril 2014, n° 334), avant que nous le présentions à l'exposition Supplément d'âme consacré à René Char, en 2015, à Lourmarin. René Char se fit néanmoins établir un troisième manuscrit, celui-là définitif et mis au propre, pour sa gouverne, que nous présentons aujourd'hui - et jusqu'ici inédit : Char l'a soigneusement composé et rédigé, d'une large plume à l'encre de chine noire, sur un papier d'exception : le Fabriano Roma - Michelangelo, un papier vergé 100% coton que le poète réservait à ses plus précieux manuscrits. Daté de 1975, il reprend l'intégralité du texte qui sera publié l'année suivante, dans un libelle - au sens premier de « petit livre » -, « tout en feuilles, sans couverture, comme un discours de Saint-Just à la Convention », en dira-t-il. Car le texte dénonce aussi, tel un pamphlet, les « utopies sanglantes du XXe siècle » : ces fragments disent « le sentiment d'impuissance et la nostalgie d'un temps où l'action politique était encore possible. Temps du maquis bien sûr, temps des Matinaux, temps des ‘dieux hagards' que sont Baudelaire, Melville et Van Gogh » (in Dictionnaire Char, p. 235). À la suite de ce texte, René Char en ajoute un second - qui sera lui aussi intégré à Fenêtres dormantes - : Couloir aérien. C'est le souvenir d'une promenade avec son ami Georges Duthuit, en 1948, dans le parc des Névons, près de L'Isle-sur-Sorgue. Un texte, là aussi capital, en parfait contrepoint du premier. « La nature et nous souffrons des mêmes maux, creusons les mêmes désaveux, répugnons au chaos. La nature et nous recelons la substance d'une même allégresse. Cependant que le rêve se glisse hors du rêve et s'empresse à distance dans ce monde brûlé, nous épargnons nos richesses pour un prochain désastre. Ah ! si bien se comprendre et si peu s'entraider. (...) Si le monde est ce vide, eh bien ! je suis ce plein. Une rose sans personne. Une rose pour verdir. (...) Quelques débris de neige serrent le coeur sans le glacer. Le temps reste à la neige. » Comme souvent chez Char, la lecture nous conduit comme en proximité et en voisinage du poète, sans prétendre pouvoir tout expliquer, tout mesures. Mais toujours ressentir. Le choix délibéré de réunir ces deux oeuvres à la suite - Faire du chemin avec... et Couloir aérien - et de les composer, pour soi, si soigneusement, montre bien toute l'importance que Char donnait à ses deux textes. Le titre du premier sera repris pour la première exposition majeure consacrée au poète, en 1990, à la Grande chapelle du Palais des papes d'Avignon : « René Char. Faire du chemin avec ». Il donnera également son titre au catalogue et au film de Richard Copans, réalisé en 1992, consacré à René Char et ses « alliées substantiels », ses amis les peintres. À cette date, Char a collaboré avec les plus grands : Braque, Picasso, Miro, Giacometti, Nicolas de Staël, jusqu'à Zao-Wou-Ki. Avant lui, un dernier artiste sera de son cheminement : Alexandre Galperine. Né en 1937 dans la colonie russe de Boulogne-Billancourt, il fréquente l'École des Beaux-Arts et les Ateliers de la Ville de Paris puis intègre l'atelier d'Henri Goetz (successeur d'André Lhote). Il s'installe en Provence où il fréquente René Char, de 1974 à 1988. De cette amitié naît une oeuvre graphique exclusive et multiple, en proximité des deux hommes. Galperine composera pour Char plusieurs manuscrits enluminés, et enrichira ses dernières oeuvres de petites images aussi poétiques que délicates. C'est à lui que René offrira in fine ce manuscrit, quelques mois avant sa mort, en 1988, en témoignage de leur amitié. Le manuscrit de Faire du chemin avec... pourra alors rejoindre les deux exemplaires que, douze ans auparavant, René Char lui avait offert, au moment de l'édition publiée : - le tirage de tête : seulement 50 exemplaires imprimés. Char offre ici l'exemplaire n° 49 à Alexandre Galperine ; - l'édition courante, qu'il dédicace à son ami avec cet envoi : « Pour Alexandre, sur toutes les routes de son souffle. R.C. » Une photographie originale des deux hommes, ensemble dans le jardin de la maison de Char, « Les Busclats », à L'Isle-sur-Sorgue, est ajoutée, ainsi qu'un dessin original de Galperine, en page de titre ; une délicieuse composition à la gouache d'un paysage, formant une allée bordée d'un grand arbre avec deux personnages cheminant, signé et daté ‘AG 76' par l'artiste. Ces plaquettes sont imprimées par la fameuse « imprimerie Union » de Louis Barnier. René Char en sera un familier pendant près d'un demi-siècle, depuis Le Marteau sans maître paru aux Éditions Surréalistes en 1934, jusqu'à la fin des années 1970. On y recense entre autres La bibliothèque est en feu (1956), Lettera Amorosa (1963), L'Effroi la Joie (Au vent d'Arles, 1969), Se rencontrer paysage et Contre une maison sèche (1975 et 1976) et enfin, toujours en 1976, ce Faire du chemin avec. Le manuscrit de René Char est composé sur le papier « Roma » vergé des papeteries Fabriano, l'un des papiers d'excellence du fabricant italien, au filigrane qui reproduit, en bas à gauche, l'inscription C.M. Fabriano, enfermant l'image d'un loup allaitant deux jumeaux dans un ovale et l'inscription ROMA. Ce magnifique papier est fabriqué dans les plus belles traditions du moulin Fabriano, datant du début de la fabrication de papier européen au XVe siècle. Ce papier fait main est particulièrement adapté pour les éditions de luxe et prisé des artistes pour les pastels, le fusain et le dessin. Il est neutre en termes de pH, ce qui garantit son inaltérabilité dans le temps et est exempt de chlore.
Imprimerie Nouvelle, Forcalquier s.d. (12 janvier 1946), 30,9x42,2cm, une feuille.
«On assiste depuis quelques mois à une chasse passive en règle des patriotes, trop bien notés, il semble, au temps où risquer sa vie et celle des siens n'était pas un article de devanture. L'odieux de cette façon d'agir est qu'elle rappelle étrangement les hitlériens. Déshonorer, ensuite on attend et on voit. Quelle que soit l'estime dont un être est entouré, une visite policière laisse toujours un relent d'équivoque,pense-t-on. Plus que jamais vigilance, solidarité.» (7 décembre 1945 (texte adressé par René Char à Francis Ponge) Édition originale de cette affiche mythique de « l'Affaire de Céreste » imprimée par René Char à quelques exemplaires et placardée dans le petit village de Céreste, cur de son réseau de résistance. Papier légèrement jauni, quelques déchirures marginales sans manque. D'une insigne rareté, cette affiche est absente de toutes les institutions et des salles de vente. La BNF, elle-même, ne dispose que d'une reproduction offerte par Pierre-André Benoit. Ce célèbre placard marque la fin de la relation amoureuse et combattante entre René Char et le village de Céreste qui fut pourtant le Q.-G. du capitaine Alexandre, et le berceau d'une de ses plus émouvantes aventures amoureuses avec « la Renarde ». C'est en effet dans ce village isolé de Haute-Provence que René Char s'installe pour organiser son réseau de Résistance, la S.A.P. (Section Atterrissage Parachutage), chargée de récupérer les livraisons d'armes parachutées dans les Basses-Alpes et de les redistribuer aux maquisards. Fidèle hôte de Céreste depuis 1936, René Char put fédérer rapidement les villageois jusqu'aux gendarmes qui le protégeront et l'aideront à constituer son réseau. Avertis, les Allemands envoient une compagnie de S.S. à Céreste pour le débusquer, perquisitionnant toutes les maisons et interrogeant violemment les villageois qui tous connaissaient Char et son amante chez qui il logeait. La réaction héroïque des villageois marquera durablement René Char qui composa en leur honneur un des plus longs et beaux feuillets d'Hypnos : « Le village était assiégé, bâillonné, hypnotisé, mis dans l'impossibilité de bouger. Deux compagnies de SS et un détachement de miliciens le tenaient sous la gueule de leurs mitrailleuses et de leurs mortiers. Alors commença l'épreuve. Les habitants furent jetés hors des maisons et sommés de se rassembler sur la place centrale. [...] Marcelle était venue à mon volet me chuchoter l'alerte. [...] Des coups me parvenaient, ponctués d'injures. Les SS avaient surpris un jeune maçon qui revenait de relever des collets. Sa frayeur le désigna à leurs tortures. Une voix se penchait hurlante sur le corps tuméfié : « Où est-il ? Conduis-nous », suivie de silence. Et coups de pied et coups de crosse de pleuvoir. [...] Alors apparut jaillissant de chaque rue la marée des femmes, des enfants, des vieillards, se rendant au lieu de rassemblement, suivant un plan concerté. Ils se hâtaient sans hâte, ruisselant littéralement sur les SS, les paralysant « en toute bonne foi ». [...] Furieuse, la patrouille se fraya un chemin à travers la foule et porta ses pas plus loin. Avec une prudence infinie, maintenant des yeux anxieux et bons regardaient dans ma direction, passaient comme un jet de lampe sur ma fenêtre. Je me découvris à moitié et un sourire se détacha de ma pâleur. Je tenais à ces êtres par mille fils confiants dont pas un ne devait se rompre. J'ai aimé farouchement mes semblables cette journée-là, bien au-delà du sacrifice. » Une relation fusionnelle unit le poète à son village d'adoption et, dans le contexte de haine et de violence nazie, Céreste représente pour René Char le symbole vivant des valeurs humanistes à défendre et la nécessité de son combat. Cette passion trouvait son incarnation en son amante cérestoise : Marcelle Sidoine devient pour lui l'image même de Céreste, de ce nouveau pays dans lequel il creuse sa mine et entend enfouir les galeries d'où partira la reconquête. Elle est « l'âme de la montagne aux flancs profonds » écrit-il. Tout est dit. Elle sera l'amante, l'hôte, l'intendante, la messagère, l'agente de liaison. Une femme courage. » (René Char, Laurent Greilsamer) Marcelle sera aussi sa faiblesse, et la voie par laquelle, à la Libération, ses ennemis de l'intérieur régleront leur compte avec le trop célèbre capitaine. Puisqu'il est impossible de salir la réputation héroïque de Char, un traître de son réseau, Georges Dubois, dénoncé par Char et devenu journaliste d'un organe communiste, trouvera en Marcelle une cible parfaite pour accomplir sa vengeance. Accusée d'avoir détourné du linge à destination du maquis, Marcelle est salie par des rumeurs parfaitement orchestrées et voit sa maison perquisitionnée par la police. Le bien prétendument détourné s'avéra être au contraire une cargaison de chemises de nuit en laine, offertes par deux résistants marseillais, détricotées et transformées en pull pour les maquisards de la S.A.P. par Marcelle et sa fille Mireille. Bien que sa « Renarde » ait été entièrement blanchie par la justice, Char demeure profondément blessé par le succès qu'obtinrent les propos diffamatoires auprès des villageois. Son affiche est à la fois une ultime déclaration d'amour pour son « village glorieux » « qu['il] aime et que ces mauvais n'aiment pas » et une lettre de rupture avec un Céreste « déshonoré [...] par les grenouilles [...] ignobles ». Rompant avec les communistes, le résistant désabusé quittera également définitivement son village tant aimé, jusqu'à en éradiquer les traces dans la construction de ses Oeuvres complètes en 1983. Malgré l'insistance de Char, Marcelle et sa fille, que le poète voulait adopter, ne le suivront pourtant pas dans la vallée. Elles demeureront fidèles à leur village natal, tour à tour glorieux et ignoble, et finalement simplement humain. Impossible accord entre idéal et réalité, comme Char lui-même le pressentait déjà en 1945 : « N'était-ce pas le hasard qui m'avait choisi pour prince ce jour-là plutôt que le cur mûri pour moi de ce village. » - Photos sur www.Edition-originale.com -
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Édition originale. Quatre aquatintes d'Alberto Giacometti. Tirage unique à 188 exemplaires sur vélin de Rives - celui-ci un des hors commerce, signé par René Char.Bel exemplaire, bien complet du feuillet volant imprimé mentionnant qu' "Alberto Giacometti est mort le 11 janvier 1966. Retour amont, achevé d'imprimer au moment de sa maladie, n'a pu être signé par lui". Jointe une photographie signée par René Char.Le dernier livre illustré par Giacometti. Paris, Guy Lévis-Mano, [décembre] 1965. 1 vol. (190 x 250 mm) de 58 p., 1 et [3] f. En feuilles, sous couverture à rabats, emboîtage toile grise éditeur, titré au dos. Édition originale. Quatre aquatintes d'Alberto Giacometti. Tirage unique à 188 exemplaires sur vélin de Rives — celui-ci un des hors commerce, signé par René Char. Bel exemplaire, bien complet du feuillet volant imprimé mentionnant qu' "Alberto Giacometti est mort le 11 janvier 1966. Retour amont, achevé d'imprimer au moment de sa maladie, n'a pu être signé par lui".
Retour amont contient quelques uns des beaux poèmes de Char de ces années soixante, dont beaucoup paraîtront - avant ou après cette édition - dans les tirages confidentiels publiés par PAB : Chérir Thouzon, Aux portes d'Aerea, Le Gaucher, Dansons aux baronnies, Lied de figuier, Faim rouge,... Tous rédigés aux Busclats, ils ont pour cadre les paysages et monts du Vaucluse. Les gravures de Giacometti, tirées par Crommelinck en négatif, furent les dernières que l'artiste composa. Familiers de la lithographie et de l'eau-forte - les premieres estampes realisees avec cette technique datent de 1946, dans le cadre des recherches pour l'illustration d'Histoire de rats de Georges Bataille -, Giacometti découvrit l'aquatinte plus tardivement et ce procédé est particulièrement adapté au souhait de René Char, « qui les trouvait ‘exactement dans l'esprit' des textes, [et qui] veilla à ce que les frères Crommelynck obtiennent au tirage un fond nettement et uniment noir et non pas d'un ‘gris délavé', comme il apparaissait aux premières épreuves [...] » (Antoine Coron, René Char, BnF,n p. 170). Ces « gravures en négatif - parmi les plus belles qu'il ait réalisées » furent en effet « ‘ses derniers mots avant qu'il ne parte conclure son destin dans son village des Grisons', selon l'expression de Char à Marcelle Mathieu ». Peu avant ce départ pour l'hôpital de Coire d'où il ne devait pas revenir, Giacommeti prévenait Char qu'il lui expédie "les quatre gravures (...) Ces quatre images se sont fixées dans ma tête, dessinées en blanc sur le fond sombre (c'est le fond qui est mordu à l'acide et pas les traits). Je ne sais pas si le résultat est bon, je n'ai en ce cas aucun jugement objectif, mais je ne peux pas ne pas te les envoyer. Si elles ne te vont pas, je vais faire autre chose, mais j'aimerais mieux avoir des gravures qui ont pour moi un rapport avec les poèmes que des gravures simplement parallèles comme on en fait généralement. Celles-ci seraient ordonnées dans une certaine suite. Devant le titre (frontispice) la montagne (la gravure avec le moins de traits que j'ai fait de ma vie), ensuite dans le livre : I - les hommes à cheval au galop (ils vont quelque part pour quelque massacre). II - l'homme dans les rochers. III - à la fin, l'homme sur le précipice qui regarde dans le vide avec le grand vide du paysage. J'ajoute une variante de l'homme dans les rochers, noire sur gris que je préfère en tant que gravure mais qui va moins bien devant un poème que le blanc sur noir" (Lettre à René Char, 26 septembre 1965). Giacometti est déjà gravement malade, mais a toujours négligé de se soigner. Les épreuves achevées, Il décide néanmoins de quitter Paris le 5 décembre, pour l'hôpital Cantonal de Coire (Canton des Grisons, dans les Alpes suisse). Une bronchite chronique transformée en pneumonie auront raison de son coeur : il décède un mois plus tard, avant d'être enterré le 15 janvier au cimetière de Borgonovo, son village natale de la vallée de Bregaglia, à une petite centaine de kilomètres de Coire, près de Saint-Moritz. Il ne pourra pas signer l'ouvrage, ni aucune épreuve des gravures. René Char, pour l'honorer, rédigera un "Célébrer Giacometti", qui sera intégré à l'édition définitive de Retour amont qui paraîtra, avec les textes seuls, l'année suivante aux Éditions Gallimard. A cette occasion, quelques poèmes auront subi des modifications, mais la structure du recueil resté identique, hormis l'ajout de ce "Célébrer Giacommetti" ; cet hommage sera repris comme texte principal du catalogue de l'exposition Giacometti à la Galerie Engelberts, à Genève, en 1967. Bel exemplaire, bien complet du feuillet volant imprimé mentionnant qu'"Alberto Giacometti est mort le 11 janvier 1966. Retour amont, achevé d'imprimer au moment de sa maladie, n'a pu être signé par lui".
L'Isle-sur-la-Sorgue 2 novembre 1947, 21x26,9cm, 1 page sur une feuille.
Lettre autographe signée de René Char de 11 lignes écrites à l'encre noire. Pliures inhérentes à l'envoi postal. René Char écrit cette lettre à René Wintzen, ancien rédacteur en chef de Documents,revue des questions allemandes. René Wintzen commence alors à faire paraître une revue littéraire, Vent debout, dont il a envoyé à Char un exemplaire. Le poète l'encourage et lui dit de persévérer tout en « discriminant le bon grain de l'ivraie ». René Char s'excuse de ne pas avoir de texte achevé à lui fournir : « je le regrette. J'écris peu et ne suis qu'accessoirement poète ! ». Cette mise en avant d'une écriture rare correspond à l'idée que René Char se fait de la poésie et qu'il oppose au travail prôné par Valéry. René Char écrit peu et se soumet aux exigences de la poésie : « Je ne triche jamais. Il m'est arrivé d'attendre six mois un mot ou une formule [...]. C'est l'exigence de la poésie. Une exigence absolue. Aucun mot n'est gratuit. » (entretien entre René Char et Édith Mora, Nouvelles littéraires, 1965). L'auteur montre également une distanciation vis-à-vis de la poésie en cette fin de décennie. En effet, Char expérimente alors des genres nouveaux : il s'essaie au ballet avec La Conjuration en avril 1947, mais aussi au théâtre avec Le Soleil des eaux, à la musique en compagnie de Boulez, et enfin au cinéma. Il ne quitte toutefois jamais la poésie et publie la même année Le Poème pulvérisé. La modestie de Char quant à son statut de poète exprime bien l'assujettissement de l'artiste à l'exigence de la poésie. - Photos sur www.Edition-originale.com -
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Précieux manuscrit, complet et unique, d'un des plus beaux recueils poétiques de René Char, offert à Anne Reinbold. Reliure souple en veau estampé de Louis Bescond. Les Busclats, 8 octobre 1968. 1 vol. (170 x 215 mm) 2 f., 38 p. et 3 f. Reliure souple à la Vernier en veau naturel teinté violet estampé d'une eau-forte originale composée à partir des pages manuscrites de l'auteur, tranches dorées sur témoins à l'or blanc par Jean-Luc Bongrain, gardes de chèvre velours violet, chemise et étui entièrement bordé assortis, titre à la chinoise sur la chemise au film crème, par Claude Ribal (reliure signée de Louise Bescond, 2022). Précieux manuscrit offert à Anne Reinbold, et daté « Les Busclats 8 octobre 1968 – Pour Anne, Anne ma présente. René Char ». Les poèmes occupent 18 feuillets manuscrits numérotés 1 à 14 comportant un faux-titre, un titre, « Dans la nuit… », les poèmes « Crible », « Outrage », « Encart », « Les apparitions dédaignées », « Même si… », « Le Baiser », le texte « En cette fin des Temps… » et un feuillet de date et d’envoi. À la suite, a été relié le jeu d’épreuves définitif et le bon à tirer, signé et daté par l’auteur « Épreuves. Bon à tirer. R.C. Nov. 69 », soit 20 feuillets imprimés. René Char y a apporté des corrections d’ordre typographique et deux variantes aux poèmes « Les Apparitions » et « Même si… ». Enfin les deux vers de la dernière page des épreuves : « Maintenant que nous sommes délivrés de l’espérance et que la veillée fraîchit » ont été biffés.
Ce manuscrit autographe est le seul connu du texte : il existe du Chien de coeur un ensemble « de travail » (Artcurial, mars 2014, n° 333), en partie d'une autre main ou sur feuillets dactylographiés - Char étant encore alité au début de l'été lorsqu'il entreprend l'écriture des premiers poèmes, tous composés entre juin et août à l'exception d'« Outrages », composés par bribes entre 1944 et 1967. Notre manuscrit est à l'évidence la version mise au propre de ce jeu de travail, composite et rédigé dans l'intention de constituer les épreuves à venir. Il présente d'importantes variantes par rapport à l'édition qui sera imprimée chez Guy Levis-Mano en janvier 1969. Six mois plus tôt, en mai 1968, à l'écart des événements qui secouent la France, René Char fait une crise cardiaque, première d'une longue série d'accidents cardiovasculaires. Il évoque cette « expérience » dans le texte liminaire qui ouvre le recueil : « Dans la nuit du 3 au 4 mai 1968, la foudre que j'avais si souvent regardée avec envie dans le ciel éclata dans ma tête, m'offrant sur un fond de ténèbres propres à moi le visage aérien de l'éclair emprunté à l'orage le plus matériel qui fut. Je crus que la mort venait, mais une mort où, comblé par une compréhension sans exemple, j'aurais encore un pas à faire avant de m'endormir, d'être rendu éparpillé à l'univers pour toujours. Le chien de coeur n'avait pas geint. » Le recueil donne ensuite à lire six poèmes, tous composés pendant l'été, aux Busclats, juste avant l'arrivée de Martin Heidegger qui sera accueilli par René Char fin août. René Char et Anne Reinbold habitaient ensemble dans la propriété de 1965 à 1985. L'exemplaire contient en fin, dans les épreuves, quelques corrections, principalement d'ordre typographiques, et de légères variantes au texte ; un paragraphe prévu pour clore le recueil est également biffé, et qui n'apparaîtra pas dans le volume imprimé : « Maintenant que nous sommes délivrés de l'espérance et que la veillée fraîchit » : ces vers sont d'importance, puisque Char les conservera pour les intégrer dans son dernier recueil, Les Voisinages de Van Gogh (1985), enrichi d'un vers supplémentaire : « Maintenant que nous sommes délivrés de l'espérance et que la veillée fraîchit, nul champ sanglant derrière nous, tel celui que laisserait un chirurgien peu scrupuleux, au final de son ouvrage. » Ce poème viendra clore le recueil et constitue le tout dernier vers publié de Char, quelques mois avant sa mort. Vingt-cinq plus tôt, le poète avait décidé de ne pas les conserver pour clore Le Chien de coeur. L'heure n'était, en 1968, pas venue... Le tirage du Chien de coeur se limite, pour les exemplaires sans la lithographie originale de Miro, à 790 exemplaires sur offset Roberstsau. Le tirage numéroté avec une lithographie en couleurs de Joan Miró, signée, constitue le tirage de tête : 95 exemplaires sur vélin d'Arches et six exemplaires sur vélin gris (I à VI) ; il existe en outre 15 exemplaires hors commerce sur divers papiers colorés : 7 vergé rose (A à G) et 8 sur vélin vert (H à O). Magnifique manuscrit préservé dans une délicate reliure de Louise Bescond, en veau teinté et estampé d'après les poèmes autographes du poète.
Céreste, (octobre) 1944. 2 tirages argentiques noir et blanc (11,5 x 70 mm) contrecollés sur 1 carte (130 x 160 mm). Deux tirages originaux, légendés par René Char, au milieu des habitants de Céreste. Envoi signé au verso : « À Max-Pol Fouchet, affectueusement, René Char », avec note autographe « Céreste, basse Alpes, à la Libération, Été 1944 (retour d'Alger). »
Le premier cliché présente René Char en blouson américain Field Jacket M-41 orné des galons de capitaine et d'un insigne en tissu de parachutiste de la R.A.F. en compagnie des Ginoux, le cantonnier du village et sa mère à laquelle, « craignant une perquisition, [il] demanda un jour [...] de cacher des codes et autres documents importants sous ses jupons » (René Char, Bibliothèque nationale, p. 76). Le poète l'a légendé de sa main : « ces trois-là se comprenaient... » L'autre photographie, prise le même jour et toujours à Céreste, le présente sous le même uniforme, parmi un groupe de villageois et de quelques gendarmes avec cette autre légende, toujours de sa main : « un rocher de braves gens ». La jeune fille qui porte une robe à carreaux et se tient au premier rang est Mireille Sidoine, la fille, âgée de onze ans, de Marcelle Sidoine-Pons, la « renarde » des Feuillets d'Hypnos en son poème 222. René Char vient de rentrer d'Alger, où il avait été appelé le 15 juillet par l'état-major interallié pour préparer le débarquement de Provence qu'il regagne en septembre, affecté au bureau liquidateur de la Section des atterrissages et des parachutages (Sap). Ces clichés sont pris par Irisson, le photographe ami de Char, dans le but de tourner un film documentaire sur la Sap et le maquis de Céreste qui n'aboutira pas. D'autres épreuves sont connues, Irisson en ayant tiré plusieurs autres à partir de 1945, dans des formats plus grands (100 x 170 et 120 x 180 mm), mais elles sont postérieures aux épreuves strictement d'époque, comme celles que nous présentons ici, plus petites. Ces photographies auront probablement été offertes par René Char à Max-Pol Fouchet, en même temps que son portrait dédicacé (cf. n° 74), au moment où il prépare la publication de ses Feuillets d'Hypnos dont des extraits paraîtront dans Fontaine. Char, BnF (n° 100, reproduite) ; une épreuve offerte à Adrienne Monnier, en 1949 (Vente Boisgirard, Paris, 1998, n° 66, reproduite).
Paris, Éditions surréalistes, (25 novembre) 1930. 1 vol. (185 x 235 mm) de 1, [16], 1, [3], 1 f. Broché, sous emboîtage et étui de Julie Nadot. Édition originale. Un des 185 exemplaires sur papier Ingres rose (n° 185). Envoi autographe signé : « à Georges Hugnet… Quand le poème se sépare du poète… pour un autre poète avec les amitiés de René Char ». Très bel exemplaire, de remarquable provenance. Les fragiles couvertures roses sont parfaitement conservées, ainsi que le rare prière d'insérer.
Rédigé par René Char avec la collaboration d'André Breton et de Paul Éluard, le prière d'insérer s'ouvre sur cette exclamation « Femmes qu'on ne voit pas, attention ! », paru dans un journal parisien sous forme de petite annonce qui fit son petit effet puisque, le soir même, deux jeunes femmes se présentèrent chez René Char... Artine, femme rêvée ou plutôt femme de rêve éveillé, cheminera dans l'oeuvre de Char, à nouveau nommée dans Ralentir travaux, La Parole en archipel ou Sous ma casquette amarante. « Les six lettres d'Artine, insiste Pierre Sebbag, se trouvent dans Ralentir [Travaux] (...), l'achevé d'imprimer du premier est le 24 novembre 1930, celui du second, du 25 novembre ». Tout cela semble avoir été coordonné, d'autant que, de l'aveu de Char lui-même, le titre de Ralentir Travaux « a été trouvé sur la route de Caumont-sur-Durance, à quelques mètres de la demeure d'une jeune fille rencontrée sur la pelouse d'un hippodrome » : celle là-même qui fut à l'origine d'Artine, faite « à partir d'une jeune femme morte noyée, Lola Abba, et d'une jeune fille que j'avais rencontrée trois ou quatre ans auparavant, sur la pelouse d'un hippodrome, lieu fascinant entre tous, que je fréquentais comme une terre magnétique » (Sous ma casquette amarante). Les rapports entre les deux titres sont à l'évidence multiples et ces coïncidences, mannes pour les surréalistes qu'ils étaient alors. Deux ans avant Ralentir Travaux, elle marque le premier rapprochement, déterminant, entre Char, Breton et Éluard. Char fera à ce dernier le plus beau des cadeaux une fois le texte publié : il lui offrira le manuscrit d'Artine, rédigé sur papier jaune. Éluard le conservera jusqu'à sa mort, avant que René Char ne le récupère. Lequel, lui aussi, le gardera aux Busclats toute sa vie. Très bel exemplaire, en parfaite condition. De la bibliothèque Bernard Loliée, avec ex-libris.
Belle provenance éditoriale pour la première collaboration de René Char et Georges Braque, alors que le poète a repris ses publications depuis 1945 aux éditions Gallimard, avec Seuls demeurent et Les Feuillets d'Hypnos. La reliure est signée de Danielle Mitterrand, qui fut formée à l'art du janséniste par Miguet. Avec une certaine réussite. Paris, H. Matarasso, (14 avril) 1949. 1 vol. (220 x 280 mm) de 146 p. et [1] f. Maroquin vert tendre, dos lisse tire doré, contreplats et gardes chèvre velours orange, couvertures et dos conservés, chemise et étui bordés (Reliure signée de D. Mitterrand). Édition originale. 4 eaux-fortes, dont 1 en couleur, par Georges Braque. Un des 170 exemplaires sur vélin du Marais, signé par Braque et Char (n° 67). Envoi signé : "À Gaston Gallimard, en pensée amicale cette histoire, cette enfance autour du cœur et sous les yeux transparents. René Char ".
C'est avec Le Soleil des eaux que s'inaugure la particulièrement importante collaboration de René Char et Georges Braque. Il a été publié peu de temps après leur rencontre lors d'une exposition de peintures et de sculptures contemporaines organisée par Christian et Yvonne Zervos au Palais des Papes en Avignon. L'un des rares textes de ce dernier où il se prête à une mise en scène, plus cinématographique que théâtrale cependant, puisque la plupart des situations se déroulent dans des cadres naturels : et pour cause, puisque le projet fut d'abord bel et bien cinématographique. René Char rédigea le scénario d'août à octobre 1946 : il raconte l'histoire d'une communauté de pêcheurs au début du siècle, en Provence, dans le Comtat Venaissin. L'implantation d'une usine au bord de la rivière Crillone qui baigne le petit village de Saint-Laurent déclenche une révolte parmi les pêcheurs de truites et d'anguilles, confrontés à la pollution de leur rivière par les rejets de chlore de cette papeterie. Comment concilier le bonheur agreste et la technique dévastatrice ? Le lieu prévu du tournage était L'Isle-sur-la-Sorgue, où devaient être recrutés bon nombre de figurants. Ce serait, dit-il « un film dont l'ambition est de faire oublier qu'il est un film, c'est-à-dire un peu plus qu'une nourriture pour les yeux : une preuve pour le coeur », qu'il souhaite partager avec Jean Vilar, à qui il avait pensé pour tenir un des rôles et à qui il écrit le 12 décembre : « Il serait urgent que je vous voie [...] J'ai écrit le scénario et les dialogues d'un film qui sera tourné au printemps dans des conditions sérieuses. » Yvonne Zervos, directrice de la galerie des Cahiers d'art, est contactée pour financer le projet ; un contrat est signé avec la société Sifdac de Serge Sandberg en février 1947. Sans expérience de la réalisation, René Char fit appel à quatre metteurs en scène successifs, qu'il se chargerait de « superviser ». Mais face aux conditions difficiles (dont la grande grève de 1947), les financiers se retirèrent et seuls quelques plans furent tournés. Char se tourne alors vers la scène : le spectacle sera créé en 1948 par la Radiodiffusion française sur une musique de Pierre Boulez et dans une réalisation d'Alain Trutat. La rencontre avec Braque, l'année suivante, donne enfin corps au projet d'une édition illustrée. C'est pour ce livre que le peintre inaugure le célèbre motif de l'oiseau ouvert, qu'il a exécuté trois planches en noir et une planche frontispice en couleurs. Les quelques textes de René Char destinés à la scène seront réunis plus tard sous le titre : Trois coups sous les arbres. Provenance : Vente "Surréalisme", Binoche-Renaud-Giquello, Paris, 27 mars 2009, Claude Oterelo exp., n° 66 ; collection privée.
Paris, Variété, (14 novembre) 1947. 1 vol. (145 x 195 mm) de 29 p., [1] et 1 f. Broché. Édition originale. Tirage unique à 550 exemplaires sur B.F.K. de Rives. Un des 50 premiers exemplaires hors commerce réservés à l’auteur (n° 19). Carte postale de Lely (120 x 75 mm) et photo de Greta Garbo (90 x 140 mm) jointes. Précieux exemplaire, personnel, de René Char qui, comme souvent, a porté la mention « mon exemplaire » sur le papier cristal, en première de couverture. Envoi signé : « René, l’herbe où nous étions couchés, le 17 novembre 1942, face au vallon de la Valmasque, aurait voulu nous apaiser : muette, elle avait la confidence du destin… Ami, que le bonheur soit toujours à portée de ta main. Ton frère Gilbert ».
Le texte de cette conférence donnée à Paris le 2 juillet 1946 (carton à parution conservé) constitue la première manifestation d'un intérêt public pour René Char, en même temps que la condamnation sans appel d'une certaine « poésie de résistance » et « le misérable retour à l'alexandrin observé au lendemain de la défaite ». Lely s'en prend ainsi à Aragon, sacré « poète national », se plaisant à rappeler que c'est Char qui trouva en 1932 le titre du tract surréaliste l'excommuniant : « Paillasse ! ». Char a conservé dans l'exemplaire une carte postale que Lely lui avait envoyée au début de la guerre : « [Ch]er René, je commence [à m]e trouver inquiet de [ton] silence. Ne serais-tu [p]lus à Nîmes ? Rassure-[mo]i, je te prie. Je te [ré]pondrai longuement. [Po]ur l'instant, je te cherche. Fraternellement, Gilbert ». La carte, oblitérée le 15 septembre 1939, est adressée à « Monsieur René Char, 173e RAL, 2e CR-6e pièce, Nîmes » ; elle a été retaillée par le poète, sans doute pour pouvoir la garder dans ses papiers, vraisemblablement moins pour garder intact le souvenir écrit de l'ami que conserver la photographie du visage de Greta Garbo ! Le cliché est une photographie de la M.G.M., que nous joignons à l'ensemble, extraite d'un film que nous n'avons pas pu identifier. Il est assez émouvant de penser que Char ne s'est pas séparé de cette photo au début de la guerre voire au long de ces années de Résistance, avant de la joindre au livre de Lely. Le volume est illustré de 4 planches hors-texte, parmi lesquelles figure la photographie de Char entouré des Ginoux mère et fils, dont nous proposons par ailleurs le tirage que le poète a offert à Max-Pol Fouchet.
Paris, Editions Surréalistes, 1931 In-4 de 1 f. bl., 34pp., (2) ff., 2 ff. bl., broché sous couverture rempliée, entièrement non rogné, étui bordé.
"Édition originale. Tirage limité à 100 exemplaires numérotés sur papier Vidalon à la forme, les cinq premiers imprimés en vert (et trois hors commerce); celui-ci n°14. Ce recueil de courts poèmes est contemporain des expérimentations collectives que mène alors Char avec Éluard et Breton. Il les complète et son importance est en partie due à ce qu'y résonne la voix propre de René Char, telle qu'elle se déploie pendant les cinq ans (1929-1934) où le surréalisme aura été pour lui, précisera-t-il dans une lettre à Benjamin Péret, ""tout au monde"". Le titre représente une citation partielle d'un passage du texte de Char À Rimbaud: ""L'action de la Justice est éteinte là où brûle, où se tient la poésie, où s'est réchauffé quelques soirs le poète."" Envoi autographe, au crayon, signé de René Char à Benjamin Cremieux. Benjamin Crémieux, écrivain et critique, pilier intellectuel de la N.R.F., faisait partie des quelques personnes capables de mesurer la portée de l'œuvre immensément exigeante de René Char. La convergence de leurs trajectoires n'en sera pas moins entièrement réalisée plus tard, sur un plan aussi ou plus élevé… Sous l'occupation, en effet, Crémieux, comme Char qui prend le maquis, s'engage de façon active et totale dans la Résistance. Membre du réseau Combat, il est arrêté en avril 1943 et meurt un an plus tard à Buchenwald. Exemplaire à l'état de neuf. Antoine Coron, René Char, BnF, n° 36. - P. A. Benoit, Bibliographie des œuvres de René Char, 5."
Phone number : + 33 (0)1 42 89 51 59
[Pierre André Benoit [PAB]] - René Char / Pierre André Benoit [PAB]
Reference : DMI-1415
(1984)
RARISSIME TIRAGE DE TÊTE DE CE LIVRE DE RENÉ CHAR TIRÉ À TROIS EXEMPLAIRES SEULEMENT AVEC DEUX COLLAGES DE PAB René Char, La Longue Partance, collages de PAB, Alès, PAB, 16 août 1984, 18x10,7 cm, 7 double f., en feuilles, 28 pages, couverture blanche titrée à rabats, papier cristal. Édition originale. Exemplaire provenant de la bibliothèque de Pierre André Benoit à Rivières 16 exemplaires sur Auvergne justifiés et signés par l'éditeur avec un collage de PAB, III exemplaires notés HC avec deux collages, et 13 exemplaires notés HC ou exemplaires nus sans les illustrations réservés à René Char. Celui-ci, extrêmement rare, le n°II/III justifié HC et signé au crayon par PAB avec deux collages de PAB. René Char (1907-1988). Voilà un nom de la bibliographie de PAB qui nécessiterait un ouvrage à part entière tant les deux hommes furent intimes, malgré des relations parfois tendues, leur correspondance abondante (plus de 1000 lettres de Char à PAB conservées à la BN, certainement tout autant de PAB à Char conservées ans une institution américaine), et leurs productions communes nombreuses, — plus d’une centaine —, illustrées par PAB au premier chef, occasionnellement par Char lui-même, mais surtout par Georges Braque, Jean Hugo, Miró et Picasso, — et ceci sans compter tous les exemplaires de textes nus que Char demandait à PAB et qu’il a pu faire enluminer par des artistes de passage chez lui, comme Alexandre Galpérine par exemple, rendant certains exemplaires absolument uniques (nous en présenterons d’ailleurs un dans notre prochain catalogue). "Avec le docile reflet de la silhouette d’un boxeur, sur l’eau, je me suis endormi. Ensuite j’ai oublié l’essentiel des restes de ma vie là-bas, là-bas magnétisant encore. Je n’avais pas emporté la ligne étroite de mon retour. J’avais l’approbation de mes matins et celle d’un ruisseau piétiné. Les prévoyants, les offensés demeurent loin des chicanes du pouvoir. L’avenir aurait une parole pour eux qui les rapprocherait solitairement du soleil et de ses conventions, et plus tard d’un ombre sans anneau. Je me souciais peu de trouver des traces plus anciennes. Bien que l’âge se fût emparé d’elles, les formes les plus fines dessinaient sur la nue des lopins remuants. C’est ainsi que je rencontrai un homme non las, s’étoilant de privations. J’eus grande envie de m’éloigner, mais sans vaciller je courus à ses côtés, vers plus évident ! La vaste mer, il me semble, sans tempête et sans chaleur." Exemplaire fort désirable, en tirage de tête, avec deux collages de PAB et en provenance de sa bibliothèque personnelle. Envoi soigné, assurance comprise, avec remise contre signature.
[COLLECTIF] / CHAR (Marie-Claude) sous la direction de.
Reference : 6077
(1990)
ISBN : 2-9501876-1-7
Avignon, Palais des Papes, 1990 1 volume 21 X 24,9cm Broché sous couverture à larges rabats. 325p., 1 feuillet; très nombreuses illustrations in texte, vignettes et pleines pages, en noir et couleurs. Bon état.
1ère édition du catalogue de l'exposition organisée par la Ville d'Avignon retraçant, année après année, la vie et l'oeuvre du grand poète lislois René Char (1907-1988) dans son environnement culturel et artistique, avec nombreuses citations de René CHAR (poèmes, extraits) et très importante iconographie: photos, fac-similés, reproductions (dont planches couleurs de Wassily KANDINSKY, Georges de LA TOUR, Georges ROUAULT, Eugène DELACROIX, Henri MATISSE, Joan MIRO, VIEIRA DA SILVA, Wilfredo LAM, ZAO WOU-KI, Alberto GIACOMETTI, ZURBARAN, Théodore CHASSERIAU, Victor BRAUNER, etc, et nombreuses vignettes), etc. Belle et précieuse documentation bio-bibliographique, sous la direction de Marie-Claude CHAR; suivi de textes de Jean-Louis SCHEFER ("Tout ce qui peut être lié"), Maurice BLANCHOT ("La Bête de Lascaux"), Yves BATTISTINI ("René Char et les Dieux suzerains") et Jean STAROBINSKI ("René Char et la définition du poème").
Édition originale. Un des 185 exemplaires sur papier Ingres rose. Précieux exemplaire offert à Raymond Roussel, le seul connu. Paris, Éditions Surréalistes, chez José Corti, (25 novembre) 1930. 1 vol. (185 x 235 mm) de [48] p. Broché. Édition originale. Un des 185 exemplaires sur papier Ingres rose (n° 38). Précieux exemplaire offert à Raymond Roussel, le seul connu. Envoi signé : « à Raymond Roussel », suivi de cette citation : « Il y avait un naufragé qui attirait tous les regards. Au lieu de crier : ‘Au secours, à l’aide, mon Dieu sauvez-nous !’ Il se bornait à s’accrocher à une fissure au rocher répétant avec un orgueil étrange en face d’une mort imminente : ‘qu’est-ce que je vous avais dit ? Vous voyez si j’avais raison !’ Ch. R. Maturin (Melmoth). » L’envoi est daté et signé « René Char, 4 avril 1931 ».
On connaît l’admiration passionnée de René Char et des surréalistes pour l’œuvre de Raymond Roussel. Dans son testament daté du 20 janvier 1933, quelques mois avant son suicide, ce dernier avait indiqué d’envoyer « un exemplaire de chacun de [ces] livres par la poste à Messieurs… ». Suivaient les noms et adresses de Robert Desnos, Paul Éluard, Tristan Tzara, Michel Leiris, Fernand Gregh, André Breton, Jacques-Émile Blanche, René Char, Salvador Dali, André Gide, Philippe Soupault, Louis Aragon et Edmond Jaloux, en joignant une lettre à l’adresse de ces « chers confrères » : « Songeant à la bienveillance que vous avez bien voulu manifester à mes livres, je me suis dit qu’il vous intéresserait peut-être de savoir par quel procédé très spécial j’ai écrit certains d’entre eux - procédé expliqué dans le manuscrit ci-inclus […] [Il s’agit de Comment j’ai écrit certains de mes livres] ». Artine semble être le seul livre que Char offrit à Raymond Roussel : le jeune poète n’avait publié, auparavant, que trois ouvrages : Les Cloches sur le cœur, en 1928, Arsenal, en 1929 et Le Tombeau des secrets, en avril 1930. Pour ces trois livres, aucun exemplaire n’est connu comme envoyé à Roussel, que Char, à ces dates, n’a pas encore rencontré. Sans doute grâce à l’amitié naissante avec Éluard et Breton, le rendez-vous n’aura lieu qu’au début de l’année suivante. Le poète lui offre alors Artine, son dernier livre paru, avec cette dédicace qui en appelle au chef-d’œuvre du roman noir gothique de Charles Maturin, Melmoth : ce roman-labyrinthe, construit en dédales et abîmes, renouvelle le thème faustien du pacte démoniaque et brosse avec fureur sur près de six cents pages la vie d’un « héros » possédé par le mal, pour qui le temps n’existe pas. Arrêtons-nous un instant sur cette présence, car elle est d’importance : le révérend Maturin, vicaire à Dublin, publie Melmoth ou l’Homme errant en 1820. L’ouvrage est traduit en français dès l’année suivante. Bien qu’incomplète, cette traduction d’un certain Jean Cohen marque les esprits des décennies durant. Nodier, Walter Scott, Banville, Nerval, Edgar Poe l’honorent ; Balzac, en premier, en écrit une suite, intitulée Melmoth réconcilié. « Pour lui, Melmoth a été une grande œuvre inspiratrice, à l’égal de Tristram Shandy de Sterne, des Contes d’Hoffman, des romans historiques de Scott : il est une source reparaissante, aux multiples résurgences, de l’œuvre balzacienne »(Le Yaouanc). Avant que Baudelaire ne s’en empare. Hanté par le regard insoutenable de ce « rire qui ne dort jamais », le poète évoque par deux fois, dans Les Curiosités esthétiques puis dans L’Art romantique, le « rire terrible de Melmoth », selon son expression, emblème satanique par excellence : « Aussi comme il rit, comme il rit, se comparant sans cesse aux chenilles humaines, lui si fort, si intelligent, lui pour qui une partie des lois conditionnelles de l’humanité, physiques et intellectuelles, n’existent plus ! Et ce rire est l’explosion perpétuelle de sa colère et de sa souffrance. Il est, qu’on me comprenne bien, la résultante nécessaire de sa double nature contradictoire, qui est infiniment grande relativement à l’homme, infiniment vile et basse relativement au Vrai et au Juste absolus. Melmoth est une contradiction vivante ». Insatisfait par ailleurs de la traduction, il projeta d’en donner une traduction plus conforme pour le compte des éditeurs belges Lacroix et Verboeckhoven, mais finalement ces derniers firent réaliser la traduction par Maria de Fos en 1867 - mais elle aussi toujours incomplète. C’est probablement André Breton qui signale l’existence du roman à René Char, ainsi qu’aux autres membres du groupe surréaliste. Breton, dès lors, ne lâchera plus le texte et sera à l’origine de son édition, enfin complète, en 1954 chez Jean-Jacques Pauvert. Jacqueline M.-Chadourne, la traductrice de cette version moderne, précise que les parties retranchées correspondent surtout aux passages où le romancier « donne le plus libre cours à ses assauts contre les jésuites, l’Église romaine, l’Inquisition en Espagne, les misères des couvents, le sadomasochisme monacal, bref contre toutes les perversions d’une religion, fondée selon lui, sur la souffrance et les tourments. Là, Maturin pousse aux extrêmes la dialectique de la révolte luciférienne » (note du traducteur de la première traduction intégrale en français, Phébus, 1996, p. 29). « Ce célèbre roman noir dont l’imagination frénétique atteignit un degré qui ne fut égalé que par Le Moine de Lewis […] exerça une influence énorme sur la littérature fantastique française » (Marc Loliée) et constitue « l’apogée du roman noir. Il eut une influence considérable sur la jeunesse romantique, sur Balzac qui déclarait que Melmoth était égal et par endroits supérieur au Faust de Goethe (…) André Breton en fit le plus grand cas » (Gérard Oberlé). Ce concentré couleur de nuit, que ni Sade ni Goya n’auraient reniés, fascina également Lautréamont, ainsi que le rappelle André Breton dans la préface qu’il donne en tête de l’édition Pauvert : « il n’est pas douteux que Lautréamont a pourvu Maldoror de l’âme même de Melmoth. Il s’agit bien dans les deux cas, non point du démon lui-même, mais de l’agent du démon : l’“ennemi du genre humain”. Le génie de Maturin est de s’être haussé au seul thème qui fût à la mesure des très grands moyens dont il disposait : le don des noirs à jamais les plus profonds, qui sont aussi ceux qui permettent les plus éblouissantes réserves de lumière. Il tenait l’éclairage voulu pour appeler à s’y inscrire le problème des problèmes, celui du mal ». Dans cette même préface, dont l’intérêt est aussi grand que celle rédigée en 1931 par Artaud pour la traduction du Moine, Breton précise que « la présente réédition de Melmoth, ou l’Homme errant vient combler une des plus considérables lacunes de cette information qui nous est nécessaire non seulement pour l’élucidation du problème des sources - on en a rarement vu jaillir d’aussi fécondantes - mais encore pour la fixation d’un point véritablement crucial de l’histoire des idées », celui de l’union du ciel et de l’enfer : certes, ce moment unique a été guetté par Blake et Hugo mais Maturin, lui, « n’a eu besoin que de sonder à l’origine les profondeurs du cœur ». Breton donne alors en exemple la réponse d’Immalee à son amant satanique : « Vous devez m’apprendre à souffrir et je serai bientôt préparé à entrer dans votre monde, mais j’aime mieux pleurer sur vous que sourire sur des roses ». Charles R. Maturin est accessoirement le grand-oncle d’Oscar Wilde, qui puisera dans Melmoth quelques éléments pour son Portrait de Dorian Gray, notamment celui du tableau caché dans le grenier. À sa sortie de prison, Wilde adopte d’ailleurs le pseudonyme de Sébastien Melmoth, s’identifiant au héros maudit créé par son grand-oncle par alliance. Signalons enfin que Humbert Humbert, le héros du Lolita de Vladimir Nabokov, avait baptisée sa voiture Melmoth. Roussel lui offrira l’année suivante ses Nouvelles impressions d’Afrique, avec un envoi plein de gratitude, daté de décembre 1932. C’est, là aussi, le seul exemplaire connu de Roussel envoyé à René Char. Cet envoi, du printemps précédent, est remarquablement poétique, noir et prémonitoire de la disparition de Roussel, que l’on retrouve mort dans sa chambre d’hôtel à Palerme le 14 juillet 1933. Exemplaire bien complet du prière d’insérer.
L'Isle-sur-la-Sorgue 19 mai 1953, 21x13,5cm, 2 pages sur une feuille.
Lettre autographe signée de René Char à René Wintzen de 9 lignes à l'encre noire. Pliure inhérente à l'envoi postal. Le correspondant de René Char est l'ancien rédacteur en chef de Documents,revue des questions allemandes, René Wintzen, et René Char lui confie « je lis régulièrement votre revue Documents ». René Wintzen publie depuis la fin de la guerre une revue, Vent debout. Il organise également des rencontres entres auteurs. René Char le remercie pour sa lettre et lui assure que ses sentiments pour lui sont restés sympathiques. Le poète lui fait part de sa défiance envers les journalistes : « On ne se montre hélas jamais assez méfiant à l'égard de la légèreté des journalistes, ces spécialistes parisiens des fausses situations ». Cette suspicion vis-à-vis des journalistes remonte à la fin de la guerre. René Char est alors célébré sous le nom de Capitaine Alexandre pour sa participation active à la Résistance. Au même moment, le journal communiste Rouge Midi, commence une campagne de calomnie en accusant le poète de libertinage et de détournement de marchandises. Ces accusations touchent René Char et sa colère augmente démesurément quand un des journalistes du Rouge Midi, Georges Dubois, est suspecté d'avoir commandité le meurtre de son compagnon de guerre Gabriel Besson. - Photos sur www.Edition-originale.com -
Phone number : 01 56 08 08 85
Paris, Gallimard, (24 février) 1945. 1 vol. (185 x 230 mm) de 90 p. et [1] f. Broché. Édition originale. Un des 1 000 exemplaires sur châtaignier (n° 504). Envoi signé : « À Henriette et André Gomez [sic, pour Gomès]. Le chant finit l’exil. En toute amitié, René Char" ».
Née à Montmartre, Henriette Gomès débute son activité comme collaboratrice de Pierre Loeb, dont la galerie située alors au 2 rue des Beaux-Arts à Paris, est un lieu de rencontres et d’expositions essentiel pour les artistes d’avant-guerre. Elle y rencontre en 1937 son futur mari, André, qui est alors journaliste et technicien de radio, et l’épouse un an plus tard avant d’ouvrir, avec le soutien Loeb, son propre espace, la « Galerie Henriette » avenue Matignon, inaugurée par une exposition consacrée à Georges Rouault. Deux années durant, elle y expose Cézanne, Gromaire, Brauner, Vieira da Silva, Arpad Szenes, Pierre Charbonnier et Hartung. Mais la guerre met fin à son activité : juive, elle est contrainte de quitter Paris en mai 1940 et se réfugie à La Rochelle avec la famille de Pierre Loeb, séparée de son mari, mobilisé. Sa galerie est confisquée. Après s’être retrouvés à Nîmes, Henriette et André Gomès se réfugient à Marseille en 1941, où ils retrouvent écrivains et artistes regroupés autour d’André Breton à la villa Air-Bel, louée par le Comité américain de secours aux intellectuels, dans l’éventualité d’un départ aux États-Unis. C’est André Gomez qui photographiera Marcel Duchamp, dans un célèbre cliché, saluant le bras levé, debout à la proue d’un paquebot qui s’apprête à gagner le large. Le couple, lui, restera en France : engagés dans la Résistance, ils ont notamment plusieurs échanges avec le maquis des Basses-Alpes, comme en témoignera plusieurs fois René Char, alias capitaine Alexandre. Après la Libération, le couple retrouve un petit emplacement au 6 rue du Cirque à Paris, qu’ils remettent en état, tandis qu’André Gomès poursuit une activité de photographe professionnel. D’autres lettres de Char au couple Gomès, qu’il nomme ses « chers agneaux », témoigneront de cette période. Les amis se retrouvent à la Libération, et René Char peut enfin faire publier Seuls demeurent : le recueil témoigne des premières années d’Occupation et de so, engagement dans la résistance (1941-1943). La publication a néanmoins été envisagée par Char dès avril 1941, mais cette perspective s’estompe dès lors que s’organise le maquis : « Je ne désire pas publier dans une revue les poèmes que je t’envoie. Le recueil d’où ils sont extraits et auxquels en dépit de l’adversité je travaille, pourrait avoir pour titre Seuls demeurent. Mais je te répète qu’ils resteront longtemps inédits, aussi longtemps qu’il ne se sera pas produit quelque chose qui retournera entièrement l’innommable situation dans laquelle nous sommes plongés » (billet à Francis Curel, 1941). Seuls demeurent est terminé au printemps 1943 mais, lorsque le poète envoie à Gallimard son contrat d’’édition, il exprime le souhait que son recueil ne paraisse « qu’une fois la situation de notre pays définitivement éclaircie ». Le recueil est composé de trois moments : « L’Avant-monde », qui regroupe des poèmes en prose, écrits entre 1938 et 1943, René Char ajoutant à l’ensemble un dernier poème en 1945, « La Liberté », qu’il avait envoyé à José Corti en août 1942 ; « Le Visage nuptial », un ensemble de cinq poèmes d’amour en vers datant de l’été 1938 et du début de la guerre et enfin « Partage formel » : une série d’aphorismes écrits en 1941 et 1942 sur le rôle du poète. Le recueil sera publié en février 1945, dans un tirage des plus restreints en grand papier : seulement 13 exemplaires sur pur fil (3 hors commerce A, B et C puis 10 chiffrés en romain), suivis de 1000 exemplaires sur châtaignier. Ces premiers tirages sont aujourd’hui forts rares. Très belle provenance et envoi.
Paris, Editions surréalistes, 1931. 1 vol. (283 x 227 mm) de 44 p. Broché. Édition originale. Un des 5 premiers exemplaires imprimés en vert, sur papier Vidalon à la forme (n° 4). Tirage unique à 100 exemplaires sur ce papier Vidalon – les 95 suivants sont imprimés en noir, dont au moins un exemplaire d’essai. Envoi signé : « à Pierre Unik, ‘au bout du bras du fleuve il y a la main de sable qui écrit tout ce qui passe par le fleuve’. Le rêve des fous éternels ne se lève que lorsque l’action de la justice est éteinte. Il y a toujours une place pour dormir ailleurs comme il y en a toujours une pour mourir ici. La ressemblance ne frappe que nous. Affectueusement, René Char. Buis, 22 mars 1932 ».
C’est le quatrième recueil publié par René Char (après Arsenal, Le Tombeau des secrets et Artine). Il est composé de douze poèmes (« Poème », « Sommeil fatal », « Voyageur sans tunnel », « La main de Lacenaire », « Le Fantôme de Lola Abat », « L’Artisanat », « Poètes », « L’Esprit poétique », « Les Messagers délirants de la poésie frénétique », « Les Soleils chanteurs », « L’Instituteur révoqué » et « L’Amour »), imprimé en juillet 1931 par Ducros et Colas, maîtres imprimeurs à Paris, pour le compte des Éditions surréalistes, que dirige José Corti. Dédié à André Breton, il doit son titre à une phrase incomplète extraite du texte de René Char, À Rimbaud (« L’action de la justice est éteinte là où brûle, où se tient la poésie, où s’est réchauffé quelques soirs le poète »). Le recueil sera repris, avec quelques corrections, dans Le Marteau sans maître, toujours chez Corti, en 1934. Il sera ensuite intégré au recueil Moulin premier. Précieux et rare recueil sur ce papier de tête des poésies surréalistes de Char, au plus fort de sa collaboration avec Breton et Éluard. « Char, dit Corti dans ses Souvenirs désordonnés, ne croit probablement pas beaucoup à l’inspiration ; mais, au hasard d’une rencontre, à l’aimantation des êtres et des choses. Il sait que le poète est un médium qui perçoit, sait le lieu et la prise. Quand il laboure, il pèse sur la terre ; il va toujours plus loin ; il revient sur le sillon autant de fois qu’il faut. Un manuscrit de Char est toujours la recherche de la dernière perfection. Quand on en est à l’impression, le repentir intervient : un mot, une inversion et le livre n’est pas plutôt achevé que se révèle ce qui aurait pu le parfaire. Tel poème de quelques vers n’a pas eu moins de sept ou huit états dont chacun a été définitif pendant quelques heures ou quelques jours […] ». Nous n’avons retrouvé trace que de deux exemplaires sur papier vert : celui conservé à la bibliothèque Doucet et l’exemplaire Jean Hugues puis Pierre Leroy, établi par le premier dans une reliure de Georges Leroux. L’envoi à Pierre Unik contient un extrait du poème « L’Esprit poétique », dédié à Louis Aragon. De la bibliothèque Paul Destribats (Christie’s, 2019, I - n° 313).
Paris, Librairie José Corti, 1953 ; in-8 (120 x 186 mm), 116 pp., broché. 3ème édition.
Le Caire, Librairie L.D.F., 1956. 1 vol. (140 x 190) de 18 et [1] p. Broché. Edition originale. Tirage unique à 200 exemplaires numerotes sur papier velin (n° 129 ), signé par René Char de ses initiales. Envoi signé : " à Simone Vannier, avec l'amitié des neiges que le soleil fait fleurir. R.C. 27 décembre 1957 ".
Projet de ballet, imaginé par René Char après la lecture dans un journal d'un article relatant la découverte par des explorateurs de traces de pas gigantesques dans l'Himalaya, traces attribuées à un yeti. Avec Nicolas de Staël, lui aussi sensible à la notion d'immensité quelle que soit sa forme, ils décidèrent de traduire ce simple fait en ballet, mais le projet avorta avec le désistement des musiciens à qui Staël avait proposé la mise en musique. Ce n'est qu'en 1956, un an après la mort de l'artiste, que René Char fit publier ce texte chez un éditeur du Caire et dans une collection dirigée par le poète Edmond Jabès. L'exemplaire de l'édition originale est ici offert à une proche amie qui, l'année suivante de la parution, donnera un spectacle en hommage à Char, à partir de sa pièce Claire : Simone Vannier. Qualifié de « spectacle le plus poétique de Paris » (L'Express), son René Char, Le Fer et le Blé, Claire sera donné chez Agnès Capri, aux côtés de Serge Bossac et de Jacques Monod. C'est Char lui-même qui s'occupa du montage des poèmes pour ce spectacle, crée le 11 novembre 1957 pour un mois, et qui sera prolongé jusqu'au 28 janvier 1958 devant le succès rencontré. C'est pendant cette période que le poète lui offre cet exemplaire, au moment des représentations de fin décembre. Cette plaquette ne sera imprimée qu'à 200 exemplaires numérotés.
Skira Cuir Genève 1972 Ed. numérotée
Très bon In-8. 98 pages. Exemplaire no. 608/1000/1175. Sous étui, accroc en surface à celui-ci. Coll. "Les Sentiers de la Création".
Gallimard Jaquette en très bon état Cuir Paris 1983
Très bon In-12. 1364 pages. Coll. "Bibliothèque de la Pléiade".
Paris, Éditions Gallimard, 1969 ; in-8, 52 pp., broché, couverture à rabats. Très bon état.
Maeght Éditeur Couverture souple Paris 1947
Très bon Petit in-8. 86 pages. Reproduction en format réduit, décembre 1947, originale parue en janvier de la même année. Recueil de textes sur Henri Matisse. Bel exemplaire.