Copenhage 10 avril [1947], 22,5x28,4cm, 6 pages sur 3 feuillets.
Très longue lettre autographe signée "Dest" au docteur Tuset et à Henri Mahé, datée du 10 avril [1947] à Copenhague, 130 lignes à l'encre bleue sur six pages pleines, corrections et soulignements de la main de l'auteur. La date indiquée par l'auteur du 10 mars est erronée, Naud n'acceptant de défendre Céline qu'en avril 1947. Pliures inhérentes à la mise sous pli ayant provoqué d'infimes déchirures sans manque de texte. Affaibli par son exil, Céline se réfugie dans sa correspondance où les multiples évocations du passé constituent des repères qui le rattachent à la vie. En 1947, Céline, poursuivi par la justice française pour son engagement collaborationniste, est reclus à Korsør, au Danemark. Epuisé par son isolement, Céline tente de maintenir un contact permanent avec son cercle d'amis français et parmi eux, le docteur Augustin Tuset, figure autour de laquelle gravite le monde des arts de Quimper, «cette petite Athènes au bord de l'Odet». La période d'exil permet à Céline de renouer avec le monde de l'avant-guerre ressurgissant à travers les abondantes listes de noms parfois non identifiés: «et Mme. Le Gallou? Et votre assistante? Et Desse? [...] Et les frères confitures, et leur grand-père divin! et Le Floche? Et Rosbras? [...] Et Troulalaire? Et notre si gentille crêpière. Je n'en aurais pas fini». Les différentes époques de la vie de Céline s'entrecroisent dans la correspondance du Danemark, donnant à la mémoire un rôle à la fois néfaste et salvateur pour l'auteur: «Je suis inépuisable aux souvenirs. L'atroce est que je n'oublie jamais rien. Il faudrait bien que j'oublie certaines choses [...] Ah Marie Bell, mes amours! [...] elle était vraiment extraordinaire dans Armide! Ces choses-là ne s'oublient pas. Tout est poésie!». L'écriture de la lettre épouse le fil de la pensée de l'auteur, n'effectuant aucune transition entre les sujets: «Maria le Bannier nous écrit souvent. Je l'aime bien. C'est un tempérament et tout un trésor de Bretagne. Et Saudemont? Vers quelles ivresses? Serre bien la main de Pipe. Affection à Stève. [...] comment va la mère de Madeleine? Nous parlons souvent de la «Puce». Leur pauvre petite chatte... » Aucune affaire n'est épargnée par la soif de Céline de retrouver les repères familiers dans sa solitude où finit par poindre la fatigue qui l'accable: «Jusqu'où vont nos souvenirs...» A l'instar de plusieurs autres missives de la correspondance danoise, cette lettre est destinée à deux interlocuteurs: le docteur Tuset, mais aussi le peintre Henri Mahé, qui présenta d'ailleurs le premier à Céline. Le ton change significativement lorsque l'écrivain, s'adressant à son ami de longue date, quitte cette bienveillance nostalgie pour laisser éclater sa colère: «[...] prévenez Henri que Karen est à rayer une fois pour toutes!». Ici s'ouvre le long et virulent récit de l'un des tournants principaux de l'épopée du Danemark. Céline avait, avant son exil, confié de l'or à la danseuse Karen Jensen (dédicataire de L'Eglise). Assistée d'Ella Johansen, cette dernière mit des appartements à la disposition des Destouches qui s'y réfugièrent à leurs sorties respectives de prison. Dépositaires de l'or de Céline dont la réserve diminue de manière suspecte, les deux femmes sont ici violement prises à partie: «Elle [Karen] et son amie se sont comportées comme des sorcières de Macbeth et en plus pillardes, canailles. Des monstres. Elles ont littéralement torturé la pauvre Lucette. Deux mégères en délire [...] Son amie Johansen, ivrogne aussi hystérique, méchante, envieuse, un monstre.». Céline va même jusqu'à les comparer à «Landru [...] plus timides, plus sournoises, mais textuelles». La colère doublée de frustration de Céline n'épargne personne, pas même sa propre fille: «La mienne d'enfant, Colette, végète à Paris, la pauvre conne» L'exil mais surtout la période de prison que Céline a endurée lui fournissent une source intarissable de fureur qui lui inspire des lignes aussi percutantes que celles qui forment ses romans : «Ce fut un cauchemar de 17 mois, méticuleux. Et avec toute la monstrueuse hypocrisie protestante! Pour notre bien! toujours de superbes alibis pour les pires crimes, les plus écurantes lâchetés. Au résultat, j'ai été dépouillé de quelques millions, le plus hypocritement du monde, sous chantage, et rien à dire, absolument rien». Les aphorismes, particulièrement présents dans cette lettre, sont le signe de la fusion permanente entre style et écriture épistolaire: «L'or rend fou, vous le savez, et folle, car tout ce monde est rastaquouère, vit bien au-dessus de ses moyens. Voyages, robes, alcools, jeu, etc... Victimes du cinéma!». L'éloignement de Céline le rend d'autant plus soucieux de l'évolution de sa situation dans la capitale, auprès de ses amis comme de ses ennemis, parmi lesquels se distinguent une fois encore toutes les relations artistiques de Céline: «Daragnès, qui me condamnait fort à la pendaison en juin 1943 [...] se rachète, il semble, en se remuant un petit peu auprès de ses amis: . du Quai d'Orsay. Il le faut.» La mention de Gen Paul, autre figure de peintre qu'il a quitté sur une dispute, est significative de son affection pour celui qui appelle «son frère» et dont il fera un personnage central de Féerie pour une autre fois, alors en travail à cette époque: «Quant à Popaul, jaloux comme trente-six tigres, maléficieux comme 40 sorcières, je l'aime bien et tout est dit. Il a au moins l'immense avantage de ne jamais être emmerdant». Cette lettre d'une grande densité constitue un témoignage quotidien des étapes de «l'affaire Céline» notamment du côté de sa défense: «[...] Maître Naud, l'avocat de Laval, qui veut bien prendre ma défense». On note aussi l'une des premières occurrences de Milton Hindus «un très affectueux défenseur [...] un juif professeur de littérature à Chicago» qui manifeste à l'auteur son admiration pour son écriture et qui lui rendra visite en 1948. Céline ne ménage pas ses opposants, armé de son sarcasme habituel: «[...] son attaché de presse Raynaud, un petit merdeux chienlit, maquisard, pénible scribouilleux de quelque Marmande, mais communiste, qui me relance dans les canards danois. Bref on s'amuse. Que de coups de pieds au cul...» Cette précieuse lettre saisit un moment clef de l'exil danois où apparaît un Céline qui ne vit qu'à travers sa correspondance: «Positivement nous ne tenons plus debout ni l'un ni l'autre. Même Bébert en fut. Il nous fait bien plaisir d'avoir de vos nouvelles qui nous rendent un peu d'espoir et d'existence.» - Photos sur www.Edition-originale.com -
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s.l. [Copenhague] 23 avril [1947], 22,5x28,4cm, 6 pp. in-folio.
Lettre autographe signée de Céline à Henri Mahé, datée du 23 avril [1947], 113 lignes à l'encre noire sur trois feuillets, corrections de la main de l'expéditeur. Pliures inhérentes à la mise sous pli, quelques petites taches sur le premier feuillet sans manque de texte. Empreinte de l'emblématique style célinien, cette longue lettre à l'un de ses plus intimes amis, révèle un exilé fébrile, tiraillé entre mal du pays et rancur vis-à-vis de ses détracteurs. En 1947, Céline, poursuivi par la justice française pour son engagement collaborationniste, est reclus au Danemark. Cette période de grande solitude, pénible à l'écrivain, est marquée par une importante correspondance avec ses contacts parisiens et notamment avec «[son]cher vieux», Henri Mahé, l'un des rares fidèles qui lui rendront visite dans sa captivité. L'artiste peintre, rencontré en 1929, entretient une relation amicale privilégiée avec Céline, immortalisée par son avatar dans le Voyage, et dont on perçoit toute la portée dans la lettre que Céline lui adresse. Retenu prisonnier contre son gré, Céline fantasme une Bretagne mythifiée, berceau de son amitié avec Mahé: les filles de celui-ci, filleules des Destouches, deviennent des «fées», images de la «Bretagne en fleur». La pensée nostalgique de ce pays devient un refuge récurrent durant les années difficiles: «Mon Dieu, que vous devez être heureux». Articulée autour de «la petite musique» célinienne, la lettre, à l'image de toute la correspondance, fait partie intégrante de l'uvre de l'auteur où se côtoient grotesque et tragique: «Jojo n'a pas de veine alors. [...] La ténacité, bien agréable dans le cas, est souvent récompensée. Tuset représente admirablement le géniteur fin, philosopheet magnifiquement vivant... Je n'irai tout de même pas jusqu'à le recommander à Madame Jojo!»/«J'ai vu finalement l'attaché de presse Raynaud et sa femme, deux petites ambitions promenades d'Alger satisfaites sans aucun sacrifice ni risques, champignons poussés sur le fumier de la catastrophe et des décombres». A l'instar des romans, cette lettre met en exergue le talent d'argotiste de Céline: «Là je te dis que l'on ergote, trafouille, cafouille que c'est une joye.» Son ressentiment n'est pas seulement perceptible dans ses mots mais transparaît aussi par sa graphie, de plus en plus irrégulière, espacée et démesurée au fur et à mesure qu'il s'échauffe, certains mots étant rageusement soulignés de plusieurs traits : «Vous, vous, chère petit tête précieuse, bien habile et bien planquée, que ferez-vous, vous, pas un autre, pas le Pape, vous?». L'ennui qui ronge Céline se devine dans l'empressement avec lequel il enjoint Mahé de lui rapporter des nouvelles de la France, qu'elles soient privées ou politiques: «Comment est l'enfant Mourlet? Sont-ils bêcheurs? Et Desse?[...] Que pense-t-on de de Gaulle? Boulanger? Badinguet? Kerensky?». La plume agitée de Céline jette les informations sur le papier, multipliant les noms, sans organisation ni transitions entre les différentes affaires qui l'intéressent: «Tu ne me parles pas des Mondains? Je te recommande une jolie revue «Courrier du Continent» [...] Le cinéma français me semble bien mort...» La régularité et l'ardeur que Céline met à sa correspondance est signe de sa détermination à ne pas être oublié ni de ses amis ni de ses défenseurs potentiels: «Je lui [Naud] ai envoyé tout mon dossier, et puis une aucune nouvelle! Je voudrais bien qu'on le stimule. Qu'on lui demande ce qui se passe? [...] Tu vois comme tout ceci est critique [...] Il faudrait prouver à Naud que j'ai des amis distingués à Paris». La haine de Céline face aux hommes, déjà profondément enracinée dans le Voyage, s'intensifie durant l'exil et face aux accusations, qu'il subit: «Pas un jour de peine, tout en bénéfice. Ecurant! Tout perdre, tout souffrir pour des petits cafouilleux pareils. J'ai honte.» Mais Céline, impuissant, déplore au-delà de cette injustice présumée, la bêtise de ses accusateurs: «Il [Charbonnière] a écrit des lettres aux Danois dont la bêtise, la gafferie, la balourdise, me font pleurer, pas le crime, la sottise, les sottises ». La lettre est progressivement envahie par l'aigreur de Céline qui, accablé par ses prises de positions précédentes, choisit de rester ironiquement sur ses gardes face aux événements présents: «Moi je dis: je serai cette fois avec le plus fort et que l'on rira bien ». Belliqueux, Céline pousse la provocation jusqu'à l'image crue: «Je ne prendrai parti que lorsque tous les vainqueurs auront leurs organes coupés et enfoncés dans la bouche au plus profond, plus bas que les sophages». À travers cette agressivité, transparaît une misanthropie, plus précisément dirigée contre ses compatriotes, dont il se présente comme la victime: «Je ne reproche pas aux Français de m'avoir baisé, mais ils me font mal. Ils me butent. Tout ce qu'ils racontent pour m'accabler est idiot, m'atteint tout de travers. Ils me font mal». Cette position, dans laquelle il s'enfermera après son retour en France, causant d'ailleurs la rupture avec Mahé, entretient l'idée qu'il est seul contre tous: «Chez moi rien n'est gratuit. J'ai payé pour tout, effroyablement payé. A la guerre - et dans la paix. Les autres trichent, truquent. Je suis toujours prêt à mettre ma peau sur ma table et mes malheureux 4 sous. D'ailleurs s'il la veut, me parler, d'Honneur, homme à la disposition! au pistolet à 25 mètres, quand on veut, comme on veut, où l'on veut, tout tordu de rhumatismes que je suis. Mais on ne sait que m'envoyer en cellule, me faire pourrir en cachot ». L'isolement atteint Céline bien plus que tout autre châtiment au point qu'il en vient presque à émettre des regrets : «Quelle misère, morale, mentale! Avoir été se foutre là-dedans! Quel imbécile! Je suis éreinté par «la France du Sud-Ouest»! Voyez-vous ça! Que sait la France du Sud-Ouest! C'est atroce. Ce sont des coups de pieds de l'âne perpétuels. Le martyr, c'est le crachat des imbéciles ». Ultime trait sarcastique, la lettre se clôt sur un jugement sans appel: «Mais le peuple, ce peuple qui ne veut se battre qu'à 10.000 contre un, qu'osera-t-il?» Ces pages acerbes dévoilent l'état d'esprit de Céline, épuisé par son exil forcé, et offrent un rare aperçu de l'effondrement que représente cet épisode qu'il lui permettra de cultiver son image de vaincu. - Photos sur www.Edition-originale.com -
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Meudon 1954, 20x27cm, 16 feuillets (9 pour le premier manuscrit + 7 pour le second).
« Qu'est-ce que Normance ? Une chute de six mètres à la première page et, pendant trois cent soixante-quinze, en chute libre, la plongée dans une mémoire folle et une imagination hallucinée. » (René Chabbert, "Normance par L.-F. Céline", in Dimanche matin, 29 août 1954.)<br>* Deux manuscrits autographes signés inédits de Louis-Ferdinand Céline rédigés au stylo à bille bleu et rouge sur des feuillets de papier blanc : le premier est constitué de 9 pages, numérotées au coin gauche de 1480 à 1488, le second comporte 7 pages, numérotées de 1498 à 1504. Chacun des textes est signé en marge basse à l'encre rouge par Céline et comporte la mention « Meudon 54 », également de la main de l'écrivain (ff. 1485 et 1505). Ils présentent d'abondantes variantes, lignes et mots biffés, modifications et reprises. Trous d'épingles en marge haute gauche de tous les feuillets, stigmates de l'organisation des manuscrits céliniens en « paquets ». Publié en 1954, Normance est une suite directe de Féérie pour une autre fois paru deux ans auparavant. Les deux parties ont été rédigées durant les années d'exil et de prison de Céline au Danemark. À son retour en France en 1951, Céline entreprend un travail de « polissage » et fait paraître de manière indépendante ces deux textes titanesques au départ envisagés comme un seul. « Céline, tandis qu'il y travaillait, pensait à ce roman comme un second Voyage au bout de la nuit, de nature vingt ans après à étonner le public autant que le roman de 1932. » (Henri Godard) Notre ensemble correspond à deux passages situés aux deux tiers du roman (Romans, Pléiade, IV, pages 371 à 375) avec un texte très différent de la version définitive. Il s'agit d'une version antérieure, inconnue d'Henri Godard, comme en témoigne une note de l'édition de la Pléiade où le célinien explique que le mot « planqaouzeuze » - apparaissant sur l'un des feuillets de notre ensemble - avait posé problème à Marie Canavaggia qui avait retranscrit « plaquouseuze », resté ainsi dans l'édition originale. Il ajoute qu'il n'a pas eu connaissance de cette partie du manuscrit, c'est-à-dire nos feuillets qui n'apparaissent effectivement pas dans les versions intermédiaires retranscrites dans la Pléiade. « Ah devineresse ! un truc qu'elle avait pas deviné comment on lui tarterait ses trembles ! Y éventrerait ses fauteuils, lui crèverait ses fines cachettes ! » Le premier de nos manuscrits narre le saccage et le pillage de l'appartement d'Armelle, une voyante : « Combien elle avait de jeux Armelle ? Elles prenaient l'air ses cartes d'avenir ! [...] ah Pythonisse ! ah le duvet à présent ! le dedans des polochons qui vole ! s'envole ! » Céline y évoque également Madame Toiselle, concierge de l'immeuble : « - Y'a du désordre, madame Toiselle. Je le lui hurle... elle qu'était maniaque ! [...] abrutie ! elle regarde maintenant ! elle regarde bien ! ah je vois sa consternation...elle est là devant moi à quatre pattes. Je la vois sa tête ! sa binette ! - Eh tête d'omelette ! que je lui crie eh tête d'omelette ! » Le second se concentre sur Raymond, qui dans une crise de délire à son réveil se prend pour un âne « Raymond Raymond ! mais c'est votre femme que vous cherchez ! c'est vrai il cherchait sa femme... ! enfin y a peut-être cinq minutes il cherchait sa femme ! Denise ! ... maintenant c'est lui-même qu'il cherche. [...] - Hiian ! hiiian ! ... qu'il me répond ! » On assiste également à un cocasse règlement de compte entre Mimi et Rodolphe : « voilà Mimi puis tiens ! Rodolphe ! ils arrivent ! et comment ils se traitent !... où ils étaient ? sur le seuil les deux ! ils profitent de l'accalmie des bombes ! - Cochon ! maquereau ! - Cabotine ! coureuse ! et ils s'attaquent à leurs costumes... » Remarquables manuscrits témoignant de la persévérance de Céline à trouver le mot juste et de sa volonté de se placer en témoin direct d'événements aussi bien historiques qu'autobiographiques. Ces feuillets inédits sont emblématiques du traitement célinien à l'uvre dans cet ambitieux roman : « L'histoire, le style et le ton de Normance en font un livre à part qui n'est que la longue relation d'une nuit de bombardement à Montmartre, racontée à sa façon par Céline qui avait été vivement impressionné par le spectacle du bombardement des usines Renault à Boulogne-Billancourt auquel il avait assisté des fenêtres de son appartement de la rue Girardon. Le livre est dédié à Pline l'Ancien, témoin, lui aussi, puis chroniqueur, d'un spectacle fantastique : l'éruption du Vésuve. C'est une vaste fresque où les bruits tiennent une place importante [...] » (F. Gibault, Céline - 1944-1961 : Cavalier de l'Apocalypse). La profusion du bruit caractérise justement ces deux manuscrits, dans lesquels Céline multiplie les onomatopées et les dialogues hurlés entre les personnages : « Crrac ! elle se déchire un bout... un bout de pantalon au féroce ! elle lui ouvre tout devant ! ... Crrac !... comme ça !... il a beau la giffler (sic) ! pardon ! elle gagne ! elle gagne. - Tu l'as ! tu l'as ! qu'il lui crie... Tu l'as quoi ?... Je sais pas...Ah c'est le vulnéraire ! ...mais alors » La graphie même du manuscrit témoigne de la ferveur avec laquelle Céline rédigea ces scènes pleines d'action, comme s'il les revivait au moment de la rédaction de ces feuillets, raturant abondamment des passages entiers et hésitant longuement sur le choix des termes : « ... y'a des explosions méchantes et pas loin et de ces éclairs !... le sol branle moins gode moins...mais l'autre qui m' hennit dans l'oreille...et qui me crie sa détresse - Raymond ! Raymond il se [au stylo rouge : re] cherche toujours !... [barré : les explosions s'espacent...les éclairs] les explosions sont plutôt [barré : moindres / moins / presque / dures / proches] ». Remarquables manuscrits autographes signés inédits d'une uvre qui nécessita pour Céline un colossal effort de rédaction : « Ce livre m'a coûté énormément de travail et de temps. » (Lettre à Claude Gallimard, 26 février 1954) - Photos sur www.Edition-originale.com -
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s.l. [Klarskovgaard] 8 décembre 1950, 21x34cm, 2 pages sur un feuillet.
Lettre autographe signée en partie inédite de Louis-Ferdinand Céline adressée à son avocat, Maître Thorvald Mikkelsen. Deux pages rédigées à l'encre bleue sur un grand feuillet de papier blanc?; numéro «?575?» de la main de Céline en haut à gauche au crayon rouge. Pliures transversales inhérentes à l'envoi. Cette lettre a été très partiellement retranscrite dans l'Année Céline 2005, p. 64. Belle lettre empreinte d'amertume de Céline qui vient de perdre sa tante Amélie (la tante Hélène de Mort à crédit), et observe le monde qu'il a connu lentement disparaître. L'écrivain se réfugie dans les mémoires d'Élisabeth de Gramont, témoins d'une époque grandiose également révolue. Depuis son exil danois, Céline apprend avec tristesse la mort de sa tante Amélie, dernier membre de la famille Destouches?: «?Je viens de perdre à l'hospice d'Angers encore une dernière parente?». L'écrivain n'a pourtant pas été tendre avec son alter ego dans Mort à crédit, le personnage de la sulfureuse tante Hélène mourant dans la déchéance et la honte, laissant derrière elle un sillage de galants, d'amants ou de clients?: «?À Saint-Pétersbourg, elle est devenue grue. [...] Elle est venue nous voir au Passage, deux fois de suite, frusquée, superbe, comme une princesse et heureuse et tout. Elle a terminé très tragiquement sous les balles d'un officier?» (Mort à crédit). La véritable tante Amélie s'établit en Roumanie, mariée à un diplomate, Zenon Zawirski. Malheureusement, la réalité rattrapa la fiction et Amélie rentra à Paris dans le plus complet dénuement à l'âge de 80 ans. Céline se chargea de la transférer de l'hospice des Petites surs des Pauvres de Breteuil jusqu'à l'hôpital d'Angers où elle s'éteint en décembre 1950 («?Que la pauvre femme meure gentiment. Assez de fins tragiques dans la famille?!?» avait-il écrit au docteur Camus le 11 juillet 1949). La secrétaire de l'écrivain, Marie Canavaggia, la rencontra avant son arrivée à Angers?: «?elle avait par moments des gestes et des expressions qui en éclairs me rappelaient son neveu?» (13 juillet 1949). Le dernier membre de sa famille disparu, Céline contemple sa propre fin?: «?si ça continue si je rentre jamais en France je foncerai directement au cimetière?». Dévorant les livres que son avocat fait parvenir afin d'adoucir l'exil de son client, Céline détaille ses lectures du moment?: «?Le Temps des équipages [d'Élisabeth de Gramont] est un des livres fameux parus vers 1920?! L'un des «?Guides des Snobs?» les mieux réussis de l'Époque?». Il est assez cocasse d'imaginer Céline se réjouir à la lecture du carnet mondain de cette aristocrate fin-de-siècle, chronique d'un monde si étranger au sien?: «?J'avais un ami, Carré, de Rennes, étudiant en droit, qui l'avait appris par cur?! [...] il s'en est établi marchand de tableaux?». Dans ses jeunes années d'étudiant en médecine, Céline croisa en effet le chemin de Louis Carré, devenu marchand d'art parisien, exposant tour à tour Paul Klee, Juan Gris, Le Corbusier ou Picasso?: «?il y a fait 10 fois fortune?! Preuve que tous les livres ne sont pas déprimants?!?» En 1947, Céline, poursuivi par la justice française pour son engagement collaborationniste, est reclus au Danemark. C'est en mai 1948, accompagné de Lucette et Bébert qu'il arrive chez son avocat Maître Thorvald Mikkelsen à Klarskovgaard. Ce dernier possède une grande propriété au bord de la mer baltique et invite l'exilé à y séjourner. Le 21 février 1950, dans le cadre de l'épuration, l'écrivain est condamné définitivement par contumace par la chambre civique de la Cour de justice de Paris pour collaboration à une année d'emprisonnement (qu'il a déjà effectuée au Danemark). Le consul général de Suède à Paris, Raoul Nordling, intervient en sa faveur auprès de Gustav Rasmussen, ministre des Affaires étrangères danois, et parvient à retarder son extradition. Le 20 avril 1951, Jean-Louis Tixier-Vignancour, son avocat depuis 1948, obtient l'amnistie de Céline au titre de «?grand invalide de la Grande Guerre?» en présentant son dossier sous le nom de Louis-Ferdinand Destouches sans qu'aucun magistrat ne fasse le rapprochement. Céline quittera le Danemark l'été suivant, après trois ans passés chez son avocat. - Photos sur www.Edition-originale.com -
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Peu de temps avant laudience de son procès qui devait se tenir le 21 février 1950, sous la présidence du juge Drappier, Céline tente de mobiliser ses soutiens :...Je crois qu'il faut que tous les vrais amis écrivent maintenant en ma faveur tout de suite au Président Drappier cour de Justice directement. C'est à dire toi, Paulhan, Debuffet (sic, pour Jean Dubuffet), Marcel (Marcel Aymé), tous ceux auxquels tu penseras. Veux-tu les alerter ? Naud (son avocat Albert Naud) est d'accord. Ce sera lu à l'Audience avec comme en-tête des lettresAffaire Céline...Comme je suis malade ! J'ai peine à écrire et je n'ai aucune aide ; tu parles, faire ronéotyper à Copenhague ! Mik (son avocat danois Th. Mikkelsen) s'en fout et ne fait rien. Heureusement Löchen le Pasteur est admirable, sans lui jamais les pieces ne seraient visées au Consulat ni meme tapées ! Il m'a embauché une dactylo la bas... Mik garde mes lettres huit jours sans les lire... Il ne s'intéresse pas !... Bien affectueusement...Lors de laudience du procès de Céline mi-décembre 1949 devant la cour de Justice de la Seine, son avocat danois Thorvald Mikkelsen avait envoyé un télégramme qui annonçait « Destouches malade, impossible de se présenter... ».Une procédure de jugement par contumace fut donc décidée avec ordre donné à Céline de se présenter à laudience fixée au 21 février 1950. Le président Drappier allait juger lécrivain. Tous les amis de Céline décidèrent alors de se mobiliser en sa faveur, Arletty, Marie Bell, Jean Paulhan, Marcel Aymé, Jouhandeau, Maulnier, jusquà Henri Miller, qui par lintermédiaire de Maurice Nadeau avait rédigé une lettre en faveur de lauteur du Voyage, et enfin beaucoup dautres, dont le peintre Jean Dubuffet...François Löchen était le chef de lEglise réformée de Copenhague. Cest à lautomne 1947 que le pasteur Löchen avait fait la connaissance de Céline au Danemark. Auparavant, il avait été aumônier militaire à Sartrouville, puis à Bezons en banlieue parisienne, là où le docteur Destouches avait lui-même exercé la médecine.L'amitié du graveur Jean-Gabriel Daragnès (1886-1950) et de Céline ne fut pas immédiate. Pendant l'Occupation, Daragnès se méfie de la " bande à Gen Paul ", mais Céline soigne sa mère " jusqu'à la dernière minute " (mars 1941) et Daragnès n'oubliera jamais son dévouement. Cest Daragnès qui met Céline en relation avec Paul Marteau et Jean Dubuffet, deux soutiens de lécrivain lors de son procès. Il accueillera Mikkelsen, lavocat danois de Céline à Montmartre et se rendra lui-même à Korsor en 1948., lexil danois de Céline et son épouse Lucette. Daragnès est à l'origine de la publication de Foudres et flèches et de À l'agité du bocal, et songe à illustrer Scandale aux Abysses qu'il veut imprimer lui-même. Il collecte des témoignages à décharge, et se présente au procès devant la Cour de Justice, comme témoin. On ne l'entendra pas, en l'absence de l'accusé.Le 25 juillet 1950, Daragnès meurt à la suite d'une banale opération. Céline perd un véritable ami, ainsi quun soutien financier actif, par son rôle de passeur de fonds vers le Danemark, en concours avec Pierre Monnier et François Löchen.
s.l. [Klarskovgaard] 7 octobre 1950, 21x34cm, 2 pages sur 2 feuillets.
Lettre autographe signée en partie inédite de Louis-Ferdinand Céline adressée à son "cher Maître et défenseur" Maître Thorvald Mikkelsen. Deux pages rédigées à l'encre bleue sur deux grands feuillets de papier blanc ; numéros "580" et "581" de la main de Céline en haut à gauche au crayon rouge. Pliures transversales inhérentes à l'envoi. Cette lettre a été très partiellement retranscrite dans l'Année Céline 2005. Lettre autographe signée de Louis-Ferdinand Céline adressée à son "cher Maître et défenseur" Maître Thorvald Mikkelsen. Deux pages rédigées à l'encre bleue sur deux grands feuillets de papier blanc ; numéros "580" et "581" de la main de Céline en haut à gauche au crayon rouge. Pliures transversales inhérentes à l'envoi. Céline adresse à Mikkelsen un article: "Pour intéressé que vous soyez aux choses de l'esprit je crois avoir remarqué que les turlupinades des banques, changes, fricoteries diverses vous amusaient aussi. Ci-donc, joint, article assez farceur relatant certaines galipettes de l'or et ses escrocs changeurs (à Paris, évidemment!)" L'écrivain a adjoint à sa lettre un autre feuillet dont les nombreux soulignements témoignent de la persécution dont il se sentait victime: "Maintenant qu'on remonte la Ligne Maginot, qu'on recrée une Légion Anti Bolchéviques, une armée franco-allemande, il paraît qu'il est question de me poursuivre à nouveau d'après les Beaux Draps mais cette fois pour antigermanisme et sabotage de l'Europe Nouvelle et irrespect pour Hitler! Oh je n'en mène pas large !" En 1947, Céline, poursuivi par la justice française pour son engagement collaborationniste, est reclus au Danemark. C'est en mai 1948, accompagné de Lucette et Bébert qu'il arrive chez son avocat Maître Thorvald Mikkelsen à Klarskovgaard. Ce dernier possède une grande propriété au bord de la mer Baltique et invite l'exilé à y séjourner. Le 21 février 1950, dans le cadre de l'épuration, l'écrivain est condamné définitivement par contumace par la chambre civique de la Cour de justice de Paris pour collaboration à une année d'emprisonnement (qu'il a déjà effectuée au Danemark). Le consul général de Suède à Paris, Raoul Nordling, intervient en sa faveur auprès de Gustav Rasmussen, ministre des Affaires étrangères danois, et parvient à retarder son extradition. Le 20 avril 1951, Jean-Louis Tixier-Vignancour, son avocat depuis 1948, obtient l'amnistie de Céline au titre de "grand invalide de la grande guerre" en présentant son dossier sous le nom de Louis-Ferdinand Destouches sans qu'aucun magistrat ne fasse le rapprochement. Céline quittera le Danemark l'été suivant, après trois ans passés chez son avocat. En 1947, Céline, poursuivi par la justice française pour son engagement collaborationniste, est reclus au Danemark. C'est en mai 1948, accompagné de Lucette et Bébert qu'il arrive chez son avocat Maître Thorvald Mikkelsen à Klarskovgaard. Ce dernier possède une grande propriété au bord de la mer baltique et invite l'exilé à y séjourner. Le 21 février 1950, dans le cadre de l'épuration, l'écrivain est condamné définitivement par contumace par la chambre civique de la Cour de justice de Paris pour collaboration à une année d'emprisonnement (qu'il a déjà effectuée au Danemark). Le consul général de Suède à Paris, Raoul Nordling, intervient en sa faveur auprès de Gustav Rasmussen, ministre des Affaires étrangères danois, et parvient à retarder son extradition. Le 20 avril 1951, Jean-Louis Tixier-Vignancour, son avocat depuis 1948, obtient l'amnistie de Céline au titre de "grand invalide de la grande guerre" en présentant son dossier sous le nom de Louis-Ferdinand Destouches sans qu'aucun magistrat ne fasse le rapprochement. Céline quittera le Danemark l'été suivant, après trois ans passés chez son avocat. - Photos sur www.Edition-originale.com -
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Gallimard, Paris 1976-1988, 14x20,5cm, 8 volumes brochés.
Edition originale dont il n'a pas été tiré de grands papiers (sauf pour le N°7) pour chacun des volumes. Notre série complète se compose ainsi : Cahiers Céline 1 : Céline et l'actualité littéraire 1932-1957. Cahiers Céline 2 : Céline et l'actualité littéraire 1957-1961 Cahiers Céline 3 : Semmelweis et autres écrits médicaux Cahiers Céline 4 : Lettres et premiers écrits d'Afrique 1916-1917 Cahiers Céline 5 : Lettres à des amies Cahiers Céline 6 : Lettres à Albert Paraz 1947-1957 Cahiers Céline 7 : Céline et l'actualité 1933-1961 Cahiers Céline 8 : Progrès suivi de Oeuvres pour la scène et l'écran. Iconographie. Première garde du premier volume ombrée en raison d'une coupure de presse. Rare ensemble complet. - Photos sur www.Edition-originale.com -
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Gallimard, Paris 1976-1988, 14x20,5cm, 8 volumes brochés.
Edition originale dont il n'a pas été tiré de grands papiers (sauf pour le N°7) pour chacun des volumes, un des exemplaires du service de presse pour le premeir numéro. Notre série complète se compose ainsi : Cahiers Céline 1 : Céline et l'actualité littéraire 1932-1957. Cahiers Céline 2 : Céline et l'actualité littéraire 1957-1961 Cahiers Céline 3 : Semmelweis et autres écrits médicaux Cahiers Céline 4 : Lettres et premiers écrits d'Afrique 1916-1917 Cahiers Céline 5 : Lettres à des amies Cahiers Céline 6 : Lettres à Albert Paraz 1947-1957 Cahiers Céline 7 : Céline et l'actualité 1933-1961 Cahiers Céline 8 : Progrès suivi de Oeuvres pour la scène et l'écran. Iconographie. Première garde du premier volume ombrée en raison d'une coupure de presse. Rare ensemble complet. - Photos sur www.Edition-originale.com -
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Paris, Gallimard, 1952. In-12 (185 x 118 mm), 327 pp., 1 f. n. ch., 1 f. blanc. Demi-maroquin marron à coins, dos lisse, auteur, titre et date en pied dorés, tête dorée, non rogné, couvertures et dos conservés (H. Alix).
Édition originale, un des 45 exemplaires de tête sur vergé de Hollande, celui-ci hors commerce. C'est sa première œuvre nouvelle, à être publiée aux éditions Gallimard (qui avaient d'abord donné des rééditions). Une genèse hors normes. Après la Libération et une longue cavale à travers l'Allemagne, Céline fut emprisonné au Danemark. Dans cette période de souffrance alimentée par la nostalgie et le ressentiment, il décida d'aborder les sujets qu'on s'attendait à lui voir éviter et d'aller plus loin encore dans la contestation du langage écrit. À partir d'un effort de mémoire pour fixer le souvenir des péripéties de sa fuite, il rédigea la première esquisse d'un vaste récit qui lui fournit par la suite la base de ses cinq derniers romans, sans pour autant en épuiser la matière. La première partie devait en être un diptyque parisien consacré à ses derniers jours dans la capitale, et comprendre Féerie pour une autre fois I (1952) et Féerie pour une autre fois II – Normance (1954). Féerie I, simple prologue devenu chef d'œuvre, est le roman par lequel Céline chercha après guerre à renouer avec les lecteurs et même à “crever une deuxième fois le plafond”, comme il l'écrivit à Jean-Gabriel Daragnès en 1948. Cependant, il mêle dans le récit les deux époques d'avant et après sa fuite, et choisit de traiter les lecteurs en adversaires. C'est aussi un livre de la détention, car comme narrateur, Céline se place dans sa cellule danoise, et intercale des passages où il s'exprime à bâtons rompus, mêlant la polémique aux anecdotes et aux souvenirs, amenant le lecteur à vivre de l'intérieur l'horreur de l'enfermement, mais aussi la compulsion intérieure à se remémorer sa vie passée. “Jamais il n'avait si intimement requis du lecteur, en même temps provoqué de tant de façons, une compréhension qui tend à la complicité. L'expérience littéraire très forte de ce mélange d'hostilité et de connivence sera désormais la marque de la seconde moitié de l'œuvre romanesque” (Henri Godard). Féerie I ne reçut pas cependant l'accueil mérité que Céline attendait. Roman mémorial d'un type nouveau inventé par Céline, Féérie I est “le premier récit où il s'engage si ouvertement ‹‹ en personne ››” (Henri Godard). Transposant des épisodes personnels, Céline fait surgir dans son récit principal de brefs souvenirs venus d'autres époques. Il fait ainsi intervenir, comme dans un adieu à sa vie d'avant, sa “bande” d'amis de Montmartre, et, il aborde par touches le récit de sa vie, dans un effort de mémoire pour se réapproprier son passé. Comme il le dit lui-même, “Féerie, c'est la confusion des lieux, des temps”. Céline inaugure donc ici un nouveau mode de récit, dans lequel le narrateur passe sur le devant de la scène, se laissant aller à des digressions personnelles, faites d'anecdotes et de jugements. Il renoue cependant d'une certaine manière avec le Voyage, puisqu'il avait ensuite dissocié narration et expression de ses idées, entre romans et pamphlets. Henri Godard, dans Céline, Romans, vol. IV, p. XI, p. XXI et p. 1197. Le point d'aboutissement dans la recherche stylistique de Céline. “Le style lui-même est devenu dans Féerie ce que Céline appelle “purement émotif”, c'est-à-dire complètement affranchi des enchaînements du français écrit […] Il était allé aussi loin qu'il pensait pouvoir le faire dans la direction de ce que Flaubert appelait “un roman sans sujet, ou presque sans sujet”. En cela, Féerie représente une quintessence de Céline” (Godard). En outre, un art poétique s'esquisse dans Féerie I, Céline commençant à s'exprimer sur son travail d'écrivain : “ce qui est écrit net, c'est pas grand chose, c'est la transparence qui compte”.
S.l.n.d. [Klarskovgaard près de Korsör, Danemark, 7 janvier 1949]. 6 p., à l'encre. Belle et importante lettre : " Mon vieux, voici le chapitre 2 (semi-brouillon) de Féérie (…) Il m'en faut couvrir environ 80 000 ainsi pour un roman de 600 pages. Ah si je pouvais passer ma ve à faire de la vaisselle comme je préférerais ! (…) Je lis les échos de presse sur mon compte véritablement effroyables. Ils sont effroyables en ce sens qu'ils démontrent que la France n'existe plus. Tout au contraire. Que Guignols est venu. La presse collaboratrice n'en a même pas parlé. Je n'ai eu qu'un éreintement de De Lesdain, agent lui chevronné de la Gestapo dans un hebdomadaire où il me reprochait avec violence de m'occuper de collaborateurs du passé au lieu de choisir des sujets de romans dans les atrocités terroristes et les horreurs du maquis…".
Céline après 18 mois dans les prisons danoises s'est réfugié sur les bords de la mer baltique, chez son avocat Thorvald Mikkelsen. Il achève Guignol's 2, reprend Féerie et ce qui deviendra Foudres et flèches, dans un pavillon appartenant à Thorvald Mikkelsen. Céline entretient une correspondance très abondante et quelques proches lui rendent visite : Pierre Monnier, Daragnès, Henri Mahé... De Jacques de Lesdain, on connaît essentiellement son activité sous l'Occupation, notamment à L'Illustration, où son titre de « Rédacteur politique » apparaît à la une de l'hebdomadaire, entre octobre 1940 et août 1944. On connaît aussi ses longs articles dans lesquels, durant ces quatre années, il distille sa pensée en louant les « bienfaits » de la collaboration dans une « Europe nouvelle ». Peu avant la Libération, il quitte Paris pour un hôtel de Sigmaringen et, selon André Brissaud « se lamentait sur le sort de ses quatorze malles » perdues pendant la fuite. Il restera dans la ville dominée par le château des Hohenzollern jusqu'au 23 avril 1945. Huit mois durant lesquels il va poursuivre ses activités collaborationnistes, malgré les haines décuplées depuis la défaite. Un autre exilé de marque, Louis-Ferdinand Céline - promu médecin de la communauté française d'outre-Rhin - parle encore de Jacques de Lesdain dans une lettre à Charles Deshayes datée du 24 août 1948 : « il est arrivé à Baden-Baden avec 400 kilos de bagages. Il a occupé un appartement à l'hôtel Bären de Sigmaringen, furieux d'ailleurs de ne pouvoir résider au château. Sa femme allemande se livrait, ajoute-t-il, à un marché noir fort actif ». Céline évoque aussi un « personnage absolument immonde, une crapule infinie, un vieux fonctionnaire saint prussien. Jamais, ajoute-t-il, je n'ai vu ni approché d'un aussi effréné propagandiste pro-boche ». Une telle acrimonie de Céline à l'égard du journaliste trouve une partie de son explication dans la rancune tenace que Céline nourrit à l'encontre de Jacques de Lesdain, depuis la parution de Guignol's band en 1944, qu'il explique ici à Daragnès : « Je n'ai eu qu'un éreintement de De Lesdain, agent lui chevronné de la Gestapo dans un hebdomadaire qu'il rédigeait (...) où il me reprochait « avec violence » de m'occuper de « calembredaines du passé » au lieu de choisir mes sujets de romans dans « les atrocités terroristes des horreurs des maquis ». Dans le corps de sa critique, publiée dans Aspects le 2 juin 1944, Jacques de Lesdain avait notamment écrit à propos de Céline : « Il est heureux qu'il soit inimitable », déplorant « quelques centaines de pages bourrées de descriptions grossières, inlassablement répétées sans que se fassent jour des revendications en concordance avec les angoisses que nous subissons ». A ses yeux, Guignol's band n'était donc qu'un « kaléidoscope d'images pénibles, souvent ordurières », peuplé d'un « monde d'arsouilles, de lamentables comparses de déchets d'humanité ». L'amitié du graveur Jean-Gabriel Daragnès (1886-1950) et de Céline ne fut pas immédiate. Pendant l'Occupation, Daragnès se méfie de la " bande à Gen Paul ", mais Céline soigne sa mère " jusqu'à la dernière minute " (mars 1941) et Daragnès n'oubliera jamais son dévouement. C'est Daragnès qui met Céline en relation avec Paul Marteau et Jean Dubuffet, deux soutiens de l'écrivain lors de son procès.
Paris [3 mai 1934], 21x27cm, 2 pages sur un feuillet, une enveloppe jointe.
Lettre autographe signée «L.F. Destouches» adressée au journaliste Léon Deffoux qui consacra plusieurs articles à l'uvre de Céline. 24 lignes rédigées à l'encre noire, plusieurs soulignements et ratures de la main de Céline. Enveloppe antérieure tamponnée du 25 février 1933 jointe. Pliures inhérentes à la mise sous pli du courrier ainsi que quelques très infimes trou d'épingles en marge haute droite du feuillet. Intéressante lettre dans laquelle Céline communique à son correspondant la liste du jury du prix Blumenthal, bourse distribuée depuis 1920 au profit de jeunes artistes talentueux. Céline y brosse un portrait de son«candidat»et«amiHenri Mahé», rencontré quelques années plus tôt :«25 ans réformé pour baullose(?) actuellement en traitement à Camaret Finistère. Sans fortune il travaille entre les périodes de dépression. Il est marié. Fort généreux et désintéressé de nature. Un excellent artiste à tous égards parfaitement recommandable. Ni arriviste, ni bluffeur.» Céline dresse ensuite un inventaire des ses travaux les plus emblématiques avant de conclure: «Tout ceci, fresques amples, dans le style Gauguin-Lautrec.» C'est à l'automne 1929 que Céline fait la connaissance d'Henri Mahé qui vit alors sur une péniche, la Malamoa, sur laquelle il reçoit une ribambelle d'amis chaque semaine. Le jeune peintre, de treize ans le cadet de Céline, connaît déjà à cette époque un franc succès. Fantaisiste, Mahé se spécialise dans la décoration des lieux de plaisir parisiens: maisons closes, boîtes de nuit et autres cabarets. «Au printemps 1933, son complice Henri Mahé, libéré par une réforme de ses obligations militaires, a abandonné sa péniche et quitté la région parisienne pour la Bretagne, plus précisément Camaret, où il fait construire un voilier l'Enez Glaz (l'Île bleue). De Paris, Céline s'emploie pour lui trouver des ressources, d'abord en le ventant auprès d'Abel Gance qui peut lui procurer des commandes de décor, puis en le recommandant auprès de plusieurs membres de l'entourage de Lucien Descaves, en vue d'un prix Blumenthal de décoration que Mahé obtiendra en effet en juillet 1934, et auprès de Denoël - qui déclinera - pour une édition illustrée du Voyage.» (Henri Godard, Céline) "Je viens de recevoir la visite ici d'un admirable ami et admirable peintre, Henri Mahé,français, breton et parisien. Il a un petit projet dont il voudrait vous faire part. Auriez-vous la bonté de le recevoir. Vous l'aimerez tout de suite, j'en suis persuadé. Un artiste et un coeur généreux - Pas de chance par exemple en ce moment ! - Pas tapeur ! Pas pleurnichard ! Aucune crainte - Alors il voudrait vous connaitre. Je lui ai dit de vous tout le bien, toute l'admirable qualité de votre amité. Faites-moi je vous prie ce vif plaisir. Bien amicales (...) LF Céline - Photos sur www.Edition-originale.com -
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s.l. [Klarskovgaard] 17 novembre 1950, 21x34cm, 2 pages sur un feuillet.
Lettre autographe signée des initiales de Louis-Ferdinand Céline adressée à son avocat Maître Thorvald Mikkelsen. Deux pages rédigées à l'encre bleue sur un grand feuillet de papier blanc ; numéro "568" de la main de Céline en haut à gauche au crayon rouge. Pliures transversales inhérentes à l'envoi. Cette lettre a été très partiellement retranscrite dans l'Année Céline 2005. Début novembre 1950, Gaby Paul était venue rendre visite à Céline et Lucette àKlarskovgaard : "Oh, mille mercis à Mme Christensen pour son aimable repas, qui réchauffé, fit nos délices ! Et puis aussi gratitudes pour tout le soin qu'elle a pris de Mme Gen Paul !... Laquelle ne donne aucune nouvelle... Quelle vacherie encore ?... Comme c'est amusant ! Je crois qu'elle avait des projets "journalistiques" mais que mon attitude l'a désenchantée." Céline évoque également l'écrivain suédois Ernst Bendz, l'un des rares à prendre la défense de Céline aux côtés de Paraz :"Une lettre amusante de Bendz ! Bendz appartient vraiment à l'aristocratie des esprits ! La preuve ! La façon qu'il "m'estime"!!!" En 1947, Céline, poursuivi par la justice française pour son engagement collaborationniste, est reclus au Danemark. C'est en mai 1948, accompagné de Lucette et Bébert qu'il arrive chez son avocat Maître Thorvald Mikkelsen à Klarskovgaard. Ce dernier possède une grande propriété au bord de la mer baltique et invite l'exilé à y séjourner. Le 21 février 1950, dans le cadre de l'épuration, l'écrivain est condamné définitivement par contumace par la chambre civique de la Cour de justice de Paris pour collaboration à une année d'emprisonnement (qu'il a déjà effectuée au Danemark). Le consul général de Suède à Paris, Raoul Nordling, intervient en sa faveur auprès de Gustav Rasmussen, ministre des Affaires étrangères danois, et parvient à retarder son extradition. Le 20 avril 1951, Jean-Louis Tixier-Vignancour, son avocat depuis 1948, obtient l'amnistie de Céline au titre de "grand invalide de la grande guerre" en présentant son dossier sous le nom de Louis-Ferdinand Destouches sans qu'aucun magistrat ne fasse le rapprochement. Céline quittera le Danemark l'été suivant, après trois ans passés chez son avocat. - Photos sur www.Edition-originale.com -
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s.l. [Meudon] s.d. [1954], divers (de 10x21 cm à 27x21 cm), 34 feuillets.
| L'Ars Poetica de Céline :« Je capture toute l'émotion de la surface! je la fourre dans mon métro! » |<br>* Manuscrit autographe de Louis-Ferdinand Céline, constitué de 34 feuillets de formats divers, rédigés au stylo bille bleu et parfois au stylo bille rose. Certains feuillets comportent en haut à gauche, de la main de Céline, un numéro. Le feuillet numéroté 159, correspondant à la fin du texte, présente en bas de page la signature de l'écrivain. Deux feuillets contiennent des passages inédits, le premier de quelques lignes évoque le Professeur, le second, numéroté 136 présente au verso un autre texte à pleine page, que nous n'avons pas trouvé dans le Professeur Y ni dans le reste du corpus célinien. Céline y évoque l'article 75 du Code pénal qui condamne à la peine capitale tout citoyen français reconnu coupable d'intelligence avec l'ennemi, ainsi qu'un certain « Me Johann Niels Borggensen », sans doute un pseudonyme pour son avocat Thorvald Mikkelsen : « soi-disant pour me protéger des curiosités policières ! la vache ! il se régalait... quand vous avez le mandat au cul (barré : l'article 75) n'importe qui fait de vous ce qu'il veut ! la bonne blague ! on fait de vous ce qu'on veut...c'aurait pas été Borggensen un autre aurait peut-être été pire... donnez-moi l'article 75, je vous fais rentrer toute la France dans un trou de Souris ! et l'Allemagne avec ! et l'Angloisterre si bêcheuse et l'Europe avec ! pas de bombe qui tienne ! H ! Y ! Z ! Je vous ferais rentrer l'atome dans un... » La première partie de Féerie pour une autre fois n'ayant pas remporté le succès escompté, Céline souhaita encadrer la sortie de la seconde - Normance - d'un maximum de publicité et redorer son blason après ses années d'exil en Allemagne et au Danemark. Souhaitant se détacher de la forme solennelle du prière d'insérer, il propose à Gaston Gallimard cet éloge rédigé à la manière d'une interview imaginaire entre lui-même et le Professeur Y alias Colonel Réséda, vieillard prostatique. Le texte de cette loufoque « interviouwe » sera publié en plusieurs parties dans la Nouvelle Revue française en 1954 avant de paraître en volume en 1955. L'écrivain y parle avec ferveur de son style, de sa conception de la littérature et critique avec véhémence le monde des lettres et les goûts du public. La genèse de l'écriture de ce texte, contrairement aux autres oeuvres de Céline, est très peu documentée et les manuscrits des Entretiens, texte capital pour la compréhension de l'oeuvre célinienne, sont rares. L'édition des romans de Céline à la Pléiade ne donne en effet que quelques pages d'une version antérieure à la nôtre, cette dernière étant très proche de la version définitive du texte. Notre ensemble, couvrant de nombreux passages du texte, est à la fois constitué de feuillets très raturés et de papillons de « mise au propre », témoigne des différentes étapes de travail de l'écrivain : rédaction d'un feuillet initial, ratures et réécritures sur cette même page, puis retranscription de courts passages sur des papillons à part. Le feuillet correspondant à la fin du texte est ainsi abondamment raturé et réécrit et laisse paraître une version légèrement différente de la publication. Les feuillets contiennent en outre la fameuse métaphore du métro, emblème du style émotif célinien que l'écrivain oppose au « langage sec » de ses pairs : « Vous avez vu ? Vous avez remarqué ? Tout embarqué dans mon métro !... qu'est-ce que je lui laisse à la surface ? la plus pire drouille du cinéma !... les langues étrangères donc !... les traductions !... retraductions de nos pires navets qu'ils emploient pour leurs « parlants », superbes les langues étrangères !... en plus de la psychologie ! le pataquès psychologique !... toute la chierie. [...] Moi c'est autre chose ! moi, je suis autrement plus brutal ! moi je capture toute l'émotion !... tout l'émotion de la surface ! d'un seul coup ! je décide ! je la fourre dans le métro ! mon métro ! tous les autres écrivains sont morts ! et ils s'en doutent pas ! » Important ensemble de manuscrits de travail, témoignage de la rédaction des Entretiens avec le Professeur Y, véritable ars poetica de Céline. - Photos sur www.Edition-originale.com -
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s.l. [Klarskovgaard] 22 novembre 1950, 21x34cm, 2 pages sur un feuillet.
Lettre autographe de Louis-Ferdinand Céline adressée à son avocat Maître Thorvald Mikkelsen. Deux pages rédigées à l'encre bleue sur un grand feuillet de papier blanc ; numéro "569" de la main de Céline en haut à gauche au crayon rouge. Pliures transversales inhérentes à l'envoi. Cette lettre a été très partiellement retranscrite dans l'Année Céline 2005. "La prescription de notre admirable Bourdemer sera suivie à la lettre. On va se bourrer de vitamines de telle façon qu'on va rajeunir de 20 ans, au moins !" Céline avait fait la connaissance de cet "admirable" médecin français à Copenhague, par l'entremise de son avocat. Cette lettre évoque également l'épouse du peintre Gen Paul :"Nous avons reçu aussi une lettre très gentille et très affectueuse de Mme jeune Gen Paul. Le mystère demeure donc entier...malgré tout quand même, je pense à une petite "mission de renseignement"... Aucune importance d'ailleurs ! Tant mieux même !"Début novembre 1950, Gaby Paul était venue rendre visite à Céline et Lucette àKlarskovgaard. En 1947, Céline, poursuivi par la justice française pour son engagement collaborationniste, est reclus au Danemark. C'est en mai 1948, accompagné de Lucette et Bébert qu'il arrive chez son avocat Maître Thorvald Mikkelsen à Klarskovgaard. Ce dernier possède une grande propriété au bord de la mer baltique et invite l'exilé à y séjourner. Le 21 février 1950, dans le cadre de l'épuration, l'écrivain est condamné définitivement par contumace par la chambre civique de la Cour de justice de Paris pour collaboration à une année d'emprisonnement (qu'il a déjà effectuée au Danemark). Le consul général de Suède à Paris, Raoul Nordling, intervient en sa faveur auprès de Gustav Rasmussen, ministre des Affaires étrangères danois, et parvient à retarder son extradition. Le 20 avril 1951, Jean-Louis Tixier-Vignancour, son avocat depuis 1948, obtient l'amnistie de Céline au titre de "grand invalide de la grande guerre" en présentant son dossier sous le nom de Louis-Ferdinand Destouches sans qu'aucun magistrat ne fasse le rapprochement. Céline quittera le Danemark l'été suivant, après trois ans passés chez son avocat. - Photos sur www.Edition-originale.com -
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s.l. [Klarskovgaard] 17 novembre 1950, 21x34cm, 1 page sur un feuillet.
Lettre autographe signée du paraphe de Louis-Ferdinand Céline adressée à son avocat Maître Thorvald Mikkelsen. Une page rédigée à l'encre bleue sur un grand feuillet de papier blanc ; numéro "566" de la main de Céline en haut à gauche au crayon rouge. Pliures transversales inhérentes à l'envoi. Cette lettre a été très partiellement retranscrite dans l'Année Céline 2005. Début novembre 1950, Gaby Paul était venue rendre visite à Céline et Lucette àKlarskovgaard : "Mme Gen Paul a repris la route de Montmartre toute ravie de votre accueil ! A moi de vous remercier chaleureusement car enfin j'espère que votre généreuse réception me sera comptée "à indulgence"..."Par son entremise, Céline a visiblement reçu des nouvelles de ses anciens compagnons montmartrois : "Je ne sais pas quels crimes j'ai commis mais pour ces fourbes canailles du 18eme Arrt. ma légende de bistrot en bistrot est devenue un Super Niebelung d'horreurs ! C'est rigolo. Au point qu'aucun n'ose me venir voir ici !" En 1947, Céline, poursuivi par la justice française pour son engagement collaborationniste, est reclus au Danemark. C'est en mai 1948, accompagné de Lucette et Bébert qu'il arrive chez son avocat Maître Thorvald Mikkelsen à Klarskovgaard. Ce dernier possède une grande propriété au bord de la mer baltique et invite l'exilé à y séjourner. Le 21 février 1950, dans le cadre de l'épuration, l'écrivain est condamné définitivement par contumace par la chambre civique de la Cour de justice de Paris pour collaboration à une année d'emprisonnement (qu'il a déjà effectuée au Danemark). Le consul général de Suède à Paris, Raoul Nordling, intervient en sa faveur auprès de Gustav Rasmussen, ministre des Affaires étrangères danois, et parvient à retarder son extradition. Le 20 avril 1951, Jean-Louis Tixier-Vignancour, son avocat depuis 1948, obtient l'amnistie de Céline au titre de "grand invalide de la grande guerre" en présentant son dossier sous le nom de Louis-Ferdinand Destouches sans qu'aucun magistrat ne fasse le rapprochement. Céline quittera le Danemark l'été suivant, après trois ans passés chez son avocat. - Photos sur www.Edition-originale.com -
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s.l. [Klarskovgaard] 22 octobre 1950, 21x34cm, 2 pages sur un feuillet.
Lettre autographe signée en partie inédite de Louis-Ferdinand Céline adressée à son avocat, Maître Thorvald Mikkelsen. Deux pages rédigées à l'encre bleue sur un grand feuillet de papier blanc ; numéro "582" de la main de Céline en haut à gauche au crayon rouge. Pliures transversales inhérentes à l'envoi. Cette lettre a été très partiellement retranscrite dans l'Année Céline 2005. Belle lettre évoquant Marcel Aymé : "Nous dirons si vous le voulez bien en simple et bon français que Marcel Aymé a :de la pénétration.[...] Et si Marcel a de la pénétrationmoi j'ai de la vision."Nous ne reviendrons pas sur l'amitié qui unit Céline et Aymé - ce dernier lui rendit même visite àKlarskovgaard en mars 1951 - mais nous nous contenterons de citer un passage du texte que l'écrivain montmartrois rédigea en l'hommage de son sulfureux ami : "Je l'ai connu il y a vingt-cinq ans, avant la guerre alors qu'il était partout célébré, admiré - mais rarement compris - et après son retour du Danemark, pendant les neuf années de souffrances qui l'acheminaient vers la mort. Avant comme après la tourmente, sa conversation faisait apparaître l'idéaliste dont les sarcasmes dénonçaient les cent mille misères d'une humanité cruelle, vaniteuse, boulimique, acharnée à sa propre perte. " Avant ", ses réquisitoires contre les folies meurtrières et suicidaires de l'homme, contre les injustices et les traquenards de la société, avaient la force joyeuse d'un lutteur, fusant avec une inépuisable invention verbale qui émerveillait ses auditeurs." (Ecrits sur la politique 1933-1967) Céline parle également dans cette lettre d'Albert Naud (son avocat entre 1947 et 1951) qui "se promène au Canada" et "va se retenir une Thénardière sur le St Laurent". S'en suit une considération toute célinienne : "Je crois aussi que la prochaine et ultime Capitale de la France sera Montréal."L'exilé danois fantasme ensuite sur un gouvernement mondial à mettre en place : "Et [René] Meyer (sic) ministre de la Justice, toujours, bien entendu ! là-bas ! Vous serez alors vous même ministre de la Guerre au Danemark (en retraite)." En 1947, Céline, poursuivi par la justice française pour son engagement collaborationniste, est reclus au Danemark. C'est en mai 1948, accompagné de Lucette et Bébert qu'il arrive chez son avocat Maître Thorvald Mikkelsen à Klarskovgaard. Ce dernier possède une grande propriété au bord de la mer baltique et invite l'exilé à y séjourner. Le 21 février 1950, dans le cadre de l'épuration, l'écrivain est condamné définitivement par contumace par la chambre civique de la Cour de justice de Paris pour collaboration à une année d'emprisonnement (qu'il a déjà effectuée au Danemark). Le consul général de Suède à Paris, Raoul Nordling, intervient en sa faveur auprès de Gustav Rasmussen, ministre des Affaires étrangères danois, et parvient à retarder son extradition. Le 20 avril 1951, Jean-Louis Tixier-Vignancour, son avocat depuis 1948, obtient l'amnistie de Céline au titre de "grand invalide de la grande guerre" en présentant son dossier sous le nom de Louis-Ferdinand Destouches sans qu'aucun magistrat ne fasse le rapprochement. Céline quittera le Danemark l'été suivant, après trois ans passés chez son avocat. - Photos sur www.Edition-originale.com -
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Korsor (Danemark) 12 Novembre (1949), 21x34cm, deux pages sur un feuillet.
Lettre autographe signée de Louis-Ferdinand Céline à Charles Deshayes datée du 12 novembre [1949] et rédigée depuis son exil danois de Korsor. Lettre de deux pages, de 25 lignes à l'encre bleue, enveloppe jointe. Traces de pliures centrales inhérentes à la mise sous pli. Charles Deshayes était un jeune journaliste lyonnais qui s'était proposé de prendre la défense de Céline. Il se lia rapidement d'amitié avec l'écrivain, alors abandonné de tous. Leur précieuse correspondance est riche d'informations sur les péripéties céliniennes d'après-guerre et son propre regard sur les années passées. Louis-Ferdinand Céline débute sa lettre en proie aux doutes et aux avanies: «C'est un coup bien moche. Que tenter? Moi-même je n'arrive plus à m'éviter nulle part. J'ai des plaintes en contrefaçon au cul. C'est tout. Tous ces gens ont peur au fond. Ils ne l'avoueront jamais. Qu'espérer?» Tandis que Deshayes qui uvre activement à la réhabilitation de l'écrivain lui soumet son mémoire en défense, Céline lui promet «(très peut-être) un possible (?) éditeur Valby» et des contacts parisiens: «J'écris à ce sujet à mon bon ami le DrBecart.» Mais ce n'est que pour adoucir sa véritable intervention que l'écrivain très directif et cinglant glisse en fin de lettre: «J'ai changé votre titre. Par l'amour de Dieu laissez la nuit tranquille! Et surtout le bout! C'est un cauchemar.» Avec une formidable, mais coutumière, indécence, il lui impose un autre titre violemment provocateur: «L'Affaire Céline me paraît le meilleur comme l'Affaire Dreyfus.» Céline changera finalement d'avis tandis que, ironie de l'Histoire, sous le titre L'Affaire Céline, l'histoire d'un cadavre, le Comité d'action de la Résistance publiera en 1952 les documents à charge contre le sulfureux écrivain. - Photos sur www.Edition-originale.com -
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Édition originale du « Voyage au bout de la nuit » de Céline, très élégamment reliée par J.P. Miguet. « À peine a-t-on commencé le livre qu’on est empoigné. Plus que la perfection, la puissance impressionne ». Paris, 1932. Paris, Denoël et Steel, 1932. In-8 de 623 pp. et (1) p., restauration p. 133 d’une petite déchirure dans la marge latérale. Maroquin bleu nuit, plats ornés en marge d’une large composition géométrique de box mosaïqué parallèle aubergine, bordeaux, vieux rouge, vermillon, grège, blanc cassé et blanc, dos lisse orné de même, doublures et gardes de daim vermillon inséré dans des listels de box gris clair, tranches dorées, couvertures et dos conservés, étui. Reliure signée J. P. Miguet et datée 1975. 184 x 113 mm.
Édition originale. En Français dans le texte, 366 ; Dauphin & Fouche 32A1. L’un des 100 exemplaires numérotés sur alfa, celui-ci portant le n°42, second papier après 10 sur vergé d’Arches. C’est en 1932 que se place l’irruption de Céline dans la vie littéraire avec ce roman sans exemple, et d’une violence volcanique « Le Voyage au bout de la nuit », somme d’expériences de tout ordre, exhalée comme un cri, dans un style parfois ordurier, parfois bouleversant, qui exprime une profonde compassion pour les faibles et les victimes de la vie sociale, et d’une sensibilité presque morbide aux accents de révolte et de désespoir. A peine paru le roman fait l’effet d’une bombe. Il manque de peu le Goncourt et obtient le Renaudot. « Voyage au bout de la nuit échoua au prix Goncourt bien qu’ayant été donné favori et obtint le prix Renaudot. Cet échec contribua à alimenter une vive polémique entre des inconditionnels discernant le génie de l’écrivain et des détracteurs effrayés par la nouveauté du style et le caractère nihiliste de l’œuvre. A mi-chemin entre l’autobiographie et le roman, Voyage au bout de la nuit raconte l’errance d’un héros devenu mythique, Bardamu, à travers quatre étapes principales : la Première Guerre Mondiale, dont Céline nous fait partager tout l’horreur qu’il a lui-même vécue, puis l’ambiance de l’hôpital ; un voyage en Afrique, où Bardamu, colon dirige une factorie ; une séjour aux Etats-Unis qui donne un aperçu de la vie américaine telle qu’il la perçoit et l’expérience du médecin de banlieue confronté à la misère. Avec une hargne qui a surpris, Céline a dressé un constat féroce d’une époque dans laquelle il entraîne son lecteur. L’originalité de son ton tient beaucoup à la déformation volontaire qu’il pratique dans la langue d’abord, à travers une écriture très parlée, et dans le style dont le rythme constant participe au lyrisme général de l’œuvre. Avec ce réalisme mythique et cette construction romanesque véritablement novateurs, Céline arrive à une poétique qui lui est propre et qu’il s’emploiera à dépasser tout au long de son œuvre. » (En Français dans le texte, n°366). « Céline se fait le contempteur acharné d’une vie vouée à la dégradation au sein d’un univers halluciné où les marionnettes humaines se disloquent peu à peu dans une agitation convulsive ». Telle est la préface livrée au lecteur : « Voyager, c’est bien utile, ça fait travailler l’imagination. Tout le reste n’est que déceptions et fatigues. Notre voyage à nous est entièrement imaginaire, voilà sa force. Il va de la vie à la mort. Hommes, bêtes, villes et choses, tout est imaginé. C’est un roman, rien qu’une histoire fictive. Littré le dit, qui ne se trompe jamais. Et puis d’abord tout le monde peut en faire autant. Il suffit de fermer les yeux. C’est de l’autre côté de la vie. » Superbe exemplaire, relié sur témoins, avec couvertures conservées, avec une élégance toute particulière par J.P. Miguet qui a su associer une opposition raffinée de tons dans des mosaïques géométriques qui se répondent avec bonheur sur les plats et le large dos du volume.
Collection " Céline & Cie " / Editions Ecriture (2011) - In-8 broché de 440 pages - Préface d'Eric Mazet - Couverture illustrée d'un dessin représentant Céline encre sur Chine d'André Mahé en 1949 - Un cahier de 8 pages hors-texte de photos en noir et blanc - Avec son bandeau " Céline intime " - Annexes : 42 lettres de Céline à Henri Mahé et Paul Marteau (1947-1954) - Notices biographiques - Index - Exemplaire en très bon état
Paris, Denoël & Steele, (12 septembre) 1933. 1 vol. (120 x 190 mm) de 242 p., [3] et 1 f. Broché, sous chemise et étui (Elbel). Édition originale. Un des 250 exemplaires hors commerce sur alfa (n° CXLII). Envoi signé : « à George Bernanos, Bien amicalement et bien reconnaissant hommage de LF Céline ».
Deux mois après la parution de Voyage au bout de la nuit et une semaine après la journée fatidique 7 décembre, un magnifique hommage de Georges Bernanos est publié dans Le Figaro : « Pour nous, la question n'est pas de savoir si la peinture de M. Céline est atroce, nous demandons si elle est vraie. Elle l'est (...) Oui, telle est la part maudite, la part honteuse, la part réprouvée de notre peuple. Et certes, nous conviendrons volontiers qu'il est des images plus rassurantes de la société moderne (...). Seulement n'importe quel vieux prêtre de la Zone, auquel il arrive de confesser parfois les héros de M. Céline, vous dira que M. Céline a raison. » (« Au bout de la nuit », Le Figaro, 13 déc. 1932) Céline avait, dès la parution de Voyage, gratifié Bernanos de l'envoi d'un exemplaire de presse, accompagné d'un déférent « hommage de l'auteur à Monsieur Georges Bernanos ». Un an plus tard, le ton se fera plus chaleureux : vers l'illustre pair qui avait élevé la voix pour sa défense, Céline envoie ses amicaux et reconnaissants hommages. Les relations entre les deux hommes, pour autant, ne se rapprocheront pas beaucoup plus et Bernanos, à la parution des pamphlets, prendra clairement ses distances : Céline « s'est trompé d'urinoir », écrira-t-il en 1938 dans Scandale de la vérité après la parution de Bagatelles pour un massacre.
Brie-sur Marne, La Pince à linge, 1998. In-4 (320 x 250 mm), 12 pp., 25 ff. n. ch. En feuilles, couverture reproduisant le titre écrit par Céline sur la première page, la préface sur Bonabel sur la seconde et le portrait d’elle qu’il avait dessiné sur la quatrième, coffret de l’éditeur en partie passé.
Les premières illustrations de Céline. L’ouvrage a été tiré à 100 exemplaires sur Countryside sable, plus 10 exemplaires hors commerce sur vélin d’Arches numérotés. Celui-ci non justifié, est sur vélin d’Arches. L’ouvrage comprend un entretien avec Éliane Bonabel, un portrait inédit de Céline par elle, une photographie d’elle à 12 ans, époque où elle a réalisé les illustrations, un feuillet sur papier calque portant les références des textes illustrés et 21 dessins d’Éliane Bonabel (1920-2000). Patiente du Docteur Destouches au dispensaire de Clichy, en 1929, le médecin lui demanda : “A quoi tu t'occupes quand tu ne fais pas tes devoirs ?” “Je dessine”. Après avoir vu un dessin que la dessinatrice de 10 ans avait fait de lui en blouse blanche avec un stéthoscope, le médecin le lui acheta. Plus tard, après la sortie de son Voyage, Céline demanda à Monsieur Bonabel si Éliane pouvait illustrer son roman. La fillette exécuta alors ces dessins fin 1932. Céline fut enchanté “Oh ben dis donc, alors moi je vais te faire une belle préface et une belle couverture”. Mais Céline attrista la jeune artiste par des pâtés, des ratures et un portrait d'elle qu'elle trouva assez vilain et où elle avait l'air d'avoir 40 ans. Céline renonça finalement à utiliser ces dessins, certainement à cause des soupçons déplaisants que sa relation avec une fillette de 12 ans aurait suscités. Éliane Bonabel conserva ces dessins jusqu'à leur publication en 1998. En 1959, elle avait illustré Ballets sans musique sans personne sans rien de Céline (Gallimard). Très bel exemplaire de tête avec un envoi d’Éliane Bonabel à Pierre Cheymol.
s.l. [Klarskovgaard] 23 décembre 1950, 21x34cm, 2 pages sur un feuillet.
Lettre autographe signée de Louis-Ferdinand Céline adressée à son avocat Maître Thorvald Mikkelsen. Deux pages rédigées au stylo bille bleu sur un grand feuillet de papier blanc ; numéro "583" de la main de Céline en haut à gauche au crayon rouge. Pliures transversales inhérentes à l'envoi. Cette lettre a été très partiellement retranscrite dans l'Année Céline 2005. Céline, après s'être beaucoup plaint des conditions de vie difficiles dans le cabanon de Mikkelsen, remercie ce dernier : "Merci pour le petit Noël mon cher maître on va passer ça gentiment ! Le chauffage électrique est installé."Il est toujours en attente du précieux passeport qui lui permettra de regagner la France : "Votre frère a une magnifique tête de Héros des Glaces. Je lui vois une sacrée place à prendre : celle de Nansen à l'ONU ! Quelle autorité ! lui, m'aurait un passeport !"Philosophe, il conclut : "Et c'est la rigolade qui compte en ce monde "où tout au fond des choses le Ridicule et la folie sont à l'ordre du jour et où il ne convient de prendre au sérieux que les apparences". Ces lignes sont de Telly auteur très peu connu du 19eme s. (amant prétendu de Marie Antoinette)." En 1947, Céline, poursuivi par la justice française pour son engagement collaborationniste, est reclus au Danemark. C'est en mai 1948, accompagné de Lucette et Bébert qu'il arrive chez son avocat Maître Thorvald Mikkelsen à Klarskovgaard. Ce dernier possède une grande propriété au bord de la mer baltique et invite l'exilé à y séjourner. Le 21 février 1950, dans le cadre de l'épuration, l'écrivain est condamné définitivement par contumace par la chambre civique de la Cour de justice de Paris pour collaboration à une année d'emprisonnement (qu'il a déjà effectuée au Danemark). Le consul général de Suède à Paris, Raoul Nordling, intervient en sa faveur auprès de Gustav Rasmussen, ministre des Affaires étrangères danois, et parvient à retarder son extradition. Le 20 avril 1951, Jean-Louis Tixier-Vignancour, son avocat depuis 1948, obtient l'amnistie de Céline au titre de "grand invalide de la grande guerre" en présentant son dossier sous le nom de Louis-Ferdinand Destouches sans qu'aucun magistrat ne fasse le rapprochement. Céline quittera le Danemark l'été suivant, après trois ans passés chez son avocat. - Photos sur www.Edition-originale.com -
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s.l. [Klarskovgaard] 28 octobre 1950, 21x34cm, 1 pages sur un feuillet.
Lettre autographe signée en partie inédite de "votre susceptible LF" Louis-Ferdinand Céline adressée à son avocat, Maître Thorvald Mikkelsen. Une page rédigée à l'encre bleue sur un grand feuillet de papier blanc ; numéro "563" de la main de Céline en haut à gauche au crayon rouge. Pliures transversales inhérentes à l'envoi. Cette lettre a été très partiellement retranscrite dans l'Année Céline 2005. Céline, après des jours à souffrir du froid est ravi d'annoncer à son ami qu'il a reçu le chauffage : "Le fourneau se pose en ce moment. Je ne sais pas si la maison y résistera l'on verra !" Cette lettre évoque également son ami suédois Ernst Bendz, comme lui médecin et écrivain : "Benz (sic) vous cherche un La Bruyère en suédois - on passe des bachots à tout âge !" En 1947, Céline, poursuivi par la justice française pour son engagement collaborationniste, est reclus au Danemark. C'est en mai 1948, accompagné de Lucette et Bébert qu'il arrive chez son avocat Maître Thorvald Mikkelsen à Klarskovgaard. Ce dernier possède une grande propriété au bord de la mer baltique et invite l'exilé à y séjourner. Le 21 février 1950, dans le cadre de l'épuration, l'écrivain est condamné définitivement par contumace par la chambre civique de la Cour de justice de Paris pour collaboration à une année d'emprisonnement (qu'il a déjà effectuée au Danemark). Le consul général de Suède à Paris, Raoul Nordling, intervient en sa faveur auprès de Gustav Rasmussen, ministre des Affaires étrangères danois, et parvient à retarder son extradition. Le 20 avril 1951, Jean-Louis Tixier-Vignancour, son avocat depuis 1948, obtient l'amnistie de Céline au titre de "grand invalide de la grande guerre" en présentant son dossier sous le nom de Louis-Ferdinand Destouches sans qu'aucun magistrat ne fasse le rapprochement. Céline quittera le Danemark l'été suivant, après trois ans passés chez son avocat. - Photos sur www.Edition-originale.com -
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Gallimard, 1976, 2 vol. in-8°, 185 et 245 pp, note bibliographique, index, brochés, couvertures noires, titres en rouge et blanc, bon état. Edition originale des 2 premiers Cahiers Céline, complets pour "L'actualité littéraire"
Ces deux cahiers rassemblent toutes les interviews, réponses à des enquêtes, lettres de Céline adressées à des journalistes et publiées par eux, qui portent sur la littérature ou sur des sujets généraux. L'ensemble représente la participation de Céline, plus active qu'il ne l'admet en général, à l'actualité littéraire de son temps. Beaucoup de ces textes, en particulier les plus anciens, sont très peu connus et font à l'oeuvre un accompagnement souvent éclairant. On y trouve notamment un grand nombre des déclarations dans lesquelles Céline s'explique sur son travail littéraire. Quant à ses relations avec les journalistes, on verra qu'elles diffèrent sensiblement de l'image qu'il en donne dans plusieurs de ses romans.
Tusson & Paris, Du Lérot - Imec éditions, 2000. In-8 broché (22,6 x 15,3 cm), couverture imprimée, 262 pages + hors-texte couleur et nombreux fac-similés , photos et documents .Textes de Céline : La quinine en thérapeutique, lettres à divers correspondants (Richter, Gen Paul, Perin, Lafforest, Deshayes, Marteau, Block), Manuscrits, dédicaces et lettres passés en vente (Voyages au bout de la nuit, Mort à crédit, Féérie pour une autre fois, D'un château l'autre), dédicaces ; chroniques : éditions et rééditions d'oeuvres de Céline, bibliographie critique, adaptations et mises en scène, expositions, iconographie, échos et mentions, Céline à l'étranger ; documents : Un Céline surréaliste (R. de Lafforest), L. F. Céline européen (A. Pfannstiel). Tirage limité à 600 exemplaires.- 400g.L. - Excellent état