Catalogue de l'exposition au Musée de Saint-Antoine l'Abbaye du 04 juillet au 11 novembre 2021.
Reference : 23922
ISBN : 9789461616814
<meta charset="utf-8"><span data-mce-fragment="1">Aborder la représentation de la forêt en s'interrogeant sur le pouvoir d'attraction de celle-ci au Moyen Âge et au-delà, revient en filigrane à évoquer l'histoire originelle de Saint-Antoine et celle de son saint protecteur, Antoine le Grand, figure archétypale de l'anachorète. « Désert de l'Occident », la forêt se singularise par une relation intime avec l'ermite reclus ou le saint repenti. Elle constitue cet espace, cet entre-deux monde, l'un sauvage, l'autre civilisé, elle est cette forêt hagiographique qui sublime, parfois à l'excès, la retraite de l'ermite. C'est par ailleurs au coeur de la forêt qu'évoluent de preux chevaliers, des amants pourchassés, des fées des eaux, puis des bois. La littérature donne à voir une forêt fantastique. Au-delà des encyclopédies et autres traités de vénerie, lesquels offrent un large panel illustré de la faune et de la flore, la littérature arthurienne, les romans épiques et courtois, s'inscrivent dans la tradition narrative d'une forêt menaçante et maléfique, ou au contraire merveilleuse et enchantée, laquelle renvoie invariablement à la tradition celtique. La forêt y apparaît alors comme le lieu de l'errance, de la réclusion, de la fuite, de l'exclusion, de la transformation. Elle est aussi le lieu de l'initiation - souvent par l'entremise d'un ermite - de l'apprentissage et préfigure un monde onirique. Mais la forêt est aussi le sanctuaire d'une faune prolixe qui s'épanche en un bestiaire souvent enchanté laissant libre cours à l'animalité, la forêt sauvage. L'animal occupe en effet une place de choix dans les romans, lais ou chansons de geste. Souvent associé à une représentation symbolique du monde, il met en évidence une vision fantasmagorique au centre de laquelle les métaphores sont légion. Qu'il soit réel ou imaginaire, sa seule évocation incarne souvent un univers fabuleux. Par ailleurs, il demeure dans les récits hagiographiques un auxiliaire du saint qu'il accompagne (saint Eustache ou saint Hubert et le cerf, saint Antoine et le porc sauvage, saint Gilles et la biche...) ou qu'il combat, parfois. Les bestiaires sont aussi bien un genre littéraire qu'une encyclopédie qui se veut avant tout descriptive du monde animal, entre récit et symbolisme, où l'on retrouve réunis le lion, la licorne, le loup, l'ours, la belette et bien d'autres encore. En donnant à voir la face cachée et sombre de la forêt, antre des bêtes et des hommes sauvages, thème particulièrement prisé à la fin du Moyen Âge, les artistes du xixe siècle et à l'aube du siècle suivant dans un même élan romanesque livrent une représentation résurgente de la forêt mythique du Moyen Âge puisant son origine outre-Manche. Ainsi Walter Scott alimente l'imaginaire en mettant en scène un Moyen Âge chevaleresque incarné par Ivanhoé sur fond d'épopée historique. Gustave Doré, à travers les figures de Lancelot, de Viviane et de Merlin, puise dans les récits arthuriens visant à glorifier des figures héroïques, transcendées par la reconstitution méticuleuse, tant du cadre que des événements décrits. La forêt devient le miroir d'un Moyen Âge rêvé, elle est cette forêt mythique, s'imposant par ailleurs en double sémantique de l'architecture gothique, des voûtes élancées vers le ciel de chapiteaux floraux dont la redécouverte est pour longtemps associée au temps des cathédrales magnifié par Victor Hugo. À bien des égards, la forêt dans la pluralité de son incarnation est bien celle d'un Moyen Âge enchanté.</span> Gent, 2021 Snoeck 144 p., broché à rabats. 22 x 26
Neuf