Édition originale. Tirage unique [à 500 exemplaires] sur papier vergé. Exemplaire de Max-Pol Fouchet. À Alger, pour les amis du théâtre du travail, [mai 1936]. 1 vol. (140 x 200 mm) de 1 f et 25 f. Broché. Édition originale. Tirage unique [à 500 exemplaires] sur papier vergé.
Il s’agit de l’exemplaire de Max-Pol Fouchet. Le théâtre a toujours été la grande affaire de la vie de Camus. Lorsqu’est créée, par la cellule communiste de Mustapha, la troupe du Théâtre du Travail en 1935, il propose d’en devenir l’animateur. En quelques mois furent créés et joués Le Temps du mépris, Les Bas-fonds, Prométhée enchaîné et La Femme silencieuse. Révolte dans les Asturies connaîtra un sort plus chaotique, mais déterminant. Le sujet – une insurrection de mineurs réprimée en 1934 par le gouvernement espagnol – inspire Camus et ses ami(e)s : deux professeurs du lycée d’Alger, Bourgeois et Poignant, et Jeanne Sicard, qui en seront les principaux rédacteurs. « Quant au titre, il fut l’objet de discussions sans fin. Nous hésitâmes longtemps entre La Neige et La Vie brève. Nous finîmes par nous rallier à celui de Révolte dans les Asturies par lassitude » (Jeanne-Paule Sicard, lettre à Francine Camus). Mais le maire d’Alger, Augustin Rozis – élu en 1935, il enverra à Daladier un télégramme, refusant d’accueillir des réfugiés espagnols républicains – interdit la représentation. Afin de couvrir les frais engagés, le groupe décide de faire publier la pièce et Camus se tourne alors vers un jeune éditeur en devenir, ancien condisciple de lycée, Edmond Charlot. Ce dernier, poussé par Jean Grenier, vient tout juste de fonder sa maison d’édition. Il n’a pour l’heure ni local ni argent, mais trouve un accord avec un petit imprimeur et publie cet essai de création collective « pour les amis du Théâtre du Travail », qu’il signe de ses initiales e.c. 500 exemplaires de Révolte dans les Asturies sont ainsi imprimés en mai 1936. Rapidement épuisée, cette première édition encourage le jeune protégé Edmond Charlot à monter son commerce. Camus, quant à lui, a déjà commencé la rédaction de certains essais de L’Envers et l’Endroit et quelques lignes des nouvelles de Noces, que Charlot publiera en 1939 et 1937. Émouvant exemplaire, celui de Max-Pol Fouchet : les deux hommes se rencontrent tôt, très tôt, à Alger. Au sortir du lycée Hoche, en 1930, Fouchet et Camus se côtoient aux Jeunesses socialistes. Grands adolescents, exigeants, contestataires, assoiffés d’absolu et de justice, ils voient tous les jours le spectacle d’Arabes méprisés, bafoués, – ils trouvent leurs idéaux, leur raison de vivre et de lutter dans les livres, dont ils font une consommation avide. À Alger, « dans cette ville pauvre en structures intellectuelles », deux adolescents passionnés, c’est miracle, qui réclament « le droit d’aimer sans mesure » (Fouchet, Un jour, je m’en souviens…). L’un des textes les plus anciens de Camus, Beriha ou le rêveur, est publié dans Sud, vers 1932, et Fouchet en fera une critique, à laquelle Camus répondra, en toute amitié. Ce dernier est alors secrétaire de la section algérienne du Mouvement Amsterdam-Pleyel et, avec Louis Bénisti, Jean de Maisonseul, Claude de Fréminville, Max-Pol Fouchet et Louis Miquel, ils forment une bande de jeunes garçons attirés par les lettres, le soleil et… les jeunes femmes. Les deux hommes se fâcheront pour ce motif : Max-Pol Fouchet est en couple, et même fiancé, avec Simone Hié, une starlette algéroise de bonne famille, hélas toxicomane. Mais Camus, en 1933, lui ravit l’accorte fiancée, l’épouse et lui consacre, l’année suivante, Le livre de Mélusine, son seul conte. Il s’en séparera très vite, avant de faire la connaissance d’une autre femme fatale, Christiane Galindo. Mais le mal est fait et Fouchet et Camus resteront brouillés plusieurs années. Néanmoins, comme en témoigne cet exemplaire, Fouchet suivra toujours l’itinéraire de son ancien ami. Ils se retrouveront dans l’après-guerre, et les deux hommes, par dédicaces interposées, s’échangeront leurs livres. Le 13 janvier 1960, neuf jours après la mort d’Albert Camus, Lectures pour tous s’ouvre exceptionnellement sur le visage grave et ému de Max- Pol Fouchet, dont la chronique clôt habituellement l’émission. Le fond est noir et, la voix nouée, Fouchet commence ainsi son éloge de Camus, long de treize minutes : « Je sais que quelque chose en ce monde a du sens, et c’est l’homme, car il est le seul à chercher à en avoir. L’écrivain qui nous a laissé ces lignes, vous le savez, est mort, c’est Albert Camus (…) Chacun a ses souvenirs de Camus, j’ai les miens et il me semble que je le vois ce soir, devant moi, à une époque où il n’était pas encore Albert Camus, mais où il se préparait à le devenir. C’était vers 1932, nous étions jeunes et nous avions l’habitude d’aller nous promener sur les chemins qui surplombent la baie d’Alger. Il y avait un chemin que Camus aimait particulièrement, c’était celui de la Bouzaréah. » Max-Pol Fouchet aura toujours conservé de cette époque l’exemplaire de Révolte dans les Asturies, qu’il complète d’une petite étiquette placée au dos muet du volume. Comme un besoin de s’y replonger de temps à autre et de ne jamais le perdre de vue. La couverture, abîmée par les multiples déménagements de Fouchet, a été très habilement restaurée.
Paris, Gallimard, 1954. Uncut in the original printed wrappers. Excellent copy.
First edition, Service de presse-copy, i.e. review-copy (""S.P"" to bottom of title-page and to verso of back wrapper), with an excellent presentation-inscription, of Camus' magnificent and highly influential collection of essays entitled ""Summer"". The copy is inscribed to Camus' close friend and ally in numerous respects, Jean Paulhan: ""a Jean Paulhan/ en affectueuse pensée/ Albert Camus"" on half-title. The famous French writer, literary critic and publisher Jean Paulhan (1884-1964) shared many things with Camus, with whom he grew very close. Not only did he participate actively in the publication of Camus' first books by Gallimard, was one of the first to see the true value of Camus' ""The Stranger"", he was also a confidante of Camus, who considered Paulhan one of the main reasons that he became a proper author. In a letter to Paulhan dated September 17, 1952, at the moment of break with Sartre, Camus writes: ""Ever since I (thanks to you) became what is called an author, I have not ceased to be astonished by my brethren. Sometimes, it is true, in the sense of admiration. Today it is in another sense."" (Depuis que je suis devenu (en peu grâce à vous) ce qu'on apelle écrivain, je n'ai pas cessé d'être étonné par mes confrères. Parfois dans le sens de l'admiration, il est vrai. Aujourd'hui c'est dans un autre sens.).Paulhan was an early and active member of the French Resistance, director of the literary magazine Nouvelle Revue Française (NRF) (from 1925 to 1940 and again from 1946 to 1968) and a great translator of Malagasy poetry, which attracted the interest of the likes of Guillaume Apollinaire and Paul Éluard. He also wrote numerous works of literary criticism, ""The Flowers of Tarbes, or Terror in Literature"" (1941) probably being the most famous, and he wrote several autobiographical short stories. After the war, Paulhan he founded ""Cahiers de la Pléiade"", and in 1953 he re-launched NRF.Interestingly, especially in connection with Camus' famous essays in ""L'été"", which are devoted entirely to his beloved Algiers, Paulhan was loudly against independence for Algeria. He caused great controversy by opposing independence and supporting the French military during the Algerian War. This not only caused public problems for him, it also cost him on the personal front, as for instance Maurice Blanchot denounced him. The essays in ""L'été"" are devoted to Algiers and represent a very personal side of Camus, who provides a marvelous poetic and humorous picture of the provincial simplicities of Oran and Algiers. For many Camus-devotees, ""L'Été"" constitutes one of the most beloved works, as it gives the feel of a certain intimacy with the author that few of his other works does. ""In ""Return to Tipasa"", perhaps the most confessional essay in ""Summer"", which dates from a long trip to Algeria in December 1952, Camus issues his now famous testimony of survival - ""In the depths of winter, I finally learned that within me lay an invincible summer"" (Hawes: Camus, A Romance, 2009, pp. 181-82).
Édition originale. Un des 35 exemplaires sur vélin de Hollande.Il contient en tête une page du manuscrit. Parfaite reliure de Renaud Vernier. Paris, Gallimard, (mai) 1956. 1 vol. (115 x 185 mm) de 169 p., [1] et 2 f. Buffle anthracite, titre à l'oeser beige sur le premier plat, dos lisse, auteur et titre sur le plat, doublures et gardes de chèvre velours beige, tranches dorées sur témoins, couvertures et dos conservés, chemise et étui bordés (reliure signée de Renaud Vernier ; titrage de Claude Ribal et dorure sur tranches de Jean-Luc Bongrain, 2023). Édition originale. Un des 35 exemplaires sur vélin de Hollande (n° 26) - après dix exemplaires d'auteur sur alfa.
En 1956, outre ses activités journalistiques, Albert Camus écrit pour le théâtre et multiplie les nouvelles, qu'il rédige entre 1954 et 1956. Il les destine à L'Exil et le Royaume, qui paraîtra l'année suivante. Car l'une d'elle le détourne du but premier : « La Chute, avant de devenir un long récit, faisait partie de L'Exil et le Royaume. Ce recueil comprend six nouvelles (...). Un seul thème pourtant, celui de l'exil, depuis le monologue intérieur jusqu'au récit réaliste. Les six récits ont d'ailleurs été écrits à la suite, bien qu'ils aient été repris et travaillés séparément (...). L'exil, à sa manière, nous en montre les chemins, à la seule condition que nous sachions y refuser en même temps la servitude et la possession. » La Chute - dont on ignore le titre primitif - est dès le début de l'année 1956 écarté du recueil à venir, car trop long, et Camus en développe le texte jusqu'à en faire le roman que l'on sait. Sous un titre proposé par Roger Martin du Gard, La Chute est mis en vente le 16 mai et connaît un immense succès de librairie. Ceux qui prédisaient ironiquement « la chute de Camus » font silence. La plupart ont vu dans ce texte une sorte d'autobiographie, ainsi que ses contemporains tentent de lui faire admettre. Camus leur répondra invariablement par la négative : « Mon seul point commun avec Jean-Baptiste Clamence - auquel on s'obstine à vouloir m'identifier - serait son manque d'imagination » déclare-t-il dans Le Monde. Très bel exemplaire enrichi en tête d'un important brouillon de travail, primitif, avec plusieurs variantes et corrections (16 lignes, à l'encre bleue). Le texte est celui du cinquième paragraphe du début du roman : le « héros », Jean-Baptiste Clamence, s'y présente, et décrit son environnement, celui d'Amsterdam, où il aborde un compatriote dans un bar douteux de la ville, le Mexico-City, et lui propose de lui servir d'interprète auprès du barman. « Resterez-vous un temps à Amsterdam ? Belle ville, n'est-ce pas ? Fascinante ? Voilà un adjectif que je n'ai pas entendu depuis longtemps. Depuis que j'ai quitté Paris, justement, il y a des années de cela. Mais le coeur a sa mémoire et je n'ai rien oublié de notre belle capitale. Paris est un superbe décor habité par quatre millions de silhouettes [...]. Les Hollandais eux sont beaucoup moins modernes. Ils ont le temps, regardent au jour le jour. Que font-ils ? Hé bien ces messieurs vivent du travail de ces dames-là. Ce sont d'ailleurs, mâles et femelles, de fort bourgeoises créatures, venues ici, comme [d'habitude, par mythomanie ou par bêtise]. » C'est le dernier roman achevé par Camus, découpé en six parties, pour un récit dont les événements ont lieu sur cinq jours successifs. Un an plus tard, il recevra le prix Nobel de littérature. Nous accompagnons l'ensemble d'une lettre dactylographiée et signée par Suzanne Agnely, la secrétaire d'Albert Camus, rédigée en son nom et adressée à André Devaux : Paris, 21 février 1958. 1 p. en 1 feuillet (135 x 210 mm), sur papier à en-tête imprimé de la NRF. « M. Albert Camus vient de quitter Paris pour un voyage d'environ trois mois. Avant son départ, il m'a priée de vous écrire en son nom pour vous remercier de votre lettre et de votre intérêt, et pour vous faire parvenir une page manuscrite de La Chute. [...] ». Hypokhâgneux au lycée Henri-IV, à Paris, André Devaux est, durant la Seconde Guerre mondiale, l'élève de Ferdinand Alquié. Il se spécialise alors en philosophie et continue ses études à la Sorbonne, où il suit l'enseignement de René Le Senne. Agrégé de l'Université, il commence à professer en lycée à Laon et Rouen, ainsi qu'à l'école normale d'instituteurs de Besançon. Il est ensuite nommé maître de conférences à la Sorbonne où il est longtemps directeur adjoint du département de philosophie. Philosophe et spécialiste de l'oeuvre de Pierre Teilhard de Chardin et de René Le Senne, il produisit des textes fondamentaux sur Saint-Exupéry et Charles Péguy et était le spécialiste de l'oeuvre de Simone Weil. Il donnera plusieurs textes consacrés à Albert Camus (Albert Camus devant le christianisme et les chrétiens, 1968, Albert Camus et l'hellénisme, 1970) et ses textes sur Weil proposent de nombreuses citations de l'oeuvre de Camus. Il citera, dans le texte paru dans Science et Esprit, plusieurs passages de La Chute, roman dans lequel, selon lui, « Camus honore le crucifié, mais ne parvient pas à voir le Rédempteur ». Exemplaire parfaitement établi par Renaud Vernier.
Belle provenance sur l'adaptation du roman de Dostoïevski : Bataille fut l'un des rares à défendre Camus lors de la publication de l'Homme révolté, en 1952. Les échanges entre les deux hommes furent espacés, mais constants, et ils s'envoyèrent plusieurs de leurs ouvrages : L'Abbé C., Le Bleu du ciel, Le coupable, La part maudite et Sur Nietzsche seront envoyés dédicacés à Camus, tandis que Camus lui offrira - au moins - son étude sur Chamfort, Les Esprits, La Dévotion de la croix, Actuelles II et ces Possédés. Paris, Gallimard, coll. « le Manteau et l'Arlequin », (27 mars) 1959. 1 vol. (120 x 190 mm) de 297 p. et [3] f. Broché, chemise et étui. Édition originale. Envoi signé : « à Georges Bataille, son vieil ami, Albert Camus ».
« En 1951-1952, au moment où a lieu la polémique sur Lautréamont et où paraît L'Homme révolté (...) une autre voix se fait entendre : celle de l'auteur de Madame Edwarda, de L'Expérience intérieure et de La Part maudite : la voix de Georges Bataille. Dans les numéros 55 (décembre 1951) et 56 (janvier 1952) de la revue qu'il dirige - Critique -, Bataille défend en effet Camus et L'Homme révolté (dans lequel il voit un livre capital), contre Breton, mais entend aussi « montrer non seulement l'accord essentiel de Breton et de Camus, mais une coïncidence de la position qui leur est commune avec celle [qu'il a] prise de [son] côté (...) Un an plus tard, en décembre 1952, suite au numéro de mai des Temps Modernes consacré à Camus, Bataille prendra à nouveau la défense de Camus dans le n° 67 de Critique : c'est L'affaire de « L'Homme révolté ». (Albert Gauvin, « Bataille à propos de Camus : Le temps de la révolte », Rédact, en ligne, décembre 2012) Les échanges entre les deux hommes furent espacés, mais constants, et ils s'envoyèrent plusieurs de leurs ouvrages : L'Abbé C., Le Bleu du ciel, Le Coupable, La Part maudite et Sur Nietzsche lui seront dédicacés, tandis que Camus lui offrira, d'après la bibliothèque cataloguée par Vignes, son étude sur Chamfort, Les Esprits, La Dévotion de la croix, Actuelles II et ces Possédés.
Parisien tout le premier semestre 1954, Camus offre vraisemblablement à Chatté son ouvrage dès sa parution, mi-février. Les 40° annoncés sont davantage un écho ironique aux textes de L'Été qu'à la situation météorologique en France : le fameux hiver 1954 est l'un des plus froids du siècle dernier, avec un froid ressenti de près de -40° ! Cet exemplaire a figuré à l'exposition du centenaire, « Albert Camus de Tipasa à Lourmarin » (n° 155, reproduit). Paris, Gallimard, coll. «Les Essais» n° LXVIII, (février) 1954. 1 vol. (120 x 185 mm) de 188 p. et [2] f. Broché, sous étui-chemise. Edition originale. Un des 175 exemplaires numérotés sur vélin pur fil - un des 5 hors commerce (exemplaire J). Envoi signé : « à Robert Chat[té], par 40° de température. A.C. »
Après les querelles idéologiques que ses adversaires lui ont infligées, Camus revient à un travail plus littéraire avec ce recueil, marqué par ses origines méditerranéennes. Les huit récits, à l'exception du « Minotaure » publié seul en 1950, sont inédits. Tous « se rattachent naturellement à Noces par une sorte de fil d'or », celui du lyrisme, de la prose poétique et de la pensée méditerranéenne, célébrant Alger, Oran puis Tipasa, qu'il avait chanté quinze ans plus tôt dans Noces comme un lieu « habité par les dieux ». L'impression est intacte. Camus, sept années après la parution de La Peste, revient à l'essentiel, ses essentiels : la Méditerranée, avec « son tragique solaire qui n'est pas celui des brumes » ; la lumière, « si éclatante qu'elle en devient noire et blanche » ; la mer, dont il se tient « au plus près » ; l'Algérie, sa « vraie patrie ». Cet exemplaire est celui de Robert Chatté, l'une des grandes figures de la librairie clandestine. Jean-Jacques Pauvert l'évoque dans ses Souvenirs comme « le mystérieux libraire de Montmartre, (...) grand, mince, très bien élevé, avec des oreilles décollées éton-nantes, (qui) exerçait en appartement et prenait un grand luxe de précautions et avait ses entrées chez Gallimard, chez qui il avait débuté comme simple commis. Il n'ouvrait sa porte que si l'on usait d'un certain signal. Il avait fait imprimer aussi l'édition originale de Madame Edwarda de Bataille en 1941 ». Sa relation avec Camus fut précoce et constante, jusqu'à son décès le 8 septembre 1957, que l'écrivain note dans ses Carnets : « Mort de Robert Chatté. Seul, à l'hôpital de Villejuif. » (III, p. 198). Son ami Pascal Pia s'occupera de la succession et de l'inventaire de son appartement. Parisien tout le premier semestre 1954, Camus offre vraisemblablement à Chatté son ouvrage dès sa parution, mi-février. Les 40° annoncés sont davantage un écho ironique aux textes de L'Été qu'à la situation météorologique en France : le fameux hiver 1954 est l'un des plus froids du siècle dernier, avec un froid ressenti de près de -40° ! Camus passera tout l'été, au frais, en Normandie, chez les Gallimard, à Sorel-Moussel. Ce précieux exemplaire a figuré à l'exposition du centenaire, « Albert Camus de Tipasa à Lourmarin » (n° 155, reproduit).
Paris, Gallimard, 1954. Uncut in the original printed wrappers. A very nice copy housed in a beautiful brown half morocco box with gilt lettering to spine and gilt super ex-libris to front board.
First edition, Service de presse-copy, i.e. review-copy (""S.P"" to bottom of title-page and to verso of back wrapper), of Camus' magnificent and highly influential collection of essays entitled ""Summer"", inscribed to the famous critic of literature and drama, the writer Guy Dumur (1921-1991): ""à Guy Dumur/ l'une des/ [ÉTÉ]s [ÉTÉ being printed an L' crossed out in front, with s added in Camus' hand]/ son vieil et fidele ami/ Albert Camus"" on half-title.The younger Guy Dumur was a close friend of Camus, who hired him to work on ""Combat"" with him. It is reported that he had a great talent for discovering new talent. Since childhood, he was extremely passionate about the theatre and came to work with all the great dramatic figures in Paris at the time. He is also famous for a number of well respected novels. The essays in ""L'été"" are devoted to Algiers and represent a very personal side of Camus, who provides a marvelous poetic and humorous picture of the provincial simplicities of Oran and Algiers. For many Camus-devotees, ""L'Été"" constitutes one of the most beloved works, as it gives the feel of a certain intimacy with the author that few of his other works does. ""In ""Return to Tipasa"", perhaps the most confessional essay in ""Summer"", which dates from a long trip to Algeria in December 1952, Camus issues his now famous testimony of survival - ""In the depths of winter, I finally learned that within me lay an invincible summer"" (Hawes: Camus, A Romance, 2009, pp. 181-82).
Très belle provenance que celle de Natalia Tchelpanova, l'épouse de Brice Parain, originaire de Kiev. Elle deviendra l'une des principales illustratrices de la collection du Père Castor. Paris, Gallimard, coll. « le Manteau et l'Arlequin », (27 mars) 1959. 1 vol. (120 x 190 mm) de 297 p. et [3] f. Broché. Édition originale. Envoi signé : « à Nathalie [Parain] qui sera dans [LES POSSÉDÉS] comme un poisson dans l'eau, affectueusement Albert Camus ».
Très belle provenance que celle de Natalia Tchelpanova, l'épouse de Brice Parain, originaire de Kiev. Elle deviendra l'une des principales illustratrices de la collection du Père Castor. « Les Possédés sont une des quatre ou cinq oeuvres que je mets au-dessus de toutes les autres. À plus d'un titre, je peux dire que je m'en suis nourri et que je m'y suis formé. Il y a près de vingt ans en tous cas que je vois ses personnages sur la scène. Ils n'ont pas seulement la stature des personnages dramatiques, ils en ont la conduite, les explosions, l'allure rapide et déconcertante. Dostoïevski, du reste, a, dans ses romans, une technique de théâtre : il procède par dialogues, avec quelques indications de lieux et de mouvements. L'homme de théâtre, qu'il soit acteur, metteur en scène ou auteur, trouve toujours auprès de lui tous les renseignements dont il a besoin». L'adaptation sera le dernière grand chantier de Camus. Il y travaillait depuis plusieurs années - les manuscrits les plus anciens sont datés de 1955 - et les premières répétitions ont lieu à la fin de l'automne 1958. Camus vient juste d'acquérir la maison de Lourmarin en octobre mais doit rentrer à Paris pour travailler d'arrache-pied sur sa pièce, un « spectacle total », selon le mot de Camus, qui doit « débuter en feu d'artifice, continuer en lance-flamme, s'achever en incendie ». Malgré la longueur de la pièce - près de quatre heures -, l'accueil est très positif et elle sera jouée sans discontinuer jusqu'à la fin juin à Paris, pour ensuite être jouée en province et à l'étranger, dès juillet à Venise - Camus assurant lui-même la préparation à la Fenice. Camus, qui passe l'automne à Lourmarin où il travaille au Premier homme, se déplacera pour la première en région, à Reims. Puis, trois mois plus tard, en décembre, à Marseille. C'est au cours de cette représentation que sera prise la dernière photographie publique de l'écrivain. Il devait, quelques semaines plus tard, hériter de la direction du théâtre Récamier : l'ordre de subvention venait d'être signé par le conseiller Georges Elghozy, conseiller du Ministre d'État André Malraux qui avait personnellement suivi ce dossier, auquel Camus tenait tant : « Le théâtre me paraît le plus haut des arts littéraires en ce sens qu'il demande la formulation la plus simple et la plus précise à l'intention du plus grand public possible et, pour moi, c'est la définition même de l'art. »
Seule épreuve originale connue, longtemps détenue par René Char, qui a ajouté au verso la mention : "Albert Camus jeune homme". [Leysin, Alpes Vaudoises, janvier 1948]. Tirage argentique d'époque (90 x 120 mm), mention manuscrite au dos, sous encadrement. Épreuve originale du « portrait de Leysin ». Exemplaire René Char, avec ses initiales au verso, et cette note : « Albert Camus jeune homme ».
Nous sommes en janvier 1948 et Albert Camus doit soigner sa tuberculose. Il a alors trente-cinq ans et se rend au sanatorium du Grand Hôtel à Leysin, en Suisse (canton de Vaud), où il rejoint Michel Gallimard qui y séjourne pour les mêmes raisons, accompagné de son épouse, Janine. La photographie est prise par cette dernière. Ils resteront sur place du 19 janvier jusqu’au 8 février. C’est pendant ce temps que Camus termine L’État de siège et commence la rédaction des Justes. Ce célèbre portrait, dont un contretype est ensuite entré aux archives Gallimard, a été utilisé par l’éditeur après l’obtention du Nobel ; il donnera alors lieu à plusieurs agrandissements (175 x 230 mm) et sera communiqué à la presse à ce moment-là. On en connaît plusieurs épreuves, certaines dédicacées ou simplement signées et datées par Camus (toutes datées 1958, au moment du Nobel ; au moins trois). Une épreuve, non signée, était également présente dans la collection Gisèle et Mario Prassinos (Paris, Auction Art, février 2014, n° 47). Ce tirage fut-il offert à René Char par Albert Camus ? C’est peu probable – et la note au verso fait pencher pour une cession posthume et non une offrande faite de son vivant. La piste privilégiée étant que Char, au moment de déménager le bureau rue Sébastien Bottin ou le studio de la rue de Chanaleilles après la mort de Camus, l’ait récupéré à ce moment, ou que Francine le lui ait donné, en souvenir de son amitié. La photographie est ensuite restée la propriété du poète jusqu’à sa mort.
S.l., Koutoubia, (2010). Un vol. au format in-8 étroit (228 x 138 mm) de 189 pp., broché, sous couverture à rabats rempliés.
L'ouvrage s'agrémente de planches photographiques hors-texte. ''Cinquante ans après la mort d'Albert Camus, que reste-t-il de son oeuvre ? Par l'itinéraire qu'il nous propose entre l'Algérie d'hier et celle d'aujourd'hui, sur les lieux-mêmes où Camus se confronta à la condition humaine et aux drames de l'histoire, Stéphane Babey montre la force et la pertinence d'une pensée trop longtemps vouée à la vindicte et à l'incompréhension. D'Annaba où le destin de Camus rencontre celui de saint Augustin à Alger la blanche en passant par Oran la pestiférée, ce livre est un voyage au coeur de la passion algérienne qui anima Camus jusque dans l'exil. Sur les pas d'Albert Camus par le texte et par l'image.'' Excellente condition.
Cette plaquette est achevée d'imprimer le 14 janvier 1960, soit 10 jours après le décès accidentel de Camus, sur les route de Bourgogne. Elle paraît simultanément à l'autre hommage rendu par Pierre Aelberts pour sa collection "Brimborions", savoir le Albert Camus de Jean-Paul Sartre. Rare en tirage de tête. Bruxelles, éditions Dynamo, Brimborions, 14 janvier 1960 1 plaquette (120 x 190 mm) de 10 p. et 1 f. Broché. Édition originale. Tirage limité à 51 exemplaires : 40 sur vélin Astra blanc et 11 sur Hollande -- celui-ci un des onze premiers (n° 5).
C'est dans la revue Confluences, dans son numéro de juillet 1943, que paraît L'intelligence et l'échafaud. Les personnages « sont de curieux héros qui périssent tous de sentiments et vont chercher des maladies mortelles dans des passions contrariées », dit Camus, selon une tradition du roman français qui est d'aller droit au but, selon le prototype de La Princesse de Clèves. De son auteur, Mme de Lafayette, à Benjamin Constant et jusqu'à Proust, le texte est ici tout entier fondé sur l'admiration de l'art classique : Camus y reviendra deux ans plus, tard lorsqu'il préfacera les oeuvres de Chamfort ; il donnera également plusieurs résonances à ce texte dans les éditoriaux de Combat de l'année 1944. Celui du 12 octobre 1944 reprendra par exemple la formule de Goethe présente ici : «Mieux vaut une injustice qu'un désordre». Cette plaquette est achevée d'imprimer le 14 janvier 1960, soit 10 jours après le décès accidentel de Camus, sur les route de Bourgogne. Elle paraît simultanément à l'autre hommage rendu par Pierre Aelberts pour sa collection "Brimborions", savoir le Albert Camus de Jean-Paul Sartre (cf. numéro suivant). Rare en grand papier.
Paris, Gallimard, (1959 et 1960). 2 vol. au format in-12 (188 x 118 mm) de 267 et 186 pp. Reliures uniformes de l'époque de demi-chagrin maroquiné vert-bouteille, filet vertical à froid porté sur chacun des plats, dos à nerfs ornés de filets gras en noir, titre doré, supra libros doré en queue, têtes mouchetées, couvertures conservées.
Exemplaires revêtus d'agréables reliures du temps. Le premier s'ouvre sur une carte de visite contrecollée en tête du premier feuillet agrémentée de cette mention autographe d'Albert Camus : ''4 novembre 1951 / Albert Camus [imprimé] / vous remercie de tout coeur et vous / adresse ses très reconnaissantes pensées''.Les articles très remarqués que publie Camus dans le journal Combat - dont il deviendra le rédacteur en chef - sont rassemblés sous le titre d'Actuelles. Ils laissent poindre le danger de l'après guerre et mettent en garde contre toute tentation de laxisme, de retour au passé. En outre, Actuelles I contient un chapitre important intitulé Morale et Politique avec les onze éditoriaux qui le composent. Dans ces temps de guerre, dans un article daté du 12 octobre 1944, il reprend cette formule de Goethe qu'il avait déjà reprise en 1943 dans son étude sur le roman classique 'L'Intelligence et l'Échafaud': «Mieux vaut une injustice qu'un désordre.» Enfin, le recueil renferme également le célèbre éditorial du 8 août 1945 quand la bombe atomique vient d'exploser sur Hiroshima. Et ce jour-là, Camus n'hésite pas à écrire: «La civilisation mécanique vient de parvenir à son dernier degré de sauvagerie. Il va falloir choisir, dans un avenir plus ou moins proche, entre le suicide collectif ou l'utilisation intelligente des conquêtes scientifiques. En attendant, il est permis de penser qu'il y a quelque indécence à célébrer ainsi une découverte, qui se met d'abord au service de la plus formidable rage de destruction dont l'homme ait fait preuve depuis des siècles.» Le deuxième volume rassemble des textes écrits de 1948 à 1953 et se présente donc comme une suite chronologique d'Actuelles I avec un trait d'union, une continuité que constitue la série d'articles intitulée Ni victimes, ni bourreaux. Il est principalement centré sur les polémiques qui ont suivies la parution de L'Homme révolté. (Le chapitre intitulé Lettres sur la révolte qui occupe pratiquement la moitié du livre reprend les réponses de Camus aux attaques contre L'Homme révolté). L'ouvrage révèle un Camus mordant, le journaliste et l'homme engagé qui ne recule pas devant la polémique. Dos légèrement éclaircis. Discrets frottements affectant les nerfs du premier volume. Papier légèrement oxydé. Nonobstant, très belle condition.
Galerie André Maurice, 1949, broch. in-8 (14 x 22,5), tirage à 300 exemplaires numérotés sur vélin du Marais (N° 132), non paginé (8 p.), une planche volante reproduisant un tableau du peintre, couverture à rabats, avec son carton d'invitation, bon état.
Texte inédit d'Albert Camus écrit à l'occasion de l'exposition rétrospective de Richard Maguet mort pour la France en 1940. C'est par Jean Grenier, qui présenta Camus à Maguet, et le peintre Marcel Damboise, dont il avait fait la connaissance en Algérie dans les années 30, que Camus s'intéressa aux peintures de Richard Maguet. Les deux peintres résidaient à la villa d'artistes d'Abd-el-Tif, alors que Camus était étudiant en philosophie, vers 1933, et avaient exposés ensemble. Camus avait longuement parlé de ce peintre dans une chronique d'Alger étudiant en 1942. Ce représentant de l'Ecole de Paris, fauché dans un bombardement le 16 juin 1940, à Sully-sur-Loire, sera honoré dès le lendemain par Jean Grenier dans un bel article paru dans Fontaine (n°15, septembre 1941)
Edwin Engelberts / Editions de l'Aire, 1986, in-4 rel. toile vert (24,5 x 32,5), 140 p., première édition dans le commerce de textes d'Albert Camus et de la post-face de René Char, 30 photos en n. d'Henriette Grindat choisies et ordonnées par l'auteur en 1952, poème liminaire de René Char, très bon état.
La Postérité du soleil est née de l'amitié qui lia après la Libération Albert Camus et René Char. La correspondance des deux écrivains fait plusieurs fois allusion à ce projet de "livre sur le Vaucluse" qui serait la trace fidèle de leur fraternité. Ils en escomptaient une "joie durable". Mais le livre ne put paraître du vivant de Camus, bien que le manuscrit en fût prêt au début des années 1950, après que Char y eut apporté son "luttant et respirant" poème d'ouverture. Les fragments poétiques de Camus y accompagnaient et transfiguraient les photographies d'Henriette Grindat (1923-1986), artiste suisse venue rencontrer Char à L'Isle-sur-la-Sorgue. Réimpression de ce somptueux livre illustré par la photo, chacune des 30 planches est commentées par Camus, qui n'a pu signer l'originale de cet ouvrage (paru en 1965 chez Engelberts à 123 exemplaires)
Paris, Gallimard, (4 mars) 1957. 1 vol. (120 x 190 mm) de 231 p., [3] et 1 f. Broché, non coupé. Édition originale. Un des 210 exemplaires sur pur fil (n° 146). Envoi signé : " à Monsieur Gian-Franco Zaffrani, en très cordial et fidèle hommage, Albert Camus ".
Les six nouvelles de L'Exil et le royaume (La Femme adultère, Le Renégat, Les Muets, L'Hôte, Jonas et La Pierre qui pousse) furent toutes rédigées entre 1954 et 1955. La Chute, à l'origine, en était une septième, avant que Camus n'en fasse un roman entier - comme le rappelle le prière d'insérer, daté de février 1957 : « La Chute, avant de devenir un long récit, faisait partie de L'Exil et le Royaume. Ce recueil comprend six nouvelles (...). Un seul thème pourtant, celui de l'exil, y est traité de six façons différentes, depuis le monologue intérieur jusqu'au récit réaliste. Les six récits ont d'ailleurs été écrits à la suite, bien qu'ils aient été repris et travaillés séparément. Quant au royaume dont il est question aussi, dans le titre, il coïncide avec une certaine vie libre et nue que nous avons à retrouver, pour renaître enfin. L'exil, à sa manière, nous en montre les chemins, à la seule condition que nous sachions y refuser en même temps la servitude et la possession. » Le recueil est dédié - c'est le seul - à sa femme, Francine. Le fil directeur en est bien l'exil, forcé ou volontaire, d'un personnage central qui, "qu'on le croise dans les quartiers ouvriers d'Alger, dans un quartier bourgeois de Paris ou dans un village du Brésil, peine à retrouver un sens à sa vie. Les hommes et les femmes chez Camus sont en perpétuelle interrogation, pour ne pas dire introspection - c'est vrai partout, et peut-être plus encore prégnant encore chez Janine, La Femme adultère, qui semble être exilée d'elle-même et pourtant actrice de son destin (…). L'Hôte est une nouvelle qui se termine avec cette phrase qui a valeur universelle, qui dit beaucoup de Camus lui-même : 'Dans ce vaste pays qu'il avait tant aimé, il était seul'. Comme une confidence à son malheur." (in Dictionnaire amoureux, p. 164). Exemplaire de Gian-Franco Zaffrani, Secrétaire général de la RAI et fondateur du Prix Italia, aujourd'hui encore l'un des prix internationaux les plus importants dans le domaine : il récompense la qualité, la créativité, et l'innovation dans les programmes radiophoniques, télévisuels et numériques sur le web. Le prix Italia se déroule chaque année au mois de septembre, durant une semaine, dans une ville italienne d'art et de culture. La première édition s'est tenue à Capri en 1948. Camus s'y rendra en 1954, sur l'invitation de l'Association culturelle italienne, donnant des conférences à Turin, Gênes et Rome, dans la " joie à la pensée de retrouver l'Italie. Depuis 1938, date de mon dernier séjour, je ne l'avais pas revue. La guerre, la résistance, Combat, et toutes ces années de répugnant sérieux. Des voyages, mais instructifs et où le coeur se taisait. Il me semblait que ma jeunesse m'attendait en Italie, et des forces nouvelles, et la lumière perdue" (Carnets III).
Édition originale. Exemplaires numéroté sur alfa Navarre. Envoi signé : « à M. L. D. Hirsch avec la cordiale sympathie d'Albert Camus ». Les Discours du Prix Nobel de littérature, avec le bandeau éditeur conservé. Paris, Gallimard, 1945. 1 vol. (120 x 185 mm) de 80 p. et [4] f. Broché, non coupé. Édition originale. Un des 2250 exemplaires sur alfa Navarre, celui-ci hors commerce (H.C. n° 2213). Envoi signé : « à M. L. D. Hirsch avec la cordiale sympathie d’Albert Camus ». Bandeau éditeur conservé.
Ce recueil publié par Gallimard réunit quatre lettres, dont trois préalablement publiées en revue : dans la Revue libre en 1943, dans le troisième numéro des Cahiers de la Libération en 1944, et dans Libertés en 1945. Textes de circonstances, ils forment un exercice de réflexion politique autant qu'un engagement dans la lutte : depuis 1943, Camus, qui a rencontré Francis Ponge et René Leynaud, participe à la résistance en s'associant à l'équipe de Combat, dont il devient rédacteur en chef à Paris. Dans le numéro du 21 août 1944, Camus signe l'éditorial intitulé « Le Combat continue » où il appelle à regarder plus loin que la Libération : « Ce ne serait pas assez de reconquérir les apparences de liberté dont la France de 1939 devait se contenter. Et nous n'aurions accompli qu'une infime partie de notre tâche si la République française de demain se trouvait comme la Troisième République sous la dépendance étroite de l'argent. » À la quatrième lettre, Camus a mis en épigraphe une phrase tirée du roman de Senancour, Obermann : « L'homme est périssable. Il se peut ; mais périssons en résistant, et si le néant nous est réservé, ne faisons pas que ce soit une justice. » Dans le corps de la lettre, on peut lire : « Nous avons à faire la preuve que nous ne méritons pas tant d'injustice. » Louis-Daniel Hirsch est le directeur commercial des éditions Gallimard depuis 1922. Bel exemplaire.
Julliard, 1963, in-8° à l'italienne, “Requiem pour la bataille de Dien Bien Phu”, par Jules Roy (43 pages), suivi de 76 planches hors texte de photos de Daniel Camus et Jean Péraud, légendées par Daniel Camus, cart. illustré de l'éditeur, bon état. Peu courant
Bel album publié en complément de l'ouvrage de Jules Roy, "La bataille de Dien Bien Phu", paru la même année. Les photographies sont de Daniel Camus et Jean Péraud, photographes de guerre présents dans la cuvette. Péraud, Camus et Schoendoerffer seront faits prisonniers le 8 mai 1954 au lendemain de la chute du camp retranché de Dien Biên Phu, avec la totalité des troupes encore vivantes.
Paris, Galerie André Maurice, (20 avril) 1949 1 vol. (145 x 225 mm) de 1, [6] et 1 ff. Broché, 1 planche hors-texte. Édition originale. Un des 300 premiers exemplaires sur vélin Marais (n° 240), bien complet de la planche hors texte.
C'est par Jean Grenier, qui présenta Camus à Maguet, et le peintre Marcel Damboise, dont il avait fait la connaissance en Algérie dans les années 30, que Camus s'intéressa aux peintures de Richard Maguet. Les deux peintres résidaient à la villa d'artistes d'Abd-el-Tif, alors que Camus était étudiant en philosophie, vers 1933, et avaient exposés ensemble. Camus avait longuement parlé de ce peintre dans une chronique d'Alger étudiant en 1942. Ce représentant de l'Ecole de Paris, fauché dans un bombardement le 16 juin 1940, à Sully-sur-Loire, sera honoré dès le lendemain par Jean Grenier dans un bel article paru dans Fontaine (n°15, septembre 1941), qui sera repris dans la première monographie qui lui sera consacrée, en 1941 toujours, à la Galerie Louis Reynaud, préfacée par Jean Alazard, professeur d'Histoire de l'Art et fondateur du Musée des Beaux-Arts d'Alger. Cette seconde exposition fait la part belle au texte de Camus : hormis une illustration - volante - de Maguet, le catalogue n'est constitué que de ce texte. L'ensemble est imprimé à 400 exemplaires, par Mourlot.
Paris, Galerie André Maurice, (20 avril) 1949 1 vol. (145 x 225 mm) de 1, [6] et 1 ff. Broché. Édition originale. Un des 300 premiers exemplaires sur vélin Marais (n° 47), bien complet de la planche hors texte.
C'est par Jean Grenier, qui présenta Camus à Maguet, et le peintre Marcel Damboise, dont il avait fait la connaissance en Algérie dans les années 30, que Camus s'intéressa aux peintures de Richard Maguet. Les deux peintres résidaient à la villa d'artistes d'Abd-el-Tif, alors que Camus était étudiant en philosophie, vers 1933, et avaient exposé ensemble. Camus avait longuement parlé de ce peintre dans une chronique d'Alger étudiant en 1942. Ce représentant de l'Ecole de Paris, fauché dans un bombardement le 16 juin 1940, à Sully-sur-Loire, sera honoré dès le lendemain par Jean Grenier dans un bel article paru dans Fontaine (n°15, septembre 1941), repris dans la première monographie qui lui sera consacrée, en 1941 toujours, à la Galerie Louis Reynaud, préfacée par Jean Alazard, professeur d'histoire de l'art et fondateur du Musée des beaux-arts d'Alger. Cette seconde exposition fait la part belle au texte de Camus : hormis une illustration - volante - de Maguet, le catalogue n'est constitué que de ce texte. L'ensemble est imprimé à 300 exemplaires, par Mourlot.
Edisud, 2010. Grand in-8 broché, couverture photographique, légèrement insolée. Illustré de nombreuses photographies, en noir et en couleurs.
"Entre Camus et l'Algérie existe un lien ténu. Cette " longue liaison qui sans doute n'en finira jamais " est la trame de sa vie, de son oeuvre et de ses engagements. Une liaison toujours heureuse, parfois difficile et contradictoire. Mais une liaison souvent menacée du fait de l'histoire et de la tuberculose que Camus devra assumer sa vie durant. Fardeau de la souffrance et de la mesure, cette maladie lui impose de vivre dans la précarité de l'instant conjugué à un futur toujours aléatoire. Ecrivain, philosophe, moraliste, homme de théâtre et journaliste, Albert Camus n'a jamais voulu être un maître à penser. Tout juste un compagnon de vie que nous retrouvons ici, à travers cette Algérie dont il a tiré force et inspiration, mémoire et silence. Celui qui fut l'un des plus jeunes Prix Nobel de Littérature est mort à quarante-sept ans dans un accident de voiture que lui-même aurait sans doute qualifié d'" absurde "." * La librairie la Bergerie est sur le point de déménager - c'est la raison pour laquelle nous vous proposons jusqu'à la fin de l'année une remise de 10% sur tout le stock (pour les ouvrages encore en rayons) et de 20% sur ceux qui, déjà mis dans les cartons de déménagement, ne pourront être livrés qu'en début d'année prochaine. La remise sera déduite des prix affichés *
Paris, Gallimard, 1948. In-12, 233 pp., broché, couverture originale imprimée (dos partiellement décollé).
Édition originale de cette pièce de théâtre, représentée pour la première fois le 27 octobre 1948, soit près de deux mois avant la parution de l'ouvrage. Cet exemplaire du service de presse est enrichi d'un envoi autographe signé de Camus à Francis Ambrière, qu'il accompagne d'un lapidaire "sans rancune". Cette pièce de Camus fut éreintée par la critique et Ambrière ne fit pas exception. Il écrivit dans la revue Opéra que la pièce était "longue, bavarde et ennuyeuse" et qu'on y débitait "à profusion des maximes banales". Magnanime, Camus lui fit tout de même envoyer un exemplaire de l'ouvrage. Herbeck, La passion du théâtre: Camus à la scène, 2011, p. 132. * Membre du SLAM et de la LILA / ILAB Member. La librairie est ouverte du lundi au vendredi de 14h à 19h. Merci de nous prévenir avant de passer,certains de nos livres étant entreposés dans une réserve.
Paris, Gallimard, (16 février) 1978. 1 vol. (150 x 215 mm) de 147 p. et [2] f. Demi-maroquin lie-de-vin, dos à nerfs, titre doré, date en pied, couvertures et dos conservés (reliure signée de Goy et Vilaine). Édition originale. Un des 36 premiers exemplaires sur vergé de Hollande (n° 8).
Sont ici réunis deux ‘cahiers', témoins des deux voyages qu'Albert Camus fit, l'un aux États-Unis (mars-mai 1946), l'autre en Amérique du Sud (juin-août 1949). Ils sont présentés Roger Quilliot qui en souligne l'importance et l'intérêt commun :« [...] ils nous montrent comment Camus passait des notations brutes à l'oeuvre élaborée. Quelques passages du Voyage aux U.S.A. se retrouvent dans Pluies de New York ; d'importants fragments du Voyage en Amérique du Sud ont été repris soit dans La Mer au plus près [L'Été], soit plus largement encore dans La Pierre qui pousse : deux scènes de danse, réellement vues, sont condensées dans un des rares textes exotiques que Camus ait rédigés ; le voyage à Iguape et l'épisode de la pierre qui pousse, enregistrés comme du simple folklore, prennent, dans la nouvelle, valeur de symbole ». Quilliot note encore comment le jeune Camus avait parcouru l'Europe et comment, « en pleine notoriété, après 1948, [il] fuira les voyages qui peuplent généralement l'existence de ses pairs. »
Édition originale. Un des 106 premiers exemplaires sur vélin de Hollande. Premier roman de Camus, paru après sa mort. Paris, Gallimard, (1er mars) 1971. 1 vol. (150 x 220 mm) de 231 p. et [3] f. Broché, non coupé. Édition originale. Un des 106 premiers exemplaires sur vélin de Hollande (n° 17).
Le premier roman d'Albert Camus, resté à l'état d'ébauche, rédigé en Algérie entre 1932 et 1936. Il constitue le premier volume des Cahiers Albert Camus. Neuf, non coupé.
Edition originale. Un des 45 exemplaires sur hollande (n° 33). Parfaite reliure de Miguet. Paris, Gallimard, (18 octobre) 1951. 1 vol. (110 x 180 mm) de 382 p. et [1] f. Maroquin bleu nuit, dos lisse, titre doré, date en pied, tranches dorées sur témoins, doublures et gardes de chèvre gris, couvertures et dos conservés, chemise-étui (reliure signée de J.-P. Miguet). Edition originale. Un des 45 exemplaires sur hollande (n° 33).
L'essai philosophique majeur de Camus, qui exalte les vertus d'une révolte créatrice et dont les interrogations soulevèrent nombre de polémiques, dont la plus célèbre, pilotée par Jean-Paul Sartre, de Francis Jeanson : « Albert Camus ou l'âme révoltée » parut dans la livraison de mai 1952 des Temps modernes. Rupture idéologique, publique et définitive entre Sartre et Camus, mais aussi beaucoup d'inimitiés dans le monde intellectuel français (Pierre Bourdieu et les surréalistes notamment, André Breton en chef de file). « C'est un livre qui a fait beaucoup de bruit mais qui m'a valu plus d'ennemis que d'amis. (...) Parmi mes livres, c'est celui auquel je tiens le plus » écrira Camus. Très bel exemplaire. De la bibliothèque du Docteur genevois Christos Karagevrekis.
Besançon [Paris] chez Jean Thomas [Gervais Alliot et Robert Berthault] 1634 1 vol. relié in-12, parchemin ivoire, dos lisse, titre à l'encre noire au dos et sur la tranche supérieure, (10) pp., 1 f. blanc, 390 pp. et 1 f. d'errata. Edition originale de ce traité publié par Jean-Pierre Camus (1584-1652), ami de François de Sales, évêque de Belley, romancier et théologien, exposant les griefs du clergé séculier contre les congrégations monastiques. Une édition similaire paraîtra la même année avec les fautes corrigées et une pagination un peu différente. L'adresse de "Besançon, chez Jean Thomas", fut utilisée en 1634 pour publier les deux ouvrages de Camus, celui-ci et le "Traité de la désapropriation claustrale". Tous deux feront polémique, seront attaqués dès 1634 dans "L'anti-Camus" et la BnF mentionne un arrêt du Conseil d'Etat condamnant les deux livres la même année. Reliure un peu fragilisée, plat inférieur défraîchi. Deux feuillets manuscrits en latin sont reliés in fine. Bon exemplaire en reliure d'époque. Rare.
1961 - Tapuscrit original sur pelure, A4. Agrafé, dos de toile verte. 7 ff. n. ch. - 225 folio. Envoi autographe de l'auteur.
Tapuscrit préalable à l'édition de la thèse qui sera éditée par la Johann-Wolfgang-Goethe-Universität à Frankfurt am Main en 1963. 197 pp.La thèse s'inscrit dans la tradition, instituée par Charles Bailly, de la stylistique générale, dans laquelle les faits d'expression conduisent au facteur psychologique de l'énonciateur, courant précurseur de la stylistique énonciative.A travers une étude minutieuse du lexique et de la syntaxe dans l'oeuvre de Camus, l'auteur s'attache à décrire comment une utilisation polyphonique de plusieurs styles, mais inscrite dans un certain classicisme, sert le propos de Camus, expression d'une pensée des rapports entre la conscience et les actes, l'individu et le politique.