Paris, Alex. Gobelet, B. Warée aîné [Imprimerie de Fain], 1832 2 forts vol. in-8, [2] ff. n. ch., xx pp., 740 pp. ; [2] ff. n. ch., xvj pp., 877 pp., un f. n. ch. d'errata, 3702 numéros décrits, demi-basane havane, dos lisses ornés de grands fleurons dorés, tranches mouchetées (reliure de l'époque). Dos du volume II défraîchi, rousseurs.
Seconde édition de la refonte, par Dupin, des Lettres sur la profession d'avocat d'Armand-Gaston Camus (1740-1804), parues originellement en 1772 en un seul volume, et qui connurent trois éditions jusqu'à la fin de l'Empire. Le second volume sert de bibliographie courante pour les ouvrages juridiques parus avant 1830. Quérard II, 36. - - VENTE PAR CORRESPONDANCE UNIQUEMENT
Paris, Gallimard, 1987, in-8, 244pp, broché, Très bel exemplaire! 244pp
Édition originale. Tirage unique [à 500 exemplaires] sur papier vergé. Exemplaire de Max-Pol Fouchet. À Alger, pour les amis du théâtre du travail, [mai 1936]. 1 vol. (140 x 200 mm) de 1 f et 25 f. Broché. Édition originale. Tirage unique [à 500 exemplaires] sur papier vergé.
Il s’agit de l’exemplaire de Max-Pol Fouchet. Le théâtre a toujours été la grande affaire de la vie de Camus. Lorsqu’est créée, par la cellule communiste de Mustapha, la troupe du Théâtre du Travail en 1935, il propose d’en devenir l’animateur. En quelques mois furent créés et joués Le Temps du mépris, Les Bas-fonds, Prométhée enchaîné et La Femme silencieuse. Révolte dans les Asturies connaîtra un sort plus chaotique, mais déterminant. Le sujet – une insurrection de mineurs réprimée en 1934 par le gouvernement espagnol – inspire Camus et ses ami(e)s : deux professeurs du lycée d’Alger, Bourgeois et Poignant, et Jeanne Sicard, qui en seront les principaux rédacteurs. « Quant au titre, il fut l’objet de discussions sans fin. Nous hésitâmes longtemps entre La Neige et La Vie brève. Nous finîmes par nous rallier à celui de Révolte dans les Asturies par lassitude » (Jeanne-Paule Sicard, lettre à Francine Camus). Mais le maire d’Alger, Augustin Rozis – élu en 1935, il enverra à Daladier un télégramme, refusant d’accueillir des réfugiés espagnols républicains – interdit la représentation. Afin de couvrir les frais engagés, le groupe décide de faire publier la pièce et Camus se tourne alors vers un jeune éditeur en devenir, ancien condisciple de lycée, Edmond Charlot. Ce dernier, poussé par Jean Grenier, vient tout juste de fonder sa maison d’édition. Il n’a pour l’heure ni local ni argent, mais trouve un accord avec un petit imprimeur et publie cet essai de création collective « pour les amis du Théâtre du Travail », qu’il signe de ses initiales e.c. 500 exemplaires de Révolte dans les Asturies sont ainsi imprimés en mai 1936. Rapidement épuisée, cette première édition encourage le jeune protégé Edmond Charlot à monter son commerce. Camus, quant à lui, a déjà commencé la rédaction de certains essais de L’Envers et l’Endroit et quelques lignes des nouvelles de Noces, que Charlot publiera en 1939 et 1937. Émouvant exemplaire, celui de Max-Pol Fouchet : les deux hommes se rencontrent tôt, très tôt, à Alger. Au sortir du lycée Hoche, en 1930, Fouchet et Camus se côtoient aux Jeunesses socialistes. Grands adolescents, exigeants, contestataires, assoiffés d’absolu et de justice, ils voient tous les jours le spectacle d’Arabes méprisés, bafoués, – ils trouvent leurs idéaux, leur raison de vivre et de lutter dans les livres, dont ils font une consommation avide. À Alger, « dans cette ville pauvre en structures intellectuelles », deux adolescents passionnés, c’est miracle, qui réclament « le droit d’aimer sans mesure » (Fouchet, Un jour, je m’en souviens…). L’un des textes les plus anciens de Camus, Beriha ou le rêveur, est publié dans Sud, vers 1932, et Fouchet en fera une critique, à laquelle Camus répondra, en toute amitié. Ce dernier est alors secrétaire de la section algérienne du Mouvement Amsterdam-Pleyel et, avec Louis Bénisti, Jean de Maisonseul, Claude de Fréminville, Max-Pol Fouchet et Louis Miquel, ils forment une bande de jeunes garçons attirés par les lettres, le soleil et… les jeunes femmes. Les deux hommes se fâcheront pour ce motif : Max-Pol Fouchet est en couple, et même fiancé, avec Simone Hié, une starlette algéroise de bonne famille, hélas toxicomane. Mais Camus, en 1933, lui ravit l’accorte fiancée, l’épouse et lui consacre, l’année suivante, Le livre de Mélusine, son seul conte. Il s’en séparera très vite, avant de faire la connaissance d’une autre femme fatale, Christiane Galindo. Mais le mal est fait et Fouchet et Camus resteront brouillés plusieurs années. Néanmoins, comme en témoigne cet exemplaire, Fouchet suivra toujours l’itinéraire de son ancien ami. Ils se retrouveront dans l’après-guerre, et les deux hommes, par dédicaces interposées, s’échangeront leurs livres. Le 13 janvier 1960, neuf jours après la mort d’Albert Camus, Lectures pour tous s’ouvre exceptionnellement sur le visage grave et ému de Max- Pol Fouchet, dont la chronique clôt habituellement l’émission. Le fond est noir et, la voix nouée, Fouchet commence ainsi son éloge de Camus, long de treize minutes : « Je sais que quelque chose en ce monde a du sens, et c’est l’homme, car il est le seul à chercher à en avoir. L’écrivain qui nous a laissé ces lignes, vous le savez, est mort, c’est Albert Camus (…) Chacun a ses souvenirs de Camus, j’ai les miens et il me semble que je le vois ce soir, devant moi, à une époque où il n’était pas encore Albert Camus, mais où il se préparait à le devenir. C’était vers 1932, nous étions jeunes et nous avions l’habitude d’aller nous promener sur les chemins qui surplombent la baie d’Alger. Il y avait un chemin que Camus aimait particulièrement, c’était celui de la Bouzaréah. » Max-Pol Fouchet aura toujours conservé de cette époque l’exemplaire de Révolte dans les Asturies, qu’il complète d’une petite étiquette placée au dos muet du volume. Comme un besoin de s’y replonger de temps à autre et de ne jamais le perdre de vue. La couverture, abîmée par les multiples déménagements de Fouchet, a été très habilement restaurée.
Paris, Gallimard, 1954. Uncut in the original printed wrappers. Excellent copy.
First edition, Service de presse-copy, i.e. review-copy (""S.P"" to bottom of title-page and to verso of back wrapper), with an excellent presentation-inscription, of Camus' magnificent and highly influential collection of essays entitled ""Summer"". The copy is inscribed to Camus' close friend and ally in numerous respects, Jean Paulhan: ""a Jean Paulhan/ en affectueuse pensée/ Albert Camus"" on half-title. The famous French writer, literary critic and publisher Jean Paulhan (1884-1964) shared many things with Camus, with whom he grew very close. Not only did he participate actively in the publication of Camus' first books by Gallimard, was one of the first to see the true value of Camus' ""The Stranger"", he was also a confidante of Camus, who considered Paulhan one of the main reasons that he became a proper author. In a letter to Paulhan dated September 17, 1952, at the moment of break with Sartre, Camus writes: ""Ever since I (thanks to you) became what is called an author, I have not ceased to be astonished by my brethren. Sometimes, it is true, in the sense of admiration. Today it is in another sense."" (Depuis que je suis devenu (en peu grâce à vous) ce qu'on apelle écrivain, je n'ai pas cessé d'être étonné par mes confrères. Parfois dans le sens de l'admiration, il est vrai. Aujourd'hui c'est dans un autre sens.).Paulhan was an early and active member of the French Resistance, director of the literary magazine Nouvelle Revue Française (NRF) (from 1925 to 1940 and again from 1946 to 1968) and a great translator of Malagasy poetry, which attracted the interest of the likes of Guillaume Apollinaire and Paul Éluard. He also wrote numerous works of literary criticism, ""The Flowers of Tarbes, or Terror in Literature"" (1941) probably being the most famous, and he wrote several autobiographical short stories. After the war, Paulhan he founded ""Cahiers de la Pléiade"", and in 1953 he re-launched NRF.Interestingly, especially in connection with Camus' famous essays in ""L'été"", which are devoted entirely to his beloved Algiers, Paulhan was loudly against independence for Algeria. He caused great controversy by opposing independence and supporting the French military during the Algerian War. This not only caused public problems for him, it also cost him on the personal front, as for instance Maurice Blanchot denounced him. The essays in ""L'été"" are devoted to Algiers and represent a very personal side of Camus, who provides a marvelous poetic and humorous picture of the provincial simplicities of Oran and Algiers. For many Camus-devotees, ""L'Été"" constitutes one of the most beloved works, as it gives the feel of a certain intimacy with the author that few of his other works does. ""In ""Return to Tipasa"", perhaps the most confessional essay in ""Summer"", which dates from a long trip to Algeria in December 1952, Camus issues his now famous testimony of survival - ""In the depths of winter, I finally learned that within me lay an invincible summer"" (Hawes: Camus, A Romance, 2009, pp. 181-82).
Douai, Imprimerie de Wagrez, s.d. (1792) placard grand in-folio de 93 x 32 cm, texte sur trois colonnes. Petite déchirure dans un coin inférieur.
Les diverses opinions des conventionnels sur le procès du Roi n'ont pas seulement fait l'objet de publications sous forme de fascicules in-8, comme on les rencontre généralement, mais aussi de grands placards in-folio.Armand-Gaston Camus (1740-1804), député de la Haute-Loire, donne ici un avis général sur le sort de la famille royale, et pas spécifiquement sur l'issue du procès à venir (il se trouvera en mission pendant que ce dernier se déroula).Martin & Walter, 6015. - - VENTE PAR CORRESPONDANCE UNIQUEMENT
Paris, Imprimerie Nationale, s.d.; in-8, 4 pp., dérelié.
Au nom de l'unité de la Nation, Camus rejette toute société particulière, toute corporation "qui formerait un petit Etat dans le Grand". A la p. 4 se trouve le décret qui abolit les ordres de chevalerie, les corporations et tout signe extérieur qui suppose des distinctions de naissance.Martin & Walter, I, 5997. - - VENTE PAR CORRESPONDANCE UNIQUEMENT
Paris, Imprimerie de la République, s.d. (1796) in-8, 171 pp., broché, couv. papier bleu postérieur.
Edition parue en même temps que l'originale (qui présente une pagination différente). Le rapport est relatif aux opérations de l'armée du Nord sous la Convention et à la "trahison" de Dumouriez.Martin & Walter, 6028 (pour l'originale). - - VENTE PAR CORRESPONDANCE UNIQUEMENT
XIXe siècle, 26 x 40.5 cm (composition) - 43.5 x 59.5 cm , Sous passe-partout volant
Lithographie en couleurs par Charles Motte. Après sa victoire à Iéna le 14 octobre 1806, Napoléon se rendit à Berlin le 27 octobre. Là, il visita le tombeau de Frédéric II, ancien souverain qu'il admirait pour ses compétences de gestion et ses stratégies militaires lors de la guerre de Sept Ans. À Potsdam le 25 octobre, Napoléon récupéra les symboles de pouvoir de Frédéric II et les envoya aux Invalides en signe de victoire de la Grande Armée. Le 26 octobre, il se recueillit seul sur la tombe de Frédéric, accompagné du porte-clefs Geim. A côté de celui-ci, représenté à gauche sur la lithographie, se tient le valet Tenerani, mis à la disposition de l’Empereur par le roi de Prusse. L'oeuvre originale Napoléon Ier au tombeau du Grand Frédéric à Potsdam de Marie-Nicolas Camus (1778-1839) est aujourd'hui conservée à Versailles. Lithographie extraite de Vie de Napoléon de Jean-Baptiste Madou publié entre 1823 et 1829, narrant la vie politique et militaire de Napoléon en 144 tableaux lithographiés. - - VENTE PAR CORRESPONDANCE UNIQUEMENT
Paris, Imprimerie de la République, s.d. (1796) in-8, 171 pp., bradel cartonnage de papier marbré, pièce de titre noire, tranches mouchetées de rouge (reliure moderne). Bon exemplaire.
Edition parue en même temps que l'originale (qui présente une pagination différente). Le rapport est relatif aux opérations de l'armée du Nord sous la Convention et à la "trahison" de Dumouriez.Martin & Walter, 6028 (pour l'originale). - - VENTE PAR CORRESPONDANCE UNIQUEMENT
Paris, Levavasseur, août 1829 in-8, [4]-IV-112 pp., broché sous couverture imprimée de l'éditeur.
Condisciple de Desaix à l'Ecole d'Effiat, Louis-Auguste Camus de Richemont (1771-1853) avait fait une brillante carrière pendant la Révolution et l'Empire, sur la plupart des théâtres militaires ouverts par la France. Mais la Seconde Restauration le plaça en demi-solde, ce qui le renvoya à la vie privée jusqu'à son élection comme député de l'Allier (Montluçon) en 1827. Il siégea du côté gauche et se rallia à la Monarchie de Juillet. En matière de politique extérieure, il eut continuellement une position très indépendante, qui le mena à s'opposer à l'Entente cordiale avec l'Angleterre.Exemplaire d'Etienne-Félix Hénin de Cuvillers (1755-1841), qui s'était également illustré dans l'armée impériale, avec ex-libris manuscrit sur les premières gardes. - - VENTE PAR CORRESPONDANCE UNIQUEMENT
Paris, François-Ambroise Didot l'aîné, 1774 in-12, vj-465 pp., [4] pp. n. ch. d'errata et de privilège, veau fauve marbré, dos à faux-nerfs cloisonné et fleuronné, pièce de titre cerise, tranches rouges (reliure de l'époque). Un coins abîmé, mais bon exemplaire.
Edition originale. Il s'agit d'un traité de droit, non d'économie ou de théologie, et la matière ne porte pas sur les intérêts considérés alors comme usuraires, mais sur ceux dénommés "légitimes" par le droit d'Ancien Régime, et dont le paiement résultait d'une action judiciaire suivie d'une condamnation. On ne sait quasiment rien de l'auteur, Le Camus d'Houlouve (1715-1796), sinon qu'il était inscrit au tableau de l'Ordre des avocats pour le Parlement de Paris en 1739. En 1783, il fut bâtonnier. Dupin, 1652. - - VENTE PAR CORRESPONDANCE UNIQUEMENT
Paris, Imprimerie Nationale, An IV in-8, VIII-173 pp., demi-basane brune, dos lisse orné d'un fleuron doré (reliure postérieure). Petite épidermure à la pièce de titre, restauration à la page de titre.
Première édition de ce rapport relatif aux opérations de l'armée du Nord sous la Convention et à la "trahison" de Dumouriez.Martin & Walter, 6028. - - VENTE PAR CORRESPONDANCE UNIQUEMENT
Paris, Imprimerie Nationale, An IV in-8, VIII-173 pp., broché.
Première édition de ce rapport relatif aux opérations de l'armée du Nord sous la Convention et à la "trahison" de Dumouriez.Martin & Walter, 6028. - - VENTE PAR CORRESPONDANCE UNIQUEMENT
Auch, Imprimerie de madame veuve Duprat, 1824 in-8, 276 pp., cartonnage Bradel de papier marbré, dos orné de filets dorés, pièce de titre havane (reliure de l'époque). Coins abîmés, rousseurs.
Édition originale de la seconde étude consacrée par le docteur Cyprien Camus, médecin à Cauterets, aux eaux de cette localité, après son Opuscule sur Cauterets (1817). Pour la petite histoire, ce fut lui qui soigna Chateaubriand en cure à Cauterets en 1829.Labarère, 341. - - VENTE PAR CORRESPONDANCE UNIQUEMENT
Édition originale. Un des 35 exemplaires sur vélin de Hollande.Il contient en tête une page du manuscrit. Parfaite reliure de Renaud Vernier. Paris, Gallimard, (mai) 1956. 1 vol. (115 x 185 mm) de 169 p., [1] et 2 f. Buffle anthracite, titre à l'oeser beige sur le premier plat, dos lisse, auteur et titre sur le plat, doublures et gardes de chèvre velours beige, tranches dorées sur témoins, couvertures et dos conservés, chemise et étui bordés (reliure signée de Renaud Vernier ; titrage de Claude Ribal et dorure sur tranches de Jean-Luc Bongrain, 2023). Édition originale. Un des 35 exemplaires sur vélin de Hollande (n° 26) - après dix exemplaires d'auteur sur alfa.
En 1956, outre ses activités journalistiques, Albert Camus écrit pour le théâtre et multiplie les nouvelles, qu'il rédige entre 1954 et 1956. Il les destine à L'Exil et le Royaume, qui paraîtra l'année suivante. Car l'une d'elle le détourne du but premier : « La Chute, avant de devenir un long récit, faisait partie de L'Exil et le Royaume. Ce recueil comprend six nouvelles (...). Un seul thème pourtant, celui de l'exil, depuis le monologue intérieur jusqu'au récit réaliste. Les six récits ont d'ailleurs été écrits à la suite, bien qu'ils aient été repris et travaillés séparément (...). L'exil, à sa manière, nous en montre les chemins, à la seule condition que nous sachions y refuser en même temps la servitude et la possession. » La Chute - dont on ignore le titre primitif - est dès le début de l'année 1956 écarté du recueil à venir, car trop long, et Camus en développe le texte jusqu'à en faire le roman que l'on sait. Sous un titre proposé par Roger Martin du Gard, La Chute est mis en vente le 16 mai et connaît un immense succès de librairie. Ceux qui prédisaient ironiquement « la chute de Camus » font silence. La plupart ont vu dans ce texte une sorte d'autobiographie, ainsi que ses contemporains tentent de lui faire admettre. Camus leur répondra invariablement par la négative : « Mon seul point commun avec Jean-Baptiste Clamence - auquel on s'obstine à vouloir m'identifier - serait son manque d'imagination » déclare-t-il dans Le Monde. Très bel exemplaire enrichi en tête d'un important brouillon de travail, primitif, avec plusieurs variantes et corrections (16 lignes, à l'encre bleue). Le texte est celui du cinquième paragraphe du début du roman : le « héros », Jean-Baptiste Clamence, s'y présente, et décrit son environnement, celui d'Amsterdam, où il aborde un compatriote dans un bar douteux de la ville, le Mexico-City, et lui propose de lui servir d'interprète auprès du barman. « Resterez-vous un temps à Amsterdam ? Belle ville, n'est-ce pas ? Fascinante ? Voilà un adjectif que je n'ai pas entendu depuis longtemps. Depuis que j'ai quitté Paris, justement, il y a des années de cela. Mais le coeur a sa mémoire et je n'ai rien oublié de notre belle capitale. Paris est un superbe décor habité par quatre millions de silhouettes [...]. Les Hollandais eux sont beaucoup moins modernes. Ils ont le temps, regardent au jour le jour. Que font-ils ? Hé bien ces messieurs vivent du travail de ces dames-là. Ce sont d'ailleurs, mâles et femelles, de fort bourgeoises créatures, venues ici, comme [d'habitude, par mythomanie ou par bêtise]. » C'est le dernier roman achevé par Camus, découpé en six parties, pour un récit dont les événements ont lieu sur cinq jours successifs. Un an plus tard, il recevra le prix Nobel de littérature. Nous accompagnons l'ensemble d'une lettre dactylographiée et signée par Suzanne Agnely, la secrétaire d'Albert Camus, rédigée en son nom et adressée à André Devaux : Paris, 21 février 1958. 1 p. en 1 feuillet (135 x 210 mm), sur papier à en-tête imprimé de la NRF. « M. Albert Camus vient de quitter Paris pour un voyage d'environ trois mois. Avant son départ, il m'a priée de vous écrire en son nom pour vous remercier de votre lettre et de votre intérêt, et pour vous faire parvenir une page manuscrite de La Chute. [...] ». Hypokhâgneux au lycée Henri-IV, à Paris, André Devaux est, durant la Seconde Guerre mondiale, l'élève de Ferdinand Alquié. Il se spécialise alors en philosophie et continue ses études à la Sorbonne, où il suit l'enseignement de René Le Senne. Agrégé de l'Université, il commence à professer en lycée à Laon et Rouen, ainsi qu'à l'école normale d'instituteurs de Besançon. Il est ensuite nommé maître de conférences à la Sorbonne où il est longtemps directeur adjoint du département de philosophie. Philosophe et spécialiste de l'oeuvre de Pierre Teilhard de Chardin et de René Le Senne, il produisit des textes fondamentaux sur Saint-Exupéry et Charles Péguy et était le spécialiste de l'oeuvre de Simone Weil. Il donnera plusieurs textes consacrés à Albert Camus (Albert Camus devant le christianisme et les chrétiens, 1968, Albert Camus et l'hellénisme, 1970) et ses textes sur Weil proposent de nombreuses citations de l'oeuvre de Camus. Il citera, dans le texte paru dans Science et Esprit, plusieurs passages de La Chute, roman dans lequel, selon lui, « Camus honore le crucifié, mais ne parvient pas à voir le Rédempteur ». Exemplaire parfaitement établi par Renaud Vernier.
Paris, 1952, in-8, 249pp, broché, Très bel exemplaire de l'édition numérotée Illustrations de Jacques Camus 249pp
Paris, Éditions Gallimard, La Pléiade, 1962 ; in-12, XXXVIII-2082 pp., reliure d'éditeur plein cuir, coloris havane, dos lisse, tête orange vif, sous jaquette, Rhodoïd et emboitage. Albert Camus, né le 7 novembre 1913 à Mondovi, à proximité de Bône (actuellement Annaba) dans le département de Constantine (depuis 1962) Dréan dans la willaya d'El Taref ; en Algérie, et mort le 4 janvier 1960 à Villeblevin, dans l'Yonne, est un écrivain, philosophe, romancier, dramaturge, essayiste et nouvelliste français. Il fut aussi un journaliste militant engagé dans la Résistance française et dans les combats moraux de l'après-guerre. Bibliothèque de la Pléiade, N° 161. Préface par Jean Grenier. Edition établie et annotée par Roger Quilliot. Très bon état.
Belle provenance sur l'adaptation du roman de Dostoïevski : Bataille fut l'un des rares à défendre Camus lors de la publication de l'Homme révolté, en 1952. Les échanges entre les deux hommes furent espacés, mais constants, et ils s'envoyèrent plusieurs de leurs ouvrages : L'Abbé C., Le Bleu du ciel, Le coupable, La part maudite et Sur Nietzsche seront envoyés dédicacés à Camus, tandis que Camus lui offrira - au moins - son étude sur Chamfort, Les Esprits, La Dévotion de la croix, Actuelles II et ces Possédés. Paris, Gallimard, coll. « le Manteau et l'Arlequin », (27 mars) 1959. 1 vol. (120 x 190 mm) de 297 p. et [3] f. Broché, chemise et étui. Édition originale. Envoi signé : « à Georges Bataille, son vieil ami, Albert Camus ».
« En 1951-1952, au moment où a lieu la polémique sur Lautréamont et où paraît L'Homme révolté (...) une autre voix se fait entendre : celle de l'auteur de Madame Edwarda, de L'Expérience intérieure et de La Part maudite : la voix de Georges Bataille. Dans les numéros 55 (décembre 1951) et 56 (janvier 1952) de la revue qu'il dirige - Critique -, Bataille défend en effet Camus et L'Homme révolté (dans lequel il voit un livre capital), contre Breton, mais entend aussi « montrer non seulement l'accord essentiel de Breton et de Camus, mais une coïncidence de la position qui leur est commune avec celle [qu'il a] prise de [son] côté (...) Un an plus tard, en décembre 1952, suite au numéro de mai des Temps Modernes consacré à Camus, Bataille prendra à nouveau la défense de Camus dans le n° 67 de Critique : c'est L'affaire de « L'Homme révolté ». (Albert Gauvin, « Bataille à propos de Camus : Le temps de la révolte », Rédact, en ligne, décembre 2012) Les échanges entre les deux hommes furent espacés, mais constants, et ils s'envoyèrent plusieurs de leurs ouvrages : L'Abbé C., Le Bleu du ciel, Le Coupable, La Part maudite et Sur Nietzsche lui seront dédicacés, tandis que Camus lui offrira, d'après la bibliothèque cataloguée par Vignes, son étude sur Chamfort, Les Esprits, La Dévotion de la croix, Actuelles II et ces Possédés.
Édition originale. Illustrée de 30 photographies hors texte. Tirage unique à 120 exemplaires (n° 76) numérotés et signés par René Char et Henriette Grindat. Genève, Edwin Engelberts, Éd. de l'Aire, (15 octobre) 1965. 1 vol. (310 x 425 mm) de 140 p. et [2] f. En feuilles. Sous emboîtage-coffret éditeur, toile verte. Édition originale. Illustrée de 30 photographies hors texte. Tirage unique à 120 exemplaires signés par René Char et Henriette Grindat, n° 76.
La Postérité du soleil est née de l'amitié qui lia après la Libération Albert Camus et René Char. La correspondance des deux écrivains fait plusieurs fois allusion à ce projet de «livre sur le Vaucluse» qui serait la trace fidèle de leur fraternité. Mais le livre ne put paraître du vivant de Camus, bien que le manuscrit en fût prêt au début des années 1950, après que Char y eut apporté son « luttant et respirant » poème d'ouverture. Les fragments poétiques de Camus y accompagnaient des photographies d'Henriette Grindat (1923-1986), artiste suisse venue rencontrer Char à L'Isle-sur-la-Sorgue, dans le but de donner un visage à « cette arrière pays qui est à l'image du nôtre, invisible à autrui » (Char). L'amitié entre Char et Camus se concrétisa de manière tout à fait originale dans la création de cet ouvrage publié après la mort de Camus. Elle trouve son origine dans l'amour d'une terre, le Luberon à laquelle sont attachés les deux hommes. René Char commente ainsi la genèse de ce livre : « La Postérité du soleil naquit de la rencontre d'une jeune photographe, Henriette Grindat, du plaisir que Camus prenait de plus en plus à parcourir ce pays, et de mon désir [...] d'obtenir des images, des portraits, des paysages du Vaucluse qui différeraient des photographies cartes postales [...] » En 1952, trente photos sont choisies et illustrées par Camus à travers des poèmes en prose. Ce beau livre, désormais dans la Pléiade (tome IV), commence par un poème de Char, De moment en moment, et se clôt par l'un des rares textes que le poète ait consacrés à son ami Camus, Naissance et jour levant d'une amitié, qui fut composé chez l'éditeur de l'ouvrage, à Genève, Edwin Engelberts. Un tiré à part existe, à 120 exemplaires, sous forme d'une petite plaquette dépliante, elle aussi illustrée d'une photographie de Grindat : un portrait de Camus, pris en Provence en 1955.
Parisien tout le premier semestre 1954, Camus offre vraisemblablement à Chatté son ouvrage dès sa parution, mi-février. Les 40° annoncés sont davantage un écho ironique aux textes de L'Été qu'à la situation météorologique en France : le fameux hiver 1954 est l'un des plus froids du siècle dernier, avec un froid ressenti de près de -40° ! Cet exemplaire a figuré à l'exposition du centenaire, « Albert Camus de Tipasa à Lourmarin » (n° 155, reproduit). Paris, Gallimard, coll. «Les Essais» n° LXVIII, (février) 1954. 1 vol. (120 x 185 mm) de 188 p. et [2] f. Broché, sous étui-chemise. Edition originale. Un des 175 exemplaires numérotés sur vélin pur fil - un des 5 hors commerce (exemplaire J). Envoi signé : « à Robert Chat[té], par 40° de température. A.C. »
Après les querelles idéologiques que ses adversaires lui ont infligées, Camus revient à un travail plus littéraire avec ce recueil, marqué par ses origines méditerranéennes. Les huit récits, à l'exception du « Minotaure » publié seul en 1950, sont inédits. Tous « se rattachent naturellement à Noces par une sorte de fil d'or », celui du lyrisme, de la prose poétique et de la pensée méditerranéenne, célébrant Alger, Oran puis Tipasa, qu'il avait chanté quinze ans plus tôt dans Noces comme un lieu « habité par les dieux ». L'impression est intacte. Camus, sept années après la parution de La Peste, revient à l'essentiel, ses essentiels : la Méditerranée, avec « son tragique solaire qui n'est pas celui des brumes » ; la lumière, « si éclatante qu'elle en devient noire et blanche » ; la mer, dont il se tient « au plus près » ; l'Algérie, sa « vraie patrie ». Cet exemplaire est celui de Robert Chatté, l'une des grandes figures de la librairie clandestine. Jean-Jacques Pauvert l'évoque dans ses Souvenirs comme « le mystérieux libraire de Montmartre, (...) grand, mince, très bien élevé, avec des oreilles décollées éton-nantes, (qui) exerçait en appartement et prenait un grand luxe de précautions et avait ses entrées chez Gallimard, chez qui il avait débuté comme simple commis. Il n'ouvrait sa porte que si l'on usait d'un certain signal. Il avait fait imprimer aussi l'édition originale de Madame Edwarda de Bataille en 1941 ». Sa relation avec Camus fut précoce et constante, jusqu'à son décès le 8 septembre 1957, que l'écrivain note dans ses Carnets : « Mort de Robert Chatté. Seul, à l'hôpital de Villejuif. » (III, p. 198). Son ami Pascal Pia s'occupera de la succession et de l'inventaire de son appartement. Parisien tout le premier semestre 1954, Camus offre vraisemblablement à Chatté son ouvrage dès sa parution, mi-février. Les 40° annoncés sont davantage un écho ironique aux textes de L'Été qu'à la situation météorologique en France : le fameux hiver 1954 est l'un des plus froids du siècle dernier, avec un froid ressenti de près de -40° ! Camus passera tout l'été, au frais, en Normandie, chez les Gallimard, à Sorel-Moussel. Ce précieux exemplaire a figuré à l'exposition du centenaire, « Albert Camus de Tipasa à Lourmarin » (n° 155, reproduit).
Paris, Gallimard, 1954. Uncut in the original printed wrappers. A very nice copy housed in a beautiful brown half morocco box with gilt lettering to spine and gilt super ex-libris to front board.
First edition, Service de presse-copy, i.e. review-copy (""S.P"" to bottom of title-page and to verso of back wrapper), of Camus' magnificent and highly influential collection of essays entitled ""Summer"", inscribed to the famous critic of literature and drama, the writer Guy Dumur (1921-1991): ""à Guy Dumur/ l'une des/ [ÉTÉ]s [ÉTÉ being printed an L' crossed out in front, with s added in Camus' hand]/ son vieil et fidele ami/ Albert Camus"" on half-title.The younger Guy Dumur was a close friend of Camus, who hired him to work on ""Combat"" with him. It is reported that he had a great talent for discovering new talent. Since childhood, he was extremely passionate about the theatre and came to work with all the great dramatic figures in Paris at the time. He is also famous for a number of well respected novels. The essays in ""L'été"" are devoted to Algiers and represent a very personal side of Camus, who provides a marvelous poetic and humorous picture of the provincial simplicities of Oran and Algiers. For many Camus-devotees, ""L'Été"" constitutes one of the most beloved works, as it gives the feel of a certain intimacy with the author that few of his other works does. ""In ""Return to Tipasa"", perhaps the most confessional essay in ""Summer"", which dates from a long trip to Algeria in December 1952, Camus issues his now famous testimony of survival - ""In the depths of winter, I finally learned that within me lay an invincible summer"" (Hawes: Camus, A Romance, 2009, pp. 181-82).
Très belle provenance que celle de Natalia Tchelpanova, l'épouse de Brice Parain, originaire de Kiev. Elle deviendra l'une des principales illustratrices de la collection du Père Castor. Paris, Gallimard, coll. « le Manteau et l'Arlequin », (27 mars) 1959. 1 vol. (120 x 190 mm) de 297 p. et [3] f. Broché. Édition originale. Envoi signé : « à Nathalie [Parain] qui sera dans [LES POSSÉDÉS] comme un poisson dans l'eau, affectueusement Albert Camus ».
Très belle provenance que celle de Natalia Tchelpanova, l'épouse de Brice Parain, originaire de Kiev. Elle deviendra l'une des principales illustratrices de la collection du Père Castor. « Les Possédés sont une des quatre ou cinq oeuvres que je mets au-dessus de toutes les autres. À plus d'un titre, je peux dire que je m'en suis nourri et que je m'y suis formé. Il y a près de vingt ans en tous cas que je vois ses personnages sur la scène. Ils n'ont pas seulement la stature des personnages dramatiques, ils en ont la conduite, les explosions, l'allure rapide et déconcertante. Dostoïevski, du reste, a, dans ses romans, une technique de théâtre : il procède par dialogues, avec quelques indications de lieux et de mouvements. L'homme de théâtre, qu'il soit acteur, metteur en scène ou auteur, trouve toujours auprès de lui tous les renseignements dont il a besoin». L'adaptation sera le dernière grand chantier de Camus. Il y travaillait depuis plusieurs années - les manuscrits les plus anciens sont datés de 1955 - et les premières répétitions ont lieu à la fin de l'automne 1958. Camus vient juste d'acquérir la maison de Lourmarin en octobre mais doit rentrer à Paris pour travailler d'arrache-pied sur sa pièce, un « spectacle total », selon le mot de Camus, qui doit « débuter en feu d'artifice, continuer en lance-flamme, s'achever en incendie ». Malgré la longueur de la pièce - près de quatre heures -, l'accueil est très positif et elle sera jouée sans discontinuer jusqu'à la fin juin à Paris, pour ensuite être jouée en province et à l'étranger, dès juillet à Venise - Camus assurant lui-même la préparation à la Fenice. Camus, qui passe l'automne à Lourmarin où il travaille au Premier homme, se déplacera pour la première en région, à Reims. Puis, trois mois plus tard, en décembre, à Marseille. C'est au cours de cette représentation que sera prise la dernière photographie publique de l'écrivain. Il devait, quelques semaines plus tard, hériter de la direction du théâtre Récamier : l'ordre de subvention venait d'être signé par le conseiller Georges Elghozy, conseiller du Ministre d'État André Malraux qui avait personnellement suivi ce dossier, auquel Camus tenait tant : « Le théâtre me paraît le plus haut des arts littéraires en ce sens qu'il demande la formulation la plus simple et la plus précise à l'intention du plus grand public possible et, pour moi, c'est la définition même de l'art. »
Seule épreuve originale connue, longtemps détenue par René Char, qui a ajouté au verso la mention : "Albert Camus jeune homme". [Leysin, Alpes Vaudoises, janvier 1948]. Tirage argentique d'époque (90 x 120 mm), mention manuscrite au dos, sous encadrement. Épreuve originale du « portrait de Leysin ». Exemplaire René Char, avec ses initiales au verso, et cette note : « Albert Camus jeune homme ».
Nous sommes en janvier 1948 et Albert Camus doit soigner sa tuberculose. Il a alors trente-cinq ans et se rend au sanatorium du Grand Hôtel à Leysin, en Suisse (canton de Vaud), où il rejoint Michel Gallimard qui y séjourne pour les mêmes raisons, accompagné de son épouse, Janine. La photographie est prise par cette dernière. Ils resteront sur place du 19 janvier jusqu’au 8 février. C’est pendant ce temps que Camus termine L’État de siège et commence la rédaction des Justes. Ce célèbre portrait, dont un contretype est ensuite entré aux archives Gallimard, a été utilisé par l’éditeur après l’obtention du Nobel ; il donnera alors lieu à plusieurs agrandissements (175 x 230 mm) et sera communiqué à la presse à ce moment-là. On en connaît plusieurs épreuves, certaines dédicacées ou simplement signées et datées par Camus (toutes datées 1958, au moment du Nobel ; au moins trois). Une épreuve, non signée, était également présente dans la collection Gisèle et Mario Prassinos (Paris, Auction Art, février 2014, n° 47). Ce tirage fut-il offert à René Char par Albert Camus ? C’est peu probable – et la note au verso fait pencher pour une cession posthume et non une offrande faite de son vivant. La piste privilégiée étant que Char, au moment de déménager le bureau rue Sébastien Bottin ou le studio de la rue de Chanaleilles après la mort de Camus, l’ait récupéré à ce moment, ou que Francine le lui ait donné, en souvenir de son amitié. La photographie est ensuite restée la propriété du poète jusqu’à sa mort.
S.l., Koutoubia, (2010). Un vol. au format in-8 étroit (228 x 138 mm) de 189 pp., broché, sous couverture à rabats rempliés.
L'ouvrage s'agrémente de planches photographiques hors-texte. ''Cinquante ans après la mort d'Albert Camus, que reste-t-il de son oeuvre ? Par l'itinéraire qu'il nous propose entre l'Algérie d'hier et celle d'aujourd'hui, sur les lieux-mêmes où Camus se confronta à la condition humaine et aux drames de l'histoire, Stéphane Babey montre la force et la pertinence d'une pensée trop longtemps vouée à la vindicte et à l'incompréhension. D'Annaba où le destin de Camus rencontre celui de saint Augustin à Alger la blanche en passant par Oran la pestiférée, ce livre est un voyage au coeur de la passion algérienne qui anima Camus jusque dans l'exil. Sur les pas d'Albert Camus par le texte et par l'image.'' Excellente condition.
Paris, Gallimard, (1959 et 1960). 2 vol. au format in-12 (188 x 118 mm) de 267 et 186 pp. Reliures uniformes de l'époque de demi-chagrin maroquiné vert-bouteille, filet vertical à froid porté sur chacun des plats, dos à nerfs ornés de filets gras en noir, titre doré, supra libros doré en queue, têtes mouchetées, couvertures conservées.
Exemplaires revêtus d'agréables reliures du temps. Le premier s'ouvre sur une carte de visite contrecollée en tête du premier feuillet agrémentée de cette mention autographe d'Albert Camus : ''4 novembre 1951 / Albert Camus [imprimé] / vous remercie de tout coeur et vous / adresse ses très reconnaissantes pensées''.Les articles très remarqués que publie Camus dans le journal Combat - dont il deviendra le rédacteur en chef - sont rassemblés sous le titre d'Actuelles. Ils laissent poindre le danger de l'après guerre et mettent en garde contre toute tentation de laxisme, de retour au passé. En outre, Actuelles I contient un chapitre important intitulé Morale et Politique avec les onze éditoriaux qui le composent. Dans ces temps de guerre, dans un article daté du 12 octobre 1944, il reprend cette formule de Goethe qu'il avait déjà reprise en 1943 dans son étude sur le roman classique 'L'Intelligence et l'Échafaud': «Mieux vaut une injustice qu'un désordre.» Enfin, le recueil renferme également le célèbre éditorial du 8 août 1945 quand la bombe atomique vient d'exploser sur Hiroshima. Et ce jour-là, Camus n'hésite pas à écrire: «La civilisation mécanique vient de parvenir à son dernier degré de sauvagerie. Il va falloir choisir, dans un avenir plus ou moins proche, entre le suicide collectif ou l'utilisation intelligente des conquêtes scientifiques. En attendant, il est permis de penser qu'il y a quelque indécence à célébrer ainsi une découverte, qui se met d'abord au service de la plus formidable rage de destruction dont l'homme ait fait preuve depuis des siècles.» Le deuxième volume rassemble des textes écrits de 1948 à 1953 et se présente donc comme une suite chronologique d'Actuelles I avec un trait d'union, une continuité que constitue la série d'articles intitulée Ni victimes, ni bourreaux. Il est principalement centré sur les polémiques qui ont suivies la parution de L'Homme révolté. (Le chapitre intitulé Lettres sur la révolte qui occupe pratiquement la moitié du livre reprend les réponses de Camus aux attaques contre L'Homme révolté). L'ouvrage révèle un Camus mordant, le journaliste et l'homme engagé qui ne recule pas devant la polémique. Dos légèrement éclaircis. Discrets frottements affectant les nerfs du premier volume. Papier légèrement oxydé. Nonobstant, très belle condition.