The Royal Historical Society, The Boydell Press, 2000, gr. in-8°, xvi-272 pp, 6 illustrations et 10 tableaux, appendices et index, reliure toile éditeur, jaquette illustrée, bon état. Texte en anglais
"Simon Burrows, dans ce livre qui amplifie sa thèse, étudie treize périodiques qui, rédigés par des émigrés français, paraissent à Londres de 1776 à 1805. Pour la plupart, ils parviennent à durer en trouvant suffisamment d'abonnés (de 500 à plus de 3000) pour assurer l'équilibre de leur budget et pour, parfois même, leur procurer des bénéfices. Les lecteurs se recrutent non seulement parmi les Français mais aussi dans toute l'Europe et en Amérique du Nord comme en Amérique du Sud. Les marchands ou les militaires, les hommes politiques ou les simples particuliers recherchent en effet les informations qu'un vaste réseau d'informateurs fournit aux journalistes du Courrier de l'Europe, du Courrier d'Angleterre ou du Mercure britannique à la double version française et anglaise. Quand l'argent manque, les subsides des princes français et plus encore, à partir de 1804, les subventions du gouvernement anglais renflouent les caisses. Si le ministère anglais surveille les entreprises de presse, sa censure n'est pas toujours pesante. Les journalistes sont, en majorité, des professionnels. Ecclésiastiques, nobles ou roturiers, ils ont souvent appris leur métier à Paris avant la Révolution ou sous la monarchie constitutionnelle. Ces « amis du roi » utilisent ainsi les formats, les systèmes rubricaux et le style qu'ils ont de longtemps mis au point. Rompus à la guerre de propagande, ils sont monarchiens comme Mallet du Pan, Malouet ou Montlosier ou monarchistes comme Peltier ou Jacques Ladislas de Calonne. C'est dire si leurs jugements sont contrastés sur la Révolution. Les uns la lisent à travers le prisme théologique : le Bien contre le Mal, Dieu contre Satan. Les autres y voient « la force des choses » ou le poids des circonstances et s'attachent à étudier les différentes phases révolutionnaires. Burrows excelle à suivre les idées et les démarches des monarchiens qui restent ouverts à un compromis. Burrows soutient cependant que les deux «partis» ne s'affrontent pas autant qu'on l'a dit. Les membres de l'un et l'autre groupe s'écoutent et s'entendent quelquefois. Ainsi Jacques Ladislas de Calonne admet-il la nécessité, lorsque la Restauration viendra, de donner à la France une constitution intégrant certains acquis de la Révolution. La coupure entre les courants royalistes s'établit avec le Consulat. Les monarchistes sont déçus par Bonaparte : celui-ci, repoussant les avances de Louis XVIII, tue le duc d'Enghien. Sous le Monk espéré perce un Robespierre botté. Dès lors, les monarchistes construisent la légende noire de l'Ogre corse, se déchaînant à tel point contre lui que Burrows se demande si le torrent d'injures déversé n'a pas été une des causes importantes de la reprise de la guerre franco-anglaise et n'a pas rendu impossible, par la suite, toute négociation de paix. Au contraire, les monarchiens sont sensibles à la politique du dictateur qui, avec la paix religieuse, rétablit l'ordre et défend la propriété. Ils se rapprochent d'ailleurs si vite de lui que Burrows en vient à douter de leur anglophilie. Leur attachement au régime politique anglais regardé par eux comme un modèle serait-il un mythe ? L'ouvrage se recommande ainsi à l'attention des historiens de la Révolution et de l'Empire. Ils y trouveront des vues parfois nouvelles sur l'idéologie contre-révolutionnaire et sur l'impact qu'elle a pu avoir sur le monde du XIXe siècle. Un ouvrage de référence pour les chercheurs." (Jean-Paul Bertaud, Annales historiques de la Révolution française, 2002)