P., Klincksieck, 1956-1961, 2 vol. gr. in-8°, cxiv-392 et xii-536 pp, 2 portraits en frontispices, un tableau dépliant et une planche hors texte, index, brochés, bon état
Le comte de Broglie était le chef du "Ministère secret" de Louis XV. Tome 1 : 1756-1766. Tome 2 : 1767-1774. — "La publication en deux volumes de la Correspondance secrète du comte de Broglie avec Louis XV par Didier Ozanam et Michel Antoine constitue un événement : c'est un modèle de publication de texte, reconstituant une série continue avec des bribes jadis dispersées aux quatre coins des archives publiques et privées. Une mine de notes double le texte et met au service du lecteur quantité de renseignements tirés, pour la plupart, d'archives inédites et souvent inutilisées ; à tel point que le lecteur le moins versé dans les dédales de la grande politique européenne du XVIIIe siècle suit, sans aucune peine, une correspondance secrète, dont la clarté n'est pas, a priori, l'apanage. Seule, la familiarité des auteurs avec ce monde infiniment complexe, avec cette société intelligente jusqu'à l'infirmité, des agents du Secret a permis ce tour de force. Le Secret a, désormais, son classique. La France a eu, pendant trente ans, de 1743 à 1774, deux diplomaties : une officielle dotée de grands moyens, une secrète plus effacée, mais pas nécessairement moins efficace. Didier Ozanam et Michel Antoine retrouvent les origines de cette situation, nullement paradoxale, dans les ambitions polonaises de Conti et le caractère de Louis XV. Secret de Conti, jusqu'en 1756, de la mort de Fleury au renversement des alliances ; secret de Broglie, de 1756 au partage de la Pologne et à l'orientation de Louis XV vers des réformes de structure qu'une mort prématurée ne lui a pas permis de poursuivre jusqu'à leur terme. (...) On le voit, le livre de Didier Ozanam et de Michel Antoine est, à son point de départ, un ouvrage d'histoire classique ; les exigences intellectuelles de ses auteurs lui ont conféré l'étonnante richesse d'une évocation, en profondeur, du XVIIIe siècle. L'histoire diplomatique ainsi renouvelée, coulée dans une langue digne de Voltaire, a sa large place au cœur de l'histoire générale : n'est-ce pas le plus bel éloge qui puisse être fait de cette Correspondance secrète, et surtout de la très belle étude qui la précède et la domine ?" (Pierre Chaunu, Annales ESC)