Brassai et sa femme écrivent à leurs bons amis pour leur raconter lincendie qui manqua de ravager leur propriété du Sud de la France : …Mercredi, le 15, juste après le déjeuner que nous avons pris sur la terrasse de La Manderea, Gilberte me dit : « Il doit y avoir un incendie, je sens le brulé… ». Et ça sentait en effet, la bonne odeur du feu de bois… Peu à peu un nuage noir obscurcissait le soleil et sous cette lumière lugubre le Mistral soufflait avec une rare violence 110 kms à lheure. Le feu savançait vers nous avec une vitesse foudroyante… Le couple décide rapidement de fuir, ils se rendent en voiture à La Turbie, puis, le soir-même, chez des amis, au Cap Martin. Là, par le docteur du village ils apprennent que leur maison est intacte : …« Vous pouvez passer une bonne nuit. Le feu a épargné votre maison et même tous vos arbres… ». Cétait vraiment miraculeux...Brassai continue son récit : …Mais tout danger nétait pas encore écarté. Des centaines de foyers incandescents couvaient encore nattendant quun coup de vent pour être réanimés. Aussi le jeudi et le vendredi nous sommes rentrés à La Manderea juste pour « sauver » dautres affaires. Et en effet, samedi, le 17, la maison faillie de bruler (sic) pour de bon, cette fois. (…) Nous sommes montés dimanche : le spectacle autour de la maison est dantesque : rochers noircis, arbres calcinés et la terre noire, est comme saupoudrée de la neige, tant est épaisse la couche de la cendre…En post-scriptum : …Chère Babeth merci de ton adorable lettre ! et excuse-nous de cette lettre circulaire, mais je nai pas le temps décrire et je nai pas ma SECRÉTAIRE. Je vous embrasse tous, Brassaï...
Brassaï lui annonce quil a reporté son départ dans le midi à cause des contrats de la Malborough. Il adresse à son correspondant la lettre quil destine à ses avocats, afin dobtenir son approbation, ...La lettre tapprendra aussi ce qui sest passé depuis notre petit-déjeuner daffaire (comme Giscar et Kissinger) dhier à 14h (8h à New-York). Jattendais le coup de téléphone de Pierre Levai de New-York, or cest le Grand Gourou, Frank Llyod qui nous a appelé de Londres. Comme tu liras dans cette lettre aux avocats, finalement, jai accepté les prix proposés 220$ lépreuve, 1-ère année ; 240$ seconde année, tout en maintenant les autres mentionnés dans mes contre-propositions. Frank Llyod ma demandé de confirmer à New-York cette (sic) accord. Dois-je faire par lettre ou par télégramme ? Il a accepté aussi les réserves de mes contre-propositions.Toutefois il nétait pas question :1)Quand et comment je serai réglé ?2)Le contrat selon les lois françaises3)Qui doit rédiger le contrat ?Gilbert Llyod (fils de Frank Llyod) qui dirige la galerie de Londres ma téléphoné aussi. Et nous avons pris rendez-vous avec lui le dimanche 11 juillet à Paris.Devrais-je faire rédiger le contrat par mes avocats ? (Frank Llyod ma dit naturellement que nous pouvons très bien régler laffaire entre nous sans y mêler des avocats). Ou devrais-je simplement remercier mes avocats, reprendre le dossier et leur demander combien je leur dois ?Gilberte et moi nous sommes soulagés davoir pu repêcher laffaire Malborough et surtout de tavoir comme « conseiller ». ...Nous avons un acte de vente à signer devant notaire pour un local au BRISTOL que jai acheté pour en faire un laboratoire (lacte dont la date jai remise déjà trois fois et 2). Le 2 juillet jai promis dassister à linauguration de la Biennale de Menton où on ma consacré une salle. (voir le Figaro, ci-inclus). Nous pensons rentré (sic) le 8 juillet pour deux (ou trois ?) semaines afin de donner les épreuves pour lexposition Malborough, le 17 septembre.Il ajoute un p.s. : 1) il serait peut-être important denvoyer la confirmation de mon accord le plus tôt possible par télégramme avant que mes avocats ne sen mêlent. 2) et envoyer ou déposer ma lettre aux aussi aux avocats le plus tôt possible ?...La Marlborough Fine Art a dabord été fondée en 1946 à Londres par Frank Lloyd et Harry Fischer, avant louverture dune galerie à New-York dans les années 1970. Brassaï exposa plusieurs fois ses photographies dans la galerie newyorkaise (notamment en 1974 et 1976).
Brassaï remercie vivement son ami Léo pour laide financière quil a bien voulu lui porter : …je te remercie de tout cœur de ta grande gentillesse. Babeth et toi vous êtes toujours là quand on en a besoin. Ton geste généreux ma ôté un grand souci... Ci-inclus le reçu. Jespère te rembourser le plus tôt possible…Il ajoute un P.S., signé "B." : ...Gilberte tenvoie ci-inclus ladresse de M. Mann...
Brassai écrit à ses fidèles amis depuis Bürgentock, petite station de ski en Suisse, où il séjourne avec sa femme, Gilberte : …Après lémission très réussi (sic) à Genève en compagnie de (imaginez-vous !) Tino Rossi, de Mireille Mathieu et de Michèle Morgan Samedi passé dans « les Oiseaux de Nuit », nous nous reposons ici à 1000 mètres au-dessus du lac des 4 cantons... Lartiste sétend encore sur quelques détails puis déplore sa récente popularité : …Hélas depuis je ne peux plus passer inaperçu, même pas à Zurich… Dans le train, au restaurant et dans la rue les gens maccostent… « Excusez-moi Monsieur, je vous félicite, vous avez été admirable dans les Oiseaux… ». Mais à Burgenstock personne ne ma repéré encore... La lettre se termine par un amusant post-scriptum de Gilbert, son épouse : …Sauf les vaches à clochettes ! Où sont les temps de Gstaad ? Il faudrait arriver à se rencontrer, quand même…
CALI (François). BRASSAI (pseudonyme de Gyula Halász). DOISNEAU (Robert)
Reference : 2808
(1952)
Paris Arthaud 1952 In-4 (26 x 20 cm.) photographies hors-texte en noir et en couleurs. Couverture cartonnée, plat estampé et mis en couleurs.
Exemplaire de luxe en cartonnage éditeur complet de la bande, du rhodoid et de la jaquette du tirage courant reliée à part. Bel exemplaire, rare dans cette condition de ce livre hommage à Paris et aux parisiens. Libraire membre du S.L.A.M. (Syndicat national de la Librairie Ancienne et Moderne) et de la L.I.L.A. (Ligue Internationale de la Librairie Ancienne). N'hésitez pas à prendre contact par mail pour des photographies et des détails supplémentaires, pour des recherches ou des estimations de livres anciens et rares.