Intéressantes lettres concernant les intrigues et manœuvres aux seules fins d’obtenir un prix au salon [le Salon de la Société des artistes français de 1902] et celui de Rosa Bonheur également en 1902, aidé de ses relations et de son fidèle entourage. « J’ai vu depuis l’autre jour Monsieur Lafenestre (Georges Lafenestre, le poète et critique d’art français, 1837-1919), qui m’a chargé de vous dire de bonnes choses ainsi qu’à Madame Dorchain. Il m’est, je crois très dévoué et sa réception, simple et cordiale m’a touché profondément. Monsieur Muntz (Eugène Muntz, historien de l’art français 1845-1902) m’a bien reçu également, j’ai causé avec lui à cœur ouvert. Puis enfin avec le grand maitre Carolus Duran » (le peintre et sculpteur français). « Il m’a appris que la lutte serait dure et j’ai cru voir qu’il était décidé à appuyer un concurrent (Mr Tardieu) (le peintre français Victor Tardieu, peintre français (1870-1937), qui a fait : le Travail (grande salle) et qui n’a pas pu décrocher sa seconde médaille avec ce tableau. ». Au Salon de la Société des artistes français de 1902, Tardieu expose une vaste toile intitulée « Travail » et gagne le premier prix national du Salon. « Si vous voyez Carolus Duran à la Macédoine faites lui valoir cela et montrez-moi en septentrional et en Rosati. Je joins à ma lettre la liste des membres du Conseil supérieur pour qu’à votre prochaine réunion vous puissiez ne pas en rater un. Monsieur Massenet est à la campagne, je vais faire suivre votre lettre. Ce sera le 18 le grand jugement. Pensez-vous que pour cette date monsieur Larroumet ne pourra pas être de retour ? Merci encore pour le dernier coup que vous allez donner […] Il termine par un PS : Pour le Rosa-Bonheur, nous avons raté, c’est mon concurrent le plus sérieux pour le prix national qui l’a décroché ». [En effet, c’est le peintre Charles Hoffbauer qui fut récompensé en 1902, par son tableau « Révolte des Flamands », [œuvre acquise par le Memorial Hall de Philadelphie]. « Moi ! Toujours moi ! Encore moi ……Effronteries », c’est ainsi que Bourgeois s’annonce dans la seconde lettre, dans laquelle il veut encore l’informer des visites effectuées chez les trois conservateurs de musées, chez [Léonce] Bénédite, [Albert] Kaempfen et [Armand] Dayot lesquels ont été chaleureux et particulièrement à son écoute. « Ils ont eu l’air vraiment de s’intéresser vivement au but à atteindre. Monsieur Lafenestre n’était pas là, et ne devant rentrer qu’à la fin de la semaine […] Si vous avez vu Roujon, il a du vous dire qu’il m’avait vu… Il m’a donné des détails sur mon tableau ce qui prouve que celui-ci l’avait déjà intéresse avant que ma demande fut à examiner. Je n’ai donc plus rien à faire. Maintenant il faudrait voir autre chose dans le cas où le Prix du salon ne venait pas. Le Prix Rosa Bonheur 1500 frs. est décerné par le Comité. Aucune demande écrite pour ce prix n’est acceptée. Il faut être patronné et dans ce cas comme mon patron s’absente par principe de ces réunions, il nous faut me faire d’autres patrons. Je verrai Bonnat, Tattegrain, Detaille, Vayson, voilà tout ce que je puis faire pour moi. Et vous cher Monsieur Dorchain ! Ecoutez je suis tellement confus de vous condamner à de telles orgies de lettres ; vous pouvez me maudire. Ce Comité opère de suite après les votes des médailles vers le 1er mai je pense. Ce n’est donc pas utile de vous déranger de suite. Pour le Prix du Salon. Je me renseigne et vous avertirai en heure et temps. Me voilà bientôt dans l’attente d’une réponse de l’Etat. Un fois samedi passé il faudra attendre les offres. Dieu veuille qu’à tout prix je reçoive n’importe quelle offre… ».